Negroponte carrière sanguinolente danstrois continents ...et en France
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From: Bruno Drweski
Sent: Saturday, July 24, 2004 7:36 AM
Subject: FW: Negroponte carrière sanguinolente danstrois continents ...et en France
Negroponte, une carrière sanguinolente sur trois continents ...et en France
De : Danielle Bleitrach <bleit@up.univ-aix.fr>Date : Sat, 24 Jul 2004 12:10:41 +0200
Objet : un ambassadeur au-dessus de tout soupçon 30-04-2004Cuba Solidarity Project - The Council On Hemispheric Affairshttp://www.coha.org
Traduit par Cuba Solidarity ProjectLe Président Bush a confirmé les rumeurs en annonçant lundi que John D.Negroponte serait proposé au poste d'ambassadeur en Irak, un poste qu'ildevrait occuper à partir du 30 juin, lorsque la souveraineté seraostensiblement transférée aux autorités Irakiennes. Mais la nomination deNegroponte est profondément troublante car les questions dérangeantes quientouraient sa nomination en 2001 au poste d'ambassadeur US à l'ONUpersistent encore aujourd'hui. Il semblerait que suffisamment de temps sesoit écoulé depuis qu'un certain nombre d'accusations contre Negroponteaient été lancées (et qui datent au moins de l'époque où il occupait leposte d'ambassadeur US au Honduras entre 1981-1985) pour qu'elles soientformulées une nouvelle fois. Mais si le passé doit servir de leçon, il estfort probable que Negroponte passera sans encombres les auditions de laCommission des Affaires Etrangères du Sénat sans que son passé lui soitreproché. Washington devra fera jouer une nouvelle fois son amnésiepolitique quant aux actions répréhensibles entreprises par Negroponte auHonduras.La question centrale concernant Negroponte est que celui-ci a trompé leCongrès lorsqu'on l'interrogea sur sa complicité à couvrir et sonimplication personnelle directe ou indirecte dans la formation,l'équipement et la censure des actions horribles de la Bataillon 316,l'escadron de la mort au Honduras qui, à l'époque où Negroponte étaitambassadeur, fut responsable du meurtre de quelques 200 honduriens opposésà ce que leur pays soit employé comme "un porte avions insubmersible" dansla guerre de la Contra soutenue par les Etats-Unis contre le Nicaragua.NEGROPONTE ARRIVE A TEGUCIGALPANegroponte remplaça Jack Binns, ambassadeur de Carter au Honduras entre1980 et 1981, après que Binns se soit exprimé contre les grossièresviolations des droits de l'homme qui s'accumulaient contre les dissidentspolitiques qui osaient s'opposer à l'engagement croissant du Honduras dansla guerre secrète de la Contra contre le Nicaragua Sandiniste. Il fitallusion aux activités menées par une organisation obscure connue sous lenom de Bataillon 316. Il s'avère que le rapport annuel sur les droits del'homme, préparé chaque année par les ambassades US à travers le monde etpresenté au Congrés, était falsifié. S'agissant du Honduras, le rapportétait largement expurgé, d'abord à Tegucigalpa par Negroponte lui-même,puis une fois de plus à Washington dans le bureau du Secrétaire adjoint auxAffaires Inter-Américaines, le tristement célèbre Elliot Abrams. Abrams, uncombattant obsessif de la guerre froide, avait autant de mépris pour lesdroits de l'homme au Honduras qu'il en était un partisan lorsqu'ils'agissait de Cuba. Tout cette opération était en violation de la loi, etAbrams finit par confesser son rôle dans la guerre Iran-Contra, mais futensuite gracié par le premier Président Bush. Cette affaire domina lesaffaires Honduriennes au début des années 80, qui devaient encore sedétériorer pendant le régne de Negroponte. La mission du nouvel ambassadeurétait d'assurer à n'importe quel prix une aide états-unienne au Honduras,destinée à empêcher que le Communisme Sandiniste au Nicaragua ne serépande. Des années plus tard, en 1995, un ancien fonctionnaire qui avaittravaillé à l'ambassade du Honduras sous Negroponte, formula de gravesaccusations sur la censure appliquée au rapport annuel sur les droits del'homme sous Negroponte. Ce rapport devait être envoyé au Congrès, mais ilaffirma que les accusations contenues dans le rapport étaient supprimées outransformées