Le rôle sioniste dans l'invasion de l'Irak et ses conséquences ...
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Le rôle sioniste dans l'invasion de l'Irak
et ses conséquences
Mohammad Ibrahim
Les dirigeants israéliens n'ont pas caché leur engouement, qui n’a pas faibli avant et après, pour la guerre contre l'Irak. Au delà du militantisme de la droite américano-sioniste en faveur des projets de la guerre, l'entité sioniste a lié sa stratégie à court et moyen terme à l'évolution de la situation irakienne y compris dans sa réponse à l'Intifada suite à l'échec de son option militaire.. Le premier ministre israélien déclarait le 28/2/2003, devant la Knesset, dans son discours de politique générale : " Nous sommes à la porte d'un conflit militaire en Irak" il ajoutait :" Ce conflit sera une grande occasion et mènera à une victoire contre le terrorisme, instaurera la paix, et nous sortira de la stagnation économique. Ce sont les objectifs du gouvernement". Alluf Benfi écrivait dans Haaretz du 16/2/2003 : "la direction politique et militaire en Israël souhaite la guerre contre l'Irak et attend beaucoup d’elle dans son épuisante guerre d'usure contre les Palestiniens".
Plus encore, la guerre est une occasion, selon les sionistes, pour l'émergence d'une direction palestinienne favorable aux conditions de la solution sharonienne et disposée à réprimer l'Intifada et la résistance; c'est pour cela que la propagande sioniste faisait des mois avant la guerre un parallèle entre Arafat et Saddam. Le héraut de la guerre contre l'Irak, le général Amos Gilaad, déclarait à l'époque : "l'attaque américaine réglera non seulement le danger irakien mais elle sera un exemple pour nos autres voisins dictateurs, partisans de la violence et du terrorisme".
Ce climat en faveur de la guerre contre l'Irak dépassait ce qu'on peut appeler la droite et touchait la gauche. Shimon Pères ministre des affaires étrangères dans le premier gouvernement de Sharon paraissait comme le responsable israélien le plus favorable à la guerre. Il déclara qu'il y a : "une occasion unique pour frapper l'Irak". Quand au ministre israélien de la guerre il déclarait sur CNN le 29/8/2002 : "attaquer l'Irak et déloger Saddam Hussein modifiera la carte moyen orientale, brisera le cercle du terrorisme et dissuadera la Syrie et le Liban". Sur le plan des médias, la presse israélienne se mobilisa pour la guerre avec une ferveur qui surpassa les médias américains. Dans Haaretz du 19/2/2003 Uzi Ben Zeman écrivait:" le climat de peur qui règne dans l'Etat à cause de l'attaque américaine prévue n'est pas compatible avec les appréciations de la situation. Ces craintes sont nées et encouragées par des calculs : la situation d'urgence favorable à ses démarches pour la constitution d'un gouvernement et ses prévisions, le grand tournant de cette guerre pour la situation d'Israël"
De cela, on comprend les buts non avoués, de faire de l'entité sioniste une partie prenante dans cette guerre; buts qui dépassent le seul objectif d'en finir avec l'Intifada et de créer une nouvelle direction palestinienne favorable aux projets politiques et sécuritaires de Sharon, ils visent d'autre parties arabes. Ephraim Halevi confident de Sharon et ancien président du conseil de sécurité nationale déclarait, selon Haaretz (10/2/2003), devant un congrès mondial des politiques de sécurité à Munich: " Israël prévoit des changements positifs à long terme dans la région après la chute de Saddam" et il ajoute : "que selon sa lecture, cette chute aura des répercussions sur : Téhéran, Damas et Ramallah". Clarifiant son idée, "La Syrie aura l'occasion de se libérer de l'Iran en tout ce qui concerne le Sud Liban. Les forces syriennes se retireront du Liban ainsi que les iraniennes, et on désarmera le Hezbollah ; à ce moment, le Liban aura l'accasion de signer une paix avec Israël".
Israël a participé aux préparatifs de la guerre dans toutes ses étapes. Maariv du 6/10/2002 dévoila qu'une délégation de haut officiers américains comprenant le commandant de la cinquième armée et l'attaché militaire américain en Israël ont inspecté les bases américaines en Israël, les stocks de munitions, les pièces détachées et la nature du matériel. Yadiot Aharanout aborda le 6/10/2002 les démarches conjointes de Tel-Aviv et Washington à propos de l'Irak, de la manière suivante:
-Israël sera informé 72 heures avant l'attaque, Bush téléphonera en personne à Sharon et ensuite Rumsfield, secrétaire à la défense, restera en contact avec Ben Eliezer ministre de la défense israélienne.
- les satellites : les USA mettra à la disposition d'Israël des moyens satellitaires pour détecter dans les sept minutes les lancements des fusées irakiennes sur Israël.
- le téléphone rouge : dès l’ouverture des hostilités une ligne rouge sera établie entre le bureau de Sharon et la Maison Blanche (au cas où Israël décide de répliquer à une attaque irakienne).
