Irak agressé, occupé, envahi, pillé, détruit et colonisé, depuis 25 ans...

jeudi 11 septembre 2014

Parution de ALERTE OTAN N° 53

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Sent: Saturday, July 12, 2014 5:52 PM
Subject: Parution de ALERTE OTAN N° 53
Au sommaire de ALERTE OTAN N° 53 - 2e trimestre 2014
Edito
Sommet de l'Otan 2004: comment garder la maîtrise de la plus grande machine de guerre de l'histoire?
Dossier Ukraine
- Le nouveau rideau de fer (Diana Johnstone)
- Des néo-nazis ont voulu s'emparer d'une centrale nucléaire
Irak 2003-2014
-La balkanisation de l'Irak ( Manlio Dinucci)
-Les forces US ont lancé des armes à uranium sur des populations civile (Rob Edwards)
En Belgique
- la majorité des Belges ne veut pas des nouveaux avions de combat (Ludo De Brabander)
- Jeunes djihadistes belges en Syrie, héros d'une révolution? (Patricia Villalon)
Evénements
- Sarajevo Peace Event 2014, un événement ambigu (Georges Berghezan)
- Commémoration de la tragédie de Hiroshima et Nagasaki, le 9 août à l'Université de Mons-Hainaut
Bulletin trimestriel du Comité de Surveillance OTAN
N°53 - 2ème trimestre 2014
Belgique- Belgïe
P.P.
1050 Bruxelles 5
1/17024
P 301185
Sommaire
Editeur Responsable - M. Poznanski - 62, rue des Cultivateurs - 1040 BXL
Prix : 1€
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Tel/Fax : 02/511.63.10
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Sommet de l'OTAN 2014 : Comment garder la maîtrise de
la plus grande machine de guerre de l'histoire ?
Un sommet de l'OTAN, réunissant
les chefs d'Etat des pays
membres de l'Alliance et divers pays
partenaires, se tiendra en septembre
au Pays de Galles (Grande Bretagne).
Selon Rasmussen, son secrétaire général,
on y discutera notamment des
grands succès des partenariats, de la
réussite des opérations militaires en
Afghanistan, du resserrement des liens
euro-atlantiques, des perspectives infinies
de la « smart defence », la défense
intelligente, de l'harmonisation et du
partage des capacités militaires des
différents pays membres. Notre ministre
de la Défense, Pieter De Crem
claironne que l'OTAN est en mesure
de reproduire dans d'autres pays la très
efficace opération militaire en Libye.
Mais, dans le reste du monde, l'Alliance
Atlantique rencontre des résistances
inattendues. De nouvelles alliances
économiques, sociales et militaires
entre pays se créent ou se renforcent.
Au Moyen-Orient, la Syrie résiste aux
assauts les plus sauvages de l'internationale
djihadiste et la population et
le gouvernement Assad ont renversé le
rapport de forces. La Russie a tiré les
leçons de la guerre de Libye et maintient
son soutien tant à l'Iran qu'à la
Syrie. Les avancées tentaculaires de
l'OTAN se heurtent à son opposition.
Moscou refuse l'annexion de l'Ukraine
par l'UE et l'OTAN. Kiev a permis à
des formateurs otaniens de réorganiser
son armée, elle a envoyé des troupes
participer aux guerres de l'OTAN et lui
a permis d'établir un quartier général à
Kiev. Mais aujourd'hui, le partenariat
avec la Russie est gelé et les bras de fer
rappelant l'époque de la Guerre froide
se multiplient. Le « partenaire » d'hier
redevient l'ennemi à abattre.
L'OTAN ne parvient pas à imposer ses
« normes » même après une victoire
militaire. La débandade de l'armée
irakienne face aux djihadistes venus
de Syrie montre que le régime mis en
place par l'Occident ne bénéficie d'aucune
assise populaire. Un tel scénario
pourrait se reproduire très bientôt en
Afghanistan, à moins que Karzai ou
son successeur Abdullah Abdullah ne
choisisse de s'allier à l'Iran ou d'intégrer
l'Organisation de Shanghai.
L'OTAN échoue à devenir le gendarme
du monde, mais en est d'autant plus dangereuse pour
les peuples du monde. Elle poursuit sa politique belliciste
en encerclant des pays qui n'approuvent pas la politique
occidentale tels la Russie, la Chine, le Venezuela et
l'Amérique Latine, l'Iran. L'OTAN organise une série de
guerres ouvertes, - Afghanistan, Irak, Libye, Somalie, ou
plus secrètes, tel l'Iran, la Syrie, etc. L'Alliance participe à
l'installation du « bouclier anti-missile » et maintient sa
stratégie du « droit à la première frappe », développe une
modernisation forcenée de tous les systèmes d'armes sur
terre et dans l'espace.
Une grande mobilisation populaire internationale se
prépare au Pays de Galles pour refuser cette politique
de l'OTAN. Le CSO participera au contre-Sommet en
affirmant ses positions : la suppression du bouclier antimissile,
le désarmement nucléaire en Europe, l'arrêt des
guerres de l'OTAN, la suppression des partenariats, la
Belgique hors de l'OTAN, la dissolution de l'OTAN.
Alerte OTAN
Le nouveau Rideau de Fer
Les dirigeants de l'OTAN sont actuellement en train
de se livrer à une mascarade en Europe qui vise à
ériger un nouveau rideau de fer entre la Russie et
l'Occident.
Avec une étonnante unanimité, les dirigeants de l'OTAN
feignent d'être surpris par des événements qu'ils avaient
planifiés des mois à l'avance. Des événements qu'ils ont
délibérément déclenchés sont présentés comme une
« agression russe » soudaine, imprévue et injustifiée. Les
États-Unis et l'Union européenne se sont lancés dans une
provocation agressive en Ukraine dont ils savaient qu'elle
forcerait la Russie à réagir de manière défensive, d'une
façon ou d'une autre.
