Irak agressé, occupé, envahi, pillé, détruit et colonisé, depuis 25 ans...

dimanche 7 décembre 2008

n°222- dossiers de l'Afghanistan - 6-12 : -1- : Obama prend parti pour la suprématie militaire US.

 
----- Original Message -----
From: Cathy
Sent: Sunday, December 07, 2008 9:08 AM
Subject: n°222- dossiers de l'Afghanistan - 6-12 : -1- : Obama prend parti pour la suprématie militaire US.



                                         Aujourd'hui, face aux ambitions hégémonique de l'impérialisme, l'information est une arme au service de la paix.

                          Les médias occidentaux dans leur large majorité accepte les versions de l'armée américaine et ferment les oreilles aux autres sources. .  

                                                                      Dénoncer ne suffit plus, il faut expliquer, informer, transmettre! 

                                                                                      Sa diffusion est un acte de résistance.



           dossiers de l'Afghanistan 222 au 06-12
                                                                                                                  M.Lemaire                                                                                 



 Le "journal de l'Afghanistan" est  visible  sur mes blog : 

NB : Si vous voulez-me contacter ou obtenir le Journal par mail, une seule adresse : fa032881@skynet.be



Sommaire :  :

1 Médias et Manipulation de l'opinion / Vidéos

1 1 Vidéo : On ne gagnera pas la guerre en Afghanistan»

1 2 "Les guerres scélérates . Impérialisme, hégémonie et terrorisme d'Etat",

2 Les brèves

2 1 Confusions européennes révélatrices.

3 Dossier & Point de vue .

3 1 Lakhdar Brahimi : Guerre en Afghanistan : pour une solution politique.

4 Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion

4-1  "Dream Team" et désordre.

4-2 Paul Craig Roberts : Obama a trompé ses électeurs en choisissant ses conseillers.

4 3 Daphné BENOIT : Obama prend parti pour la suprématie militaire US.

4 4 Le Rapport Anti-empire : Obama, Mumbai.

4 5 Il faut savoir tenir les promesses que l'on n'a pas faites.

 

 

 

 

 

 

 

 

 



 

 





1 Médias et
Manipulation de l'opinion / Vidéos

1 1 Vidéo : On ne gagnera pas la guerre en Afghanistan»

Jean-Dominique Merchet, journaliste à Libération et auteur de «Mourir en Afganistan», estime que la France doit préparer les conditions de son départ.Propos recueillis par Ophélie Wallaert
http://www.lefigaro.fr/international/2008/12/05/01003-20081205ARTFIG00410-on-ne-gagnera-pas-la-guerre-en-afghanistan-.php
05/12/2008 |.


1 2 "Les guerres scélérates . Impérialisme, hégémonie et terrorisme d'Etat",

 "Pour William Blum, ancien fonctionnaire du Département d'Etat, la guerre froide, sous couvert d'anticommunisme, ne fut en réalité qu'un incessant combat pour la domination du monde par les Etats-Unis. L'auteur de L'Etat voyou dresse un réquisitoire contre les guerres scélérates menées par les gouvernements américains successifs, de la Chine dans les années 40, à l'invasion de l'Irak en 2003".(4ème de couverture).

Ecrit de façon magistrale, ce livre est indispensable pour comprendre la politique étasunienne contemporaine.

En plus il se lit comme un (excellent, et terrifiant) polar !

Nécessaire, à chaque nouvelle agression des Usa, dans n'importe quelle partie du monde, pour reprendre l'histoire (et la géographie) si ce n'est du début, au moins depuis les 60 dernières années. De façon argumentée, drôle et radicale.

 Les lecteurs qui ne l'auraient pas encore fait peuvent se précipiter sur " Les guerres scélérates . Impérialisme, hégémonie et terrorisme d'Etat", du même auteur (Editions Parangon).

Indispensable pour forger ses propres clés d'analyse sur la politique impérialiste Usraélienne.

m-a patrizio



2 Les brèves

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage les analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information

2 1 Confusions européennes révélatrices.

Les services secrets allemands (BND) ont espionné pendant des années au moins deux organisations caritatives en Afghanistan pour mieux juger de la situation sécuritaire dans ce pays, rapporte le magazine Spiegel à paraître lundi.
Le BND aurait notamment surveillé les communications de la Deutsche Welthungerhilfe, une association de lutte contre la faim, et celles du Bureau de sécurité des ONG en Afghanistan (ANSO), qui coordonne les renseignements sécuritaires pour les organisations non-gouvernementales occidentales à Kaboul.
Le BND aurait eu connaissance d'au moins 2.000 courriels, fax, et conversations téléphoniques provenant de ces deux organisations entre octobre 2005 et avril 2008 dans le but de mieux appréhender les attaques terroristes dans le pays.
L'article du Spiegel relève un détail jugé croustillant: le fait que l'ONG Welthungerhilfe était dirigée à l'époque par Ingeborg Schäuble, l'épouse du ministre allemand de l'Intérieur. Cette organisation a refusé pour le moment de s'exprimer sur cette affaire.

04/12/2008

(belga/CB)http://www.7sur7.be/7s7/fr/1505/Monde/article/detail/533483/2008/12/06/Les-services-secrets-allemands-ont-espionne-des-ONG-en-Afghanistan.dhtml



3  Dossiers
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information

3 1 Lakhdar Brahimi : Guerre en Afghanistan : pour une solution politique.

L'ancien chef de la diplomatie algérienne Lakhdar Brahimi a pris samedi dernier à contre-pied de nombreux pays engagés dans la guerre en Afghanistan.

Celui qui fut le grand ordonnateur des accords de Bonn qui avaient permis de tourner la page du régime des talibans, conclus peu de temps après l'invasion américaine en novembre 2001, mais aussi connaisseur des arcanes de l'ONU pour avoir été en charge de nombreux dossiers chauds, sait de quoi il parle même si cela va à contre-sens des plans américains de poursuivre la guerre dans ce pays où les résistants reprennent plus ou moins du terrain. On se rappelle que le secrétaire américain à la Défense a demandé l'envoi de renforts. C'est dans ce contexte qu'intervient la sortie de celui qui fut aussi secrétaire général adjoint de l'ONU et représentant spécial, entre autres pour l'Afghanistan et l'Irak. Pour Lakhdar Brahimi, seule une solution politique peut permettre le règlement de la situation en Afghanistan.

« C'est une solution fondée sur une réconciliation nationale, sur une main tendue, sur un marchandage politique entre toutes les parties disposées à participer à ce marchandage. Même le Secrétaire général de l'OTAN ne prend jamais la parole sans dire qu'il n'y a pas de solution militaire », a expliqué M. Brahimi, dans un entretien diffusé samedi dernier par la chaîne de télévision française. C'est aussi le point de vue du président afghan Hamid Karzai partisan de négociations que l'on dit déjà engagées par l'intermédiaire de l'Arabie Saoudite et sur son territoire.

Le diplomate a souligné la nécessité de « tendre la main aux talibans », comme le préconise justement le chef de l'Etat afghan Hamid Kerzai, et contre l'avis des Américains. « Je crois que nous avons tous fait une erreur considérable après les Accords de Bonn, car c'est là que nous aurions dû tendre la main aux talibans, au moment où ils étaient démoralisés. Ils avaient été dispersés à travers le pays. C'est là qu'il aurait fallu leur tendre la main. Malheureusement, nous ne l'avons pas fait », a-t-il indiqué, précisant que « maintenant, les talibans sont beaucoup plus forts qu'ils ne l'étaient à l'époque. Ils considèrent qu'ils peuvent gagner cette guerre et ce sera donc très difficile de leur parler ». Lakhdar Brahimi a plaidé pour une « solution afghane du problème ». « Nous sommes en Afghanistan en 2008 et la solution qu'il faut trouver est celle qui convient aux Afghans de 2008. La solution n'est pas à trouver à Paris, à Washington, à Londres ou n'importe où ailleurs. Il faut regarder la société afghane et voir ce qu'elle veut et ce qu'elle peut faire », a-t-il indiqué.

Concernant la situation en Irak, l'ex-représentant spécial du SG de l'ONU a indiqué qu'il partageait le jugement de la très grande majorité des Américains, « jugement extrêmement sévère sur ce qu'il s'est passé en Irak. On a détruit un pays pour absolument rien, apparemment ». Pour lui, « la politique américaine a été jusqu'à présent un échec total. Les Irakiens et beaucoup de personnes, y compris des Américains, disent qu'il y a eu un million de morts ». Le changement opéré dans l'Exécutif américain, après l'élection du démocrate Barack Obama, le 4 novembre dernier, semble porteur de changements dans la politique étrangère américaine. « Il y a des signes qui justifient un optimisme relatif, très mesuré. Obama a été un des premiers à dire que faire la guerre était une erreur et il n'a pas cessé de dire que la politique américaine n'a pas été comme elle aurait dû l'être en Irak, ni avant, ni pendant, ni après la guerre », a déclaré M. Brahimi.

