Irak agressé, occupé, envahi, pillé, détruit et colonisé, depuis 25 ans...

lundi 15 décembre 2008

n°224 - dossier de l'Afghanistan -14-12 -1 - : Le gouvernement US n’a pas le monopole de l’hypocrisie, mais aucun autre gouvernement ne lui arrive à la cheville.

 

Sent: Monday, December 15, 2008 8:31 AM
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Subject: n°224 - dossier de l'Afghanistan -14-12 -1 - : Le gouvernement US n'a pas le monopole de l'hypocrisie, mais aucun autre gouvernement ne lui arrive à la cheville.


                                                   Aujourd'hui, face aux ambitions hégémonique de l'impérialisme, l'information est une arme au service de la paix.

                               Les médias occidentaux dans leur large majorité accepte les versions de l'armée américaine et ferment les oreilles aux autres sources. .  

                                                                      Dénoncer ne suffit plus, il faut expliquer, informer, transmettre! 

                                                                                      Sa diffusion est un acte de résistance.



           dossiers de l'Afghanistan n°224 du 14-12
                                           Par M.Lemaire                                                                                 



 Le "journal de l'Afghanistan" est  visible  sur mes blog : 

NB : Si vous voulez-me contacter ou obtenir le Journal par mail, une seule adresse : fa032881@skynet.be




Sommaire :  :

3-1 Zbigniew Brzezinski : « Pourquoi et comment j'ai financé ben Laden en Afghanistan. »

3-2 Robert Fisk : La débâcle.

3-3 Julien Bahloul : L'Otan contraint de trouver des voies de contournement.

3-4 Guantanamo : Les dossiers.

1 Paul Craig Roberts : Le gouvernement US n'a pas le monopole de l'hypocrisie, mais aucun autre gouvernement ne lui arrive à la cheville.

2 Abou Ghraïb et Guantanamo : Rumsfeld accusé de mauvais traitements.

3 Philippe Grangereau : Mohamed al-Kahtani, torturé pendant 49 jours et devenu fou.

Courrier des lecteurs & trouvé sur le net & témoignage

4 -1 14 membres présumés d'Al-Qaeda interpellés en Belgique.

5 Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion

5-1 John Lloyds : Yes we can : Les Etats-Unis se préparent à étendre la guerre.

5-2 Syed Saleem Shahzad : Ce que l'OTAN n'a pas compris.

6 Annexe

6-1 Changement dans la continuité ? 

6-2 Illusions guerrières, par Robert Fisk. 

 6-3 Robert Fisk : Trente ans plus tard, qu'avons-nous appris ?

6-4 Silvia Cattori : Un devoir de vérité - Islam: L'ennemi fabriqué.

6-5 11-Septembre : un naufrage médiatique.

 


 

 

 

 

 

 

 

 



 
 



 
 
 
 
 
 
 


3  Dossiers

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information

3-1 Zbigniew Brzezinski : « Pourquoi et comment j'ai financé ben Laden en Afghanistan. »
Nous reproduisons intégralement l'interview du nouvel Observateur de mai 1998.
Nouvel Observateur : - L'ancien directeur de la CIA Robert Gates l'affirme dans ses Mémoires (1) : les services secrets américains ont commencé à aider les moudjahidine afghans six mois avant l'intervention soviétique. A l'époque, vous étiez le conseiller du président Carter pour les affaires de sécurité, vous avez donc joué un rôle clé dans cette affaire. Vous confirmez ?

Zbigniew Brzezinski : (2) Oui. Selon la version officielle de l'histoire, l'aide de la CIA aux moudjahidine a débuté courant 1980, c'est-à-dire après que l'armée soviétique eut envahi l'Afghanistan, le 24 décembre 1979. Mais la réalité, gardée secrète jusqu'à présent, est tout autre : c'est en effet le 3 juillet 1979 que le président Carter a signé la première directive sur l'assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul. Et ce jour-là, j'ai écrit une note au président dans laquelle je lui expliquais qu'à mon avis cette aide allait entraîner une intervention militaire des soviétiques.

N.O : Malgré ce risque, vous étiez partisan de cette "covert action" [opération clandestine]. Mais peut-être même souhaitiez-vous cette entrée en guerre des Soviétiques et cherchiez-vous à la provoquer?

Z.B : Ce n'est pas tout à fait cela. Nous n'avons pas poussé les Russes à intervenir, mais nous avons sciemment augmenté la probabilité qu'ils le fassent.

N.O : Lorsque les Soviétiques ont justifié leur intervention en affirmant qu'ils entendaient lutter contre une ingérence secrète des Etats-Unis en Afghanistan, personne ne les a cru. Pourtant, il y avait un fond de vérité … Vous ne regrettez rien aujourd'hui ?

Z.B : Regretter quoi ? Cette opération secrète était une excellente idée. Elle a eu pour effet d'attirer les Russes dans le piège afghan et vous voulez que je le regrette ? Le jour où les Soviétiques ont officiellement franchi la frontière, j'ai écrit au président Carter, en substance : "Nous avons maintenant l'occasion de donner à l'URSS sa guerre du Vietnam." De fait, Moscou a dû mener pendant presque dix ans une guerre insupportable pour le régime, un conflit qui a entraîné la démoralisation et finalement l'éclatement de l'empire soviétique.

N.O : Vous ne regrettez pas non plus d'avoir favorisé l'intégrisme islamiste, d'avoir donné des armes, des conseils à de futures terroristes ?

Z B : Qu'est-ce qui est le plus important au regard de l'histoire du monde? Les talibans ou la chute de l'empire soviétique? Quelques excités islamistes ou la libération de l'Europe centrale et la fin de la guerre froide?

N.O : "Quelques excités"? Mais on le dit et on le répète: le fondamentalisme islamique représente aujourd'hui
Une menace mondiale.

Z.B : Sottises! Il faudrait, dit-on, que l'Occident ait une politique globale à l'égard de l'islamisme. C'est stupide, il n'y a pas d'islamisme global. Regardons l'islam de manière rationnelle et non démagogique ou émotionnelle. C'est la première religion du monde avec 1,5 milliard de fidèles. Mais qu'y a-t-il de commun entre l'Arabie Saoudite fondamentaliste, le Maroc modéré, le Pakistan militariste, l'Egypte pro-occidentale ou l'Asie centrale sécularisée? Rien de plus que ce qui unit les pays de la chrétienté... »

Le rôle de Gates
Quant à Robert Gates, il est le chef suprême des 16 agences du renseignement américain et du département de la défense depuis le limogeage de Rumsfeld. Le président Bush a ainsi été mis sous la tutelle des démocrates depuis les dernières élections du Congrès. Depuis cette date, le mode opératoire des opérations clandestines de la CIA ressemblent à celles du passé sous l'administration Carter.
Aux vues des déclarations fracassantes de Brzezinski, ajoutons aussi le récit des mémoires de Robert Gates.
Il rapporte ainsi dans son livre : « Nous avons pensé à créer une légion arabe contre les Soviétiques.». Manifestement le tandem actuel d'Obama à la défense définit Oussama ben Laden comme une création de la CIA. Ben Laden, agent de la CIA sous le nom Tim Osman, continua à collaborer sous la présidence de Reagan grâce à son apartenance à la Ligue Anti Communiste Mondiale. Au regard des étranges relations des stratèges américains, il ne tient qu'à un fil de suspecter le couple démocrate d'avoir échafaudé la crise de l'Ossétie du sud pour refaire plonger la Russie dans un piège qui ressemble à s'y méprendre à la provocation Afghane. L'ombre du péril communiste a encore de beaux jours dans les couloirs du Pentagone.

La déstabilisation des ennemis des Etats-Unis.
Al Qaïda semble toujours accompagner les plans de Washington. Partout où frappe cette organisation se trouvent des enjeux américains : Afghanistan, Kosovo, Etats-Unis, Irak, Espagne, Angleterre et aussi Pakistan et Inde. Sans oublier les autres attentats qui ont eu lieu dans tous les coins de la planète…
Actuellement le Pakistan et l'Inde sont en pleine déstabilisation. Chaque acte de terrorisme de la part d'Al Qaïda est une déclaration de guerre qui nécessite l'intervention des Etat- Unis en tant que force armée ou bien en tant que médiateur de la paix.
L'Iran échappe étrangement à cescénario. Le rapport de la CIA, établi en 2006, confirme que l'Iran a stoppé tout programme nucléaire militaire. C'est un désaveu des services de renseignement américain. Au sortir de son dernier mandat de président Bush accuse la faiblesse de la CIA pour la guerre en Irak, mais ne remet pas en cause les inexactitudes sur le programme nucléaire iranien.
Le rapport Gates Brzezinski rédigé par le Counsil Foreign Relation, envisage une autre approche avec ce pays « voyou » pour reprendre les mots du président Bush. Il faut se rapprocher du pouvoir de Téhéran afin de court-circuiter ses relations étrangères avec la Russie et continuer la déstabilisation des pays satellites de l'ex URSS.

L'élection de Barack Obama va t elle changer les rapports de l'administration étatsunienne avec Al qaida ?
Cela n'apparaît pas dans les déclarations de Brzezinski dans lesquelles il raconte comment les deux derniers présidents américains Clinton et Bush ont été testés avec les attenats du World trade Center en 1993 et 2001.
« C'est quelque chose de possible. Il n'y a aucun moyen de le prédire. C'est une possibilité, mais c'est loin d'être une certitude.[…] Je pense qu'Obama a montré qu'il est très calme, très rationnel et très réfléchi dans son approche avec les problèmes et je pense que si il est testé, il va réagir avec force, de manière rationnelle et efficacement.» Et pour conclure : « Vous devez percevoir la politique étrangère comme, par exemple, un bateau qui navigue sur la mer. Un immense navire ne changera pas de cap aussi rapidement qu'un bateau de plaisance. Il n'est donc pas possible pour les États-Unis de changer rapidement chacune de ses politiques. Mais je crois qu'il y aura un changement important dans l'essence et dans le ton. »

http://www.alterinfo.net/Brzezinski-Gates-les-createurs-du-couple-ben-Laden-Al-Qaida_a26988.html?PHPSESSID=8a87a7fe97c7e40c8c23e77849306fae
source:  http://www.presstv.ir/detail.aspx?id=74757§ionid=3510203
Conclusion. : Non, vous ne rêvez pas, c'est de cette manière étrange que Washington gère sa politique étrangère.
Texte de geopolintel par Rag
http://geopolintel.kazeo.com/

Vendredi 12 Décembre 2008

geopolintel@gmail.com


3-2 Robert Fisk : La débâcle.

Fisk, de retour d'Afghanistan, décrit la réalité d'un pays bien loin de l'image qu'en donnent les gouvernements occidentaux, qui continuent d'affirmer contre toute vraisemblance - et contre toute raison - que la « victoire » est proche.

Les talibans sont à 20 Km de Kaboul et règnent en maître à Kandahar, nous dit l'envoyé spécial de The Independent. « La communauté internationale doit cesser de se mentir et se livrer à une réflexion fondamentale qui aurait dû être menée voilà quatre ou cinq ans, » avertit l'un des témoins qu'il a rencontré. Quand donc les politiques se mettront-ils à faire leur métier, c'est à dire se préoccuper du destin de la nation ? Faudra-t-il que les talibans viennent porter la guerre sur le sol français pour que cette désastreuse entreprise néocoloniale sans issue soit enfin remise en cause ?

L'effondrement de l'Afghanistan est plus proche qu'on ne le pense. Kandahar est aux mains des talibans - à l'exception d'un kilomètre carré au cœur de la ville - et les premiers postes de contrôle des Talibans sont à peine à 20 kilomètres de Kaboul. Le gouvernement profondément corrompu d'Hamid Karzai est presque aussi impuissant que n'est l'est le gouvernement irakien de la « zone verte » de Bagdad. Désormais les chauffeurs de camion afghans détiennent des permis de circuler délivrés par les Taliban, qui ont également leurs propres tribunaux dans des zones reculées du pays.

La Croix-Rouge a déjà averti que les opérations humanitaires sont considérablement réduites dans des régions de plus en plus vastes de l'Afghanistan, et plus de 4000 personnes, dont au moins un tiers de civils, ont été tués au cours des 11 derniers mois, ainsi que des dizaines de soldats de l'OTAN et de 30 travailleurs humanitaires. Les Talibans, tout comme le gouvernement de M. Karzai, exécutent leurs prisonniers en nombre toujours plus grand. Les autorités afghanes ont pendu ce mois-ci cinq hommes pour meurtre, enlèvement ou viol - un prisonnier, qui est un parent éloigné de M. Karzai a vu sa peine commuée, comme c'était prévisible - et plus de 100 autres sont actuellement à Kaboul dans le couloir de la mort.

Cela n'est pas l'Afghanistan démocratique, pacifique, reconstruit, soucieux d' « égalité entre les sexes » que le monde avait promis de créer après la chute des Talibans en 2001. En dehors de la capitale et de l'extrême nord du pays, presque chaque femme est couverte d'une burkha, tandis que des combattants viennent maintenant rejoindre les rangs des Talibans depuis le Cachemire, l'Ouzbékistan, la Tchétchénie et même la Turquie. On estime que plus de 300 combattants turcs sont désormais présent en Afghanistan, beaucoup d'entre eux détenant un passeport européen.

