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dimanche 4 mai 2014

LA CHINE VIENT DE PUBLIER UN RAPPORT OFFICIEL ALARMANT SUR LA SITUATION DES DROITS-DE-L'HOMME AUX ÉTATS-UNIS

A ce propos que devient Abu-Jamal, emprisonné aux Usa depuis quelque 30 ans, pour un crime qu'il a toujours nié et pour lequel il ne cesse vainement de réclamer la révision de son procès ???

Sans compter les kidnappés de Guantanamo, enfermés dans des cages à poule, sans procès, donc sans condamnation, depuis des années  ...
RoRo

LA CHINE VIENT DE PUBLIER UN RAPPORT OFFICIEL ALARMANT SUR LA SITUATION DES DROITS-DE-L'HOMME AUX ÉTATS-UNIS

1 mars 2014, 20:19


Scandalisée des leçons de morale que les dirigeants américains ont l'audace de faire à la planète entière, la République Populaire de Chine a publié, le 28 février 2014, un rapport officiel alarmant sur la situation des droits-de-l'homme aux États-unis.

Ce rapport a été rendu public mondialement par l'Agence de presse chinoise Xinhua News.

Bien entendu, aucun des médias français de grande diffusion n'a jugé utile d'en informer les Français, alors qu'ils sont si prompts, dans le sens inverse, à faire constamment état de la situation des droits de l'Homme en Chine.

C'est à mon avis une raison supplémentaire pour porter attention à ce document.

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BEIJING, 28 février (Xinhua) -- La Chine a répondu vendredi aux critiques et aux commentaires irresponsables des États-Unis sur sa situation des droits de l'homme en publiant un rapport sur les problèmes liés aux droits de l'homme aux États-Unis.

Un document intitulé "L'État des droits de l'homme aux États-Unis en 2013" a été publié par le Bureau de l'information du Conseil des Affaires d'État (gouvernement chinois) en réponse aux Rapports sur les pratiques des pays en matière de droits de l'homme en 2013 publiés jeudi par le Département d'État américain.

Dans son rapport, la Chine assure que de sérieux problèmes ont persisté l'année dernière aux États-Unis concernant les droits de l'homme et précise que la situation s'est même détériorée dans de nombreux domaines.

Se posant en "juge mondial des droits de l'homme", le gouvernement américain a, de nouveau, "effectué des attaques arbitraires et prononcé des commentaires irresponsables" sur la situation des droits de l'homme dans près de 200 pays et régions, explique le rapport chinois.

"Cependant, les États-Unis ont pris soin d'éviter de faire état de leurs propres problèmes dans le domaine des droits de l'homme", souligne-t-il.

  • LE MONDE À TRAVERS PRISM
Le document chinois qualifie le programme américain PRISM, qui exerce une vaste surveillance à long terme aux États-Unis et à l'étranger, de "violation flagrante du droit international" et estime que ce programme "porte gravement atteinte aux droits de l'homme".

Les services de renseignement américains, s'appuyant sur les données fournies par les entreprises des secteurs de l'Internet et des télécommunications, dont Microsoft, Google, Apple, Facebook et Yahoo, suivent ainsi les contacts privés et les activités sociales des citoyens américains.


  • ROBOTS TUEURS ET CONVENTIONS NON RATIFIÉES
Le rapport pointe également du doigt le grand nombre de civils tués durant les fréquents raids de drones américains dans des pays tels que le Pakistan et le Yémen.

La partie américaine a mené 376 attaques de drones au Pakistan depuis 2004, tuant 926 civils, selon le rapport.

À ce jour, les États-Unis n'ont toujours pas ratifié ou participé à une série de conventions clés des Nations unies sur les droits de l'homme, notamment le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, la Convention relative aux droits de l'enfant et la Convention relative aux droits des personnes handicapées, rappelle le rapport.


  • SANCTIONS CRUELLES ET EXCEPTIONNELLES
La mise à l'isolement est populaire dans le système carcéral américain, critique le rapport.

Le pays compte quelque 8.000 prisonniers placés en isolement, dans des cellules exiguës, mal ventilées et ayant peu ou pas de lumière naturelle. Certains sont même incarcérés ainsi depuis plus de 40 ans.


  • VIOLENCES PAR ARMES À FEU
Le culte américain des armes à feu engendre de la violence et fait chaque année 11.000 morts dans le pays.