Sur ce sujet précis uniquement, M. Obama qui prendra ses fonctions le 20 janvier prochain a déjà dit ce qu'il pense et ce qu'il fera, étant partisan du retrait des troupes US d'Irak, un processus au demeurant que négocie déjà l'administration sortante. Et dans ce cas de figure, c'est pour renforcer la guerre en Afghanistan, espérant ainsi une victoire devenue de plus en plus improbable.

Par T. H.

http://www.elwatan.com/Guerre-en-Afghanistan-Lakhdar



4 Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information

4-1  "Dream Team" et désordre.

Sorti de quelques pensées "bling bling" ("Dream Team", "The Best and the Brightest") qui rassurent les chroniqueurs européens qui ne demandent qu'à être rassurés, il est vrai qu'il y a beaucoup à dire sur la façon dont Obama constitue son administration. On s'est beaucoup attardé à l'équipe économique mais nous préférons nous attarder à l'équipe de sécurité nationale. Et nous notons d'abord:

• L'équipe de sécurité nationale (Clinton au département d'Etat, Gates à la défense, James Jones au NSC) sera présentée la semaine prochaine. L'équipe économique a été présentée lundi dernier. Cette préséance n'est pas indifférente. L'équipe économique est la plus sollicitée, la plus importante, la plus nécessaire. La priorité est totalement intérieure. La crise gronde.

• Cette façon de procéder, en mettant en place l'administration par "équipes", est très inhabituelle. D'habitude, on opère par individualités, sans ordre de préséance particulière sinon celle de la coutume, sans qu'il faille voir une indication dans la façon de procéder. Cette fois, au contraire, cette présentation a un sens, ou, disons, elle crée un sens, aidée en cela par les événements. Ce sens nous confirme ou nous dit : 1) que les affaires économiques et financières priment tout, et 2) que l'administration semble se décomposer en plusieurs "équipes", ou "modules" comme l'on dirait aujourd'hui, qui prennent l'allure après tout de plusieurs petits gouvernements dans un gouvernement; il y a principalement le gouvernement économique et le gouvernement de sécurité nationale, auquel pourrait s'adjoindre par exemple un gouvernement des domaines nationaux (infrastructures, sécurité intérieure, justice, etc.).

On a compris qu'au départ Obama sera plutôt et très fortement préoccupé par son "gouvernement économique". En raison de l'autorité indéniable du nouveau président, la composition et le fonctionnement "naturel" de ce "gouvernement"-là sont moins importants que ceux du "gouvernement de sécurité nationale", qui devrait être plus laissé à lui-même. C'est à celui-là que nous nous attachons. Effectivement, l'équipe de sécurité nationale sera présentée la semaine prochaine, avec Hillary Clinton au département d'Etat, Gates restant au Pentagone, le général des Marines à la retraite et ancien SACEUR, James Jones, comme directeur du National Security Council (NSC). Antiwar.com donne, le 25 novembre, quelques détails et références sur la chose.

Plus intéressant pour notre propos est le commentaire de Steve Clemons du 25 novembre également, sur son site The Washington Note. Il parle d'abord de la nomination de Gates (son maintien au Pentagone), qui est considérée comme quasiment acquise. Puis il enchaîne, – c'est ce qui nous intéresse surtout, – sur les relations dans l'équipe de sécurité nationale ainsi formée.

«I had moved close to the view that Gates should go. My thinking at the time was that Gates played a vital role "Out-Cheneying Cheney" in the last couple of years of G.W. Bush's term, but that his skill at crunching out the ambiguity in the national security decision making process that Cheney and Rumsfeld exploited would not be necessary in the Obama White House ecosystem. In other words, one needed Gates to be a constraint on Bush, but why would Obama want to run the risk that Gates would constrain his team?

»After speaking to some other national security policy experts very close to Bob Gates and General Brent Scowcroft, I changed course and began to see the value of Gates staying at DoD. My hunch is that Gates wants a chance to make the kind of leaps in the Middle East I have been writing about for some time. He wants to try and push Iran-US relations into a constructive direction. He wants to change the game in Afghanistan – and the answer will not be a military-dominant strategy. He wants to try and stabilize Iraq in a negotiated, confidence building process that includes Saudi Arabia, Iran, Turkey and other regional forces. And he wants to support a big push on Israel-Palestine peace and reconfigure relations between much of the Arab League and Israel.

»This is a big order. And he wants to lurk in the shadows, behind the scenes and away from cameras and let other of Obama's team get the spotlight and credit. National Security Advisor-to-be Jim Jones is on the same page as Gates – and the two of them will constitute a considerably strong axis of power inside the Obama White House. My hunch is that Hillary Clinton and her State Department Deputy James Steinberg will work collaboratively to achieve this vision.

»It's a big gamble. There is a large chance of paralysis between big foreign policy/national security guns that don't like yielding to power rivals in an administration. But the gamble could be a very big payoff for Obama and the country – and would actually deliver the "change" that so many are expecting.…»

Clemons est habituellement vu comme un modéré et un réaliste, son public est plutôt du même calibre. Il faut pourtant lire les commentaires de cet article qui, en général, ne sont pas tendres. D'une façon générale, c'est une levée de boucliers, sur le thème: "Obama avait promis du changement et tout ce qu'il fait, c'est de recycler de vieilles têtes archi-connues, qui ont déjà bien servi et bien montré ce qu'elles pouvaient donner…". Le seul "changement" que semble attendre Clemons de la formule, c'est, justement, que la formule marche, – que la synergie entre quelques vieux briscards produise quelque chose de nouveau. L'idée est intéressante mais la part faite à la "magie" d'Obama peut-être un peu excessive.

Affrontement d'ambitions et d'autorités

Sans trop s'engager sur des perspectives qui sont difficiles à distinguer, on peut tout de même faire quelques remarques. Elles s'enchaînent, se complètent, pour décrire une situation qui caractérise non pas quelques personnalités, non pas une possible "formule" mais bien cette sorte de "gouvernement de la sécurité nationale" de l'administration Obama qui se mettrait en place et dans lequel Obama n'aurait un départ qu'un intérêt secondaire, étant complètement accaparé par la crise intérieure aux USA.

D'abord, il y a la remarque que le "considerably strong axis of power" que vont former Jones et Gates concerne deux personnalités qui ont effectivement des affinités politiques, professionnelles et conceptuelles, deux personnalités qui se sont opposées chacune à leur façon à la politique extrémiste de GW Bush mais qui ont une forte culture liée au complexe militaro-industriel. Nous parlons moins, ici, d'orientation politique que d'autorité et de contrôle bureaucratique. A eux deux, Jones et Gates, ils peuvent prétendre contrôler la bureaucratie du CMI dans le sens qui leur importe, même si les rapports d'un Gates avec sa propre bureaucratie du Pentagone ne sont pas excellents; nous parlons ici d'un regroupement face à une concurrence possible de pouvoir, face à "l'extérieur".

… L'"extérieur", en l'occurrence c'est le département d'Etat, le concurrent naturel de la bureaucratie militaro-industrielle dans la formulation et la conduite de la politique de sécurité nationale. C'est-à-dire, Hillary Clinton.

Clinton, au contraire, est d'une autre culture. Son monde est la politique pure, avec ses réseaux d'influence, à Washington et au-delà. Elle a et elle aura à ses côtés (on le lui rapproche assez), son mari Bill avec ses multiples réseaux internationaux; certains sont parfois embarrassants parce que Bill, qui est une personnalité fantasque et entreprenante, ne s'embarrasse pas de précautions lorsqu'il s'agit de récolter de l'argent, mais cet ensemble lui donne une incontestable puissance. C'est "la maison Clinton", dite "Billary", qui est une puissance politique en soi, qui s'installe au département d'Etat. A première vue et sachant ce que l'on sait, il paraît improbable, sinon complètement vain, d'attendre de la "maison Clinton" une quelconque retenue au nom d'une sorte de solidarité gouvernementale. Les Clinton ne contrôlent pas la bureaucratie de sécurité nationale mais ils possèdent une formidable capacité d'influence et une ambition continuelle, non pour un but quelconque mais pour affirmer leur propre puissance. C'est ainsi que fonctionne Washington, c'est ainsi qu'ils fonctionnent.