-La coordination : des officiers américains et israéliens détermineront les couloirs aériens pour les avions américains dans l’espace israélien.
-les fusées Patriot : les USA installeront de nouvelles batteries patriot en Israël augmentant l'efficacité de la protection contre une attaque des Skud Irakiens.
-les objectifs : Israël et les USA définiront les objectifs visés dans l'ouest de l'Irak. Israël a transmis aux américains beaucoup de renseignements sur la question.
-pont aérien : un pont pour transporter en Israël du matériel de guerre et le stocker comme réserve.
-pièces détachées: les USA ont déposé dans des bases israéliennes des pièces détachées en vue de les transporter vers Bahrayn et le Kuweit.
L'Intifada et la résistance ont contredit toutes les prévisions stratégiques israéliennes durant les premières années de ce millénaire; du coup la guerre contre l'Irak est une occasion pour remodeler la donne et une porte de sortie. En fait les israéliens croient que la région va se résigner après l'Irak aux projets sionistes comme si le peuple palestinien se brisera, se résignera et oubliera les expérience proches telles que les ligues des villages créées et armées par Sharon au début des années 80. Ligues qui ont échoué dans leurs mission en moins d'un an. Ce sera le sort de toutes tentatives dans la Palestine et son environnement.
Les données actuelles montrent l'échec des espoirs israéliens. La carte régionale n'a pas changé au profit de Tel-Aviv et de Washington. Le peuple palestinien ne s'est pas résigné au diktat d'Israël et n'a pas suspendu son Intifada, au contraire le piège s'est retourné contre Israël du moment où son rôle actif dans la guerre est dévoilé. Les déclarations publiques de certaines personnalités américaines, dans les médias américains, sur ce rôle le montre, telle la déclaration il y a deux semaines du général américain à la retraite, Antony Zini et celle du sénateur démocrate Ernest Hollynes, devant le Congrès : "la guerre de l'Irak est un service pour notre ami Israël" Ce sénateur a reconnu le poids de la commission AIPAC (communauté juive américaine pour les affaires publiques) : "il n'y a aucun président américain, démocrate soit-il ou républicain, à qui l'AIPAC n'a pas dicté sa politique" .
On commence à craindre dans les milieux sionistes les conséquences de ces prises de position sur Tel-Aviv. Aaron Zeev, Chef des renseignements militaires israéliens dans une déclaration devant le gouvernement, le 30/5/2004 dit : "que l'implication des américains est grandissante" et estime que pour les deux années à venir il n’y aura pas de règlement pour l'affaire irakienne et que la pression sur les américains risque de les pousser à payer par la monnaie israélienne, c'est-à-dire : faire pression sur Israël pour donner une image d'équilibre aux palestiniens".
Des milieux israéliens, selon Yadiot Aharanout du 1/6/2004, craignent deux scénarios:
qu'Israël soit soupçonné d'être à l'origine du « bourbier irakien" Le général Zeni qui dit que les nouveaux conservateurs dans l'administration Bush ont poussé à la guerre pour les intérêts israéliens est un signe révélateur.
l'isolement des américains sur la scène internationale face la pression européenne qui les soupçonne de soutenir clairement la politique israélienne.
Alouf Benfi, dans Haaretz du 13/5/2004, montre la probabilité que l'entité sioniste soit sacrifiée pour l'Irak. Il ajoute : "que le problème du sacrifice n'est pas dû seulement à la judaïté des architectes de la guerre mais aussi, manquer une occasion c’est payer le prix politique. En effet les amis des américains en Europe, aux Nations Unies et dans les pays arabes lui demandent de s'éloigner d'Israël et de Sharon en contrepartie d'une aide sur l'Irak".
Zeev Sheev dans le Haaretz du 28/5/2004 parle d’une mise en garde. Vu les difficultés américaines en Irak que les : "leçons stratégiques en cas d'un échec américain en Irak seront des leçons aux conséquences internationales dont Israël ne sera pas épargné".
Les services israéliens suivent attentivement l’évolution de la situation irakienne. La veille de l'Intifada du Nadjaf et de Fallouja, début avril, le ministre de la guerre israélien, Shaul Mofaz, organisa une réunion des services militaire et de sécurité pour analyser et évaluer la situation en Irak. Et il y a comme une croyance dans ces services que : la dégradation de la situation en Irak et l'incapacité des américains à le pacifier affectera les capacités dissuasives américaines surtout en ce qui concerne sa politique au Moyen Orient.
Certes, les craintes grandissantes des sionistes et l'échec des projets américano-sionistes dans la région sont dûs à la résistance qui se renforce en Irak et Palestine dévoilant par là le visage horrible des américano-sionistes et les mensonges sur le règne de la démocratie et des droits de l'homme, qui viennent après le mensonge des armes de destruction massive. La continuité de cette résistance est suffisante pour anéantir ce qui reste des espoirs américano-sionistes. Cela dévoilera totalement ces projets et mettra en lumière leur relation avec le sionisme, principal bénéficiaire de cette guerre.
Nida' al-Qods (Appel d’al-Qods) 6/6/2004 (Tr M.Omar)