Le rapport cite les statistiques du FBI expliquant que les armes à feu ont été utilisées dans 69,3% des homicides, 41% des braquages et 21,8% des agressions graves.

"En 2013, 137 personnes sont mortes dans 30 tueries de masse aux États-Unis", précise le rapport.


  • CHÔMAGE ET PERSONNES SANS DOMICILE
"Les États-Unis restent confrontés à une situation difficile en matière d'emploi, alors que le taux de chômage du pays reste élevé", précise le rapport.

D'après le document, le taux de chômage chez les ménages à faibles revenus a atteint 21%, tandis que le nombre de sans-abri a augmenté de 16% entre 2011 et 2013.

"Il existe également un grand nombre d'enfants travaillant dans le secteur agricole aux États-Unis, et leur santé physique et mentale a été gravement atteinte", indique le rapport.

Le rapport de vendredi est la 15e édition annuelle publiée par la Chine en réponse aux accusations américaines.

[ Source : http://french.xinhuanet.com/chine/2014-02/28/c_133149508.htm ]

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CONCLUSION : UN NOUVEAU SYMPTÔME DU DÉCLIN RELATIF DES ÉTATS-UNIS
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La publication par le gouvernement chinois de ce rapport très sévère sur la situation des droits de l'homme aux États-Unis me semble intéressante à deux égards :

  • 1°) les faits qui sont énumérés dans le rapport officiel de Pékin sont en effet très graves
Bien entendu, je n'ignore pas que la situation des droits de l'homme en Chine laisse éminemment à désirer et qu'elle y est certainement plus mauvaise qu'aux États-Unis.

Il n'en demeure pas moins que les problèmes soulignés par Pékin sur la situation des droits de l'homme aux États-Unis sont bien réels et très graves. Et il est d'autant plus légitime de s'en préoccuper que les États-Unis prétendent par ailleurs être le juge planétaire suprême en la matière !

On notera d'ailleurs que le rapport de Pékin est incomplet puisqu'il ne mentionne pas la question de la peine de mort, appliquée de façon massive aux États-Unis... comme en Chine et en Arabie saoudite.

Il n'y a d'ailleurs pas que le gouvernement chinois qui s'émeut de la dégradation continue de la situation des droits de l'homme aux États-Unis.

Par exemple, dans son classement annuel de la liberté de la presse dans le monde, l'association RSF a fait dégringoler les États-Unis de 13 places en un an, du 30e au 43e rang mondial.

L'association dénonce "la chasse aux sources et aux lanceurs d'alerte" et précise : "L'année 2013 a connu un pic en termes de pression sur les journalistes et leurs sources". La condamnation du soldat Bradley Manning à 35 ans de prison pour avoir transmis à WikiLeaks des milliers de documents, ou la traque d'Edward Snowden, à l'origine du scandale sur les écoutes menées par l'agence nationale de sécurité américaine NSA, "sont autant d'avertissements à ceux qui oseraient livrer des informations dites sensibles, mais d'intérêt public avéré, à la connaissance du plus grand nombre".
[ source : http://tempsreel.nouvelobs.com/medias/20140211.OBS5928/la-liberte-de-la-presse-recule-au-mali-et-aux-etats-unis.html ]

Autre exemple, l'ancien président américain James (Jimmy) Carter en personne a fait sensation l'an dernier, en affirmant notamment que "la démocratie américaine ne fonctionne plus".[ source : http://rt.com/usa/carter-comment-nsa-snowden-261/ ]

  • 2°) le fait même que le gouvernement chinois publie et présente mondialement ce rapport en dit long sur le déclin de la domination américaine et de sa prétendue supériorité morale sur le monde
C'est sans doute l'enseignement le plus important. Le temps où Washington pouvait se donner les allures d'arbitre mondial de la démocratie et des droits de l'homme est en train d'appartenir au passé.  Ce déclin moral va irrésistiblement de pair avec le déclin relatif en termes économiques, sociaux, financiers et industriels.

Alors que Washington est à l'origine de la déstabilisation quasi-concomitante de la Syrie, du Venezuela et de l'Ukraine, le constat de ce déclin relatif ne doit pas être perdu de vue.