Ce sont les situations respectives en place, telles qu'elles apparaissent. Elles forment une situation générale dont il est difficile de ne pas croire qu'il s'agit d'une situation idéale pour une concurrence d'ambitions et un affrontement comme Washington en a le secret, sinon l'habitude. La tension très grande de la situation internationale autant que la position nécessairement en retrait d'Obama sont des facteurs idéaux pour alimenter cette concurrence et cet affrontement. Les uns et les autres ont assuré leur position auprès d'Obama, notamment leur situation d'accès et d'influence auprès du président. Pour Jones, directeur du NSC, c'est une chose normale; pour Gates, qui a le poids du Pentagone affirmé durant la présidence Bush, c'est également normal. Hillary, elle, a bien montré ses intentions, en réclamant et, semble-t-il, en obtenant des conditions précises pour accepter la fonction.

Leonard Doyle, dans The Independent, du 23 novembre, précise ces conditions, – mentionnant d'ailleurs sans le relever précisément un autre facteur qui accentuera l'affrontement avec le NSC, qui est le probable transfert vers cet organisme des principaux conseillers de politique étrangère d'Obama adversaires d'Hillary: «Before Hillary Clinton has been formally offered the job as Secretary of State, a purge of Barack Obama's top foreign policy team has begun. The advisers who helped trash the former First Lady's foreign policy credentials on the campaign trail are being brutally shunted aside, as the price of her accepting the job of being the public face of America to the world. In negotiations with Mr Obama this week before agreeing to take the job, she demanded and received assurances that she alone should appoint staff to the State Department. She also got assurances that she will have direct access to the President and will not have to go through his foreign policy advisers on the National Security Council, which is where many of her critics in the Obama team are expected to end up.»

En un sens, on pourrait rapprocher la situation de l'équipe de sécurité nationale qui s'esquisse de celle qui exista avec Jimmy Carter de 1977 à 1980, avec la concurrence ouverte et constante entre Zbigniew Brzezinski (NSC) et Cyrus Vance (département d'Etat), mais avec le secrétaire à la défense Harold Brown restant relativement neutre. Encore cette situation reposait-elle sur une réalité, c'est-à-dire la dualité de Carter hésitant entre une politique ferme contre l'URSS (prônée par Brzezinski) et la recherche d'un réel compromis (défendu par Vance); et la démission de Vance, en avril 1980, entérina une évolution décisive de Carter, devenu fortement anti-soviétique avec l'invasion de l'Afghanistan par les Soviétiques en décembre 1979. (L'invasion avait été en partie suscitée par des mesures de soutien aux islamistes afghans, de Brzezinski, dès l'été 1979, et c'est là qu'on peut dire que Brzezinski l'emporta contre Vance.)

Mais la comparaison s'arrête là. La concurrence Brzezinski-Vance avait un objet compréhensible et, dirions-nous, "constructif": l'orientation de la politique. Il n'en sera rien avec le "gouvernement de sécurité nationale" d'Obama, où les uns et les autres sont assez d'accord pour une poursuite à peine modérée de la politique extérieure actuelle. De même ne peut-on comparer cette situation avec celle de l'administration Bush, pourtant avec un président infiniment effacé; dans ce cas, il n'y eut ni affrontement, ni concurrence, Rumsfeld prenant très vite l'autorité centrale de la politique post-9/11, avec le soutien actif de Cheney et celui, bien entendu, de GW perdu dans ses rêves de grandeur. Powell fut complètement isolé au département d'Etat et Rice (directrice du NSC) alla vers où poussaient les vents dominants. (Le deuxième terme de GW n'a pas d'intérêt exemplaire: c'est un chaos qui enchaîne sur le premier terme et est déterminé par lui, donc sans valeur de référence propre.)

Le "gouvernement de sécurité nationale" d'Obama semble un cas exceptionnel parce qu'il devrait avoir une certaine autorité, par la seule volonté de ce président de s'attacher d'abord et essentiellement à la crise intérieure et déléguant de facto une partie de sa propre autorité pour les affaires extérieures. Les prétendants à la direction de ce "gouvernement" n'auront nulle part le moindre frein d'un éventuel sentiment d'illégitimité. La politique suivie n'étant pas vraiment en cause, il s'agira surtout d'une concurrence d'autorité, d'un affrontement de puissance, auxquels la propre dynamique des intérêts des uns et des autres pousseront évidemment et fortement. (La possibilité d'un rôle du vice-président Biden, spécialiste en politique extérieure, devrait renforcer plutôt qu'apaiser cette confrontation en rendant encore plus nécessaire l'affirmation des positions d'autorité des uns et des autres.) On pourrait alors se trouver devant un paradoxe. Alors qu'au départ, la politique extérieure semblerait fixée sur une continuité avec quelques aménagements de forme, les inévitables concurrences et affrontements pourraient justement conduire à des interférences graves dans cette politique, d'autant plus fortes qu'elles se feraient sans intention dans ce sens, donc sans véritable souci de leurs conséquences. C'est-à-dire que le désordre, la situation qui semblerait la plus improbable dans les conditions d'autorité d'Obama qui nous sont décrites actuellement, pourrait en être le résultat.

Le vœu de Clemons nous paraît singulièrement pieux, et son "intuition" («My hunch is that Hillary Clinton and her State Department Deputy James Steinberg will work collaboratively to achieve this vision») dépendre plutôt d'un désir idéalisé qu'enfin les USA se sortent du cloaque laissé par GW. D'ailleurs, il le sent bien, le brave Clemons, et nous dirions que c'est là sa bonne intuition lorsqu'il tempere son hypothèse: «It's a big gamble. There is a large chance of paralysis between big foreign policy/national security guns that don't like yielding to power rivals in an administration.» Ainsi Obama pourrait-il se réveiller, un triste matin, avec une politique de sécurité nationale en crise, en plus de sa crise intérieure.

Notons en post scriptum qu'il peut aussi y avoir l'inattendu, par exemple qu'en dernière minute l'accord avec Hillary ne se concrétise pas (l'annonce officielle est pour la semaine prochaine). Dans ce cas, comme le note aujourd'hui Adrian Hamilton dans The Independent…the appointment of Hillary Clinton, generally expected within the next week (it would be a huge blow to Obama's prestige now if it did not go through)»), ce serait un formidable revers pour Obama. D'ores et déjà et d'une façon ou l'autre, Hillary Clinton doit imprimer sa marque dans l'administration Obama, et avec une probabilité bien plus grande que ce soit vers le pire plutôt que vers le meilleur.

27 novembre 2008

www.dedefensa.org/article-_dream_team_et_desordre_27_11_2008.html - 25k -


4-2 Paul Craig Roberts : Obama a trompé ses électeurs en choisissant ses conseillers.

Si le changement promis par Obama implique l'abandon par l'Amérique de ses guerres d'agression et la fin de l'exploitation des contri­buables au profit de puissants intérêts financiers, comment expliquer le choix par le nouveau président de ses conseillers en politique étrangère et économique? Le choix de Rahm Israel Emanuel comme Secrétaire général de la Maison Blanche indique que le changement a pris fin avec l'élection d'Obama. La seule chose différente, ce sont les visages.

Un faucon au poste de Secrétaire général

Rahm Israel Emanuel a soutenu l'invasion de l'Irak par le président Bush. Il s'est fait un nom au sein du Parti démocrate en levant des fonds pour la campagne présidentielle grâce à ses contacts avec l'AIPAC (American Israeli Affairs Committee). Il est issu d'une famille de terroristes. Son père était membre de l'Irgun, organisation terroriste juive qui usa de la force pour chasser les Britanniques et les Palestiniens de Palestine afin de créer un Etat juif. Durant la première guerre du Golfe, Emanuel s'engagea comme volontaire dans l'Armée israélienne. Il était membre du Conseil d'administration de Freddie Mac et a perçu un salaire de 231 655 dollars en 2001. Selon Wikipedia, «pendant qu'Emanuel siégeait au Conseil, Freddie Mac «était impliqué dans des scandales concernant des irrégularités comptables et ses dons en faveur de campagnes électorales».
Dans son article de Counterpunch intitulé «Hail to the Chief of Staff», Alexander Cock­burn décrit Emanuel comme «un faucon et un super-likudnik» qui, en sa qualité de président du Comité de la campagne du Parti démocrate pour les élections législatives de 2006, «s'est évertué à écarter les candidats démocrates opposés à la guerre».
Mes amis pacifistes israéliens, découragés, demandent: «Que fait cet homme dans le gouvernement d'Obama?»

L'obamania, une tentative de sauver l'image d'un empire en déclin

L'élection d'Obama était nécessaire. C'était le seul moyen que les Américains avaient de demander aux Républicains des comptes sur leurs crimes contre la Constitution et les droits de l'homme, pour leurs violations des lois américaines et internationales, pour leurs mensonges et leurs arnaques financières. Comme l'a écrit la Pravda: «Seul le Diable aurait été pire que le régime Bush. Par consé­quent, on pourrait soutenir que le nouveau gouvernement des Etats-Unis ne pourrait pas être pire que celui qui a séparé les cœurs et les esprits des Américains de ceux de leurs frères de la communauté internationale, qui a consterné le reste du monde avec des tactiques de terreur telles que les camps de concentration, la torture, les assassinats de masse et le mépris total du droit international.»