par d'autres avant que le rapport ne soit remis à sesdestinataires.NEGROPONTE PREND SOIN DES RAPPORTS SUR LES DROITS DE L'HOMMEIl ne fait aucun doute que Negroponte et le reste des hauts fonctionnairesde l'ambassade étaient au courant des disparitions et des torturesinfligées contre les progressistes Honduriens à partir du moment lesprincipaux journaux du pays publièrent pas moins de 318 articles à ce sujetau cours de la seule année 1982. Negroponte était aussi en contact directavec le Général Gustavo Alvarez Martinez, à l'époque chef des Forces ArméesHonduriennes et chef occulte de la Bataillon 316. Negroponte a lui-mêmesouligné qu'il lui était arrivé d'intervenir pour faire libérer une victimede torture lorsque l'information risquait d'être publiée dans la presseétats-unienne. Ce qui arriva en 1982 à la suite de l'arrestation et de latorture du journaliste Oscar Reyes et sa femme, Gloria. A l'évidence,Negroponte et l'ambassade étaient suffisamment bien renseignés pour pouvoirintervenir et agir lorsqu'ils étaient poussés par les circonstances.NEGROPONTE REPRESENTE LA LIGNE DURELe remplacement de Binns par Negroponte reflétait le changement de lapolitique US en Amérique centrale pour une nouvelle ligne dure, représentéepar la nomination d'Elliot Abrams par Reagan. En ce qui concerne leHonduras, cette nouvelle ligne dure était représentée par le zéléambassadeur US à Tegucigalpa, John Negroponte.Les anciens objectifs de Negroponte au Honduras sont étrangement similairesaux objectifs actuels de l'administration Bush en Irak. Le gouvernement US,une fois de plus, tente d'imposer un schéma démocratique, et pas forcémentpar des moyens démocratiques, dans un pays qui ne l'a pas décidé delui-même. La mise en oeuvre d'une telle tâche complexe provoquerainévitablement une situation difficile pour l'ambassadeur. Mais eu égard àla capacité confirmée de Negroponte de manoeuvrer, de répandre de faussesinformations et de mentir ouvertement, il est douteux qu'il réussisse àinstaurer la démocratie en Irak mieux qu'il ne l'a fait au Honduras,peut-être parce que la "démocratie" n'est pas vraiment sa tasse de thé.John Negroponte est avant tout un homme qui croit que la fin justifie lesmoyens. Il a constamment démontré par le passé qu'il est prêt à recourir àdes pratiques qui sont en opposition avec la définition du mot"démocratie", et ceci au nom de la démocratie. La carrière de Negropontedémontre qu'il est prêt à recourir à des méthodes autoritaires poursoi-disant faire avancer la démocratie.QUI EST REELLEMENT NEGROPONTE ?Pour ses admirateurs, Negroponte est un fonctionnaire à la carrièreexemplaire qui a bien servi son pays à différents postes importants. Pourses détracteurs, Negroponte est un opportuniste sans fards qui a épousé(jusqu'à l'extrême) la ligne idéologique de l'administration qu'il servait,même au prix d'un renoncement à tout étique ou honnêteté morale. Peut-êtrequ'une description plus précise du personnage serait de dire qu'il a abuséde son autorité et foulé aux pieds toute étique professionnelle, sans seposer de questions. Plutôt qu'un champion de la démocratie, Negroponte doitêtre considéré comme l'antéchrist de la démocratie, trahissant sans cessecette noble cause. La nomination de Negroponte, ainsi que d'autresnominations par le Président Bush de guerriers de la guerre froide à despostes clés pour l'Amérique latine, tels qu'Otto Reich et Elliot Abrams,ainsi que le protégé du sénateur Helms, Roger Noriega, représente un retouren arrière vers une époque où les droits de l'homme et la démocratieétaient régulièrement violés au nom de la lutte anti-communiste sur lecontinent.Pour les Irakiens habitués au régner inflexible de Saddam Hussein, à soncynisme et à son indifférence devant les souffrances d'autrui, l'arrivée deNegroponte à Bagdad ne leur demandera pas une longue période d'adaptationaux méthodes du nouveau pro-consul états-unien. Pour tous ceux familiarisésavec son passé, il leur faudra se boucher le nez pour supporter sesdiscours sur la démocratie.LE PASSE RECENT DE NEGROPONTEAprès la nomination de Negroponte au poste d'ambassadeur à l'ONU, il devaitêtre soumis