Ils ne pouvaient pas savoir exactement comment le président
russe Vladimir Poutine réagirait lorsqu'il verrait
que les États-Unis étaient en train de manipuler les
conflits politiques en Ukraine pour installer un gouvernement
pro-occidental décidé à rejoindre l'OTAN. Il
ne s'agissait pas d'une simple question de « sphère d'influence
» dans le « voisinage immédiat » de la Russie, mais
d'une question de vie ou de mort pour la marine russe,
ainsi que d'une grave menace à sa sécurité nationale sur
ses frontières.
Un piège a ainsi été tendu à Poutine. Quoi qu'il fasse, il
serait perdant. Soit il ne réagirait pas assez, et trahirait les
intérêts nationaux fondamentaux de la Russie, en permettant
à l'OTAN de positionner ses forces hostiles dans une
position d'attaque idéale. Soit il réagirait de manière excessive,
en envoyant des forces russes envahir l'Ukraine.
L'Occident y était préparé, prêt à hurler que Poutine était
« le nouvel Hitler », sur le point d'envahir une pauvre
Europe sans défense qui ne pouvait être sauvée (une fois
de plus) que par ces généreux Américains.
En réalité, la réponse défensive russe était une solution
intermédiaire très raisonnable. Grâce au fait que l'écrasante
majorité des habitants de la Crimée se sentait Russe,
ayant été des citoyens russes jusqu'à ce que Khrouchtchev
attribue de façon frivole ce territoire à l'Ukraine en 1954,
une solution pacifique et démocratique fut trouvée. Les
Criméens ont voté pour leur retour à la Russie lors d'un
référendum qui était parfaitement légal selon le droit
international, mais en violation de la Constitution de
l'Ukraine, laquelle était alors en lambeaux, ayant juste été
violée par le renversement du président dûment élu du
pays, Victor Ianoukovitch, renversement facilité par des
milices violentes. Le changement de statut de la Crimée a
été obtenu sans effusion de sang, par les urnes.
Néanmoins, les cris d'indignation de l'Ouest furent tout
aussi hystériques et agressifs que si Poutine avait soumis
Ukraine à une campagne de bombardement à l'américaine,
ou avait carrément envahi le pays – chose qu'on
attendait peut-être de sa part.
Le Secrétaire d'Etat américain John Kerry a dirigé le
choeur d'indignation des bien-pensants en accusant la
Russie de choses dont son propre gouvernement est coutumier.
« On ne peut pas envahir un autre pays sous un prétexte
bidon pour faire valoir ses intérêts. Il s'agit d'un acte
d'agression sous des prétextes montés de toutes pièces »,
pontifia Kerry. « C'est vraiment un comportement du 19e
siècle au 21e siècle ». Au lieu de rire face à cette hypocrisie,
les médias, politiciens et commentateurs américains
ont repris avec zèle le thème de l'agression expansionniste
inacceptable de Poutine. Les Européens, obéissants, leur
ont faiblement fait écho.
Tout avait été planifié à Yalta
En septembre 2013, l'un des plus riches oligarques de
l'Ukraine, Viktor Pinchuk, finança une conférence stratégique
d'élites sur l'avenir de l'Ukraine qui s'est déroulée
dans le même Palais à Yalta, en Crimée, où Roosevelt,
Staline et Churchill s'étaient réunis pour décider de l'avenir
de l'Europe en 1945. Parmi les médias spécialisés qui
rendaient compte de cette conférence, largement ignorée
par les médias de masse, The Economist, écrivit de cette
« démonstration de diplomatie féroce » que : « L'avenir
de l'Ukraine, un pays de 48 millions d'habitants, et de
l'Europe se décidait en temps réel. » Parmi les participants
se trouvaient Bill et Hillary Clinton, l'ancien chef
de la CIA le général David Petraeus, l'ancien secrétaire
américain au Trésor, Lawrence Summers, l'ancien président
de la Banque mondiale, Robert Zoellick, le ministre
suédois des Affaires étrangères Carl Bildt, Shimon Peres,
Tony Blair, Gerhard Schröder, Dominique Strauss-Kahn,
Mario Monti, le président lituanien Dalia Grybauskaite,
l'influent ministre des Affaires étrangères polonais, Radek
Sikorski. Tant le président Viktor Ianoukovitch, renversé
cinq mois plus tard, que son successeur récemment élu
Petro Porochenko étaient présents. L'ancien secrétaire à
l'énergie américain, Bill Richardson était là pour parler de
la révolution du gaz de schiste que les États-Unis espèrent
utiliser pour remplacer les réserves de gaz naturel de la
Russie et ainsi affaiblir cette dernière. Le centre de la discussion
portait sur « l'Accord de libre-échange approfondi
et complet » (ALEAC) entre l'Ukraine et l'Union européenne,
et la perspective de l'intégration de l'Ukraine à
l'Occident. Le ton général était euphorique devant la perspective
de briser les liens de l'Ukraine avec la Russie en
faveur de l'Occident.
Une conspiration contre la Russie ? Pas du tout.
Contrairement à Bilderberg, les délibérations ici n'étaient
pas tenues secrètes. Face à plus d'une dizaine de personnalités
américaines de haut niveau et un large échantillon
de l'élite politique européenne se trouvait un conseiller de
Poutine nommé Sergueï Glaziev, qui a clairement explicité
la position de la Russie.
Glazyev a introduit une dose de réalisme politique et économique
dans la conférence. Forbes a rendu compte à
l'époque de la « différence frappante » entre les points de
vue russes et occidentaux « non pas sur l'opportunité de
l'intégration de l'Ukraine avec l'UE, mais plutôt sur son
impact probable. » Contrairement à l'euphorie de l'Ouest,
le point de vue russe était fondé sur des « critiques économiques
très précises et pointues » sur l'impact de l'accord
sur l'économie de l'Ukraine, en notant que l'Ukraine
souffrait d'un énorme déficit extérieur, financé par des
emprunts à l'étranger, et que l'augmentation substantielle
d'importations de l'Occident qui résulterait de l'accord
ne pouvait que faire gonfler le déficit. L'Ukraine « soit se
retrouvera en cessation de paiements, soit devra être renflouée
par un important plan de sauvetage ». Le journaliste
de Forbes a conclu que « la position de la Russie est
beaucoup plus proche de la vérité que les belles paroles
émanant de Bruxelles et de Kiev. »
Quant à l'impact politique, Glazyev a souligné que la minorité
russophone dans l'Est de l'Ukraine pourrait être
incitée à diviser le pays en signe de protestation contre la
rupture des liens avec la Russie, et que la Russie serait légalement
en droit de les soutenir, selon le Times de Londres.