Les conseillers d'Obama, des criminels de guerre «démocrates»

Les conseillers d'Obama appartiennent à la même bande de gangsters de Washington et de banksters de Wall Street que ceux de Bush. Richard Holbroooke, fils de juifs russes et allemands a été adjoint au Secrétaire d'Etat et ambassadeur dans le gouvernement Clinton. Il a appliqué la politique visant à élargir l'OTAN et à installer l'Alliance aux frontières de la Russie contrairement à la promesse faite par Reagan à Gorbatchev. Holbrooke est également impliqué dans le bombardement illégal de la Serbie sous Clinton, crime de guerre qui a tué des civils et des diplomates chinois. Bien qu'il ne soit pas un néo­conservateur, il est très proche d'eux.
Selon Wikipedia, Madeleine Albright est née Marie Jana Korbelova à Prague de parents juifs convertis au catholicisme afin d'échapper aux persécutions. C'est la Secrétaire d'Etat de l'ère Clinton qui a déclaré à Leslie Stahl lors d'une interview du magazine de CBS Sixty minutes que la politique américaine de sanctions à l'encontre de l'Irak, qui a causé la mort de centaines de milliers d'enfants irakiens, visait des objectifs suffisamment importants pour justifier la mort d'enfants (Ses paroles infâmes étaient: «Je pense que c'est un choix difficile mais c'en est le prix.»). Selon Wikipedia, cette femme immorale faisait partie du conseil d'administration de la Bourse de New York à l'époque du scandale des rémunérations de son patron Dick Grasso (187,5 millions de dollars).
Dennis Ross a été longtemps associé aux «négociations de paix» entre Israël et Palestiniens. Un membre de cette équipe de l'ère Clinton, Aaron David Miller, a écrit qu'en 1990–2000, l'équipe américaine de négociateurs dirigée par Ross se sont faits les avocats d'Israël. «Nous devions présenter toutes nos propositions en premier à Israël.» Cela a vidé de sa substance notre politique d'indépendance et de souplesse nécessaire à des négociations de paix sérieuses. Comment la médiation pouvait-elle fonctionner quand nous ne pouvions pas mettre de propositions sur la table sans les soumettre préalablement aux Israéliens et que nous devions céder quand ils s'y opposaient? Selon Wikipedia, Ross est le «président d'un think tank basé à Jérusalem, le Jewish People Policy Planning Institute, créé et financé par l'Agence juive».
Il est évident qu'il ne s'agit pas là de personnes qui empêcheront des guerres américaines contre les ennemis d'Israël et forceront le gouvernement israélien à accepter les conditions nécessaires à une véritable paix au Moyen-Orient.

Obama «a battu tous les records de servilité et de basse flatterie»

Ralph Nader avait annoncé cela. Dans sa «Lettre ouverte à Barack Obama» du 3 novembre, il écrit au futur président que la transformation qui a fait du «défenseur affirmé des droits des Palestiniens […] un acolyte du pur et dur lobby AIPAC» va le brouiller avec «une majorité de juifs américains et 64% des Israéliens». Nader cite l'écrivain pacifiste Uri Avnery pour qui l'attitude d'Obama à l'égard de l'AIPAC «a battu tous les records de servilité et de basse flatterie». Nader critique Obama pour «avoir manqué totalement de courage politique en cédant aux demandes des partisans d'une ligne dure visant à interdire à l'ex-président Jimmy Carter de parler à la Convention nationale démocrate». Carter, qui fut le seul à parvenir à un accord de paix sérieux entre Israël et les Arabes, a été diabolisé par le puissant lobby AIPAC parce qu'il avait critiqué la politique d'apartheid et d'occupation d'Israël envers les Palestiniens.

Quand le remède est pire que le mal

L'équipe d'économistes d'Obama est tout aussi mauvaise. Sa vedette est Robert Rubin, bankster qui fut le ministre des Finances du gouvernement Clinton. Il porte la responsabilité de l'abrogation de la Loi Glass-Steagall1 et, par conséquent, de la crise financière actuelle. Dans sa lettre à Obama, Ralph Nader indique qu'Obama a reçu des milieux industriels et de Wall Street un soutien financier à sa campagne sans précédent. «Jamais auparavant un candidat démocrate à la présidence n'avait bénéficié d'un soutien financier plus important que son adversaire républicain.»

Qui décide de la composition du gouvernement?

Le discours d'Obama après sa victoire a été magnifique. Les caméras de télévision permettaient de lire sur les visages de ses auditeurs les espoirs qui l'avaient propulsé à la présidence. Mais Obama ne peut pas apporter de changement à Washington. Il n'y a personne dans la clique de Washington qu'il pourrait nommer pour apporter un changement. Et s'il choisissait en dehors de cette clique quelqu'un qui soit susceptible d'apporter un changement, cette personnne ne serait pas acceptée par le Sénat. De puissants groupes de pression – l'AIPAC, le complexe militaro-sécuritaire et Wall Street – utilisent leur influence politique pour s'opposer à toute nomination qu'ils jugent inacceptable.

Le projet de guerre contre l'Iran n'est pas abandonné

Dans sa rubrique, Alexander Cockburn qualifie Obama de «républicain de premier ordre» et écrit: «Jamais le poids du passé n'a autant serré dans son étau un candidat ‹réformateur›». Obama a confirmé ce verdict lors de sa première conférence de presse après son élection. Ne tenant compte ni de l'US National Intelligence Estimate,2 qui parvient à la conclusion que l'Iran a cessé de travailler à la mise au point d'armes nucléaires il y a 5 ans, ni de l'Agence internationale de l'énergie atomique pour laquelle aucun matériel nucléaire destiné au réacteur civil iranien n'a été détourné à des fins militaires, Obama a embouché les trompettes de la propagande du lobby israélien en accusant l'Iran de «développer l'arme nucléaire» et il a juré de «l'empêcher».3

Endettement et récession

Le changement qui va se produire aux Etats-Unis n'a rien à voir avec Obama. Il viendra de la crise financière provoquée par l'avidité et l'irresponsabilité de Wall Street, de l'érosion du rôle du dollar en tant que monnaie de réserve, des innombrables saisies immobi­lières, de la délocalisation de millions parmi les meilleurs emplois d'Amérique, d'une aggravation de la récession, des piliers de l'industrie – Ford et General Motors – qui tendent la main pour que le gouvernement leur donne de l'argent des contribuables afin de survivre et des déficits budgétaire et commercial qui sont trop importants pour être apurés avec les instruments classiques.
Traditionnellement, le gouvernement compte sur la politique monétaire et fiscale pour sauver l'économie de la récession. Mais la solution de l'argent facile ne marche pas. Les taux d'intérêt sont déjà bas et la croissance monétaire élevée. Pourtant, le chômage augmente. Le déficit budgétaire est déjà énorme – record mondial – et ce n'est pas cela qui stimule l'économie. Des taux d'intérêt encore plus faibles et des déficits budgétaires encore plus élevés peuvent-ils redresser une économie qui s'est délocalisée, laissant derrière elle des consommateurs sans emploi couverts de dettes?

Le monde en a assez des dettes des Etats-Unis …

Les créanciers étrangers de l'Amérique se demandent ce que le gouvernement pourrait emprunter de plus? Un organe officiel du parti gouvernemental chinois a récemment appelé les pays d'Asie et d'Europe à «bannir le dollar de leur relations commerciales directes et de ne faire confiance qu'à leurs propres monnaies». «Pourquoi, s'interroge-t-on dans un autre article chinois, la Chine devrait-elle aider les Etats-Unis à s'endetter indéfiniment dans l'idée que le crédit national américain peut augmenter sans limite?»