François ASSELINEAU

1er mars 2014

Jusqu'à la nausée... La droite ? La gauche ?

c
Jusqu'à la nausée...     La droite ?   La gauche ?
Oui effectivement "spécialistes", commentateurs "neutres"; "politologues", "journaleux" idiots, dirigeants umpistes, centristes, Fn, y vont de leurs commentaires et conseils imbéciles, suite aux communales françaises et à la prise du pouvoir hollando-vallsiste sur le Ps. Le Ps serait responsables de tous les maux, ne serait pas encore assez à droite, assez social-démocrate. Il serait temps que le Ps abandonne le "Socialisme" cause de tous les maux, accepte le libéralisme triomphant, vive avec son temps. Bref le Ps devrait devenir un nouveau parti libéral, qui serait sans doute seul capable de liquider le chômage. ...
Je n' ai aucune sympathies pour le Ps. Mais ce n' est ni le Ps, ni les communistes, ni les gouvernements, qui ferment les usines, mettent des dizaines de millions de travailleurs au chômage. Ce sont les patrons, les banquiers, les multinationales, aidés par l' Europe anti-sociale et les partis de droite, les dirigeants "socialistes" droitiers, sociaux-démocrates, européistes, participationnistes et collabos.
C'est le capitalisme qui craque, le chômage étant précisément une de ses principales maladies, avec les guerres, la misère, l' exploitation. En BELGIQUE le chômage existe depuis plus de 50 - 60 ans et ne cesse de s' aggraver quel que soit le gouvernement en place.  Le seul moyen de s' en sortir, c' est d' aller chercher l' argent LA OU IL SE TROUVE REELLEMENT pour créer de l' emploi: dans les coffres-forts des banquiers, des patrons, des multinationales en profits. Ce n' est pas le Socialisme, le Communisme, qu'il faut liquider C' est le capitalisme qui craque de toutes parts et qui tente de reporter ses crises économiques et financières sur le dos des peuples, des État, des pouvoirs publics, des gouvernements, surtout ceux qui sont les plus à "gauche".
A propos de la gauche, de la droite: un point de vue historique qu'il serait intéressante de (re)lire du reste
un article du groupe "COMBAT" (bulletin communiste du Val de Marne) par Guy MARTIN le 23/02/2002



DROITE, GAUCHE : DEPUIS QUAND CETTE APPELLATION ? QUEL CONTENU ?