En bref, lors de la planification de l'intégration de
l'Ukraine dans la sphère occidentale, les dirigeants occidentaux
étaient parfaitement conscients que cette initiative
entraînerait de sérieux problèmes avec les Ukrainiens
russophones, et avec la Russie elle-même. Plutôt que de
chercher à trouver un compromis, les dirigeants occidentaux
ont décidé d'aller de l'avant et de condamner la
Russie pour tout ce qui pouvait mal tourner. La première
chose qui a mal tourné fut la reculade de M. Ianoukovitch
devant la perspective d'un effondrement économique qui
serait impliqué par l'accord commercial avec l'Union européenne.
Il a repoussé la signature, dans l'espoir d'obtenir
de meilleures conditions. Puisque rien de tout cela n'avait
été expliqué clairement à la population ukrainienne, des
protestations indignées s'ensuivirent, qui ont été rapidement
exploitées par les États-Unis... contre la Russie.
L'Ukraine, comme pont... ou comme talon
d'Achille
L'Ukraine, un terme qui signifie frontière, est un pays sans
frontières historiques clairement définies qui a été étendu à
la fois trop à l'Est et trop à l'Ouest. L'Union soviétique était
responsable de cette situation, mais l'Union soviétique
n'existe plus, et le résultat est un pays sans identité unifiée
et qui pose problème pour lui-même et pour ses voisins.
Il a été étendu trop à l'Est, en intégrant un territoire qui
pourrait tout aussi bien appartenir à la Russie, dans le
cadre d'une politique générale visant à distinguer l'URSS
de l'empire tsariste, par l'élargissement de l'Ukraine au détriment
de sa composante russe et pour démontrer ainsi
que l'Union soviétique était vraiment une union entre
des républiques socialistes égales. Tant que toute l'Union
soviétique était gérée par une direction communiste, ces
frontières n'avaient pas trop d'importance.
Le territoire de l'Ukraine a été étendu trop à l'Ouest à la
fin de la Seconde Guerre mondiale. L'Union soviétique
victorieuse a déplacé la frontière de l'Ukraine pour y inclure
les régions de l'Ouest, dominées par la ville diversement
nommée Lviv, Lwow, Lemberg ou Lvov, selon
qu'elle appartenait à la Lituanie, la Pologne, l'Empire
des Habsbourg ou l'URSS, régions qui sont devenues un
foyer de sentiments anti-russes. Cela fut sans doute conçu
comme une mesure défensive, pour neutraliser des éléments
hostiles, mais cela a créé cette nation fondamentalement
divisée qui constitue aujourd'hui une mare d'eaux
troubles parfaite pour des puissances hostiles qui veulent
venir y pêcher.
L'article de Forbes précité soulignait que : « Au cours de la
majeure partie des cinq dernières années, l'Ukraine jouait
à un double jeu, en racontant à l'UE qu'elle était intéressée
par la signature de l'ALEAC tout en racontant aux Russes
qu'elle était intéressée à se joindre à l'union douanière'.
Soit Ianoukovitch n'arrivait pas à se décider, soit il essayait
d'obtenir le maximum de chaque côté, en faisant monter
les enchères. Quoi qu'il en soit, il n'a jamais été « l'homme
de Moscou », et sa chute doit beaucoup sans doute au fait
qu'il a joué sur deux registres opposés, un jeu dangereux.
On peut néanmoins affirmer qu'il fallait quelque chose
qui jusqu'à présent semblait faire totalement défaut en
Ukraine : une direction reconnaissant la nature divisée du
pays et oeuvrant avec diplomatie pour trouver une solution
capable de satisfaire les populations locales et leurs
liens historiques avec l'Occident catholique et la Russie.
En bref, l'Ukraine pourrait être un pont entre l'Orient et
l'Occident – ce qui, d'ailleurs, était précisément la position
russe. La position de la Russie n'a pas été de diviser
l'Ukraine, encore moins de la conquérir, mais de faciliter
son rôle de pont. Cela impliquerait un degré de fédéralisme,
d'administration locale, qui, jusqu'ici, fait entièrement
défaut dans ce pays, avec les gouverneurs locaux
non pas élus mais nommés par le gouvernement central
à Kiev. Une Ukraine fédérale pourrait à la fois développer
des relations avec l'UE et maintenir ses relations économiques
vitales (et rentables) avec la Russie.
Mais un tel arrangement nécessiterait que l'Occident soit
prêt à coopérer avec la Russie. Les États-Unis ont ouvertement
opposé leur veto à cette possibilité, préférant exploiter
la crise afin de marquer au fer rouge la Russie comme
étant « l'ennemi ». […]
Le retour du racket de la 'Protection'
Mais tout d'abord, les États-Unis ont besoin de l'ennemi
russe pour « sauver l'Europe », ce qui est une autre manière
de dire 'afin de continuer à dominer l'Europe'. Les
décideurs à Washington semblaient inquiets que la focalisation
d'Obama sur l'Asie et la négligence de l'Europe
pourraient affaiblir le contrôle des États-Unis sur ses
alliés de l'OTAN. Les élections du 25 Mai au Parlement
européen ont révélé une grande désaffection à l'égard de
l'Union européenne. Cette désaffection, notamment en
France, est liée à une prise de conscience croissante que
l'UE, loin d'être une alternative potentielle aux États-Unis,
est en réalité un mécanisme qui verrouille les pays européens
dans une mondialisation définie par les États-Unis,
les soumettant au déclin économique et à la politique
étrangère étatsunienne, y compris les guerres.
L'Ukraine n'est pas la seule entité qui a été trop étendue.