… de leur arrogance, de leur mépris du droit, de leur hypocrisie

Le monde en a assez de l'hégémonie et de l'arrogance américaines. La réputation des Etats-Unis est ruinée: débâcle financière, déficits sans fin, Abu Ghraib, Guantanamo, prisons secrètes, torture, guerres illégales fondées sur des mensonges, violations de la souveraineté d'autres pays, du droit international et des Conventions de Genève, atteintes portées à l'habeas corpus et à la séparation des pouvoirs, Etat policier, ingérences constantes dans les affaires intérieures d'autres pays, hypocrisie sans bornes.
Le changement qui s'amorce sonne le glas de l'empire américain. L'Amérique n'a plus ni argent ni influence. Obama, «premier président noir des Etats-Unis», fera naître des espoirs et permettra à la comédie de continuer un certain temps, mais le «Nouveau siècle américain» a vécu.    •
(Traduction Horizons et débats)

1     La loi Glass-Steagall de 1933 établissait une
incompatibilité rigoureuse entre les métiers de
banque de dépôts et de banque d'affaires. Elle
interdisait à toute banque de dépôts de posséder une banque d'affaires ou d'acheter, de vendre ou de souscrire des titres financiers, domaine réservé aux banques d'affaires. A l'inverse, il était interdit aux banques d'affaires d'accepter les dépôts de simples clients, ce qui relève exclusivement des banques de dépôts. (ndt., d'après Richard Freeman)
2     Rapport de la Communauté du Renseignement (ndt.)
3     http://news.antiwar.com/2008/11/07/obama-hits-out-at-iran-closemouthed-on-tactics/

*    Paul Craig Roberts, ancien ministre adjoint des Finances du gouvernement Reagan, est économiste et journaliste (Wall Street Journal, National Review). Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont le dernier paru est intitulé The Tyranny of Good Intentions: How Prosecutors and Bureauocrats Are Trampling the Constitution in the Name of Justice (2000). Il publie régulièrement des articles sur les sites
www.antiwar.com et www.counterpunch.org.

http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id=1282



4 3 Daphné BENOIT
 : Obama prend parti pour la suprématie militaire US.

Le président élu Barack Obama s'est engagé lundi à investir et faire grandir les forces armées américaines pour qu'elles restent "les plus fortes sur la planète", un message ferme

Malgré son opposition au conflit en Irak, et au risque d'irriter les anti-guerre ayant soutenu sa candidature, le futur occupant de la Maison Blanche s'est montré déterminé à maintenir la suprématie militaire US, au cours d'une conférence de presse durant laquelle il a annoncé la reconduction de l'actuel secrétaire à la Défense, Robert Gates.

"Nous partageons tous la conviction qu'il faut que nous continuions à détenir les forces armées les plus fortes de la planète", et "nous continuerons à réaliser les investissements nécessaires pour renforcer nos forces armées et augmenter nos forces terrestres", a-t-il martelé, en ajoutant que son administration s'assurerait d'"avoir les moyens et la stratégie nécessaires pour vaincre Al-Qaïda et les talibans" en Afghanistan.

M. Obama compte ainsi poursuivre le projet de l'administration Bush d'augmenter les effectifs militaires américains de 100.000 hommes lors de la prochaine décennie, face à l'épuisement des forces armées - 1,4 million de militaires d'active - qui, mobilisées depuis sept ans en Afghanistan et en Irak, sont près d'atteindre les limites de leurs capacités.

Tout en réaffirmant sa volonté de retirer toutes les troupes de combat américaines d'Irak en 16 mois, le président élu semble avoir cherché à contrecarrer la réputation de "mous" des démocrates en matière de défense, selon les experts.

"Certains craignaient qu'Obama n'agisse en idéologue de gauche, c'est le portrait que tentait d'en dresser l'équipe de campagne de John McCain", son rival républicain lors de la présidentielle, a expliqué à l'AFP Steve Biddle, du Conseil en Affaires étrangères, un centre de réflexion indépendant.

Or, "en ces temps de guerre en Irak et en Afghanistan et de crise financière, la future administration cherche à montrer qu'elle va être pragmatique et s'appuyer sur l'expertise au détriment de l'idéologie" face aux innombrables défis sur la scène internationale, a-t-il commenté.

"Je crois que c'est le ton juste. Il doit gérer le fait que, comme l'évoquait le vice-président élu Joe Biden, certains pourraient vouloir le tester" dès le début de son mandat, "comme la Russie, la Corée du Nord ou les Iraniens", estime Michael O'Hanlon, expert en défense à la Brookings Institution.

Mais la hausse prévue des effectifs de l'armée américaine, couplée à la modernisation des équipements, "va coûter cher, au moins 50 milliards de dollars", prévient Lawrence Korb, expert militaire au Centre pour le progrès américain, un groupe de réflexion proche de l'équipe Obama.

En pleine crise économique, la prochaine administration va devoir procéder à des arbitrages, pronostique cet ancien sous-secrétaire à la Défense de l'ère Reagan, alors que la hausse du budget de défense, continue depuis sept ans -- avec plus de 10 milliards de dollars dépensés chaque mois en Irak -- est inéluctablement appelée à ralentir.

Dans ces conditions, juge-t-il, des projets onéreux pourraient en faire les frais, comme le bouclier antimissile américain, regardé avec scepticisme par l'équipe Obama, ou encore l'avion de combat F-22, conçu pendant les dernières années de guerre froide et qui a perdu de sa pertinence alors que le Pentagone fait face à des 'insurrections', et pas des conflits conventionnels, en Afghanistan et en Irak.

AFP


4 4
Le Rapport Anti-empire : Obama, Mumbai,

D'abord les élections, ensuite les questions.

Bon, commençons par le plus évident. Oui, ce fut un moment historique. J'ai moi-même retenu mes larmes plus d'une fois, même si je n'avais pas voté pour lui. J'ai voté pour Ralph Nader, pour la quatrième fois consécutive.

Au cours des huit dernières années, lorsque j'écoutais la radio, je m'arrangeais toujours pour me trouver à proximité de l'appareil pour pouvoir changer de station dés que l'autre énergumène ou un des ses disciples prenait la parole. Je ne suis pas un masochiste, je ne supporte pas les imbéciles et je m'impatiente facilement.

C'est triste à dire, mais je suis déjà en train d'éteindre la radio lorsque Obama s'exprime. Il ne dit rien ou alors pas assez, ou pas assez souvent. Rien que des platitudes, des clichés, des promesses sans consistance, « espoir et changement », pratiquement tout sans la moindre consistance, « changement et espoir », sans autre précision, taillés pour ne froisser personne. Quels sont les principes de cet homme ? Il ne remet jamais en question les fondements de l'empire. Il ne remet jamais en question les fondements de la « guerre contre le terrorisme ».

Je suis content qu'il ait gagné, pour deux raisons : John McCain et Sarah Palin. Et je n'aime pas du tout le fait que le système américain m'oblige à chercher un semblant de réconfort dans la victoire de quelqu'un qui est si éloigné de toutes les valeurs que je défends. Obama a été élu autant par ceux qui n'en pouvaient plus d'étouffer sous les néoconservateurs que par ceux qui croient vraiment en lui. C'est une forme de chantage – votez Obama sinon vous allez en reprendre encore pour un certain temps, il n'y a pas d'autre choix. Mais si vous vous réjouissez à l'idée d'être bientôt débarrassés de l'insupportable bigot George W. Bush, écoutez ceci : « Je crois que le Christ est mort pour mes pêchés et qu'Il est ma rédemption. C'est une source de soutien et d'inspiration quotidienne ». Ce sont là les paroles d'un certain Barack Obama. (1) Décidemment, les Etats-Unis produisent des fanatiques religieux comme le Japon fabrique des voitures. Prions pour que cela cesse.

Comme je l'ai déjà dit, si vous êtes de ceux qui aiment à penser qu'Obama professe une politique de centre-droite juste pour être élu et, une fois installé à la Maison Blanche, il oubliera tous ses mensonges et qu'on verrait alors émerger un Obama authentiquement progressiste, pacifique, respectueux du Droit international et des droits de l'homme… rappelez-vous qu'en tant que candidat au Sénat en 2004 il avait menacé de lancer des missiles contre l'Iran (2) et que le fait d'être finalement élu n'a réveillé aucun pacifiste qui aurait sommeillé en lui. Depuis, il n'a pas cessé de menacer l'Iran.

Le monde est dans un sale état. Inutile de s'étendre là-dessus.

Imaginez comme ce serait merveilleux, divinement merveilleux, d'avoir un président des Etats-Unis qui serait porteur de valeurs progressistes et de courage politique. Imaginez tout ce qu'il pourrait faire. Comme un retrait rapide et total de l'Irak, par exemple. Vous pouvez l'imaginer aussi bien que moi. Avec la popularité dont il bénéficie, Obama pourrait se permettre pratiquement n'importe quoi, mais le plus probable est qu'il ne prendra pas de risques. Ou, pour être plus précis, il continuera à être lui-même, à savoir un centriste convaincu.

Il n'est pas vraiment contre la guerre. Pas comme vous et moi le sommes. Au cours de ses quatre premières quatre années à la Maison Blanche, les Etats-Unis ne quitteront pas l'Irak. Je doute même qu'il l'autorise au cours d'un second mandat. A-t-il jamais clairement qualifié la guerre d'illégale ou d'immorale, de crime contre l'humanité ?