« Je ne connais personne qui veuille voir le retour des talibans au pouvoir, » déclare un homme d'affaires de Kaboul - qui a conservé un anonymat aujourd'hui plus souvent demandé que ce n'était le cas avant 2001 - « mais les gens détestent le gouvernement et le parlement qui ne se soucient pas de leur sécurité. Le gouvernement est inutile. Compte tenu du nombre de personnes déplacées et réfugiées qui se déversent à Kaboul en provenance de la campagne, il existe un chômage de masse - mais bien sûr, il n'existe pas de statistiques. »

« Le 'marché libre' a mené beaucoup d'entre nous à la catastrophe financière. L'Afghanistan est un champ de bataille pour l'idéologie, l'opium et la corruption politique. Maintenant on a toutes sortes d'entreprises qui ont des contrats avec des organisations comme l'USAID. Tout d'abord, elles prélèvent 30 à 50% pour leurs propre compte, puis sous-traitent et sous sous-traitent à d'autres entreprises et il ne reste seulement que 10% du montant initial pour les Afghans eux-mêmes. »

Les Afghans travaillant pour des associations caritatives et l'ONU confient à leurs employeurs qu'ils sont soumis à une pression croissante pour donner des informations aux Talibans et pour leur offrir l'hébergement. Dans les campagnes, les agriculteurs vivent dans la peur des deux côtés dans cette guerre. Un très haut fonctionnaire des ONG à Kaboul - encore une fois, l'anonymat a été demandé - déclare qu'à la fois les Talibans et la police menacent régulièrement les villageois. « Un groupe de 15 ou 16 Talibans frappe la nuit à la porte d'un chef de village, disant qu'ils ont besoin de nourriture et de logement. Et le chef dit aux villageois de leur donner de la nourriture et de les laisser s'installer dans la mosquée. Ensuite, la police ou l'armée arrivent dans la journée et accusent les villageois de collusion avec les Talibans, arrêtent des innocents et menacent de suspendre l'aide humanitaire. Ensuite, il y a le danger que le village soit pris sous un raid aérien Américain. »

Dans la ville de Ghazni, les Talibans ont ordonné que tous les téléphones portables soient éteints de 17 heures jusqu'à 6 heures du matin de peur que des espions puissent les utiliser pour informer sur les positions de la guérilla. La guerre du téléphone mobile pourrait être gagnée par le gouvernement. Avec l'aide des américains, le ministère de l'Intérieur peut désormais suivre et localiser les appels. Une fois de plus, les Américains parlent de former des « milices tribales » pour lutter contre les Talibans, tout comme ils l'ont fait en Irak et comme les autorités pakistanaises ont essayé de le faire dans les provinces de la Frontière du Nord-Ouest. Mais ces force tribales ont été corrompues dans les années quatre-vingt par les Russes et lorsque ce système été remis sur pied il y a deux ans de cela, sous l'appellation de Force de police auxiliaire, cela a été un fiasco. Les policiers auxiliaires nouvellement formés ont cessé de se présenter sur leur lieu de travail, volé des armes et se sont transformés en milices privées.

« Maintenant, à chaque fois qu'un nouvel ambassadeur occidental arrive à Kaboul, il agite à nouveau ces idées », déclare un autre responsable d'ONG, proche du désespoir. « Ah, disent-ils essayons ces milices locales, quelle excellente idée. » Mais cela ne résoudra pas le problème. Le pays est en proie au brigandage, ainsi qu'à la cruauté des Taliban et des raids aériens, que les Afghans jugent tellement scandaleux. La communauté internationale doit cesser de se mentir et se livrer à une réflexion fondamentale qui aurait dû être menée voilà quatre ou cinq ans. »

Ce que cela signifie, pour les Occidentaux qui ont passé des années à Kaboul, est simple. Est-ce vraiment l'ardente ambition des Afghans que d'installer la « démocratie » ? Un État fédéral fort est-il possible en Afghanistan ? La communauté internationale est-elle prête à s'en prendre aux seigneurs de la guerre et aux barons de la drogue qui occupent des postes dans le gouvernement de M.Karzai ? Et, plus important encore, la reconstruction permet-elle vraiment de « sécuriser le pays » ? Le vieil adage usé des américains qui dit que « lorsque s'arrête la route, débute le pouvoir des Talibans » est faux. Les Talibans tiennent des postes de contrôle sur ces routes nouvellement construites.

Le ministre afghan de la Défense a 65000 soldats sous son improbable commandement mais il en aurait besoin de 500 000 pour contrôler l'Afghanistan. Les Soviétiques n'ont pas réussi à maîtriser le pays, même lorsqu'ils avaient 100 000 hommes sur le terrain, et 150 000 soldats afghans à l'appui. Et au moment où Barack Obama se prépare à envoyer un autre contingent de 7000 soldats américains dans la fosse Afghane, les Espagnols et les Italiens parlent de se retirer, tandis que les Norvégiens pourraient désengager leurs 500 hommes. Les dirigeants occidentaux évoquent sans relâche l'élément « clé » que constituerait l'entraînement de plus en plus d'Afghans à combattre dans l'armée. Mais c'est cette même « clé » qu'avaient essayé les Russes - et elle ne cadrait pas avec la serrure.

« Nous » n'allons pas gagner en Afghanistan. Discuter d'une victoire militaire sur les Talibans semble plus irréaliste que jamais. De fait, lorsque le Président Afghan tente d'engager le dialogue avec le mollah Omar - qui est l'un des principaux objectifs visé par les américains dans cette déplorable guerre - on se rend compte de la situation. Mais même le mollah Omar ne veut pas parler avec M. Karzai.

La partition du pays est une option que personne ne veut évoquer : donner la partie sud de l'Afghanistan aux Talibans et conserver le reste. Elle ne ferait qu'ouvrir une nouvelle crise avec le Pakistan car les Pachtounes, qui sont la majorité dans les rangs Talibans, réclameraient alors l'ensemble de ce que qu'ils considèrent comme le « Pashtounistan », incluant la plus grande partie des zones tribales du Pakistan. Ce serait également un retour au « grand jeu » et la redéfinition des frontières dans le sud-ouest de l'Asie, ce qui - l'histoire le montre - a toujours été accompagné de grandes effusions de sang.

Robert Fisk

29 novembre

http://alternatives-international.net/article2753.html


3-3 Julien Bahloul : L'Otan contraint de trouver des voies de contournement.
Les pays de l'Otan sont à la recherche d'une route alternative, qui passerait par la Biélorussie et l'Ukraine, afin de ravitailler leurs troupes présentes en Afghanistan. Les chemins empruntés actuellementsont devenus trop vulnérables aux attaques des talibans.
Au cours desderniers mois, les forces américaines et de l'Otan ont été attaquées à quatre reprises au Pakistan, soulignant ainsi l'urgence de conclure un accord avec les pays de l'ex Union Soviétique bordant l'Afghanistan à sa frontière nord.
Des négociations sont donc en cours avec le Turkménistan, l'Ouzbékistan,le Tadjikistan, des pays appelés, dans un futur proche, à accepter lepassage de troupes et de carburants.
Le protocole, qui serait à deux doigts d'être signé, fait suite à un accord passé avec Moscou cette année et qui prévoit l'autorisation de l'utilisation des chemins de fer russes par l'Otan.
L'Allemagne et l'Espagne, qui ont envoyé des troupes dans le nord de l'Afghanistan, ont négocié séparément des accords bilatéraux avec la Russie.
De
s responsables de l'Otan ont annoncé que l'organisation était actuellement en cours de négociation avec l'Ukraine et la Biélorussie.
Le
s discussions visent à autoriser le passage de convois de l'Otan sur des routes qui éviteront le Pakistan et les pirates du Golf d'Aden.
Les officiels chargés des négociations ont pu mettre à leur profit une attaque perpétrée dimanche 7 décembre sur une route de transit au Pakistan pour faire avancer les discussions.

Lundi 8 décembre, une deuxième attaque a détruit, sur cette même route, cinquante conteneurs
destinés aux hommes de l'Otan d'Afghanistan.
Une semaine auparavant, 22 camions chargés de nourritures avaient également été réduits au néant. En tout, ce sont 145 véhicules, remorques, conteneurs et transporteurs de troupes blindés qui ont été
détruits ces derniers temps selon la police.
Toutefois, un porte-parole des troupes britanniques a affirmé que ce qui a été détruit est insignifiant et que l'Otan ne manque de rien sur place.
Des observateurs indépendants ont porté un jugement moins optimiste.Amyas Godfrey, chercheur basé à Londres, a qualifié de « succès » les attaques. Pour lui, la propagande et les actes ont atteint
leurs cibles, mettant un peu plus la pression sur la relation américano-pakistanaise.
Washington se préoccupe aujourd'hui de savoir si ces attaques répétées contre les convois vont ou non affecter les troupes. Selon Daniel Marker, ancien fonctionnaire du Département d'Etat américain, « il y a certainement un talon d'Achille sur le terrain d'action en Afghanistan ».
Face à une telle situation, le Pakistan est susceptible de subir des pressions de plus en plus grandes afin qu'il fournisse d'avantage d'hommes pour protéger les dépôts et les convois.
Plus de 70% des fournitures destinées aux hommes de l'Otan en Afghanistan transitent actuellement par le Pakistan.
Et Condoleeza Rice n'a pas du se priver de le rappeler lors de sa dernière visite au Pakistan, à la suite des attentats de Bombay.
Guysen Israël News : Julien Bahloul 

Mardi 9 décembre 2008 à 18:31
http://www.guysen.com/articles.php?sid=8643


3-4 Guantanamo  : Les dossiers.

Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage certaines analyses ou point de vue des auteurs, mais doit être vu comme information

1 Paul Craig Roberts : Le gouvernement US n'a pas le monopole de l'hypocrisie, mais aucun autre gouvernement ne lui arrive à la cheville.

Les Etats-Unis se déclarent au-dessus des lois

 Torture : le ministre de la Justice confirme qu'il n'y aura ni poursuites, ni enquête...

Il est à présent parfaitement établi et connu du monde entier que le gouvernement US a torturé des détenus à Abu Ghraib et Guantanamo et que le gouvernement US a enlevé et « remis » des personnes, c'est-à-dire qu'il les a envoyées dans des pays du tiers mondes, comme l'Egypte, pour y être torturées.

Il est aussi parfaitement établi et documenté que le ministère de la Justice a rédigé des mémos pour justifier la torture des détenus. Un promoteur de la torture, et auteur de ces mémos qui ont autorisé le régime de Bush à y recourir, s'appelle John Yoo, un immigré d'origine vietnamienne qui, d'une manière ou d'une autre, a réussi à entrer au ministère de la Justice et trouver un poste de professeur à l'Université de Californie, Berkeley, au Boalt Hall School of Law. John Yoo est un des meilleurs arguments contre l'immigration que je connaisse.

Certains membres du Conseil municipal de la ville de Berkeley pensent que Yoo devrait être inculpé pour crimes de guerre. Le gouvernement US a déjà inculpé pour crimes de guerre des personnes bien moins coupables que Yoo. Yoo a aidé le régime de Bush à contourner les interdictions de torture formulées à la fois dans notre propre loi que dans les Conventions de Genève.

Le contournement de la loi, imaginé par Yoo pour le régime sadique de Bush, fut interrompu par la Cour suprême des Etats-Unis qui a rejeté les arguments de Yoo, et le mémo de Yoo fut annulé par le ministère de la Justice. Néanmoins, l'incompétence manifeste de Yoo en matière de droit constitutionnel, qui dans ce cas précis est total, n'a eu aucun effet sur son poste de professeur de droit constitutionnel à Berkeley. On peut imaginer les dégâts qu'il est en train de provoquer en enseignant à de futurs cadres et fonctionnaires que la torture est compatible avec la Constitution. Combien souffriront des conséquences de l'enseignement de cet ignare ?

Mais je m'égare. Au moment même où le gouvernement des Etats-Unis pratiquait la torture, le même gouvernement des Etats-Unis poursuivait le fils de Charles Taylor, ancien dirigeant du Libéria, pour torture sur des opposants politiques. Le gouvernement US n'a pas invoqué le mémo de Yoo pour justifier la torture pratiquée par le Libéria contre tous ceux qui cherchaient à renverser le régime où commettre des actes de terrorisme contre lui. Pour le gouvernement des Etats-Unis, le gouvernement Libérien n'a pas le droit de pratiquer la torture pour se défendre. Seule une « nation indispensable » comme les Etats-Unis a le droit de torturer ceux qu'elle imagine être une menace.

J'utilise le terme « imagine » parce qu'environ 99 % des détenus torturés par l'Amérique étaient totalement innocents et avaient été raflés au hasard ou vendus par des chefs de guerre comme des « terroristes » aux stupides américains. (Le gouvernement US offrait des récompenses, comme au temps du Far-West. Le résultat fut que les chefs de guerre en Afghanistan et au Pakistan ramassaient n'importe qui dont la tête ne leur revenait pas et les vendaient aux Américains comme des « terroristes ».)

Selon Carrie Johnson, journaliste au Washington Post, le 30 octobre 2008, un jury fédéral de Miami a déclaré le fils de Charles Taylor, Chuckie, coupable de torture. Chuckie sera condamné en janvier par les indispensables américains pour torture, conspiration et infraction à la législation sur les armes. Il pourrait passer le reste de sa vie en prison.

Au moment même où se déroulait le procès de Chickie, le régime de Bush était en train de pratiquer la torture.

Le Washington Post écrit que la condamnation de Chuckie constitue « le premier test pour la loi américaine qui autorise les procureurs à poursuivre ceux coupables de torture commise à l'étranger. » En d'autres termes, la loi US contre la torture s'applique au monde entier, à tous les autres pays à l'exception des Etats-Unis. La démesure de la chose est inimaginable : aucun pays n'a le droit de torturer, sauf les Etats-Unis.

Tous ceux qui torturent écoperont d'une peine de prison à vie ou, comme pour Saddam Hussein, seront pendus jusqu'à ce que mort s'ensuive.

C'est super d'être américain. Nos lois ne s'appliquent qu'aux autres. C'est ça, lorsqu'on est le phare du monde, la puissance par excellence, le sel de la terre.