L'UE aussi. Avec 28 membres de différentes langues,
cultures, histoires et mentalités, l'UE n'est pas en mesure
de s'entendre sur une politique étrangère autre que
celle imposée par Washington. L'extension de l'UE aux
anciens satellites d'Europe de l'Est a totalement détruit
toute possibilité de consensus profond entre les pays de la
Communauté économique d'origine : France, Allemagne,
Italie et les pays du Benelux. La Pologne et les pays baltes
voient l'adhésion à l'UE comme utile, mais leurs coeurs
sont en Amérique - où beaucoup de leurs dirigeants les
plus influents ont été éduqués et formés. Washington est
en mesure d'exploiter l'anti-communisme, les sentiments
anti-russes et même la nostalgie pro-nazie de l'Europe
du nord-est pour lancer la fausse alarme « les Russes arrivent
! » afin de gêner le partenariat économique grandissant
entre l'ancienne UE, notamment l'Allemagne, et
la Russie.
La Russie n'est pas une menace. Mais pour les russophobes
bruyants dans les Etats baltes, l'Ukraine occidentale
et la Pologne, l'existence même de la Russie est une
menace. Encouragée par les États-Unis et l'OTAN, cette
hostilité endémique constitue la base politique pour un
nouveau « rideau de fer » destiné à atteindre l'objectif
énoncé en 1997 par Zbigniew Brzezinski dans Le grand
échiquier : garder le continent eurasien divisé afin de perpétuer
l'hégémonie mondiale des États-Unis. L'ancienne
guerre froide a servi à cela, en cimentant la présence militaire
des États-Unis et leur influence politique en Europe
occidentale. Une nouvelle guerre froide peut empêcher
l'influence américaine d'être diluée par de bonnes relations
entre l'Europe occidentale et la Russie.
Obama est venu en Europe en brandissant la promesse
de « protéger » l'Europe, en installant des troupes dans
des régions aussi proches que possible de la Russie, tout
en ordonnant en même temps à la Russie de retirer ses
propres troupes, sur son propre territoire, encore plus
loin de l'Ukraine troublée. Cela semble destiné à humilier
Poutine et à le priver de soutien politique chez lui,
au moment où des protestations s'amplifient dans l'Est
de l'Ukraine contre le leader russe, où on lui reproche
d'avoir abandonné les habitants de cette région aux tueurs
envoyés par Kiev.
Pour resserrer l'emprise des États-Unis sur l'Europe, les
États-Unis utilisent cette crise artificielle pour exiger que
leurs alliés endettés dépensent encore plus pour la « défense
», notamment par l'achat de systèmes d'armes américains.
Bien que les États-Unis soient encore loin d'être
en mesure de répondre aux besoins énergétiques de l'Europe
avec leur gaz de schiste, cette perspective est saluée
comme un substitut aux ventes de gaz naturel russe - stigmatisées
comme un « moyen d'exercer une pression politique
», pressions dont les hypothétiques ventes de gaz US
seraient innocentes. Des pressions sont exercées sur la
Bulgarie et même la Serbie pour bloquer la construction
du gazoduc South Stream qui acheminera le gaz russe
vers les Balkans et l'Europe du Sud. [ …]
Diana Johnstone
Publié le 10 juin 2014
Le texte intégral de l'article peut être lu sur notre mailing
list et dans la version électronique de notre bulletin
Alerte Otan n°53 www.csotan.org ainsi que sur
Des néo-nazis ont voulu
s'emparer d'une centrale
nucléaire
La police ukrainienne a empêché des hommes armés
d'entrer dans la plus grande centrale nucléaire
d'Europe dans le sud-est de l'Ukraine.
La voix de la Russie
Dans une vidéo où on les voit, semble-t-il, après
leur arrestation, ces hommes disent appartenir
au Secteur Droit. Des hommes armés ont été arrêtés
jeudi à l'entrée de la ville de Energodar, près de la centrale
nucléaire de Zaporizhia, a annoncé vendredi le
service de presse de la centrale dans un communiqué
sur son site Web. Les responsables de la centrale
indiquent que cet incident n'a pas affecté le fonctionnement
de la centrale. Cependant la sécurité a été renforcée
sur le site et dans toute la ville de Energodar.
Plusieurs cars pleins d'hommes, disant appartenir au célèbre
groupe néo-nazi Secteur Droit, ont été arrêtés à un checkpoint
près de Energodar, selon la Komsomolskaya Pravda
ukrainienne. Les hommes, qui étaient armés et cagoulés,
ont dit qu'ils venaient «protéger la centrale nucléaire et la
ville contre une éventuelle attaque,» a rapporté le journal.
Nous étions venus protéger la ville mais la police nous a
arrêtés et encerclés," a dit un membre du Secteur Droit au
journal Ukrainien.
Dans la vidéo les hommes se présentent comme des membres
du Secteur Droit de la région de Zaporizhia (Zaporozhye), et
ajoutent qu'ils sont venus protéger la centrale contre les militants
qui voudraient «hisser des drapeaux russes» dans la ville.
L'information [dans les médias] selon laquelle ce groupe
appartiendrait au secteur Droit est erronée," lit-on sur le
site du groupe d'extrême-droite. "Le Secteur Droit dément
officiellement avoir tenté d'investir la centrale nucléaire de
Zaporizhia."
Traduit par Dominique Muselet
Publié le 18 mai 2014
Le texte intégral de l'article peut être lu sur notre mailing
list et dans la version électronique de notre bulletin Alerte
Otan n°53 www.csotan.org
Pour consulter l'originale
La balkanisation de l'Irak
Si ce qu'on est en train de raconter à Washington
était vrai, que les USA ont été pris par surprise par
l'offensive irakienne de l'Etat islamique en Irak et au
Levant (EIIL), le président Obama devrait immédiatement
destituer les dirigeants de la Communauté
d'intelligence, formée par la Cia et par de nombreuses
autres agences fédérales qui espionnent et
conduisent des opérations étasuniennes secrètes à
l'échelle mondiale.