Pourquoi est-il si proche de Colin Powell ? Ignore-t-il le rôle méprisable joué par Powell dans cette guerre ? Nommer le Secrétaire à la Défense de George W. Bush, Robert Gates, un homme qu'on pourrait facilement poursuivre pour crimes de guerre ? Trouvera-t-il aussi une petite place pour Rumsfeld ? Et nommer un gouverneur de la Géorgie, Janet Napolitano, partisane de la guerre, pour diriger le département du « Homeland Security » ? Que dire du général James Jones, un commandant de l'OTAN, qui veut « gagner » la guerre in Irak et Afghanistan, qui a soutenu John McCain, et qui est nommé Conseiller à la Sécurité Nationale ? Jones siège aux conseils d'administration de Boeing Corporation et de Chevron Oil. Par quelle partie obscure de son âme Obama a-t-il été conseillé ?

Comme l'a récemment fait remarquer Chomsky, l'élection d'un indigène (Evo Morales) en Bolivie ou d'un progressiste (Jean-Bertrand Aristide) en Haïti ont été des événements d'une portée historique bien plus importante que l'élection de Barack Obama.

Obama n'est pas vraiment contre la torture non plus. Pas comme vous et moi le sommes. Personne ne sera puni pour avoir pratiqué ou ordonné la torture. Personne ne sera démis de ses fonctions pour motif de torture. Michael Ratner, président du Centre pour les Droits Constitutionnels, déclare que la mise en accusation des officiels de l'administration Bush sera nécessaire pour imposer des limites aux politiques futures. « La seule façon d'empêcher que cela ne se reproduise est de faire en sorte que les responsables des programmes de torture en paient le prix. Je ne vois pas comment nous pourrions retrouver notre statut moral si nous permettons à ceux qui sont directement impliqués dans les programmes de torture de s'en tirer à bon compte et d'aller couler des jours heureux. (3) »

Une fois président, Obama ne pourra plus se taire et devra agir s'il ne veut pas devenir complice des crimes de guerre de Bush et Cheney et devenir ainsi lui-même un criminel de guerre. Fermer Guantanamo ne signifiera rien si les prisonniers sont simplement transférés vers d'autres salles de torture. Si Obama s'oppose réellement à la torture, pourquoi ne déclare-t-il pas qu'après la fermeture de Guantanamo, les prisonniers seront jugés par des tribunaux civils aux Etats-Unis ou renvoyés vers des pays où ils ne risquent pas la torture ? Et d'affirmer tout simplement que son administration respectera scrupuleusement la Convention de 1984 contre la Torture et autres Traitements Cruelles, Inhumaines et Dégradantes, que les Etats-Unis ont signé, et qui stipule : « le terme « torture » désigne tout acte, douleur ou souffrance, physique ou mentale, exercé intentionnellement sur une personne dans le but d'extorquer des informations ou des aveux… infligé par, ou a l'instigation de, ou avec le consentement, ou l'accord d'un officiel ou de toute personne agissant dans un cadre officiel. » La Convention affirme que «  En aucun cas ne pourront être invoqués la guerre ou l'imminence d'une guerre, la stabilité politique interne ou tout autre urgence publique, pour justifier la torture. »

Mais au lieu de cela, Obama a désigné un ancien dirigeant de la CIA, John O. Brennan, comme conseiller dans les affaires du Renseignement et codirigeant de son équipe de transition. Brennan a qualifié la politique de « rendition » - le programme d'enlèvement et de torture mené sous les administrations Bush et Clinton – d' « outil indispensable », et chanta les louanges des techniques d'interrogation de la CIA qui permettent d'obtenir des informations qui peuvent « sauver des vies ». (4)

Obama pourrait se révéler aussi décevant que Nelson Mandela, qui n'a pas vraiment fait grand-chose pour les masses en Afrique du Sud - tout en faisant cadeau de son pays aux forces multinationales de la globalisation. Je fais cette comparaison non pas parce que les deux hommes sont noirs, mais parce qu'ils ont tous les deux soulevé de grands espoirs dans leur pays et dans le monde.

Mandela fut libéré de prison parce que les dirigeants de l'Apartheid pensaient qu'il pouvait devenir président et pacifier la population noire qui s'agitait, tout en appliquant une politique centriste modérée et économiquement libérale qui ne remettrait pas en cause les privilèges des blancs. Ce n'est peut-être pas pour rien que, dans son autobiographie, il élude l'implication de la CIA dans sa capture en 1962 malgré un faisceau d'éléments convaincants. (5)

Il semblerait que Barack Obama ait fait la même impression sur l'élite blanche. Celle-ci l'a souvent choisi et aidé à récolter des fonds et lui a ouvert un véritable boulevard qui l'a mené - dans un espace de temps étonnamment court de quatre ans - d'un poste obscur de sénateur local à celui de président des Etats-Unis. Le soutien financier du monde des affaires pour nous vendre la « marque Obama » fut extraordinaire.

On pourrait peut-être faire aussi une comparaison avec Tony Blair. Les Conservateurs n'auraient jamais pu imposer la fin de la gratuité des études universitaires ni les guerres sans fin, mais le New Labour l'a fait. Les Républicains auraient eu beaucoup de mal à réinstaurer le service militaire (les US ont actuellement une armée composée de professionnels et non d'appelés – NDT), mais je vois bien Obama le faire, le tout accompagné d'un slogan très approprié, une variation de « Oui, nous pouvons ! ».

J'espère me tromper, sur son passé et sur son mandat de président. J'espère me tromper de beaucoup.

De nombreuses personnes appellent tous les progressistes à faire pression sur l'administration d'Obama pour faire sortir « le bon Obama », l'obliger à s'engager, à rendre des comptes. Les réformes audacieuses du New Deal de Roosevelt furent provoquées par de grandes grèves ouvrières et autres actions militantes peu de temps après la fin de l'état de grâce. C'est tout ce que je peux vous offrir. Que Dieu nous aide.

LE FUTUR TEL QUE L'AVONS CONNU N'EXISTE PLUS ET AUTRES PENSEES JOYEUSES.

La lecture des informations en provenance de Mumbai m'ont rendu aussi pessimiste qu'un dinosaure préoccupé par l'avenir de ses enfants.

Comment ont-ils pu faire ça ? Détruire toutes ces vies, de tous ces inconnus, des vacanciers qui prenaient du bon temps… Quelles peuvent-bien être leurs motivations ? Eh bien, ils connaissaient quelques unes de leurs victimes ; ils savaient qu'elles étaient indiennes, américaines ou britanniques, ou sionistes, ou tout autre genre d'infidèle ; ils n'ont donc pas tiré complètement au hasard. Cela nous aide-t-il à comprendre ? Cela peut-il soulager le Weltschmerz ?

Vous pouvez même vous en server : la prochaine fois que vous rencontrez quelqu'un qui défend la politique étrangère des Etats-Unis, quelqu'un qui insiste pour dire que Mumbai justifie les attaques rhétoriques et militaires de Washington contre l'Islam, vous pourriez lui rappeler que les Etats-Unis font régulièrement la même chose. Depuis sept ans en Afghanistan, et pratiquement six en Irak, et pour ne donner que les exemples les plus évidents : ils défoncent les portes et abattent des étrangers, des infidèles, ils traumatisent à vie des enfants, tirent des missiles sur des maisons habitées, bombardent des mariages, les uns derrière les autres, tuant 20, 30 ou 70 personnes, toutes des terroristes bien sûr, et souvent même de hauts dirigeants d'Al Qaeda, le numéro un ou le numéro deux, selon les jours. Autant d'actions qui ne relèvent donc pas du hasard. Les survivants disent que c'était un mariage, que leur frère ou leur neveu ou leur ami, la plupart des femmes et des enfants, sont morts. Les soldats US paient des gens pour savoir où se trouve le méchant untel ou untel. Et les soldats US croient ce qu'on leur dit alors ils larguent les bombes ! Cela vous trouble-t-il autant que Mumbai ?

Parfois, pour changer, les Etats-Unis bombardent la Syrie ou tuent des gens en Iran ou en Somalie, tous des méchants… « Selon les autorités syriennes, des troupes US héliportées ont effectué une mission à l'intérieur de la Syrie le long de la frontière Irakienne, tuant huit personnes, dont une femme. » nous informe la BBC (6). … « Selon de hauts officiels étatsuniens, depuis 2004 les militaires US ont eu carte blanche des plus hautes autorités pour mener pratiquement une douzaine d'attaques secrètes contre Al Qaeda et d'autres militants en Syrie, Pakistan et ailleurs… l'ordre secret accorde aux militaires le droit d'attaquer Al Qaeda n'importe où dans le monde, et aussi de mener des opérations dans des pays qui ne sont pas en guerre contre les Etats-Unis, » nous informe le New York Times. (7)

Ouf, tout ceci est donc juste et légale - puisque autorisé - et non l'œuvre d'une bande de malades mentaux en liberté. Mais peut-être que les terroristes à Mumbai avaient eux-aussi une autorisation signée par je ne sais quelle autorité, disant que leur action était juste et légale ? Ah, je me sens déjà mieux.(...)