La pauvre Carrie Johnson et ses chefs du Washington Post n'y voient aucune ironie ou contradiction. Johnson écrit dans le Washington Post que les procureurs US « ont accusé Taylor d'avoir pris part à des atrocités et d'avoir ordonné à des subordonnés de torturer leurs victimes avec... des appareillages électriques, entre 1999 et 2002. » Cette accusation recouvre pratiquement exactement l'époque où des instructions ont été données par Bush, ou Cheney, ou Yoo, ou le ministère de la Défense, ou par je ne sais qui, à des subordonnés pour torturer ceux détendus par les Etats-Unis à Abou Ghraib, Guantanamo, et différents sites de détention de la CIA. Mais tout le monde connait la photo de l'Irakien encagoulé debout sur une caisse en bois et attaché à des fils électriques.

Si seulement les lois américaines s'appliquaient au gouvernement américain. Alors les criminels qui ont dirigé ce pays pendant 8 ans seraient poursuivis pour leurs violations ouvertes des lois en vigueur dans ce pays. Evidemment, ce gouvernement hautement moral est trés au-dessus des lois. Les lois US ne s'appliquent qu'aux nations « dispensables ». Les Etats-Unis n'ont pas à répondre devant la loi, pas à leurs propres lois, encore moins aux lois internationales. Le ministre de la justice Michael Mukasey a confirmé que le gouvernement des Etats-Unis était au dessus des lois lorsqu'il a déclaré, devant la Commission Judiciaire du Sénat, qu'il n'y aurait aucune enquête ou poursuite contre les officiels du régime de Bush qui ont autorisé la torture ni contre ceux qui se sont livrés à ces actes sadiques.

Le gouvernement US, le gouvernement de cette grande nation indispensable, n'a pas de comptes à rendre. Les puissants agissent selon leur volonté. Les faibles souffrent selon la nécessité.

Paul Craig Roberts –

Information Clearing House

9 décembre 2008 –

article original : "Bush Regime Declares Itself Above the Law"

Traduction VD pour le Grand Soir

http://www.info-palestine.net

Mercredi 10 Décembre 2008 http://www.alterinfo.net/Les-Etats-Unis-se-declarent-au-dessus-des-lois_a26949.html?PHPSESSID=bd633780c91238795ef0f7bc764b2d6a


2 Abou Ghraïb et Guantanamo : Rumsfeld accusé de mauvais traitements.
En règle générale, dans tous les pays du monde, et quelle que soit la faute commise, c'est la responsabilité collective, autrement dit celle du gouvernement, qui est mise en cause. On se rappelle du scandale de la prison américaine de Abou Ghraïb, en Irak, où des détenus irakiens avaient subi des mauvais traitements.

Eh bien, vient-on d'apprendre, un seul homme en est responsable. L'ancien secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, ainsi que d'autres hauts responsables de l'administration Bush ont été jugés responsables de ces mauvais traitements, selon un rapport du Sénat américain. « L'accord de Rumsfeld pour le recours à des techniques d'interrogatoire agressives à la base (américaine) de Guantanamo (Cuba) a été une cause directe pour que des détenus subissent des mauvais traitements là-bas et a influencé et contribué à l'emploi de techniques menant à de mauvais traitements (...) en Afghanistan et en Irak », indique le rapport, publié jeudi. Le rapport relève que Donald Rumsfeld a autorisé des techniques d'interrogatoire dures à Guantanamo, le 2 décembre 2002, tout en faisant des déclarations les excluant un mois plus tard. « Le message des hauts responsables était clair : il était acceptable d'utiliser des procédures dégradantes et des abus contre les détenus », a déclaré le sénateur démocrate Carl Levin, président de la Commission des forces armées du Sénat, qui a élaboré ce rapport qui a aussi critiqué « la tentative des hauts responsables de faire porter le chapeau à des subalternes en évitant toute responsabilité dans les mauvais traitements. »

La commission a centré ses quelque deux années d'enquête sur l'utilisation, par le ministère de la Défense, de techniques controversées d'interrogatoire, comme l'obligation de se tenir dans des positions stressantes, la nudité, la privation de sommeil ou la simulation de noyade. Ces méthodes « ont nui à notre capacité à recueillir des renseignements exacts qui pouvaient sauver des vies, ont renforcé nos ennemis et compromis notre autorité morale », indique le rapport, dont la plus grande partie est classée « Secret défense ». La commission sénatoriale conclut que ces techniques d'interrogatoire agressives (jusqu'en 2003) utilisées par la CIA et les militaires américains ont été directement adaptées des techniques d'entraînement utilisées pour préparer les membres des forces spéciales à résister aux interrogatoires d'ennemis qui tortureraient et commettraient des abus sur les prisonniers. Elle indique, par ailleurs, que de hauts responsables de l'administration, dont Condoleezza Rice, ex-conseillère à la sécurité nationale, devenue ensuite secrétaire d'Etat, ont participé à des réunions sur les techniques d'interrogatoire durcies dès le printemps 2002. « Cette politique allait dans le mauvais sens et ne devra jamais être remise en œuvre », a conclu, sans appel, John McCain. L'usage de méthodes coercitives a eu pour origine un document signé du président George W. Bush du 7 février 2002, selon lequel les règles de la Convention de Genève sur un traitement humain des prisonniers ne s'appliquaient pas aux détenus du groupe islamiste Al-Qaïda ni aux taliban, selon le rapport. Quelle suite sera réservée à ce rapport ? Telle est la question qui vient à l'esprit, même si pour beaucoup, les auteurs du rapport auraient peut-être dû étayer leurs conclusions, puisqu'en ce qui concerne les prisons américaines en Irak, certaines déclarations mettaient en cause la chaîne de commandement. Son chef était Donald Rumsfeld qui a été remplacé au poste de secrétaire à la Défense. En tout état de cause, de telles révélations sont graves.

Par T. H.

http://www.elwatan.com/Donald-Rumsfeld-accuse-de-mauvais


3 Philippe Grangereau : Mohamed al-Kahtani, torturé pendant 49 jours et devenu fou.

Un rapport du Sénat américain affirme que le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld a «transmis le message selon lequel les détenus devaient être soumis à des pressions physiques et des humiliations».

C'est ici, à Guantanamo Bay, que les méthodes de torture ordonnées par le Secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld ont été appliquées en premier. L'homme qui a servi de cobaye à ce «premier plan d'interrogation spécial»: Mohamed al-Kahtani, un homme d'affaires saoudien soupçonné d'avoir tenté d'entrer aux Etats-Unis en 2001 afin de devenir l'un des pirates de l'air du 11-Septembre.

Il a été torturé pendant 49 jours, du 23 novembre 2002 au 11 janvier 2003, à raison de 20 heures par jour. Il a été soumis à de longues périodes de privation de sommeil, placé nu dans des chambres froides, sexuellement humilié, menacé avec des chiens, traîné en laisse à quatre pattes, bombardé de musique… tandis que des médecins lui injectaient des produits pour qu'il se tienne en éveil plus longtemps.

Il est pratiquement devenu fou. Tant et si bien que des enquêteurs militaires du Département américain de la Défense ont estimé, en 2006, qu'il serait «impossible» de juger al-Kahtani en raison du traitement qu'il a subi. De fait, il a été inculpé, puis tous les chefs d'inculpation à son encontre ont été abandonnés en mai 2008 sans explication.

Donald Rumsfeld, qui aurait été «personnellement impliqué» dans  son interrogatoire, a été accusé jeudi d'avoir été responsable au premier chef des mauvais traitements et des tortures infligés aux détenus par les militaires à Guantanamo Bay, Abou Graib (Irak) et d'autres centres de détention de par le monde.

«Exploiter» les prisonniers

Un rapport publié par le sénat américain l'affirme, en soulignant que contrairement aux assurances de l'administration Bush, les abus subis par les prisonniers à Abou Graib «n'étaient pas simplement le fait de quelques soldats agissants de leurs propre initiative», mais relevaient bien au contraire d'une ligne de conduite fixée par Rumsfeld «qui a transmis le message selon lequel les détenus devaient être soumis à des pressions physiques et des humiliations».

Le rapport est le résultat d'une enquête de 18 mois initiée par le sénateur démocrate du Michigan Carl Levin et le sénateur républicain et ancien candidat à la présidence John McCain. Celui-ci a été prisonnier de guerre au Vietnam où il fut torturé dans les années 60, et s'est très tôt élevé contre les méthodes de Rumsfeld. Celui-ci a fait savoir au travers d'un de ses porte-parole qu'il trouvait cet accablant rapport «sans fondements». Rumsfeld accuse en outre McCain et Levin d'être «irresponsables» en publiant un rapport qui «fait croire à des millions de gens dans le monde que les Etats-Unis cautionnent la torture».

On apprend dans ce rapport que l'armée a appliqué les méthodes qui avaient été élaborée par celle-ci pour entraîner ses soldats à résister aux interrogatoires du KGB soviétique et de la Chine pendant la Guerre de Corée, dans les années 50. Parmi celles-ci, le supplice de la baignoire. Ce qui revient donc à dire que les méthodes étaient les mêmes que celles du KGB. Des responsables de ce programme appelé «Survie, évasion, résistance, fuite (SERE)» ont formé les interrogateurs afin, selon leurs propres mot d'«exploiter» les prisonniers.

Ce rapport public de 29 pages n'est qu'un extrait d'un document beaucoup plus long, classé «top secret». Il n'évoque que le rôle de l'armée, qui a officiellement récusé ces méthodes après le scandale d'Abou Graib, mais pas la CIA, qui est toujours autorisée aujourd'hui à employer le supplice de la baignoire.

Philippe Grangereau, envoyé spécial à Guantanamo Bay

http://www.liberation.fr/monde/0101305127-mohamed-al-kahtani-torture-pendant-49-jours-et-devenu-fou



4 Courrier des lecteurs & trouvé sur le net & témoignage

Ndlr :La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information

4 -1 14 membres présumés d'Al-Qaeda interpellés en Belgique.

D'après le parquet fédéral, l'un d'entre eux était sur le point de commettre un attentat-suicide au Pakistan, en Afghanistan... ou à Bruxelles.

La police judiciaire belge a interpellé jeudi matin 14 personnes suspectées d'appartenir à Al-Qaeda. Parmi eux se trouvait un homme qui, d'après le parquet, semblait être sur le point de commettre un attentat-suicide.

«Nous ne savons pas où cet attentat-suicide était envisagé, il pourrait s'agir d'une opération au Pakistan ou en Afghanistan, mais il ne pouvait être totalement exclu que la Belgique ou l'Europe puissent avoir été une cible», a déclaré à la presse le procureur fédéral belge Johan Delmulle peu avant l'ouverture du sommet de l'Union européenne ce jeudi à Bruxelles.

Selon des informations très récentes parvenues aux enquêteurs, le suspect avait «reçu le feu vert pour exécuter une opération dont il estimait qu'il ne reviendrait pas» et «avait dit adieu à ses proches, parce qu'il voulait aller au paradis avec la conscience tranquille».

«Ces informations, liées au fait que le sommet européen se déroule en ce moment à Bruxelles ne laissaient évidemment pas d'autres choix que d'intervenir aujourd'hui», a ajouté le procureur, qui a indiqué que 242 policiers avaient pris part à 16 perquisitions à Bruxelles et à une à Liège.

L'enquête, décrite comme «la plus importante» sur le terrorisme en Belgique, est liée à un groupe d'islamistes belges ayant suivi des entraînements ou participé à des combats dans la zone Afghanistan-Pakistan, en liaison avec des «personnes importantes» d'Al-Qaeda, selon le parquet fédéral. Ouverte depuis décembre 2007, elle a «probablement permis d'éviter la mise à exécution d'un projet d'attentat à Bruxelles» à la fin de l'an dernier, a expliqué le procureur fédéral.

(Source AFP)

http://www.liberation.fr/monde/0101304861-14-membres-presumes-d-al-qaeda-ont-ete-interpelles-en-belgique



5 Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information

5-1 John Lloyds : Yes we can : Les Etats-Unis se préparent à étendre la guerre.

Le 3 décembre, le vice président de la Douma Jirinovski a déclaré « … à cause de la crise financière et économique mondiale, les Etats-Unis et l'Occident en général étant incapables d'en sortir sans guerre » et a prédit « toute une série de guerres ». Les rumeurs circulaient déjà en novembre, mais les récentes nominations l'ont confirmé : c'est bel et bien une équipe belliqueuse qu'Obama dévoile jours après jours. Bush vient de nous faire verser des larmes en déclarant qu'il n'était pas prêt pour la guerre à son début de mandat, mais il semble que son successeur ait comblé la lacune : au grand regret de son électorat humaniste, pas de quêteurs de la croix-rouge dans l'équipe Obama, un rappel des anciens faucons, autrement dit une rigoureuse continuité de la politique étrangère.

Les attentats terroristes de Mumbaï ont suscité la très révélatrice ironie russe de Jirinovski : « Les attentats de Mumbai nous montrent le vecteur de la politique ultérieure des Etats-Unis ». L'article poursuit : « Selon le leader du LDPR, il n'y a pas de terroristes dans le monde, mais tous les attentats sont provoqués par des services secrets dans tel ou tel pays.

Et d'ajouter que le terrorisme se retire d'Irak et d'Afghanistan et se développe en Afrique du Nord, en Inde et plus loin en Indonésie ».

Certaines mauvaises langues prétendent que le gouvernement indien aurait donné un coup de pouce aux terroristes, l'ironie russe sous-entend-elle complicité indo-étatsunienne ?

La brève ne le dit pas. Nul doute que nous serons éclairés rapidement, puisque les Etats-Unis se sont empressés de s'investir dans l'enquête, comme l'a publié le Times en Inde : « unprecedented intelligence cooperation involving investigating agencies of India, United States, United Kingdom and Israel ».