L'expression politique droite/gauche a son origine en Grande Bretagne. A la chambre des Communes, les sièges sont disposés en deux rangées face à face; la majorité gouvernementale (conservatrice ou travailliste selon la conjoncture) siège dans ceux de droite, l'opposition sur ceux de gauche. C'est la concrétisation de la bipolarisation. Siéger à droite, en Angleterre, implique seulement qu'on est le parti du gouvernement.
Dès 1789 à l'Assemblée Constituante (9 juillet 1789), les royalistes qui sont le parti du roi, donc du pouvoir en place, siègent à droite (selon l'usage britannique), les partisans du changement, de la révolution (quoi qu'ils mettent dans ce mot), siègent à gauche. Depuis et sans interruption, en France, la gauche est considérée de façon un peu simplificatrice comme le camp des idées de progrès, des changements, la droite comme celui des valeurs traditionnelles ou de l'ordre existant. Dans la Constituante les Noirs ou Aristocrates , les Monarchiens et les Constitutionnels tels La Fayette et Sieyès siègent à droite, les républicains siègent à gauche. Entre les deux, les indépendants, à l'extrême gauche, le groupe démocrate, partisan du suffrage universel (Robespierre, Pétion). L'Assemblée ne siège pas dans une salle divisée en deux par une allée centrale comme en Angleterre mais dans un hémicycle où peuvent se matérialiser, sans être séparées comme en Angleterre, toutes les nuances de la représentation nationale: une gauche et une extrême gauche, une droite et une extrême droite et un ou plusieurs centres, disposition qui favorise le pluralisme qui s'inscrit dès lors dans la tradition politique de la France.
A l'Assemblée législative (1er Octobre 1791), sur les 745 députés, 264 se réclament du club des Feuillants et siègent à droite, 345 occupent le centre, 136, pour la plupart du club breton, (plus tard appelé Jacobin) à gauche: Condorcet, Brissot (avec ses amis brissotins) et à l'extrême gauche : Couthon, Camot, Robespierre. Mais cette gauche de l'Assemblée législative est hétérogène et elle se scindera rapidement. Robespierre et Brissot sont déjà adversaires et les brissotins sous l'appellation de girondins siégeront à droite dans la Convention (21 septembre 1792). Quant aux députés jacobins les plus engagés dans le processus révolutionnaire ils portent le nom de Montagnards parce qu'ils siègent bien à gauche mais dans les travées supérieures, les travées inférieures étant occupées par le Marais. ( parmi les Montagnards Robespierre, Marat, Saint-Just et Danton ( fondateur du club des Cordeliers) qui sera accusé de corruption par le girondins, et qui à la tête des Indulgents entrera en opposition (dès la fin 1793) avec le Comité de salut public et sera considéré comme suspect. Partisan de l'arrêt et même de l'abolition de nombreuses mesures révolutionnaires, il est aussi compromis par sa solidarité avec Fabre d'Églantine, coupable avéré "d'enrichissement personnel et d'usage de faux" dans la liquidation de la Compagnie des Indes. Danton sera attaqué par la fraction la plus avancée de la Montagne, et Robespierre, après avoir hésité, fera traduire ce compagnon de luttes, nullement incorruptible, lui, devant le tribunal révolutionnaire.
Dans les quelque cinq années de la Révolution (de la prise de la Bastille au 9 thermidor), se sont fondées nos traditions politiques, et même l'organisation en partis qui ne portaient pas ce nom. Les révolutionnaires n'en voulaient pas, ils pensaient qu'ils auraient été un facteur de division de la nation "une et indivisible". Cependant ils existent en germe dans les clubs. Jacobins, Cordeliers, Feuillants... et dans les cercles qui prolifèrent...
On a longtemps dit "les gauches" dénomination qui met l'accent sur les différences, puis la gauche (qui implique l'idée d'union) que remplace aujourd'hui (pour combien de temps encore) l'expression la gauche plurielle.
Il convient d'affiner la division classique droite /gauche en montrant les limites de celle-ci. Le regroupement des centres autour d'une République modérée en 1875 et dans les années 1890, la politique d'union nationale entre les deux guerres mondiales, la troisième force en 1947 nuancent la vision schématique d'une France où une gauche intangible et farouche s'opposerait à une droite éternelle. "II existe trois gauches en France depuis le guerre de 14: modérée, radicale, socialiste... trois gauches encore entre 1920 et le début des années 30 radicale, socialiste, communiste d'abord divisées et même affrontées avant de s'unir pour la défense de la République (Raymond Huard, dans: La France contemporaine). Le glissement des formations de gauche vers la droite, dans notre pays dominé par la bourgeoisie, est un phénomène ancien, il commence avec les girondins. On l'observe avec l'évolution du puissant parti radical et radical socialiste de moins en moins radical dans ses programmes et plus du tout socialiste, hostile à la lutte des classes et opportuniste qui finira par n'être plus que l'ombre de lui même, dont une fraction passera à droite, l'autre restant à gauche mais ayant l'une et l'autre perdu toute influence. On l'observe avec le parti SFIO devenu socialiste que son hostilité aux communistes rapproche sans cesse de la droite, en 1937/39 comme de 1947 à 1970, qui finit par accepter le dialogue avec le PCF pour s'en servir et qui, finalement, arrivé au pouvoir, renoncera à toute référence à la lutte des classes et au socialisme et finira par se rallier au libéralisme économique en entraînant dans son sillage les formations des gauches parlementaires d'un poids très inférieur au sien. Les phases d'union comme le Front Populaire (sans participation communiste) sont rares et brèves. Seul le PCF prône l'union de la gauche comme stratégie permanente depuis 1930 jusqu'à la signature du Programme commun qui en est l'aboutissement, stratégie dont il a fait finalement les frais, où se dissoudra sa nature de classe et sa vocation révolutionnaire jusqu'à opérer, lui aussi, avec la mutation un glissement vers la droite. La gauche plurielle est finalement la manifestation de l'acceptation du capitalisme par toute la gauche institutionnelle.

Sent: Thursday, April 3, 2014 10:38 AM
Subject: Jusqu'à la nausée...

A la suite de ce non-évènement qu'est la constitution du "nouveau" gouvernement et de sa politique prévisible plus droitière que la précédente (mais oui, c'est possible...), j'ai voulu voir et écouter ce qu'en disent les medias institutionnels
Journalistes plus insipides les uns que les autres, experts plus conformistes les uns que les autres, et politologues plus stupides les uns que les autres essaient de nous vendre à qui mieux mieux le prétendu changement provoqué par la veste électorale de ces derniers jours. Jusqu'à la nausée...
Objectif commun de tous ces crétins: nous faire prendre les vessies pour des lanternes.
Une bonne purge s'impose de toute urgence. Après le lavage de cerveau, le lavage d'estomac...
***
Ce qui empêche les gens de vivre ensemble,
ce sont leurs conneries, pas leurs différences.