Il Manifesto
Sans aucun doute, au contraire, ont-ils été félicités, en
privé, par le président. L'EIIL est en fait fonctionnelle à
la stratégie étasunienne de démolition des Etats à travers
la guerre secrète. Plusieurs de ses chefs proviennent des
formations islamiques libyennes qui, d'abord classifiées
comme terroristes, ont été armées, entraînées et financées
par les services secrets USA pour renverser Kadhafi. C'est
l'EIIL même qui le confirme, en commémorant deux de
ses commandants libyens : Abu Abdullah al Libi, qui a
combattu en Libye avant d'être tué par un groupe rival en
Syrie le 22 septembre 2013 ; et Abu Dajana qui, après avoir
combattu lui aussi en Libye, a été tué le 8 février 2014 en
Syrie dans un affrontement avec un groupe d'Al Qaida,
auparavant son allié. Quand a commencé la guerre secrète
pour abattre le président Assad, de nombreux militants
sont passés de Libye en Syrie, en s'unissant à ceux, en
majorité non Syriens, provenant d'Afghanistan, Bosnie,
Tchétchénie et autres pays. L'EIIL a construit une grande
partie de sa force justement en Syrie, où les « rebelles »,
infiltrés de Turquie et Jordanie, ont été approvisionnés en
armes, provenant aussi de Croatie, à travers un réseau organisé
par la Cia (dont l'existence a même été documentée
par une enquête du
New York Times du 26 mars 2013).
Est-il possible que la Cia
et les autres agences étasuniennes
–dotées d'un dense réseau d'espions,
de drones efficients et de satellites militaires fussent
ignorants du fait que l'EIIL préparait une offensive massive
contre Bagdad, annoncéepar une série d'attentats ? Evidemment
non. Pourquoi alors Washington n'a-t-il pas
donné l'alarme avant le début de cette offensive
? Parce que son objectif stratégique n'est pas la défense,
mais le contrôle de l'Etat irakien.
Après avoir dépensé dans la seconde guerre en Irak plus
de 800 milliards de dollars pour les opérations militaires,
qui se montent à 3 mille milliards si l'on considère tous
les coûts y compris ceux sanitaires, les Etats-Unis voient
maintenant la Chine de plus en plus présente en Irak : elle
lui achète environ la moitié de sa production pétrolifère,
en forte augmentation, et effectue de gros investissements
dans son industrie d'extraction. Pas seulement. En février,
durant la visite du ministre des Affaires étrangères Wang
Yi à Bagdad, les deux gouvernements ont signé des accords
prévoyant aussi des fournitures militaires par la
Chine. En mai le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki
a participé à Shanghai, à la Conférence sur les mesures
d'interaction et de renforcement de la confiance en Asie,
avec Hassan Rouhani, le président de l'Iran. Pays avec qui
le gouvernement al-Maliki a signé en novembre dernier
un accord, défiant l'embargo voulu par Washington, qui
prévoit l'achat d'armes iraniennes pour un montant de
195 millions de dollars.
C'est sur ce fond que se place l'offensive de l'EIIL, qui met
le feu à l'Irak en trouvant une matière inflammable dans la
rivalité sunnites-chiites acérée par la politique de al-Maliki.
Ceci permet aux Etats-Unis de relancer leur stratégie
pour le contrôle de l'Irak. Dans ce cadre, on ne perdra pas
de vue le plan, qu'a fait passer au Sénat en 2007 l'actuel
vice-président Joe Biden, qui prévoit « le décentrement
de l'Irak en trois régions semi autonomes : kurde, sunnite
et chiite », avec un « gouvernement central limité à
Bagdad ». En d'autres termes, le démembrement de l'Irak.
Manlio Dinucci ,
Traduit de l'italien par M.A. Patrizio
Publié le 17 juin 2014
Les forces US ont lancé des armes à uranium
appauvri dans des zones civiles en Irak en 2003
The Guardian ( résumé de l'article « US fired depleted
uranium at civilian areas in 2003 Iraq war, report
finds »)
Les coordonnées précises révélant où les avions et les
tanks US ont tiré 10.000 projectiles à l'uranium appauvri
en Irak en 2003 ont été obtenues par le groupe
pacifiste néerlandais Pax. C'est la première fois que ce
genre d'informations est rendu public, malgré toutes les
requêtes du Programme de l'ONU pour l'Environnement
(PNUE) et celles du gouvernement irakien. Les informations
font apparaître clairement que des projectiles à
l'uranium appauvri ont été lancés sur ou près de régions
peuplées d'Irak, telles que Samawah, Nasiriyah et Basrah.
PAX estime que plus de 300 sites en Irak ont été contaminés
par l'uranium appauvri, et qu'il en coûterait au moins
30 millions de dollars pour les nettoyer…
Les forces US avaient donné les coordonnées GPS des
projectiles à l'uranium appauvri, ainsi qu'une liste des
cibles et du nombre de tirs, au ministère néerlandais de la
Défense qui était inquiet pour ses troupes stationnées l'an
passé dans ces zones. Le ministère a ensuite transmis ces
coordonnées à PAX, en réponse à une demande d'informations…
On estime que plus de 300.000 projectiles à l'uranium
appauvri ont été tirés pendant la guerre de 2003 en Irak,
la grande majorité par des forces US. Une petite partie a
été lancée par des tanks britanniques – les coordonnées
en avaient été transmises au PNUE…
Le député du Parti Démocrate au Congrès américain, Jim
McDermiott, presse actuellement le Département US de
la Défense de publier toutes les coordonnées des tirs à
l'uranium appauvri. « Ces armes ont eu de terribles conséquences
pour les civils irakiens », dit-il. Le minimum
que les USA puissent faire est de fournir les renseignements
précis au gouvernement irakien, afin que celui-ci
puisse commencer le complexe processus de nettoyage ».
Le Département de la Défense n'y a donné aucune suite.
Une source militaire s'est déclarée « étonnée » que le gouvernement
néerlandais ait rendu publiques des informations
aussi sensibles.
Rob Edwards
Publié le 17 juin 2014
Cette note est un résumé de l'article US fired depleted
uranium at civilian areas in 2003 Iraq war, report finds,
de Rob Edwards, publié par The Guardian le 17.6.2014.