Obama s'est exprimé sur la question, en résolutions à peine voilées : "The situation in Afghanistan has been worsening. The situation in South Asia as a whole and the safe havens for terrorists that have been established there, represent the single most important threat against the American people ... We're going to have to mobilize our resources and focus our attention on defeating al Qaeda, (Osama) bin Laden, and any other extremists groups that intend to target American citizens ... I can tell you that my administration will remain steadfast in support of India's efforts to catch the perpetrators of this terrible act and bring them to justice. And I expect that the world community will feel the same way". On constatera avec délice que le rêve américain n'a pas perdu une once de ses prétentions en s'octroyant le rôle de grand protecteur du monde : "Not only to keep America safe but also to ensure that peace and prosperity continue around the world".

Non seulement les dés semblent donc déjà jetés en ce qui concerne le Pakistan, mais l'affaire est également déjà verrouillée pour son voisin, l'Afghanistan. Il était temps que la nouvelle administration vienne redonner un second souffle au bourbier afghan. La presse officielle s'était bien gardée de s'étendre sur la déconfiture de l'Otan dans cette région, l'affaire était déjà pliée, la coalition sur le point de rentrer la queue entre les jambes : Un journaliste indépendant venait de rapporter que les talibans avaient repris le contrôle de la plus grande partie du pays et n'était plus qu'à 20 km de Kaboul. Qu'à cela ne tienne, maintenant Robert Gates envisage d'envoyer 15000 hommes supplémentaires en Afghanistan.

Mais l'attention de la nouvelle équipe s'est plus particulièrement portée sur le grand Satan. Le conseiller d'Obama, Dennis Ross, s'est prononcé pour une option dure vis-à-vis de l'Iran, anticipant les procédés habituels de Téhéran pour gagner du temps. Par l'intermédiaire d'une nouvelle organisation, l'UANI (United Against Nuclear Iran), il reprend les travaux du BPC (Bipartisan Policy Center) qui avait élaboré un rapport appelé le « Coats-Robb report ». Celui-ci préconisait une frappe massive sur l'Iran  baptisée « kinetic action » :

"the attacks would target Iranian air defense and missile sites, communications systems, Revolutionary Guard facilities, key parts of Iran's military-industrial complex, munitions storage facilities, airfields, aircraft facilities, and all of Iran's naval facilities. Eventually, they say, the United States would also have to attack Iran's ground forces, electric power plants and electrical grids, bridges, and "manufacturing plants, including steel, autos, buses, etc"

Est-ce pour cette raison que l'Iran bombe le torse et
multiplie les démonstrations militaires ?

On peut déjà deviner les "conseils" de cet ancien collaborateur de Wolfowitz (dont on ne fera pas les présentations) auprès d'Obama. Dennis Ross « a soutenu l'invasion de l'Irak et, au cours de la campagne présidentielle 2008, il a à plusieurs reprises collaboré avec des écrivains proches de l'American Entreprise Institute (AEI), le lobby néo-conservateur artisan de la ligne dure contre l'Iran. Ross a également servi de co-animateur du WINEP pour le Groupe de travail présidentiel sur l'avenir des relations US-Israël qui a délivré un rapport 2008 sur le « renforcement du partenariat : comment approfondir la coopération Etats-Unis/Israël face au défi nucléaire iranien » ». Le retrait d'Irak projeté par l'administration américaine avait l'allure pacifique, il prend plutôt l'allure d'un redéploiement, d'autant que l'avenir des bases militaires américaines n'est l'objet d'aucun calendrier.

Le déploiement militaire est également prévu à l'intérieur des Etats-Unis. Le 20 novembre, des rumeurs de mobilisation se sont répandues sur la toile. Le 1er décembre, le Washington post a annoncé : "The U.S. military expects to have 20,000 uniformed troops inside the United States by 2011 trained to help state and local officials respond to a nuclear terrorist attack or other domestic catastrophe, according to Pentagon officials". "Domestic catastrophe" ? Doit-on entendre des émeutes ? Il est vrai que le rapport Citigroup n'est pas réjouissant : "Citigroup said the blast-off was likely to occur within two years, and possibly as soon as 2009.".

Ainsi que l'a dit le conseiller russe, la guerre semble être la politique de fuite en avant des Etats-Unis devant la crise économique. Assurément, il peut le faire.

John Lloyds

4 décembre 2008


5-2 Syed Saleem Shahzad : Ce que l'OTAN n'a pas compris.

Afghanistan, Pakistan, l'irruption des « néotalibans »

L'attentat du 20 septembre contre l'hôtel Marriott d'Islamabad a provoqué la mort d'une soixantaine de personnes.

Cette attaque, comparée par les autorités pakistanaises au 11-Septembre, pourrait marquer un tournant dans l'histoire du conflit dans la région.

Le président Bush a autorisé les opérations terrestres contre des bases talibanes au Pakistan et ce pays devient le terrain principal de la « guerre contre le terrorisme ».

Pourtant, cette extension du conflit, qui n'est pas sans rappeler la décision américaine des années 1970 d'étendre la guerre du Vietnam au Cambodge, a peu de chances de déboucher sur une victoire. Non seulement elle soulève l'opposition de la grande majorité des Pakistanais, mais elle se heurte à une stratégie régionale particulièrement audacieuse des « néotalibans ».

La guerre du pouvoir pakistanais contre les organisations actives sur le territoire du Cachemire indien a provoqué l'évacuation des camps de militants installés au Cachemire pakistanais, à partir de 2003. Ces combattants ont progressivement migré vers les zones tribales des Waziristans nord et sud, près de la frontière afghane. Ils avaient été formés, dans les années 1990, aux techniques les plus modernes de la guérilla urbaine par la cellule « Inde » de l'Inter-Services Intelligence (ISI), les services secrets pakistanais. Ils étaient encadrés par un petit nombre d'officiers qui, après le revirement du président Pervez Moucharraf et son alignement sur la politique de Washington dans la foulée du 11 septembre 2001, ont démissionné de l'armée.

Cette migration a fait évoluer de façon décisive la guérilla des tribus afghanes en lutte contre l'occupation de leur pays. Elle l'a transformée en une action militaire sophistiquée inspirée de la stratégie des « trois pas » du général vietnamien Vo Nguyên Giáp, le vainqueur de la bataille de Diên Biên Phu (1954) contre les Français et de la guerre contre les Etats-Unis : une attaque massive au printemps 2008, suivie d'une série d'attaques isolées, prenant pour cibles des postes de sécurité et des personnels ennemis ; puis, troisième et dernière phase, l'extension de l'insurrection aux centres urbains et à la capitale.

Cette révision stratégique s'est accompagnée de l'émergence d'une alliance composée de militants venus des pays arabes et de l'Asie centrale, de l'organisation pakistanaise Tehrik-e-Taliban, dirigée par M. Baitullah Mehsud (accusé d'être l'instigateur de l'attentat contre l'hôtel Marriott à Islamabad qui a fait soixante morts, le 20 septembre dernier) et par un vétéran des luttes contre les forces indiennes, Maulana Ilyas Kashmiri. Ensemble, ils ont élaboré une stratégie militaire pour toute la région afghano-pakistanaise, mais également destinée à s'étendre à l'Inde.

Après le 11-Septembre, tous les groupes islamistes de l'Asie du Sud ont connu des difficultés, notamment en raison (...)

Syed Saleem Shahzad
http://www.monde-diplomatique.fr/2008/10/SALEEM_SHAHZAD/16423 

Ps : la version intégrale de cet article se trouve dans Le Monde diplomatique actuellement en kiosques.


6 Annexe
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information

6-1 Changement dans la continuité ?  

Hillary Clinton au Département d'Etat, Robert Gates à la Défense, James Jones conseiller à la Sécurité nationale et Susan Rice ambassadrice à l'Onu, forment un carré important, déterminant la politique proche-orientale des Etats-Unis. Des nominations qui semblent loin du programme de « changement » prêté à Obama, comme beaucoup d'Arabes espéraient.

Portraits.

Hillary Clinton : 61 ans, ancienne première dame et sénatrice de l'Etat de New York, et surtout l'ex-rivale qui a affronté dans une campagne longue et sans merci Barack Obama à la présidentielle, Hillary Clinton prend la tête de la diplomatie de la future administration américaine.

Un choix étonnant ... puisque la politique étrangère notamment concernant la région du Proche-Orient a été le grand point de discorde entre les deux. C'est le même Barack Obama qui s'était moqué durant la campagne présidentielle de « la prétendue expérience internationale de l'ex-première dame » qui consistait essentiellement, selon lui, « à prendre le thé avec des diplomates américains ». Et c'est aussi Hillary qui l'avait traité de « naïf » et d'«  irresponsable », de commandant en chef qui aurait besoin d'un « manuel d'instructions pour politique internationale  ».

Clinton devient alors la troisième femme dans l'histoire des Etats-Unis à devenir secrétaire d'Etat américaine, après Madeleine Albright sous la présidence de Bill Clinton et Condoleezza Rice à qui elle succédera. Hillary, chef de la diplomatie américaine, est certes un choix dépressif pour le monde arabe pour ses positions très sévères envers la région. On n'oublie pas Hillary, la sénatrice, qui a défendu les opérations militaires en Afghanistan et en Iraq et qu'elle a été la dernière des principaux candidats démocrates à modifier sa position concernant l'Iraq.

Durant sa campagne électorale, Elle se disait décidée à mettre fin à la guerre, mais n'envisageait pas de retrait total. Une option qui se contredit avec la promesse d'Obama d'un retrait très prochain. Elle parlait d'une « politique vigoureuse avec les ennemis de Washington ».

 L'Iran est en tête de liste. Quant au Hamas et au Hezbollah, pour elle, il n'est pas question de dialogue, ils ne sont que des réseaux terroristes.

Sa position envers le processus de paix est beaucoup plus critiquée. Sénatrice, elle a dénoncé la résolution du Conseil de sécurité et des Nations-Unies décrétant l'investigation dans les massacres de Jénine, et elle a œuvré pour la faire tomber.

Son soutien à l'Etat hébreu est clair. C'est elle qui s'est prononcée un jour en faveur d'un transfert de l'ambassade israélienne de Tel-Aviv à Jérusalem. Et en visitant Israël en 2005, elle avait fait l'éloge de ce mur de séparation, ce que jamais un Américain ni même un Israélien n'a osé faire. « Ce n'est pas contre les Palestiniens, mais contre les terroristes, et c'est au peuple palestinien de leur faire changer leur position de terrorisme ». Et au cours de la guerre du Liban de l'été 2006, Hillary Clinton avait tenu à manifester un soutien sans équivoque à l'Etat hébreu : « Nous nous tiendrons au côté d'Israël parce que cet Etat défend les valeurs américaines ainsi que celles israéliennes ».

Aujourd'hui chef de la diplomatie, que peut-on attendre d'elle ? Clinton, la chef de la diplomatie, va-t-elle ôter son masque de sénatrice pour réaliser le programme d'Obama ?

 Roberts Gates, architecte de la stratégie de guerre en Iraq

64 ans, secrétaire à la Défense depuis 2006, ancien directeur de la CIA, Gates va rester toujours à la tête du Pentagone. C'est la première fois qu'un secrétaire à la Défense soit maintenu dans une administration d'un autre bord que le sien. Obama a donc ainsi maintenu Robert Gates dans ses fonctions, alors que les Etats-Unis mènent deux guerres de front en Iraq et en Afghanistan. C'est lui qui connaît la situation, de plus, selon les analystes, il détient le clé de dossier de ces deux guerres. Gates est connu pour être l'architecte de la stratégie de renforts en Iraq, un des succès de l'administration Bush. Le secrétaire à la Défense, Robert Gates est perçu comme « l'antithèse » de son prédécesseur Donald Rumsfeld. Celui-ci a été choisi par George Bush à la fin de 2006 pour succéder au très controversé Rumsfeld pour mettre en œuvre la stratégie d'envoi de 30 000 soldats en renfort en Iraq début 2007, qui a contribué à améliorer la situation en Iraq.

Alors pour Obama, la mission de Robert Gates est « de finir la guerre en Iraq d'une façon responsable ». Gates serait notamment chargé de concrétiser la promesse de retirer les troupes américaines d'Iraq, faite par Obama en 16 mois. En fait, les deux hommes sont pour un retrait des troupes américaines d'Iraq. Dès son arrivée au Pentagone fin 2006, Robert Gates avait séduit le Congrès par sa franchise lorsqu'il avait reconnu lors d'une audition que « non », les Etats-Unis ne gagnaient pas la guerre en Iraq. Il a dénoncé la guerre d'Iraq comme une « calamité stratégique », ainsi que la « militarisation rampante de la politique étrangère américaine ».

Mais le point de divergence dans cette affaire, qu'Obama et Gates sont moins en accord sur le rythme de retrait des troupes d'Iraq. Gates avait déclaré à maintes fois avant sa nomination être opposé à un calendrier rigide de retrait et avait jugé contre-productif de fixer une date de retrait.

Et bien qu'Obama ait répété, la semaine dernière, qu'il entendait respecter son engagement de campagne de « retirer les troupes de combat dans les seize mois », il a aussi dit qu'il suivrait « l'avis des chefs d'état-major ». Alors selon les analystes, le choix de Gates pourrait donner un prétexte à Obama de se dérober facilement de cette promesse de retrait.

Pour l'Afghansitan, Gates a un autre grand rôle. Il devrait superviser le changement de priorité militaire en cours, en faveur de l'Afghanistan, décrété « front de la guerre contre le terrorisme ». En fait, Gates, comme Obama, partage la volonté d'envoyer d'importants renforts en Afghanistan. Il parlait toujours « des moyens et de la stratégie nécessaires pour vaincre Al-Qaëda et les Talibans en Afghanistan ».

James Jones, la double expérience de militaire et de diplomate

64 ans, ancien général du corps des marines, ancien commandant de l'Otan, Jones est nommé conseiller à la Sécurité nationale. Il est supposé être la dernière voix qu'Obama va entendre avant de prendre sa décision.