Willam Blum

The Anti-Empire Report : www.killinghope.org

Willam Blum : Auteur de Les guerres scélérates : interventions de l'armée US et de la CIA depuis 1945 

http://www.legrandsoir.info/spip.php?article7538#forum50931

5 décembre 2008

Traduction VD pour Le Grand Soir
http://www.legrandsoir.info

Notes

1. Washington Post, August 17, 2008

2. Chicago Tribune, September 25, 2004

3. Associated Press, November 17, 2008

4. New York Times, October 3, 2008

5. Nelson Mandela, Long Walk to Freedom (1994) p.278 ; William Blum, Rogue State, chapter 23, "How the CIA sent Nelson Mandela to prison for 28 years"

6. BBC, October 26, 2008

7. New York Times, November 9, 2008

 

COMMENTAIRES :


4 5 Il faut savoir tenir les promesses que l'on n'a pas faites.

La controverse générale est déjà bien engagée autour du président Obama, – alors que, comme chacun sait, il se trouve encore à sept semaines de son entrée en fonction, qu'il n'est encore que "the President-elect". Il est vrai qu'Obama agit comme président d'ores et déjà, avec une promptitude extraordinaire, ce qui est à la fois célébré comme une des vertus extraordinaires de cet homme aux multiples vertus extraordinaires, – à la fois utilisé pour lancer contre lui des attaques déjà furieuses et presque venimeuses, et contre la tournure que prend sa présidence qui n'est-même-pas-encore-installée.

On a déjà signalé cette tendance mais elle ne fait que se confirmer et s'amplifier. Le paradoxe est double:

• D'une part, cette tendance grandit à mesure qu'Obama s'affirme, c'est-à-dire qu'elle est effectivement liée à l'affirmation de ses capacités, de ses qualités évidentes. Obama agit comme s'il était déjà président, débarrassant la scène politicienne washingtonienne de cet avorton-président qu'était (le passé est de rigueur) GW Bush. Soupir de soulagement général, montée de l'adrénaline admirative sans condition, – aussitôt bloquée par le constat: tout cet activisme puissant pour ça? — c'est-à-dire le retour au premier plan des ténors des années 1990, qui nous avaient préparés aux petits oignons la présidence Bush, en machinant une globalisation catastrophique, en lançant le "capitalisme sauvage" à travers le monde (rappelez-vous la Russie ravagée), en lançant Wall Street dans les étoiles, avec les bulles sans nombre, les patrons surpayés, les bonus douteux, l'argent qui n'existe pas, les oxyd assets, etc. Drôle de dilemme pour "the President-elect". «Fifty days before President George W Bush packs his bags for Texas, Obama has already usurped much of his predecessor's authority, écrivait le Sunday Times hier, 30 novembre. Yet in doing so he has exposed himself to early controversy that may seriously shorten the presidential honeymoon that most new incumbents enjoy. There are already stirrings of confusion and dismay among Democratic faithful perturbed by some of Obama's early appointments.»

Plus loin, le même: «While Obama's bold moves have been broadly welcomed, they have also posed headaches for Democratic activists who have been surprised by the caution and moderation reflected in some of Obama's cabinet picks. "It's very hard for even leaders of the left to poke holes, because many of their followers will say 'give the guy a break - 29he hasn't even been in the White house yet'," said Steven Clemons, a liberal analyst at the New America Foundation. Clemons added: "We are in an Obama bubble now. And it's tough to step out and be the first to deflate the bubble."

»Trade union leaders who spent millions of dollars campaigning for Obama have nonetheless been shocked that nobody overtly sympathetic to the union movement has been appointed to the incoming economic team. Obama has not yet named a secretary of labour, which some activists interpreted as a worrying sign that bankers and employers have become higher priorities. "If we believe this election was about rebuilding the middle class and reclaiming the American Dream, the next secretary of labour should be somebody who is passionate about workers," warned Anna Burger, who as secretary-treasurer of a big services union was a key Obama supporter during the election campaign.

»Obama's eye-catching national security appointments have stunned many antiwar protesters who were convinced that Obama would stick to his pledges to close Guantanamo Bay and bring an early end to the war in Iraq. The Nation, a liberal Washington weekly, complained that the candidates for Obama's national security team had been "drawn exclusively from conservative, centrist and pro-military circles without even a single one chosen to represent the antiwar wing of the Democratic party". A coalition of liberal groups is planning to set up tents in January near Obama's home in Hyde Park, Chicago, in the hope that their presence will "remind" the president-elect of his promises.

»While many Democrats hope that Obama will reassure them once he gets into office, Jodie Evans, a well-known activist, told the Politico website last week that the president-elect was already "violating the people's mandate". Nor have Democrats been encouraged by Republican applause for the president-elect's appointments. Max Boot, a foreign policy adviser to Senator John McCain, said last week he had previously been sceptical of Obama's "moderate posturing", but had been "gob-smacked" by an Obama team that was "stunning in its moderation". Boot added: "Most of these appointments could just as easily have come from a President McCain."»

• En portant aussitôt son action contre la crise économique et sur la situation intérieure qui l'accompagne et qu'elle aggrave de plus en plus nettement, ce qui est parfaitement comprendre le sens de son élection et la pression de ses électeurs qui demandent que l'action intérieure prenne le pas sur l'accent mis jusqu'ici sur une folle politique extérieure, Obama s'expose exactement d'un même mouvement aux plus cruelles critiques. Il se trouve, ce qu'on savait depuis longtemps mais qui prend à la lumière de son activisme une tournure bien misérable, que l'essentiel de son équipe a une tournure Wall Street, souvent une tournure Goldman Sachs, dans tous les cas une tournure toute entière marquée par la patte et l'influence du maître d'œuvre de la politique financière de l'administration Clinton, qui prépara (bis retetitat) dans les années 1990, les catastrophiques années 2000 jusqu'à la catastrophe de 2008. On parle de Robert Rubin, âgé de 70 ans mais toujours actif, – devinez où? A la tête de Citigroup, nouveau symbole, avec le record battu de l'aide promise de Washington à une banque ($305 milliards), et donc le record de l'obscène entourloupette ainsi établi. D'où les exclamations feutrées mais sévères de l'Observer, hier…

«As Barack Obama prepares to announce the appointment of Hillary Clinton as Secretary of State this week, the first notes of dissent over the President-elect's choices are being heard across America. The loudest complaints concern his economic team's ties to Citigroup, the banking behemoth that all but collapsed last weekend. In particular, criticisms are mounting over the role to be played by Robert Rubin, a director at Citigroup and President Clinton's former treasury secretary.

»Obama, who last week called for a massive stimulus package to prevent the US economy from 'falling into a deflationary spiral', has taken several protégés of 70-year-old Rubin as advisers, among them Timothy Geithner as treasury secretary, Lawrence Summers as senior White House economics adviser and Peter Orszag as budget director, even as Rubin himself has been defending his key role in deregulating the financial markets and steering Citigroup towards taking greater trading risks to expand its business and reap higher profits. […]

»But with criticism of Rubin and loyal 'Rubinistas' threatening Obama's Washington debut, there is increasing concern that the President-elect's emphasis on appointing Clinton-era officials - a shadow Clinton term, as it has been called – could backfire as the very people who undertook financial deregulation in the Nineties are now directed to re-regulate a decade later. "Where's the diversity on the economic team? It's not only all from the same small club, but from the club that brought us the deregulation that has a lot to do with the economic collapse," said Robert Kuttner, the co-founder of the liberal-leaning American Prospect magazine.»

L'attaque la plus sévère, la plus lumineuse par l'analogie ainsi proposée, précisément sur cette équipe de lutte contre la crise économique, vient de Michael Hudson, dans CounterPunch le 26 novembre, sous le titre incendiaire de "The Neo-Yeltsin Administration?"… Alors que tout le monde attend un nouveau Gorbatchev, écrit Hudson, voilà que nous avons un nouvel Eltsine. Le rappel du rôle que joua dans la mise à sac de la Russie sous la présidence Eltsine la direction financière et économique des années Clinton, qu'on retrouve presque entièrement reconstituée dans l'équipe Obama, est particulièrement frappant.

«Instead, after resembling President Carter by running a brilliant presidential primary campaign to win the nomination (will a similarly disappointing administration be about to come?), Obama is looking more like Boris Yeltsin – a political umbrella for the kleptocrats to whom the public domain and decades of public wealth were given with no quid pro quo.

»Obama's ties with the Yeltsin administration are as direct as could be. He has appointed as his economic advisors the same anti-labor, pro-financial team that brought the kleptocrats to power in Russia in the mid-1990s. His advisor Robert Rubin has managed to put his protégés in key Obama administration posts: Larry Summers, who as head of the World Bank forced privatization at give-away prices to kleptocrats; Geithner of the New York Fed; and a monetarist economist from Berkeley, as right-wing a university as Chicago. These are the protective guard-dogs of America's vested interests.»