L'article est disponible sur
La majorité des Belges ne veut pas des nouveaux
avions de combat
Le prochain gouvernement devra prendre une décision
sur le remplacement des avions de combat
F-16. Dans quelques années, (période 2023-2028)
ces avions auront accompli leur maximum d'heures
de vol.
Vrede (extrait)
Les résultats d'une enquête menée par l'Université
d'Anvers auprès de la population belge à propos de ces
achats, ne manquent pas d'intérêt. Il en ressort que près
de la moitié (47%) des Belges ne sont pas d'accord avec
l'idée que « l'armée belge doit investir dans le remplacement
des avions de combat F-16 ». Un quart seulement
serait d'accord. L'Institut Flamand de la Paix fait aussi remarquer
que 28% des personnes sondées n'ont pas encore
d'opinion sur le dossier, estimant les informations fiables
sont insuffisantes pour se faire une opinion.
Débat sur la Défense
Le débat sur l'achat de nouveaux avions de combat ne peut
être séparé du débat national sur la Défense : Que voulons-
nous faire avec notre armée qui, depuis la fin de la
guerre froide, s'est réorientée, en lien avec l'UE et l'Otan,
en armée d'intervention (ou corps expéditionnaire ?).
L'Otan s'est en particulier s'est révélée être une machine de
guerre capable sans doute de gagner militairement sur les
champs de bataille, mais pas gagner la guerre – comme on
le voit de toute évidence en Afghanistan et en Libye. Ces
pays sont extrêmement désarticulés et menacent de se
désintégrer. On voit actuellement les conséquences d'une
politique d'intervention militaire dans un pays comme
l'Irak qui vit dans un profond chaos. L'approche presque
exclusivement militaire a démontré à de nombreuses reprises,
son échec. Il est temps de mener un débat en profondeur
à ce sujet et de remettre en question notre appartenance
à cette alliance agressive et ineffective.
L'OTAN veut une augmentation des budgets militaires
La Belgique subit une grande pression de l'OTAN pour
augmenter son budget militaire dans le but, surtout,
d'acheter de matériel militaire. La norme OTAN pour
le budget de la Défense est de 2% du PIB. La Belgique
n'y consacre « que » 2,7 milliards par an, (hors pensions
des militaires), soit environ 1% du PIB. Si on veut suivre
l'OTAN, le budget de la Défense belge devrait doubler.
Ce sujet sera certainement à l'ordre du jour du prochain
Sommet de l'Otan en septembre au Pays de Galles.
Que voulons-nous faire de notre armée ? N'est-il pas
possible d'organiser à meilleur compte et plus efficacement,
dans un cadre non militaire, la « Responsabilité de
Protéger » ? Un certain nombre de voix issues des milieux
politiques, académiques, et journalistique sont en train
de s'élever pour demander une hausse du budget de la
Défense « pour prendre nos responsabilité vis-à-vis de
nos partenaires de l'OTAN » Mais, pendant ce temps, le
budget destiné à la coopération au développement – qui
est la seule manière d'assumer réellement la R2P, la responsabilité
de protéger – est en chute libre et atteint à
peine la moitié du budget de la Défense. La Belgique s'est
seulement engagée à atteindre un budget de développement
de 0,7% du PIB.
Ludo de Brabander
Publié le 16 juin 2014
En belgique
Mailing Liste Alerte OTAN
Le Comité Surveillance OTAN anime une liste
d'information par e-mail, où sont publiés régulièrement
infos et commentaires au sujet de la politique de guerre
otanienne.
Pour s'inscrire, il suffit d'envoyer un e-mail vide à l'adresse
Jeunes Djihadistes belges en Syrie, héros d'une
révolution ?
A l'instar de nombreux européens, des jeunes djihadistes
belges ont tenté de rejoindre la Syrie afin de
faire la « guerre sainte contre le régime de Bachar
Al Assad ». Souvent mineurs et inexpérimentés, ces
djihadistes partent a l'insu de leurs parents en laissant
tout derrière eux.
On se pose des questions concernant ces jeunes candidats
spontanés endoctrinés par des groupuscules
islamistes, d'autant plus qu'on se trouve face à une
désinformation massive de nos medias et un mensonge
collectif de la part d'une opposition syrienne prétendument
pacifiste. Beaucoup de questions également, quant
à la responsabilité de nos dirigeants politiques belges, des
responsables de l'Union Européenne et de leurs amis islamistes
de Turquie, d'Arabie Saoudite et du Qatar.
Fin 2013, le journal La Dernière Heure titrait : «Des
camps d'entraînement pour jeunes djihadistes dans
les Ardennes». L'info fut relayée par Sud Presse et Het
Nieuwsblad. Selon leurs sources, un bien curieux appel
avait été lancé sur Facebook à l'initiative d'un certain
Abou-Moussa, un islamiste radical proche de Fouad
Belkacem (Sharia4Belgium). Cet appel invitait des jeunes
djihadistes aux camps d'entraînement pour assimiler le
b.a-ba de la guerre sainte au coeur même de la province
du Luxembourg. «Il reste encore sept ou huit places disponibles
» précisait le message.
Selon la Ministre de l 'Intérieur Joëlle Milquet (CDH), les
services compétents étaient au courant du message posté
sur Facebook et ils étaient prêts à intervenir avec les
polices locales au cas où des faits répréhensibles seraient
commis ou si l'ordre public était menacé.
Pendant le mois d'avril 2013, la Ministre de l' Intérieur
s'était rendue à Washington pour rencontrer la CIA et le
FBI, dans le but de les « consulter sur la lutte contre le
terrorisme ». Or les rapports des commissions d'enquête
sur le terrorisme en Libye et en Syrie, rédigés par des anciens
des services secrets français et autres disent que c'est
Washington (donc la CIA) qui avait «sous traité» au Qatar
et Arabie Saoudite l'envoi des ces milices fanatiques et terroristes
pour renverser Bachar Al Assad. On peut se poser
la question si la démarche de Mme Milquet de consulter
ces organismes ne revenait pas à engager un pyromane
comme pompier?