A la tête du Conseil de sécurité nationale, installé à la Maison-Blanche, il aurait en charge la coordination de la diplomatie et des affaires militaires. Pour Obama, Jones apporterait à cette fonction « la double expérience acquise en tant que militaire et en tant que diplomate ».

Alors que le dossier afghan est une priorité de la nouvelle administration, le général Jones présente l'avantage de connaître parfaitement l'Otan. Commandant au sein de l'Otan, James a tiré la sonnette d'alarme sur la dégradation de la situation en Afghanistan. Il a dit que « l'Otan ne va pas gagner la guerre en Afghanistan, et la guerre américaine en Iraq va faire perdre celle d'Afghanistan ».

Son expérience du Moyen-Orient devrait lui permettre d'occuper une place de choix dans les prises de décisions en matière de politique étrangère. Il connaît bien le dossier israélo-palestinien. Jones avait été nommé l'envoyé spécial des Etats-Unis pour la sécurité au Proche-Orient, par Condoleezza Rice à la suite du lancement du processus de paix d'Annapolis, le 27 novembre 2007. Son rôle était d'aider les Israéliens et les Palestiniens à mettre en place un système de sécurité nécessaire dans le cadre d'un accord de paix. A cet égard, il aurait rédigé, en août dernier, un rapport sur la sécurité dans les territoires palestiniens. Ce rapport a proposé un plan visant à faciliter le retrait israélien des régions de Judée-Samarie évoquées dans la Feuille de route. Il consisterait à envoyer des troupes internationales pour assurer la sécurité dans ces territoires, durant le retrait israélien et jusqu'à ce que l'Autorité Palestinienne soit en mesure d'en prendre le contrôle. Ce qui a suscité les critiques d'Israël, qui ne souhaite pas abandonner cette région.

Pour l'Etat hébreu, en cas de retrait de Judée-Samarie, les populations du centre du pays seraient, à l'instar de celles du sud, vulnérables face aux tirs de roquettes et aux infiltrations terroristes. C'est pour cette raison que les gouvernements israéliens successifs ont souhaité pouvoir conserver certaines prérogatives sécuritaires sur cette région. Il était contre la guerre en Iraq. Jones a remis au Congrès, en septembre 2007, un rapport sur l'état des troupes américaines dans ce pays, où il recommandait de réduire le nombre de soldats. Il a été aussi très critique sur la gestion de la guerre en Iraq par l'administration Bush, qu'il a qualifiée de « débâcle ».

 Susan Rice, la partisane de la manière forte

48 ans, membre du Conseil de sécurité nationale et sous-secrétaire d'Etat adjointe aux Affaires africaines sous l'administration Clinton, Susan Rice est nommée ambassadrice à l'Onu. Susan n'a pas de lien de parenté avec Condoleezza Rice. C'est la deuxième personnalité noire représentant les Etats-Unis à l'Onu, après Andrew Young qui a occupé ce poste à la fin des années 1970.

Au cours de la campagne présidentielle américaine, elle a été l'un des principaux conseillers de Barack Obama sur les questions de politique étrangère.

Spécialiste de l'Afrique, Susan Rice est une fervente partisane de l'action militaire en cas de génocide ou de crimes de masse. Très critique à l'égard de la gestion de la crise au Darfour, elle a plaidé l'année dernière devant le Congrès pour une action militaire contre le gouvernement du Soudan. Elle a appelé à bombarder les aéroports et les institutions militaires soudanaises.

Elle a été aussi pour la guerre en Iraq. Pour elle, « l'utilisation de la force maximale est la solution pour confronter la possession de Saddam Hussein de la force nucléaire ».

Haut diplomate en Afrique lors des attentats à la bombe contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en 1998, elle a l'expérience des dossiers de terrorisme et d'Al-Qaëda.

Le choix comme ambassadrice à l'Onu de Susan Rice, connue pour son franc-parler, à l'instar de son mentor Madeleine Albright, ancienne secrétaire d'Etat de Bill Clinton, pourrait suggérer que la future administration entend instaurer un dialogue de fermeté avec les Nations-Unies.

Rahm Emanuel, l'homme d'Israël à la Maison-Blanche

48 ans, spécialiste universitaire de la communication et député à la Chambre des représentants, Rahm Emanuel, est nommé au poste stratégique de secrétaire général de la Maison Blanche. Les deux hommes représentent l'Illinois et se sont rapprochés lorsque Barack Obama est arrivé à Washington, après avoir été élu sénateur en 2004. Rahm Emmanuel connaît bien la Maison Blanche : il y a travaillé en tant que conseiller politique sous l'administration Clinton, de 1993 à 1998. Il a été à l'origine d'une des images les plus célèbres de la présidence Clinton. Il a supervisé, jusqu'à la chorégraphie, la poignée de mains historique entre Rabin et Arafat lors de la signature, en 1993, des accords de paix d'Oslo.

Le Proche-Orient tient une place cruciale dans le cœur du représentant de l'Illinois. Il possède la citoyenneté israélienne. Son père, Binyamin Emanuel, un pédiatre, est né en Israël et a émigré avec sa famille aux Etats-Unis dans les années 1960.

Le nouveau secrétaire général de la Maiso-Blanche affirme qu'il soutient le lobby pro-sioniste « AIPAC ». C'est lui qui a présenté Obama lorsque ce dernier est allé prononcer un discours devant le public de l'AIPAC. En 1991, lors de la deuxième guerre du Golfe, Rahm Emanuel a servi comme volontaire dans les forces armées israéliennes et parle couramment l'hébreu. Il servait comme mécanicien, auprès d'un bureau de recrutement de Tsahal. Durant deux mois, il a réparé des blindés près de la frontière libanaise.

Emanuel est aussi un faucon proéminent en ce qui concerne Israël, attaquant l'Administration Bush lorsqu'elle s'est permis de critiquer les politiques d'assassinats et de violations des droits humains par Israël. Il a aussi été un défenseur proéminent des attaques d'Israël contre le Liban, allant même jusqu'à remettre en cause la crédibilité d'Amnesty International et d'autres organisations de défense des droits de l'homme, qui ont rapporté les violations israéliennes du droit international humanitaire. Sa nomination a suscité l'enthousiasme de journaux israéliens. Maariv le présente comme « notre homme à la Maison-Blanche », et qui « va influer sur le président pour qu'il soit pro-israélien. Peut-il laisser sa conscience hors de la Maison-Blanche ? ».

Aliaa Al-Korachi –

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 10 au 16 décembre 2008, numéro 744 (Evènement)

http://www.info-palestine.ne

thttp://www.alterinfo.net/Obama-Guerroyer-jusqu-a-2030_a27017.html?PHPSESSID=8a87a7fe97c7e40c8c23e77849306fae


6-2 Illusions guerrières, par Robert Fisk

Au début de cet autre voyage vers la nuit qu'est « Au cœur des ténèbres », Conrad décrit une canonnière qui s'obstine dérisoirement à bombarder la jungle impénétrable d'une côte africaine. Impuissance des puissantes nations, constate Robert Fisk. Deux siècles après l'aventure coloniale, l'occident est à nouveau victime de la même illusion et du même mensonge : ceux d'une mission civilisatrice dont les hauts faits s'écriraient à la pointe du fusil. Mais la victoire annoncée comme acquise en 2001 en Afghanistan se dérobe toujours plus, tout aussi insaisissable qu'elle l'était hier pour l'armée Soviétique ou aujourd'hui en Irak pour les USA. Il faut le répéter, encore et toujours. La guerre n'est pas la solution. La guerre c'est le problème.

Pauvres Algériens ! Leur gouvernement brutal leur sert encore la même soupe qu'en 1997. Celle année là, le pouvoir avait annoncé la « victoire finale » sur le terrible ennemi islamiste. A au moins trois reprises, j'ai rendu compte - non sans une certain ironie, bien sûr - que les autorités algériennes estimaient que leurs ennemis avaient finalement été vaincus car les « terroristes » étaient désormais si désespérés qu'ils décapitaient chaque homme, femme et enfant dans les villages qu'ils parvenaient à occuper dans les montagnes environnant Alger et d'Oran.

Et le voilà qui recommence. Après la résurgence des attentats à la voiture piégée organisés par leurs ennemis de la nouvelle organisation nommée « Al-Qaïda au Maghreb », le gouvernement décrépit du FLN a annoncé la « phase terminale » dans sa lutte contre les islamistes armés. Comme l'a écrit récemment avec beaucoup esprit le journaliste algérien Hocine Belaffoufi, « selon ces déclarations ... l'augmentation des attaques constitue une preuve indéniable de la défaite du terrorisme. Plus le terrorisme s'effondre, plus les attaques augmentent ... donc plus il deviendra fort, moins il y aura d'attaques. »

On nous a également infligé depuis des années ces mêmes non-sens sur la situation dans le sud-ouest Asiatique. Tout d'abord, en 2001, nous avions gagné la guerre en Afghanistan en renversant le régime talibans. Puis nous nous sommes remis en mouvement pour gagner la guerre en Irak. Aujourd'hui - avec au moins un attentat suicide à la bombe par jour et une nation divisée en enclaves confessionnelles antagonistes - nous avons gagné la guerre en Irak et revenons sur nos pas pour re-gagner la guerre en Afghanistan où les talibans - complètement battus par nos gars il y a sept ans - ont démontré l'ampleur de leur faillite morale et politique en reconquérant la moitié du pays.

L'époque semble fort lointaine où Donald « ces choses arrivent » Rumsfeld déclarait : « Un gouvernement a été mis en place (en Afghanistan), et les islamistes ne font plus la loi à Kaboul. Il y a bien sûr de temps en temps un jet de grenade à main, un tir de mortier - mais à New York et à San Francisco, des gens meurent aussi. Quant à moi, je suis plein d'espoir. » Etrangement, dans les années quatre-vingt, j'avais entendu un général soviétique tenir exactement les mêmes propos sur la base aérienne de Bagram en Afghanistan - oui, cette base aérienne de Bagram, où les hommes de la CIA ont torturé à mort quelques-uns des Afghans qui avaient auparavant échappé aux massacres Russes. Ce pimpant général nous assurait que seuls restaient dans les montagnes afghanes quelques « terroristes résiduels ». Les soldats Afghans, avec l'aide de l' « intervention » limitée des forces soviétiques, restauraient la paix et la démocratie en Afghanistan.

Et maintenant ? Après les progrès « inimaginables » effectués en Irak - je cite l'humoriste qui occupe encore la Maison Blanche - les Américains vont extraire 8000 soldats de Mésopotamie et en déverser 4700 sur les flammes infernales de l'Afghanistan. Trop peu, trop tard, trop lentement, commente sur un ton acide l'un de mes collègues français. Il faudrait au moins 10 000 soldats supplémentaires pour espérer venir à bout de ces diables de talibans qui sont maintenant équipés avec des armes plus sophistiquées, mieux formés et de plus en plus - amer constat - tolérés par la population civile locale. Pour comprendre l'Afghanistan, voir : Irakistan.

A la fin du 19e siècle, les talibans - oui, les Britanniques appelaient aussi à l'époque leur ennemis enturbannés de noir les « Talebs » - égorgeaient les soldats britanniques capturés. Aujourd'hui, cette fâcheuse tradition se répète - et nous en sommes surpris ! Deux soldats américains capturés lorsque les talibans ont fait irruption dans leur base située dans les montagnes le 13 Juillet dernier ont été exécutés par leurs ravisseurs.

Et aujourd'hui il s'avère que quatre des 10 soldats français tués en Afghanistan le 18 août se sont rendus aux talibans, et ont été presque immédiatement exécutés. Leur interprète a apparemment disparu peu de temps avant le début de la mission. Les deux hélicoptères français qui auraient pu contribuer à renverser la situation étaient trop occupés à protéger Hamid Karzai, ce président Afghan sans pouvoir, pour intervenir pour leurs propres soldats. Un militaire français a décrit les talibans avec une franchise brutale : « ce sont de bons soldats, mais des ennemis sans pitié. »

Le général soviétique de Bagram a maintenant un successeur en la personne du général David McKiernan, le commandant en chef pour les États-Unis en Afghanistan, qui a fièrement annoncé le mois dernier que les forces américaines avaient tué entre 30 et 35 talibans lors d'un raid sur Azizabad près de Herat. « A la lumière des nouveaux éléments de preuve relatifs (sic) aux victimes civiles dans cette ... opération de contre insurrection » l'infortuné général déclare aujourd'hui qu'il estime « prudent » - un autre gros sic ici - de reprendre son enquête. Les éléments de preuve « relatives », bien sûr, indiquent que les Américains ont probablement tué 90 personnes dans Azizabad, pour la plupart des femmes et des enfants.

Nous - nous, car il faut être franc et reconnaître notre rôle dans cette triste alliance de l'OTAN en Afghanistan - avons tué plus de 500 civils afghans durant cette seule année. Y compris lors de cette frappe de missiles de l'OTAN sur une cérémonie de mariage en juillet, où nous avons réduit en charpie 47 invités dans le village de Deh Bala.

Et malgré tout Obama et McCain croient vraiment qu'ils vont gagner en Afghanistan - avant, j'imagine, de précipiter à nouveau leurs soldats en Irak lorsque le gouvernement de Bagdad s'effondrera. Ce que les Britanniques ne pouvaient faire au 19ème siècle, ce que les Russes ne pouvaient faire à la fin du 20ème siècle, nous allons le réaliser au début du 21 siècle, en étendant notre horrible guerre au Pakistan doté de l'arme nucléaire, juste pour faire bonne mesure. Illusions, encore.

Joseph Conrad, qui avait compris l'impuissance des nations puissantes, aurait certainement su écrire quelque chose à ce sujet. Oui, nous avons perdu après avoir gagné en Afghanistan et maintenant, nous allons perdre en tentant de vaincre à nouveau. Ces choses arrivent.