(Anna Gavalda)

Discours de Victor Hugo sur la misère ( à partager autour de vous )

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Discours de Victor Hugo sur la misère ( à partager autour de vous )

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Victor Hugo « discours sur la misère » à l'Assemblée Nationale le 9 juillet 1849 
«Je ne suis pas, Messieurs, de ceux qui croient qu'on peut supprimer la souffrance en ce monde, la souffrance est une loi divine, mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu'on peut détruire la misère. Remarquez-le bien, Messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. La misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain ; la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu. Détruire la misère ! Oui, cela est possible ! Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n'est pas le fait, le devoir n'est pas rempli.
La misère, Messieurs, j'aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir où elle en est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu'où elle peut aller, jusqu'où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au moyen-âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ?
Mon Dieu, je n'hésite pas à les citer, ces faits. Ils sont tristes, mais nécessaires à révéler ; et tenez, s'il faut dire toute ma pensée, je voudrais qu'il sortît de cette assemblée, et au besoin j'en ferai la proposition formelle, une grande et solennelle enquête sur la situation vraie des classes laborieuses et souffrantes en France. Je voudrais que tous les faits éclatassent au grand jour. Comment veut-on guérir le mal si l'on ne sonde pas les plaies ?
Voici donc ces faits :
Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l'émeute soulevait naguère si aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, où des familles, des familles entières, vivent pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, n'ayant pour lits, n'ayant pour couvertures, j'ai presque dit pour vêtements, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures humaines s'enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l'hiver. Voilà un fait. En voici d'autres : Ces jours derniers, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misère n'épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim à la lettre, et l'on a constaté après sa mort qu'il n'avait pas mangé depuis six jours. Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une mère et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon!
Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société toute entière ; que je m'en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l'homme, que ce sont des crimes envers Dieu !
Voilà pourquoi je suis pénétré, voilà pourquoi je voudrais pénétrer tous ceux qui m'écoutent de la haute importance de la proposition qui vous est soumise. Ce n'est qu'un premier pas, mais il est décisif. Je voudrais que cette assemblée, majorité et minorité, n'importe, je ne connais pas, moi de majorité et de minorité en de telles questions ; je voudrais que cette assemblée n'eût qu'une seule âme pour marcher à ce grand but, à ce but magnifique, à ce but sublime, l'abolition de la misère!
Et, messieurs, je ne m'adresse pas seulement à votre générosité, je m'adresse à ce qu'il y a de plus sérieux dans le sentiment politique d'une assemblée de législateurs ! Et à ce sujet, un dernier mot : je terminerai là.
Messieurs, comme je vous le disais tout à l'heure, vous venez avec le concours de la garde nationale, de l'armée et de toutes les forces vives du pays, vous venez de raffermir l'Etat ébranlé encore une fois. Vous n'avez reculé devant aucun péril, vous n'avez hésité devant aucun devoir. Vous avez sauvé la société régulière, le gouvernement légal, les institutions, la paix publique, la civilisation même. Vous avez fait une chose considérable… Eh bien ! Vous n'avez rien fait !
Vous n'avez rien fait, j'insiste sur ce point, tant que l'ordre matériel raffermi n'a point pour base l'ordre moral consolidé ! Vous n'avez rien fait tant que le peuple souffre ! Vous n'avez rien fait tant qu'il y a au-dessous de vous une partie du peuple qui désespère ! Vous n'avez rien fait, tant que ceux qui sont dans la force de l'âge et qui travaillent peuvent être sans pain ! tant que ceux qui sont vieux et ont travaillé peuvent être sans asile ! tant que l'usure dévore nos campagnes, tant qu'on meurt de faim dans nos villes tant qu'il n'y a pas des lois fraternelles, des lois évangéliques qui viennent de toutes parts en aide aux pauvres familles honnêtes, aux bons paysans, aux bons ouvriers, aux gens de cœur ! Vous n'avez rien fait, tant que l'esprit de révolution a pour auxiliaire la souffrance publique ! Vous n'avez rien fait, rien fait, tant que dans cette œuvre de destruction et de ténèbres, qui se continue souterrainement, l'homme méchant a pour collaborateur fatal l'homme malheureux!»
Victor Hugo