Le 26 du même mois, le Ministre des Affaires Étrangères
Didier Reynders (MR), dans un interview à Bel RTL avait
déclaré à propos de djihadistes belges : «on leur construira
peut-être un monument comme héros d'un révolution» .
Laurette Onckelinckx, vice-première ministre (PS), allait
jusqu'à comparer les djihadistes belges aux jeunes qui
s'engageaient dans les Brigades internationales pour défendre
la révolution espagnole en 1936-38.
L'Euro-parlementaire Isabelle Durant (Ecolo) appelait les
Etats - Unis à bombarder Damas : «Ne pas bombarder ça
tue aussi des milliers de gens». Ces propos ne sont pas
loin de ceux d'un ministre français qui a osé dire, «Les
gars du «Jabhat Al Nosra» (succursale de Al Qaida en
Syrie) font du bon boulot».
Alors, quand on fait un résumé de la situation, comment
s'étonner que des jeunes, qui peut - être cherchent à se
défaire de leur mal-être ou qui cherchent à donner un
sens a leur vie ou - qui sait? - une reconnaissance sociale
même à titre posthume, tombent dans le piège de groupes
islamistes «bénéficiant d›une certaine liberté de mouvement
» dans notre pays ? Comment s'étonner de leur
confusion, quand ils sont abreuvés des discours insidieux
de la part de certains médias, comme Al-Jazeera, infos
recopiées ensuite par les TV belges et européennes, qui
dans une désinformation sans borne prennent la défense
d›une cause pourrie ?
Patricia Villalon
En Belgique
Ont contribué à la réalisation de ce numéro
Georges Berghezan • Vladimir Caller • Ludo De Brabander (Vrede) • Manlio
Dinucci • Diana Johnstone • Marie-Ange Patrizio • Macha Piérart • Claudine
Pôlet • Marcel Poznanski • Van de Velde Lore (Mise en page) • Patricia Villalon
10 Alerte OTAN n°53 - 2ème trimestre 2014
Evènements
Sarajevo Peace Event 2014, un événement ambigu
Du 6 au 9 juin, le Sarajevo Peace Event 2014 s'est
déroulé dans la capitale de Bosnie-Herzégovine. Ces
quatre jours de conférences et de débats se voulaient
le principal événement pacifiste de l'année.
Le lieu et la date étaient destinés à rappeler que, près
d'un siècle plus tôt, dans cette même ville, était assassiné
l'archiduc François-Ferdinand, prince héritier de
l'Empire austro-hongrois, attentat qui donna à l'Autriche-
Hongrie un prétexte pour déclarer la guerre à la Serbie,
agression qui mena à la Première guerre mondiale.
Le Peace Event a consisté en 190 ateliers, cinq tables rondes
et une « assemblée de paix » sur des sujets comme
le militarisme, la non-violence, la justice sociale, la réconciliation
ou le rôle des femmes, ainsi qu'en une cérémonie
d'ouverture et une de clôture. Ces deux cérémonies ont
dégouliné de paroles creuses et de bons sentiments, avec
notamment la participation de Reiner Braun, responsable
du Bureau international de paix et de No to NATO, la Prix
Nobel irlandaise Mairead Maguire, Ibrahim Spahic, pacifiste
local « officiel », aligné sur Izetbegovic pendant la
guerre de Bosnie, et de représentants des autorités locales.
Quant aux ateliers et tables-rondes, le meilleur et le pire
ont alterné. Dans le meilleur, citons notamment le brillant
économiste/historien serbo-britannique Andreja
Zivkovic, de l'association Marx 21, qui a exploré le mouvement
socialiste antiguerre et le projet de fédération balkanique,
vivace au XIXè siècle, pour conclure sur la nécessité,
pour les peuples de la région, de rejeter l'intégration
au sein de la zone euro et même l'Union européenne1 .
Citons également un atelier sur « l'Europe entre guerre et
paix », ayant rassemblé notamment Ludo De Brabander
(Vrede), Reiner Braun et un membre de la société civile
ukrainienne, ainsi que le seul débat sur l'OTAN, avec notamment
Joseph Gerson, de l'American Friends Service
Committee. Malheureusement, très souvent, ces ateliers
se sont tenus dans de petites salles ou à l'écart du centreville,
avec un nombre réduit de participants.
Pour le reste, les ateliers et tables-rondes ont souvent été
très décevants, en particulier ceux qui étaient organisés
1 Voir un de ses textes très proche du sujet de ses exposés sur
français).
dans les principales salles dévolues au Peace Event. Des
ateliers consacrés à l'Ukraine et la Syrie se sont révélés
être d'un unilatéralisme sidérant, les seuls orateurs prévus,
notamment de soi-disant représentants de la société
civile, étant clairement alignés sur la vision des Etats-Unis
sur ces conflits, et fondamentalement hostiles aux autorités
en place à Moscou et à Damas. Plusieurs ateliers sur
la non-violence ou la réconciliation, notamment dans le
contexte ex-yougoslave, ne visaient qu'à conforter un manichéisme
où les seules responsabilités dans les conflits
balkaniques incomberaient à la partie serbe, alors que
Croates, Bosniaques ou Albano-kosovars étaient présentés
comme d'innocentes victimes. Il faut également
remarquer que plusieurs de ces réunions semblent avoir
été organisés par quelques responsables français d'associations
comme le Mouvement pour une alternative non-violente
(MAN), l'Assemblée européenne des citoyens ou
le Centre d'études et d'initiatives de solidarité internationale
(CEDETIM).
Quant au nombre de participants, il est difficile à chiffrer.
Seule la cérémonie d'ouverture a attiré la grande foule, un
bon millier de personnes. La plupart des ateliers ne rassemblaient
que quelques dizaines de participants, parfois
nettement moins. En tout cas, on a été nettement moins
des 2500 personnes annoncées par les organisateurs et la
grande majorité des jeunes et des militants de Sarajevo,
comme les animateurs de la contestation sociale, qui a
débuté en février et se poursuit vaille que vaille, n'étaient
visiblement pas au courant de la tenue de ce forum.