Robert Fisk, The Independent,


6-3 Robert Fisk : Trente ans plus tard, qu'avons-nous appris ?
Combattants avec les milices des Talibans sur une colline à Maydan Shahr dans la province de Wardak, à l'est de KaboulJe suis sur le toit du vieux Central Hôtel - ascenseur décoré en style pharaonique, jus de pomme imbuvable, thé vert sublime et gardes tadjikes armés à la porte d'entrée - j'ai vue sur le soir de Kaboul d'un rouge fumées.

Le fort de Bala Hissar luit dans le crépuscule ; portails massifs, grand donjon où l'armée britannique aurait dû déménager ses hommes en 1841. Elle a préféré y loger le roi et se construire un humble cantonnement dans la plaine sans défense, ce qui a entraîné une « catastrophe majeure ».

Comme des oiseaux automatiques, les cerfs-volants volent au-dessus des toits. Oui, les enfants font voler leurs cerfs-volants à Kaboul, mais sans Hollywood. La nuit, le bruit sourd des Sikorsky étasuniens et le chuchotement des F-18 volant à haute altitude envahissent ma chambre. Les États-Unis d'Amérique règlent les comptes de George Bush avec les "terroristes » qui essaient de renverser le gouvernement corrompu de Hamid Karzaï.

Retournons près de 29 ans en arrière : je suis sur le balcon de l'Hôtel intercontinental, de l'autre côté de cette ville formidable, froide, brumeuse. Personnel impeccable, bière polonaise glacée au bar, police secrète dans le hall d'entrée. Troupes russes parquées dans la cour avant. Le Fort Hissar brille à travers la fumée. Les cerfs-volants - il semble que la couleur favorite soit le vert - volent au-delà des arbres. La nuit, le bruit sourd des hélicoptères Hind et le chuchotement des MIGs volant à haute altitude envahissent ma chambre. L'Union soviétique règle les comptes de Léonid Brejnev avec les terroristes qui essayent de renverser le gouvernement corrompu de Barbrak Karmal.

À 30 km au nord, à cette époque, un général soviétique nous a parlé de la victoire imminente sur les « terroristes » des montagnes, « vestiges » impérialistes - expression utilisée immanquablement par la radio communiste de Kaboul - qui étaient soutenus par l'Amérique, l'Arabie Saoudite et le Pakistan.

Accélérons jusqu'en 2001 - il y a seulement sept ans - et un général étasunien nous a parlé de la victoire imminente sur les « terroristes » des montagnes, les talibans pratiquement conquis qui étaient soutenus par l'Arabie Saoudite et le Pakistan. Le Russe pontifiait à la grande base aérienne soviétique de Bagram. Le général étasunien pontifiait à la grande base aérienne étasunienne de Bagram.

Ce n'est pas du déjà vu. Ceci est un double déjà-vu. Et il empire.

Il y a près de 29 ans, les "moudjahidines » afghans ont commencé une campagne pour mettre fin à la mixité dans les écoles décrétée par les gouvernements communistes successifs dans les montagnes éloignées. Des écoles ont été incendiées. À l'extérieur de Jalalabad, j'ai trouvé un proviseur et son épouse directrice brûlés vifs. Aujourd'hui, les talibans afghans font campagne pour mettre fin à la mixité dans les écoles - et en fait à l'éducation même des jeunes femmes - dans les grands déserts de Kandahar et de Helmand. Des écoles ont été incendiées. Des professeurs ont été exécutés.

Alors que le nombre de victimes augmentait dans les rangs soviétiques, les officiers se vantaient des prouesses croissantes de l'armée nationale afghane (ANA). Bien qu'elle fût infiltrée par les « moudjahidines », elle recevait de Moscou de nouveaux tanks et de nouveaux bataillons étaient entraînés pour affronter les guérilleros à l'extérieur de la capitale.

Accélérons jusqu'à aujourd'hui. Alors que le nombre de victimes augmente chez les Etasuniens et les Britanniques, leurs officiers se vantent des prouesses croissantes de l'ANA. Bien que celle-ci soit infiltrée par les talibans, les États-Unis et les autres états de l'OTAN lui fournissent de l'équipement et forment de nouveaux bataillons pour affronter les guérilleros à l'extérieur de la capitale. En janvier 1980, je pouvais prendre le bus de Kaboul à Kandahar. Sept ans plus tard, la route détruite était hantée par les combattants « moudjahidines » et des bandits. On ne pouvait se rendre à Kandahar en sécurité que par avion.

Immédiatement après l'arrivée des États-Unis en 2001, je pouvais prendre le bus de Kaboul à Kandahar. A présent, sept ans plus tard, la route - reconstruite sur les instructions expresses de Georges W. mais déjà fissurée et envahie par le sable - est hantée par les combattants talibans et les bandits et on ne peut se rendre à Kandahar en sécurité que par avion.

Pendant les années 80, les Soviétiques et l'ANA tenaient les villes mais ont perdu la quasi-totalité du pays. Aujourd'hui, les États-Unis et leurs alliés et l'ANA tiennent la plupart des villes, mais ont perdu la moitié sud du pays. Les Soviétiques ont envoyé secrètement 9000 soldats en renfort pour les 115 000 soldats des forces d'occupation afin de lutter contre les « moudjahidines ». Aujourd'hui, les Etasuniens envoient ouvertement 7000 soldats en renfort pour grossir les forces d'occupation de 55 000 hommes afin de combattre les talibans.

En 1980, je me faufilais jusqu'à Chicken Street pour acheter de vieux livres dans des magasins remplis de poussière, des réimpressions pakistanaises bon marché et illégales des mémoires d'officiers de l'empire britannique sous le regard anxieux de mon chauffeur qui craignait que je ne sois pris pour un Russe. La semaine dernière, je me suis faufilé jusqu'au magasin de livres Shar, rempli avec les mêmes volumes illicites, sous le regard anxieux de mon chauffeur qui craignait que l'on ne prenne pour un Américain (ou, en fait, pour un Britannique). Je trouve le livre de Stephan Tanner sur l'Afghanistan intitulé : Histoire militaire depuis Alexandre le Grand jusqu'à la chute des talibans ; par les rues de Kaboul, enfumées par les feux de bois, le chauffeur me ramène à mon hôtel où je vais lire dans ma chambre mal éclairée.

En 1840, Tanner écrit que la ligne d'approvisionnement britannique depuis la ville pakistanaise de Karachi jusqu'au Khyber Pass et de Jalalabad à Kaboul était menacée par des combattants afghans « les officiers britanniques sur cette ligne d'approvisionnement cruciale passant par Peshawar... étaient insultés et attaqués ». Je fouille dans mon sac pour trouver une récente coupure de presse du journal Le Monde. J'y vois la principale route d'approvisionnement de l'OTAN depuis la ville pakistanaise de Karachi, passant par le Khyber Pass et de Jalalabad à Kaboul et la carte marque les endroits de chaque attaque des talibans contre les convois amenant du carburant et des aliments aux alliés étasuniens en Afghanistan.

Je fouille ensuite dans les livres pakistanais réimprimés que j'ai trouvés et je découvre le général Roberts de Kandahar qui dit aux Britanniques en 1880 « nous n'avons rien à craindre de l'Afghanistan et la meilleure chose à faire est de le laisser tranquille autant que possible... Je suis sûr d'avoir raison quand je dis que moins les Afghans nous voient et moins nous leur déplairons ».

Robert Fisk

27 novembre 

Mémo aux Etasuniens, aux Britannique, aux Canadiens et aux autres Humpty Dumpty : lisez Roberts, lisez l'histoire.

22 novembre 2008 - Cet article peut être consulté ici : http://www.independent.co.uk/opinio... Traduction de l'anglais : amg

http://alternatives-international.net/article2747.html

 


6-4 Silvia Cattori : Un devoir de vérité - Islam: L'ennemi fabriqué.
« Viendra un temps où les responsables des crimes contre l'humanité, qui ont accompagné le conflit israélo-palestinien et d'autres conflits de notre époque, seront appelés à répondre devant les tribunaux des hommes ou de l'histoire, avec leurs complices et tous ceux qui, en Occident, ont choisi le silence, la lâcheté et l'opportunisme ». (*)

13 novembre

Les va-t-en guerre se sont appuyés sur des attentats isolés, aux origines mal élucidées, pour incriminer tout à la fois, Oussama Ben Laden, Saddam Hussein, les Palestiniens, les « musulmans » en général, et influer sur notre perception [1].

Pour justifier leurs guerres unilatérales, et légaliser, sous le masque d'une « guerre mondiale au terrorisme », leurs violations des droits des peuples et du droit international, il leur fallait commencer par mentir et fabriquer un ennemi.

Est-il besoin de rappeler que, avant d'envahir l'Irak en 2003, l'administration Bush avait présenté de faux documents de façon à accréditer la possession d'« armes de destruction massive » par le Président Saddam Hussein et une responsabilité irakienne dans les attentats du 11 septembre 2001 ?

Cette falsification monstrueuse n'était que l'un des innombrables mensonges répandus pour entraîner le monde entier dans des guerres criminelles à répétition.

Depuis 2005, grâce à l'enquête confiée par le Conseil de l'Europe au sénateur suisse Dick Marty [2], nous savons comment, dans le cadre de cette prétendue « guerre au terrorisme », les officiers de la CIA et du FBI ont fait transférer dans des prisons secrètes, pour y être sauvagement torturés, nombre de musulmans kidnappés au hasard. Nous savons également comment des pays européens ont étroitement participé à ces activités, contraires aux principes fondamentaux dont ils se réclament. [3]

Mais nous sommes très loin d'imaginer toute la mesure dans laquelle ces pouvoirs se servent de journalistes et d'agences de « relations publiques » [4] pour répandre la peur de façon à imposer une fausse perception des choses.

« On est dans un moment épouvantable. Le milieu intellectuel parisien est dans une dérive parareligieuse, dans une islamophobie latente (…) Il n'y a aucune raison d'avoir peur de l'Islam » répondait l'intellectuel français Emmanuel Todd au journaliste qui lui demandait s'il n'avait pas "peur des musulmans". [5]

Pourtant, en Occident, cette peur des musulmans est bien là, palpable.

Il a suffi aux idéologues, adeptes du « choc des civilisations », d'associer l'Islam au « terrorisme », le port du voile au « fanatisme », pour distiller insidieusement un sentiment d'insécurité et créer un profond rejet contre cette religion. On doit malheureusement constater que la majorité des grands médias ont fait largement écho à leurs arguments racistes – délibérément ou par ignorance – contribuant ainsi à amplifier cette vaste intoxication.

Nous en sommes les témoins directs. Des journalistes, des journaux à grand tirage, des présentateurs télévisés, ont abusé de manière stupéfiante de leur position.

Chacun de nous peut se souvenir de tel ou tel commentateur, ou envoyé spécial en Irak ou en Palestine, qualifiant de « terroristes » ceux qui se dressaient contre l'envahisseur, alors qu'il s'agissait de résistants. Ou encore de tel autre journaliste faisant systématiquement passer des idées grotesques, sur le voile et la « charia » (la loi musulmane), pour entretenir l'impression que les musulmans « ne sont pas comme nous », n'acceptent pas « nos » valeurs, saisissant toute occasion de les associer au « fanatisme », à l'« arriération », à l'« oppression » de la femme [6].

Sans ces féroces campagnes de dénigrement de la culture et des traditions de la société arabe, le développement des préjugés islamophobes n'aurait jamais pu prendre une telle dimension. Et l'indifférence des gens demeurer si totale, malgré les images insoutenables de détenus torturés, ou de civils déchiquetés par les bombardements, en Palestine, au Liban, en Irak, en Afghanistan.

Il faut appeler les choses par leur nom. Ce qui nous a été présenté comme une guerre pour « restaurer la loi et la sécurité », était ni plus ni moins une guerre islamophobe. Une guerre totalement instrumentalisée par des intervenants dévoués à la défense des intérêts d'Israël au Moyen Orient avant tout.

Dans des pays comme la Suisse ou l'Italie, par exemple, où l'on n'avait jamais connu d'attentats pouvant être attribués à des Arabes ou à des musulmans, des personnes qui n'avaient rien à se reprocher, ont été ciblées en raison de leur appartenance religieuse. Et – dans tous les milieux sociopolitiques – dès les années 2000 surtout, les gens ont commencé à regarder avec de plus en plus de méfiance les femmes portant le foulard et les fidèles qui fréquentaient les mosquées.

Cette criminalisation, consciente ou non, d'une population importante (l'Union européenne compte 15 millions de musulmans), avait une motivation éminemment politique. Elle devait préparer l'opinion publique à adhérer à la guerre ou à l'accepter.

La criminalisation des musulmans a servi à cela : à conditionner l'opinion pour que nul n'aille s'apitoyer sur les souffrances que nos « défenseurs des libertés » leur faisaient endurer ; et aussi à préserver les criminels étatiques de toute critique.

Cette politique cynique, à laquelle des journalistes asservis ont indéniablement contribué, porte un nom : « stratégie de la tension ». Une stratégie qui consiste à cibler et dénigrer des citoyens ordinaires, -ici des musulmans respectueux des lois- à les accuser de choses absurdes et, le moment venu, à leur attribuer les provocations ou les attentats que des agents clandestins étatiques ont préparés à cet effet, ou – et cela se produit plus souvent qu'on ne l'imagine- ont parfois eux-mêmes perpétrés.

Ce n'est pas une fiction. Dans un ouvrage intitulé « Les armées secrètes de l'OTAN » [7], l'historien suisse Daniele Ganser a montré comment, durant la « guerre froide », les Etats-Unis, et leurs alliés européens, se sont servis d'un réseau clandestin formé par l'OTAN, en association avec la CIA, appelé « Gladio », pour fomenter des attentats meurtriers et ensuite les attribuer aux communistes. Vincenzo Vinciguerra, qui a participé à la préparation de ces attentats à la bombe contre des innocents, a confirmé par la suite que le but recherché par ces massacres était de provoquer la panique et de pousser les autorités vers un régime autoritaire.