Tout le monde trompe tout le monde

Le cas est éclairant. Obama a déroulé au long d'une campagne septembre-octobre 2008 ennuyeuse à périr un programme modéré, tout en assurant les piliers financiers et économiques du capitalisme américaniste qu'il ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour les renforcer. Le 25 septembre 2008, au "sommet" de la Maison-Blanche qui, à notre sens, vit sous la pression de la crise le véritable transmission du pouvoir entre un Bush aux abois et le futur président (McCain ou Obama, – mais déjà Obama presque assuré), Obama soutint à fond le "plan Paulson". Ce "plan" était présenté comme une urgence pour, paraît-il, éviter le pire du fond de l'abîme, mais il n'en était pas moins un scandale obscène de plus en couvrant d'or les copains et les coquins de Wall Street. Obama le prit complètement à son compte, se faisant bien plus républicain que les républicains. Dans les jours qui suivirent, ce sont les démocrates, sous la pression impérative d'Obama, qui firent adopter le plan par le Congrès. Obama n'a pas caché son jeu. Pour le reste, la tactique d'Obama fut de constamment tenter de montrer qu'il avait la capacité de gouverner, qu'il avait plus d'expérience qu'on ne croyait, etc., c'est-à-dire promettre implicitement un gouvernement qui s'inscrirait absolument dans la continuité de l'habituel gouvernement de Washington, – GW excepté. (Ce qu'on lui reproche aujourd'hui vient d'une activité qui, depuis le 4 novembre, prouve qu'il agit aussi bien, sinon mieux qu'un homme d'expérience. Il tient donc cette promesse électorale-là, jugée si essentielle. C'est l'occasion de lui reprocher de ne pas tenir ses autres promesses électorales, celles qu'il n'a pas faites...)

"[U]ne campagne septembre-octobre 2008 ennuyeuse à périr", écrivons-nous. Ce n'est pas une coquille. La campagne elle-même fut exactement cela. La tension extraordinaire monta autour de la campagne à cause de la crise catastrophique qu'on sait, qui engendrait angoisse profonde et panique; la "campagne ennuyeuse" et la tension de la crise semblèrent évoluer parallèlement, comme dans deux univers parallèles qui, selon Euclide lui-même, ne se rencontrent jamais; enfin, tant pis pour Euclide, la rencontre se fit; assez naturellement, sur la fin de la période, cette tension envahit la campagne "par l'extérieur", un peu comme Gorbatchev avait fait vis-à-vis du système soviétique, enfin pour se substituer à la campagne pour sa signification, comme on fait un kidnapping.

La pression de la crise était telle qu'on ignora absolument les promesses réelles du candidat Obama, pour le charger de promesses supposées et en réalité fictives. Il fut proclamé "l'homme du changement" en référence aux vagues slogans des primaires ("Change we can believe in", "Yes, we can", – tout cela qui ne mange pas de pain mais qui fixa le climat des primaires). Cette exigence sémantique, sinon de pure communication dans l'interprétation qu'on eut d'Obama, pouvait, devait même signifier en l'occurrence: l'homme d'un changement peut-être révolutionnaire. Obama ne démentit pas cette ambiance extraordinaire, qui n'avait rien à voir avec ce qu'il disait sur le fond, qui le servait grandement dans les sondages, sauf sur la fin où il devint vraiment inquiet de toutes les obligations dont ces promesses qu'il ne faisait pas le chargeaient. Peut-être est-ce à ce moment, fin octobre, juste avant l'élection, qu'Obama s'aperçut du danger: on allait élire un homme, – lui, en l'occurrence, – au nom de promesses d'un changement considérable qu'il ne faisait pas. Ce fut sans doute fugitif car l'ivresse du 4 novembre balaya tout cela.

Depuis, la disparition de GW Bush de la vie politique et la pression de la crise ont conduit Obama à se manifester comme quasi-président, mais sans le pouvoir d'imposer les mesures nécessaires. Toute l'attention est orientée vers la constitution de son cabinet, avec la conséquence de commentaires de plus en plus négatifs dus aux personnalités dont la caractéristique n'est certes pas le "changement". Pour le "changement", s'il y a "changement", il faudrait attendre l'entrée en fonction d'Obama et sa prise de pouvoir effective. Mais on n'attend pas.

En attendant, les questions des journalistes le pressent de se justifier de ne pas manifester le grand changement qu'il a promis et il se juge obligé de répondre, et il répond sur la défensive en créant des concepts paradoxaux (il explique qu'il fait appel à des hommes d'expérience éprouvée et chenue pour pouvoir mieux accoucher de "pensées nouvelles", – "fresh thinking"). Curieusement, les questions des journalistes, autant que les réponses d'Obama sont déplacées puisqu'elles s'appuient sur l'idée qu'Obama a promis un changement révolutionnaire pendant la campagne, alors qu'il ne l'a pas fait.

…Mais la tension est tellement grande, la tension de la crise si forte, la tension au niveau du gouvernement après la période catastrophique qui se termine, que l'idée du "changement promis" (non-promis) devient une exigence inévitable, quelque chose que tout le monde tient pour acquis, – Obama a promis la changement, l'apportera-t-il? Lui-même s'interroge là-dessus, pour s'excuser que le changement ne soit pas an rendez-vous aussitôt, pour garantir qu'il sera là bientôt, dans la pensée autant que dans l'action politiques, et ainsi de suite. Lui-même accrédite la version des faits qui permet sa mise en accusation.

Obama est prisonnier d'une image de réformiste quasi-révolutionnaire qu'il a contribuée largement à forger à ses débuts, avant de l'abandonner prestement; qu'il n'a certainement pas combattue quand elle est ressortie comme le fait une génération spontanée, à cause de la crise financière, autour de la campagne électorale bien plus que dans cette campagne. (Le fait qu'il soit Africain-Américain, évidemment, a accentué cette image de l'"homme du changement" dans le monde de la communication où nous vivons, sans doute d'une façon très puissante. Le tableau est complet.) On dira qu'une image, on peut s'en débarrasser, ou bien s'en accommoder c'est selon. Ce n'est pas faux en temps normal. Mais nous ne sommes pas dans des temps normaux, comme Obama lui-même ne cesse de le dire; nous sommes dans des temps d'une crise extraordinairement grave, qui ne cesse de s'aggraver, surtout aux Etats-Unis même. L'inquiétude et bientôt la rancoeur de l'aile libérale du parti démocrate, qui a pesé de tout son poids pour le faire élire, sont déjà très fortes et ne cesseront de s'exacerber à mesure que la crise transformera l'enthousiasme éphémère du 4 novembre en une revendication amère et bientôt furieuse. La satisfaction visible des républicains devant les nominations du gouvernement Obama rajoute de l'huile sur le feu.

Le très brillant President-elect est déjà sur la défensive avant d'être président. On avait coutume de mettre en doute ses capacités de réforme parce qu'on le jugeait prisonnier de l'establishment. Mais il apparaît d'ores et déjà comme complice de l'establishment, sinon partie prenante. Qu'il le soit ou pas n'a qu'une importance minime en l'occurrence puisqu'on peut aisément comprendre qu'un président élu, dans le système tel qu'il l'est, l'est toujours plus ou moins. L'important est bien qu'il le paraisse d'une façon si visible, on dirait presque provocatrice, alors qu'il assoit plus que jamais sa popularité sur son image d'"homme de changement". Cette situation fait qu'au contraire de s'en débarrasser, Obama, pour se défendre contre les risques de l'impopularité, va devoir de plus en plus protéger et renforcer cette image qui devient de plus en plus sa sauvegarde, – mais qui est aussi l'image de sa trahison supposée. La pression de la crise et les nouvelles malheureuses de la population US ne lui laisseront aucun répit à cet égard et vont aggraver la contradiction. La tension entre la réalité apparente de son pouvoir et les nécessités de son gouvernement face à la crise a toutes les chances de pendre, dès les débuts de sa présidence, des allures de crise personnelle.

Comment Obama dénouera-t-il cette crise?

La dénouera-t-il seulement?

Est-il prisonnier de l'establishment ou bien est-il prisonnier de la crise qu'il est en train de créer en paraissant complice de l'establishment?

Est-il habité de pensées secrètes qui pourraient le pousser à dénouer cette crise personnelle, en référence à la crise générale du pays, d'une façon radicale ("hypothèse Gorbatchev")?

Quelle vitesse!

Nous voilà en train de parler de crise de la présidence Obama alors qu'il n'est pas encore en fonction. C'est qu'en vérité la crise de la présidence Obama a commencé le 15 septembre, lorsqu'a éclaté la crise financière.

01/12/2008 - Faits et commentaires



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