Des sponsors douteux
Dès leur arrivée sur les lieux, les participants ont été étonnés,
et certains choqués, par le fait que les volontaires
bosniens chargés de l'accueil et de la logistique arboraient
des T-shirts frappés du logo de USAID, agence gouvernementale
des Etats-Unis en charge, notamment, du soutien
à une certaine société civile dans les pays ex-communistes.
Cette organisation, connue pour avoir déboursé
des milliards pour la promotion de « révolutions orange »
dans des pays comme l'Ukraine, figurait en effet parmi les
principaux financeurs du Sarajevo Peace Event, aux côté
de quelques firmes, fondations, organisations religieuses
et des ministères des Affaires étrangères de Finlande et de
France. Il est particulièrement choquant qu'un événement
pacifiste soit organisé avec le soutien financier de grandes
puissances disposant d'un arsenal nucléaire et multipliant
les interventions militaires à travers le monde. En outre
et même si les organisateurs assurent que les sponsors
n'ont pas pesé sur le programme ou la nature des débats,
on est en droit de se demander si le caractère nettement
orienté de plusieurs ateliers et tables-rondes n'a pas été
discrètement influencé par ceux-ci. Par exemple, on peut
se demander si ceux-ci n'ont pas financé la présence de
plusieurs activistes « djihado-non-violents » syriens ou «
droits-de-l'hommistes anti-russes » ukrainiens. Le doute
subsistera tant que les organisateurs refuseront de livrer
les détails du financement de l'événement.
Quoi qu'il en soit, à l'initiative du CSO et de la militante
germano-étatsunienne, Elsa Rassbach, une pétition a circulé
à Sarajevo, déclarant « inappropriée l'acceptation par
les organisateurs d'un soutien financier provenant d'Etats
dont la politique étrangère est basée sur la confrontation
plutôt que sur le dialogue ». Outre le CSO, Vrede et une
douzaine d'individus, dont un député allemand et un
vice-président du Bureau international de la Paix, l'ont
signée. Quelques personnes, visiblement mises sous pression,
l'ont signée, puis ont retiré leur signature.
En fin de compte, un des enseignements de ce Peace
Event est que les Etats-Unis, via USAID, déploient des
efforts pour annexer les sociétés civiles d'Europe de l'Est,
par exemple en Bosnie et en Ukraine, et infiltrer ainsi le
mouvement de paix européen. Ils disposent de relais à
l'Ouest, notamment dans le mouvement « non-violent »
et « citoyen », également sous l'influence de lobbies atlantistes,
dont l'idéologie revient à opposer les « gentils
démocrates épris de paix » et les « méchants dictateurs
bellicistes et génocidaires ».
Il importe donc que le mouvement de paix fixe des critères
précis pour les financements qu'il pourra accepter
dans le futur. Pour le CSO, il est en tout cas clair que
l'argent provenant d'Etats bellicistes et impérialistes doit
être rejeté. Si l'argent n'a pas d'odeur, il est certainement le
meilleur moyen pour dénaturer et corrompre un mouvement
de paix.
Georges Berghezan
Le texte de la pétition « USAID A SARAJEVO 2014 »
originellement en bosnien (serbo-croate) et en anglais
Nous soussignés, participants au „Sarajevo Peace Event 2014", estimons important d'exprimer notre
consternation de découvrir que le ministère français des Affaires étrangères et l'agence officielle étatsunienne,
USAID, sont parmi les sponsors de cet événement.
Ayant à l'esprit que le but principal de cet événement est de promouvoir le dialogue, et non la violence,
nous considérons pour le moins inapproprié l'acceptation par les organisateurs d'un soutien
financier provenant d'Etats dont la politique étrangère est basée sur la confrontation plutôt que sur
le dialogue.
Sarajevo, 09 avril 2014
Signataires
Comité de surveillance OTAN (CSO, Belgium)+Vrede (Belgium)+Alicia Cabezundo, Co Vice President of the
International Peace Bureau (IPB)+Neven Djenadija, Belgrade Peace Forum+Mamdouh Habashi, Egyptian
Socialist Party+Heike Haensel, Member of German Parliament (Bundestag), Die Linke (Left Party)+June Kelly
(Ireland)
David Kettman (Germany)+Samuel Legros (Belgium)+Narmi Joanna Michejda (Poland)+Thomas Mickan
(Germany)
Pere Ortega (Spain)+Elsa Rassbach, Member Code Pink & United National Antiwar Coalition (UNAC,
USA)+Torsten Schleip, Speaker of the DFG VK (German section of the War Resisters International)
Evènements    Commémoration
Commémoration du 69ème anniversaire de la
tragédie de Hiroshima et de Nagasaki
Samedi 9 août 2014
« LE DESARMEMENT NUCLEAIRE CE N'EST PAS POUR DEMAIN ! »
Au PARC HIBAKUSHA – UNIVERSITE DE MONS
Plaine de Nimy - Chaussée de Bruxelles - Mons
11 h 00 : Accueil des participants
11 h 15 : Allocution des différentes associations
11 h 45 : Dépôt de fleurs
- 1 minute de silence à la mémoire des victimes du nucléaire -
--------------------------------------
12 h 00 : Collation au forum
--------------------------------------
13 h 30 : Conférence-débat sur différents aspects du nucléaire
Avec la partici pation de :
• Luc Mampaey (GRIP)
« Le pacifisme à l'heure du désarmement nucléaire : pièges et enjeux »
• Michel Wautelet (CEAH - UMONS)
« Des armes nucléaires plus précises. Ça sert à quoi ? »
• Ludo De Brabander (VREDE)
« La politique nucléaire de l'OTAN »
Présentation : Robert Fourneau (CEAH)
Modérateur : Claudine Pôlet (Comité Surveillance Otan)
Avec la collaboration de l'AMPGN, CEAH, CNAPD, COLUPA, CSO, UN MONDE SANS GUERRE, INTAL,
MCP, UMONS, VREDE, VREDESACTIE, AGIR POUR LA PAIX
Renseignements : 02 / 376 10 93 Editeur responsable : M. Piérart-R