Aujourd'hui, les mêmes manipulations ne sont-elles pas toujours à l'œuvre, à notre insu ?

Mais, cette fois, les manipulateurs étatiques ne ciblent plus les gauchistes et les communistes, comme durant les années 60-80 ; ils ciblent les Arabes et les musulmans. Chaque attentat est tout de suite mis à profit par ces « spécialistes du terrorisme », appelés à les commenter et les expliquer, pour relancer le débat et accroître la méfiance vis-à-vis de l'Islam.

Il n'y a, en général, aucune réaction pour contester l'arbitraire et les falsifications. [8] Il est donc d'autant plus aisé, de répandre des fausses nouvelles, que les médias traditionnels ne montrent aucune propension à aller enquêter, comme il se devrait, pour vérifier si les versions officielles sont plausibles. [9]

Les citoyens, pris dans la désinformation, sont loin de s'imaginer que leurs autorités, aidées par le quatrième pouvoir, pourraient tremper, de près ou de loin, dans la mise en place de stratégies contraires à leur intérêt, et on les comprend.

Mais, aujourd'hui, quelque chose est en train de changer : les victimes commencent à sortir la tête de l'eau et à parler [10]. Et, pour certaines d'entre elles, à exprimer leur amertume vis-à-vis de ces journalistes et journaux qui ont été à l'origine de leur descente aux enfers. Il est urgent de les écouter. Et de lever le voile sur cette sombre période.

Les deux exemples qui suivent concernent des personnalités très différentes, mais qui ont une chose en commun : ils ont été l'objet d'accusations, aussi infondées que dévastatrices, de la part de médias clairement orientés.

Les mensonges qui tuent : le cas de Youssef Nada.

M. Nada, ingénieur et banquier italien d'origine égyptienne, est une des victimes de ces campagnes médiatiques mensongères. Suite aux accusations d'une poignée de journalistes, il a été inscrit sur la liste noire de l'ONU. Bien que son innocence ait été confirmée par les tribunaux, ses biens restent gelés et il demeure, depuis 2001, assigné à résidence dans la minuscule enclave de Campione d'Italia. [11]

Il dirigeait une société bancaire florissante dans la ville suisse de Lugano, quand un article de Guido Olimpio, paru sur le « Corriere della Sera » [12], l'a brutalement frappé. Le journaliste l'accusait alors de financer le groupe palestinien du Hamas. Groupe que l'occupant israélien considérait comme « terroriste » et visait à faire cataloguer comme tel par les pays occidentaux.

C'était en 1997. Ce qui confirme que la stratégie de criminalisation était déjà à l'œuvre bien avant les attentats du 11 septembre 2001. L'accusation formulée contre lui a eu des conséquences terriblement lourdes. Bien qu'elle ait été dûment démentie, elle a été reprise sans vérification par d'autres journalistes et a ainsi continué à faire les grands titres de la presse internationale [13]. Pour finir par se transformer en « vérité ».

Le doute et l'opprobre jeté sur M. Nada a permis, dans un premier temps, de stigmatiser cet éminent opposant politique au régime dictatorial du Président Moubarak (un allié des Etats-Unis et d'Israël) et de discréditer l'association des Frères musulmans, dont M. Nada est également une des personnalités les plus respectées.

Dans un second temps, les accusations du "Corriere della Sera" ont permis au FBI de désigner M. Nada lors des attentats du 11 septembre et de faire de lui un coupable.

C'est ainsi que, le 7 novembre 2001, M. Nada a sursauté en entendant le Président des Etats Unis en personne dire, sur une chaîne télévisée, que la société Al Taqwa, qu'il dirigeait à Lugano, était le principal pourvoyeur de fonds d'Oussama Ben Laden.

Sur quelle preuve M. Bush pouvait-il bien fonder une si énorme accusation ? Le seul élément jamais présenté par le FBI, aux autorités suisses, reste l'article du « Corriere della Sera » écrit par Guido Olimpio en 1997.

Ce qui aurait pu ne rester qu'une accusation sans fondement, était devenu une « vérité » officielle planétaire permettant de légitimer des sanctions illégales et des guerres.

Cette fois ce n'était pas seulement avec le mouvement palestinien Hamas que M. Nada était accolé ; mais avec le « diable » en personne ! Oussama Ben Laden ! Cette fois M. Nada était brûlé.

Comme il le dit lui-même, dans le film que lui a consacré Andrea Canetta : « Calomnier quelqu'un de mon âge revient à le tuer avant qu'il ne meure. Ils m'ont assassiné. Le fait que je me tienne debout devant vous ne signifie pas que je sois vivant, Ils m'ont tué, moi et ma famille, ma réputation. Ils ont détruit tout ce que j'avais construit au cours de ma vie » [14].

Basé sur un pur mensonge, un engrenage kafkaïen venait de se mettre en place. Depuis sept ans, M. Nada en est réduit à se battre devant les tribunaux et devant l'opinion publique pour que justice lui soit enfin rendue.

Le mal est fait. Même si, demain, justice lui était rendue, sa vie a déjà été massacrée.

Le cas de Kassim Britel.

C'est une autre histoire horrifiante. Elle concerne cet Italien d'origine marocaine, victime, comme des milliers d'autres musulmans, d'une de ces opérations criminelle de la CIA appelées « extraordinary renditions ».

M. Kassim Britel voyageait au Pakistan quand, le 10 mars 2002, il a été enlevé par les Services de renseignement pakistanais. Il a été torturé, puis « vendu », oui vendu, aux officiers du FBI et de la CIA [15]. Ces derniers l'ont torturé à leur tour et lui ont promis argent et liberté s'il acceptait d'espionner des musulmans. Comme il a refusé, ils l'ont livré aux Services secrets marocains afin qu'ils l'interrogent et le torturent encore. Il est toujours dans leurs mains à ce jour, alors même que son innocence a été démontrée, et malgré la pressante invitation au gouvernement italien, contenue dans la Résolution du Parlement européen sur les « vols secrets de la CIA », pour que l'Italie « fasse des pas concrets pour sa libération ».

Ici aussi, il y a une famille traumatisée par la manière avec laquelle on a transformé un mari, un fils, un frère, en « criminel ». Ici aussi ce sont les accusations, jamais prouvées, d'un journaliste qui ont été, semble-t-il à l'origine de la diabolisation de la victime.

Son épouse raconte son calvaire d'une voix douce. « Mon époux a été calomnié d'une manière très lourde par quelques journalistes qui, semble-t-il, diffusent ce que veulent les services secrets ». Raison pour laquelle Mme Britel a ouvert une action en justice contre les quotidiens italiens, « Il Corriere della Sera » et « Libero ».

« Déjà en 2001, quatre mois avant que mon mari ne soit enlevé illégalement et remis à des agents de la CIA au Pakistan, Guido Olimpio avait écrit un article dans lequel il le présentait comme un dangereux terroriste. J'étais très en colère. Il disait qu'il était toujours en voyage, qu'il était membre d'un réseau terroriste islamiste, qu'il fournissait de faux papiers d'identité, que nos noms et adresses avaient été trouvés à Kaboul, et que, sous couvert d'une vie anonyme et tranquille, il disparaissait périodiquement. Il parlait de passeports vierges volés dans notre ville, de sa prétendue appartenance au « Groupe salafiste pour la prédication et le combat, associé à Oussama Ben Laden ».

Ce n'étaient que de pures inventions ! Mon mari menait une vie normale. Comment un journal peut-il accepter que l'on invente des choses pareilles dans un pays civilisé ? Je n'arrivais plus à raisonner. Je me disais : regarde ce qu'ils nous ont fait ! Tout cela a détruit notre famille. Ils veulent m'incriminer moi aussi parce que je défends mon époux, parce que je porte le foulard.

Le journaliste ne présentait jamais aucune preuve justifiant le contenu de ses dénonciations. En le lisant, je me disais qu'il ne parlait pas de mon mari, que tout cela était absurde, qu'il parlait de quelqu'un d'autre, qu'il inventait ces choses pour faire le portrait de celui qu'il voulait faire passer pour un « terroriste dormant ». Tout ce qu'il disait n'avait rien à voir avec la réalité. C'étaient des affirmations gratuites qui ne reposaient sur rien. Malgré cela, il est revenu à la charge plusieurs fois pour dire des mensonges présentés comme de graves révélations mettant en cause mon mari.

C'est dans le contexte délétère de la radicalisation raciste ayant suivi les attentats du 11 septembre, que le « Corriere della Sera », a édité à 2 millions d'exemplaires le pamphlet islamophobe d'Oriana Fallaci « La rabbia e l'orgoglio » [16] [La Rage et l'Orgueil] qui qualifiait l'Islam de « nazifascisme » et appelait à la haine contre les musulmans.

Je me rappelle que, le 19 novembre 2001, j'ai trouvé une foule de journalistes qui m'attendaient sur mon lieu de travail. Et que, les 20 et 21 novembre, il y a eu une dizaine d'articles. Les plus lourdement accusateurs étaient ceux du "Corriere della Sera". [17]. Les gens que je rencontrais me disaient « Tu as lu le titre du Corriere ? ».

Quand je lisais ces choses, cela me tombait dessus. Même si je voulais réagir, je ne pouvais pas. J'étais paralysée. J'ai dû m'enfuir de ma maison.

J'ai écrit au Président, aux ministres. Depuis des années je demande justice. Le fait qu'il soit innocent n'a pas servi à rendre à Kassim sa liberté et à lui restituer son honneur. Sa vie est en péril. Je suis fatiguée et indignée. Nous sommes des citoyens sans droits.

Quand, suite à ma dénonciation pénale, Guido Olimpio a été convoqué et interrogé par la police judiciaire il a déclaré : « Les informations proviennent de divers organes du Renseignement italien et aussi étrangers par voie confidentielle ». Etait-ce une manière de ne pas avouer qu'il avait menti du début à la fin ?

Je tiens à souligner que le rôle du gouvernement Berlusconi et de ses Services secrets – alors dirigés alors par Franco Frattini [18] - est fondamental dans cette affaire. Ils étaient au courant de l'arrestation de mon mari et de ce qu'il subissait, et ils ne me le disaient pas. Les polices collaboraient avec les services de la CIA, du Pakistan et du Maroc, en dehors du cadre légal, comme cela est démontré dans les actes de l'enquête italienne, fermée et archivée en septembre 2006 ».

Pourquoi ont-ils agi ainsi ?

« Il y a un épisode qui l'explique. Nous étions en 2001, peu avant la réunion du G8 à Gênes. Les médias étaient remplis d'articles qui annonçaient que des groupes « extrémistes islamistes » se préparaient à aller au G 8 verser « du sang infesté » sur les forces de l'ordre. C'est durant cette période que la police a mis sous enquête tous les musulmans qui fréquentaient les mosquées et a perquisitionné leurs foyers. En juillet, quand notre maison a été perquisitionnée, Kassim était en voyage au Pakistan. C'est précisément à cette époque que les titres des journaux mettaient l'Italie en émoi en annonçant la probabilité d'attaques imminentes d' « islamistes ». A noter que, lors de la réunion du G 8, il n'y a eu aucune attaque organisée par des musulmans. En revanche, il y a eu des provocations et des violences policières.

Deux mois après la fermeture du dossier de Kassim par la justice, le 29 septembre 2006, le « Corriere della Sera », qui avait toujours fait ses grands titres pour diffamer mon mari et l'associer au terrorisme international, aux Talibans et à Ben Laden, en l'appelant de manière impropre « El Kassim », a publié une petite note en page 13, sous le titre : « Terrorisme, accusations inconsistantes pour Britel ». Ainsi, celui que Guido Olimpio avait toujours appelé « El Kassim » était devenu soudain « Britel » au moment où il était innocenté.

Les lecteurs n'allaient pas forcément faire le lien entre le « terroriste » fabriqué de toutes pièces, et l'honnête homme qui avait injustement subi presque sept années d'emprisonnement et de tortures. Il ne sera pas rappelé non plus que « Britel » avait été victime des abominables « renditions » et détentions secrètes illégales de la CIA, condamnées par le Conseil de l'Europe et le Parlement européen. Ceci pour dire, en conclusion, que les lecteurs auront été désinformés jusqu'au bout ».

Comme cela apparaît, au travers de ces deux cas révoltants, la priorité des médias en général, n'est pas d'attirer l'attention du monde sur les souffrances provoquées par les violations du droit international perpétrées par des grandes puissances, dans le cadre de cette « lutte contre le terrorisme ». La priorité est d'inonder les gens et les librairies d'articles et d'ouvrages évoquant un lien entre « islam et terrorisme ». La priorité est d'entretenir la peur du « terrorisme religieux », cette « hydre menaçante à cent têtes » qui « étend sa progression jusqu'au seuil de nos portes » [19].

La déshumanisation des Arabes est une arme de guerre. Une arme, que l'Etat colonial israélien a toujours utilisée avec un évident succès. C'est ainsi que les Palestiniens ont toujours été maltraités et présentés abusivement par leur occupant comme « terroristes ».

Pendant ce temps, derrière le paravent de prétendus « processus de paix », Israël a réussi à entraîner « l'Occident » dans sa confrontation militaire avec le monde arabe et à lui faire adopter son système « orwellien » de surveillance des populations. Transformant ainsi son conflit régional en confrontation globale, en une guerre mondiale contre l'Islam.

Cet état de guerre qui humilie et ensanglante les peuples du Moyen Orient depuis 60 ans, et qui maintient l'opinion publique sous le règne du mensonge, a déjà trop duré.

« Aujourd'hui, alors que notre planète est « minée » par d'innombrables conflits entre groupes, entre Etats, et même entre sphères culturelles, nous avons un énorme besoin d'un « journalisme de la paix » qui nous offre des clés pour comprendre ces conflits, qui nous donne des éléments pour saisir les contradictions qu'ils reflètent, et qui nous propose des pistes de réflexion sur la manière de les transformer et transcender . » [20]

Pour contribuer à mettre un terme à ces cruels conflits, il ne faut pas avoir peur de dire la vérité, même si cela n'a rien d'agréable. Car il est encore bien plus désagréable de découvrir les souffrances endurées par des innocents injustement condamnés.

Mais, comme le dit si justement le journaliste Alan Hart :
« L'enfer, c'est lorsque vous comprenez que votre vie touche à son terme et que vous n'avez pas mobilisé tous vos talents et toutes vos ressources autant que vous auriez pu le faire afin de changer quelque chose - c'est-à-dire que l'enfer, c'est le moment où vous prenez conscience, après mûre réflexion, que vous avez gâché votre vie. Le Paradis, en revanche, c'est la prise en considération de l'approche de votre mort sans crainte, parce que vous savez qu'au contraire, vous avez fait de votre mieux pour changer, aussi peu que ce soit, le monde. » [
21]

Silvia Cattori

(*) ISM-Italia 


[1] Sur les « stratégies du mensonge dans la politique contemporaine » et le fonctionnement de la falsification lire l'ouvrage : « La fabbrica del falso » de Vladimiro Giacchè, Derive-Approdi, 2008.

[2] Voir :
- « 
Allégations de détentions secrètes et de transferts illégaux de détenus concernant des Etats membres du Conseil de l'Europe », Rapport de M. Dick Marty à la Commission des questions juridiques et des droits de l'homme de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, 12 juin 2006.
- « 
Détentions secrètes et transferts illégaux de détenus impliquant des Etats membres du Conseil de l'Europe : 2e rapport », Rapport de M. Dick Marty à la Commission des questions juridiques et des droits de l'homme de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, 7 juin 2007.
- Le Parlement européen a, de son côté, réalisé une enquête approfondie instituant le TDIP (
Temporary Committee on the alleged use of European countries by the CIA for the transportation and illegal detention of prisoners).

[3] Voir : « Jean-Claude Paye : Les lois antiterroristes. Un acte constitutif de l'Empire », par Silvia Cattori, Réseau Voltaire, 12 septembre 2007.

[4] Voir à ce sujet :
- « 
Opération Balkans : publicité pour la guerre et la mort », par Jörg Becker et Mira Beham, Horizons et débats, 10 septembre 2007.
- « 
Comment la machinerie croate des relations publiques s'est mise à polariser l'opinion avec l'aide de « Ruder Finn » », extraits du livre « Kriegstrommeln – Medien, Krieg und Politik » de Mira Beham, Horizons et débats, 21 mai 2007.

[5] Voir : « Le milieu intellectuel parisien est dans une islamophobie latente », Interview d'Emmanuel Todd, El Watan. 3 novembre 2008.

[6] Les partisans de la manière forte avec les Arabes et les musulmans, les plus remarqués : Daniel Pipes aux Etats-Unis ; le « philosophe » Alain Finkielkraut, un peu l'équivalent français d'Oriana Fallaci ; le journaliste Alexandre Adler.
A la veille de la guerre contre l'Afghanistan, ce dernier prétendait qu'elle aurait le mérite de libérer les femmes de la Burka. Dans le Figaro, du 8 novembre 2008, il a fait l'éloge de Bush, cet allié docile d'Israël pour que l'on n'oublie pas d'« instruire à décharge et de reconnaître le grand courage du président à l'heure de l'épreuve, sa détermination à porter le fer au cœur du dispositif ennemi, en Irak » ;
voir cet article.

[7] Voir : http://www.voltairenet.org/librairie/product_info.php ?products_id=65

Voir également : « Le terrorisme non revendiqué de l'OTAN », par Silvia Cattori, Réseau Voltaire, 29 décembre 2006.

[8] En pleine offensive israélienne, Guido Olimpio a lancé de très graves accusations pour criminaliser, à nos yeux, l'adversaire d'Israël, donc celui qui se trouvait du côté des agressés. Voir : « Droga e viagra, così si finanzia Hezbollah », par Guido Olimpio,Corriere della Sera, 22 juillet 2006.

[9] Les journalistes qui remettent en question l'histoire officielle et en démontrent les points faibles sont ostracisés, contraints de s'exiler, comme Christopher Bollyn, journaliste d'investigation pour American Free Press ; ou poursuivis en justice, comme l'Allemand Jürgen Cain Külbel.

[10] Voir : « Sami El Haj, journaliste d'Al-Jazira, témoigne », par Silvia Cattori, Réseau Voltaire, 18 juillet 2008.

Moazzam Begg, autre rescapé de Guantanamo raconte son histoire dans le livre : « Enemy Combatant : The Terrifying True Story of a Briton in Guantanamo ».

[11] Voir :
- « 
L'incroyable histoire de Youssef Nada », par Silvia Cattori, mondialisation.ca, 13 juin 2008.
- « 
Youssef Nada : Pour nous le mal est déjà fait », par Silvia Cattori, mondialisation.ca, 30 octobre 2008.

[12] Chef de la rubrique étrangère du "Corriere della Sera" dès 1987. Correspondant en Israël de 1999 à 2003.
- Voir l'article : « 
Hamas perde metà del tesoro », par Guido Olimpio, Corriere della Sera, 20 octobre 1997.
- Voir également la
notice concernant M. Olimpio, sur le Site officiel de Youssef Nada.

[13] Richard Labévière, journaliste de radio RFI, a repris les accusations d'Olimpio. Dans le documentaire, diffusé par la télévision suisse TSR, il associait M. Nada à l'attentat de Luxor en 1998,où 60 touristes, en majorité suisses, avaient été tués. Ce qui a conduit la Procureure suisse de l'époque, Mme Carla Del Ponte, à interroger M. Nada. Elle a conclu que les informations selon lesquelles Al Taqwa – la société de M. Nada - finançait le terrorisme, émanaient « des services », et que « M. Nada et sa société, n'avaient rien à voir avec le terrorisme » (Corriere del Ticino, 2 juin 2006). Ce journaliste en a pas moins continué, durant des années, à écrire des livres et des articles qui faisaient de M. Nada et des Frères musulmans, des suspects

[14] Voir sous ce lien, le film d'Andrea Canetta sur Youssef Nada - intitulé « Nel nome dell'uomo » - diffusé le 2 novembre 2008 par la Télévision suisse italienne : http://www.rtsi.ch/trasm/storie/welcome.cfm ?idg=0&ids=0&idc=35702

[15] Pour plus d'information sur M. Britel, voir :
http://www.giustiziaperkassim.net

Voir également :
- « 
Résolution du Parlement européen sur l'utilisation alléguée de pays européens par la CIA pour le transport et la détention illégale de prisonniers (2006/2002(INI)) ».
- 
Rapport 2008 d'Amnesty International Italie
.
- « Italy : A briefing to the UN Committee against Torture », Amnesty International, 2007.
- « Pakistan. Les droits humains bafoués au nom de la « guerre contre le terrorisme ». Synthèse », Amnesty International, 29 septembre 2006.

[16] Un article d'Oriana Fallaci, publié le 25 septembre 2001 par le "Corriere della Sera", où elle réagissait aux attentats du 11 septembre, et qui deviendra un livre : « La Rage et l'Orgueil », Plon, 2002 (éd. italienne : 2001) ; « La Force de la Raison », Rocher, 2004.
Les allégations islamophobes d'Oriana Fallaci ont été démontées par divers auteurs :
- Stefano Allievi : « Niente di personale, signora Fallaci », Aliberti, 2006.
- Stefano Allievi : « Ragioni senza forza forze senza ragione : una risposta a Oriana Fallaci », EMI, 2004.
- Giancarlo Bosetti : « Cattiva maestra », Marsilio, 2005.

[17] L'article que Mme Britel considère comme le plus cruel : « Da Bergamo a Kabul : così il marocchino reclutava militanti », 20 novembre 2001 - Corriere della Sera. Olimpio Guido.

Autres articles :
- « 
El Kassim, l' insospettabile di Bergamo che arruolava volontari della Jihad Guido Olimpio », Pubblicato il 20 novembre 2001 - Corriere della Sera.
- Le 22 mai 2003, alors que M. Britel était de nouveau soumis à torture et détenu en secret, M. Olimpio le disait impliqué dans le massacre de Casablanca ; voir : « 
Il mistero di El Kassim, da Bergamo a Casablanca (via Kabul) », par Guido Olimpio, Corriere della Sera, 22 mai 2003.
Mme Britel suppose que M. Olimpio connaissait une note « réservée » des Services qui précisait que les autorités du Maroc ne le considéraient pas comme impliqué dans cet attentat.

[18] L'actuel Ministre des Affaires étrangères, Franco Frattini, était « Ministre en charge de la coordination des Services d'information et sécurité » du 11.6.2001 au 13.11.2002.

[19] Rhétorique que l'on trouve dans le recueil des articles de Guido Olimpio : « La rete del terrore », Sperling & Kupfer, 2002.

[20] Voir : « Journalisme de guerre et guerre contre le journalisme », par Abbas Aroua, Fondation Cordoue de Genève, 27 juin 2008.

[21] Alan Hart, ancien correspondant en chef, au Moyen-Orient, de la chaîne britannique « Independent Television News » [ITN] ; présentateur de la célèbre émission de la BBC, Panorama, auteur de l'ouvrage « Le sionisme : Le véritable ennemi des juifs » (« Zionism : The Real Enemy of the Jews »)

 

http://www.silviacattori.net/article609.html

 


6-5 11-Septembre : un naufrage médiatique.
Le 11-Septembre n'est pas seulement un attentat.

C'est un naufrage médiatique.

Deux principaux griefs peuvent en effet être adressés aux grands médias : d'abord, leur tendance à occulter les remises en question sérieuses de la version bushiste des attentats, pour faire leurs choux gras de polémiques "people" très secondaires, en n'hésitant pas d'ailleurs à mener de véritables procès en sorcellerie contre les sceptiques ; ensuite - et surtout -, leur incohérence lorsqu'ils défendent machinalement l'histoire officielle et descendent tout aussi machinalement ceux qui s'en éloignent, alors même que la plupart des informations contredisant cette version émanent de leurs propres colonnes !
Le 29 février 2008, le site Marianne2 exhumait une vidéo vieille d'un an, (http://www.dailymotion.com/video/x4l5ue_marion-cotillard-derape-sur-le-11-s_news) où l'on entendait l'actrice française - nouvellement oscarisée - Marion Cotillard dire qu'elle croyait "plutôt" aux théories du complot, notamment sur le 11-Septembre.

Une déclaration d'une poignée de secondes, faite à deux heures du matin dans les catacombes parisiennes, lors d'une interview à bâtons rompus. Presque tous les journaux diffusèrent cette "information". Marianne2 consacra même quatre articles (1-2-3-4) à cette pseudo-affaire !

http://www.marianne2.fr/Plus-fort-que-Thierry-Meyssan-Marion-Cotillard-!_a84388.html

En revanche, aucun grand média français ne relaya l'intervention au parlement japonais, le 11 janvier 2008, du député et membre du Parti démocrate Yukihisa Fujita, où il exprimait ses doutes sur le 11-Septembre et la "guerre contre le terrorisme". Une intervention surréaliste (à voir absolument !) d'une trentaine de minutes, photos du World Trade Center 7 et du Pentagone à l'appui, dans le deuxième pays le plus puissant du monde (économiquement), et allié des États-Unis. Pas un mot non plus de la projection du film Zéro enquête sur le 11-Septembre de l'eurodéputé italien Giulietto Chiesa, le 26 février 2008, dans l'enceinte même du Parlement européen à Bruxelles.
Pas un mot non plus de la révélation ou du lapsus (on ne sait) de Benazir Bhutto, deux mois avant sa mort, lorsqu'
elle déclarait qu'Oussama Ben Laden avait été assassiné par Omar Sheikh, un homme lié aux services secrets pakistanais, et emprisonné depuis février 2002 pour son implication dans le meurtre du journaliste Daniel Pearl. Giulietto Chiesa en aura averti le public italien lors d'une émission de télévision sur la Rai (21e minute) en janvier 2008.

 Mais en France... on préfère discourir sur le "dérapage" de Marion Cotillard... qui parvient donc à éclipser l'ancien Premier ministre du Pakistan.


Formation qualifiante pour parler du 11/9 : Hollywood ou CIA ?

L'avis d'Éric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, compte également bien peu. Personne n'aura, en effet, jugé utile de relever son point de vue sur le 11-Septembre, qu'il confia en septembre 2004 au journaliste Bruno Fay : "Bush, dès le début, n'a pas pris conscience du danger [terroriste]. Soit parce qu'il est complètement passé à côté, soit, et je crois à cette théorie du complot, parce qu'ils voulaient absolument aller en Irak pour le pétrole." Quant à des vétérans de la CIA, quelle idée saugrenue aurait-on de vouloir rendre publiques leurs opinions "décalées" ? L'hypothèse du laisser-faire américain apparaît pourtant vraisemblable à Raymond McGovern, William Christison, Robert Baer ou encore Robert Steele ; ce dernier déclara : "Je suis obligé de conclure qu'on a au minimum laissé se produire le 11/9 pour avoir un prétexte à la guerre." Quelle que soit la justesse de leurs vues, ne devraient-elles pas davantage mobiliser la presse que le sentiment, plus ou moins étayé, d'une actrice de cinéma ? D'autant que ces anciens agents américains semblent tout à fait disposés à parler ; leurs déclarations sont réfléchies, pesées, elles n'ont pas été lancées imprudemment au cours d'une conversation qui portait sur tout autre chose, avant d'être récupérées sur le web par de petits Torquemada vicieux, dont tout le plaisir semble résider dans la dénonciation de l'hérétique, en vue de son châtiment public.

 


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