à un examen critique de la part de ses détracteurs devant laCommission des Affaires Etrangères du Sénat pour ses actions au Honduras,procédure habituelle pour confirmer sa nomination à un tel poste. Maiscette mise en examen lui fut épargnée grâce aux attentats du 11 septembreet au sentiment qui régnait désormais au Sénat que le poste à l'ONU devaitêtre rapidement occupé. C'est ainsi qu'au lieu d'un interrogatoireapprofondi, on assista à une simple cérémonie d'investiture.Il est certain que le même scénario se répétera en ce qui concerne le posteen Irak. Cette nomination représente encore une nouvelle initiativepréoccupante de la part de l'administration Bush et du Secrétaire d'Etat,Colin Powell, en ce qui concerne la politique internationale et qui trouveses racines en Amérique latine. Après tout, Negroponte a joué un rôle clélorsqu'il s'est agit de manipuler les dirigeants du Mexique et du Chiliafin de les convaincre de destituer leurs ambassadeurs à l'ONU parce queces derniers s'opposaient à la position de Negroponte en Irak. Lacomplicité de Negroponte aux efforts déployés pour destituer l'ambassadeurdu Mexique, Adolfo Abullar Zinnser, et celui du Chili, Juan Gabriel Valdes,est pratiquement la copie conforme de son témoignage mensonger lorsqu'ilcouvrait les violations des droits de l'homme commises par les militairesHonduriens ou sur son implication dans le scandale Iran-Contra. Il a aussiavoué un détournement de l'aide US à l'Honduras au profit des forcesContra, ce qui aurait normalement du lui barrer définitivement la route àtoute promotion. Malheureusement, la Commission des Affaires Etrangères duSénat et son président vont certainement se déshonorer en se rendantcomplice de la nomination d'un tel personnage à Bagdad. Le Général LuisAlonso Discua Elivir, ancien commandant des escadrons de la mort auHonduras, qui avait déclaré qu'il "viderait son sac" sur Negroponte si safamille était obligée de quitter le pays, s'est vu révoquer son visa en2001.Il serait peut-être intéressant d'entendre le témoignage de cet homme etd'entendre Negroponte répondre à l'énorme accumulation de documents quiindiquent l"étendue de son rôle au Honduras. Malgré les nombreuxjournalistes, universitaires et anciens fonctionnaires qui ont publiquementsoulevé des questions sur le passé de Negroponte, aucun témoin ne fûtinvité devant la Commission des Affaires Etrangères du Sénat pour vérifiersi Negroponte était qualifié pour le poste à l'ONU. Ainsi, au lieu d'unexamen attentif de ces graves accusations, on assistera à une simplecérémonie formelle.COMPLICITE AVEC LES CHEFS DES ESCADRONS DE LA MORTEn tant qu'ambassadeur au Honduras de 1981 à 1985, Negroponte était connupour entretenir des relations étroites avec les violeurs des droits del'homme les plus notoires du pays. Un des plus notoires était à l'époque leColonel Gustavo Alvarez Martinez, Chefs des armées du Honduras et de factol'homme fort du pays. Promu général, Alvarez fut assassiné à son retour desEtats-Unis, où il avait tenté de se réfugier de ses collègues militaires,et qui l'ont fait assassiner après qu'il ait refusé de partager avec euxles pots-de-vin qu'il avait reçus par l'intermédiaire de l'ambassade desEtats-Unis. Il avait été ainsi récompensé pour avoir facilité latransformation de son pays en une base arrière pour mener une guerre contrele gouvernement progressiste Sandiniste au Nicaragua.Alvarez était surtout connu pour ses liens étroits avec l'escadron de lamort connu sous le nom de Bataillon 316. Cette unité créée par Alvarez, quirecevait une formation en techniques de torture par d'anciens vétérans dela "sale guerre" en Argentine et par la CIA (selon une série d'articlesprimée par le Prix Pulitzer du journal Baltimore Sun qui avait enquêté,entre autres, sur le rôle controversé de Negroponte au Honduras), estlargement soupçonnée d'avoir fait "disparaître" plus de 180 "subversifs" audébut des années 80. A cette époque, tout Hondurien opposé au rôle de basearrière attribuée à son pays par le Président Reagan dans sa guerre contreles Sandinistes était généralement considéré comme "subversif".LA PROMOTION DES DROITS DE L'HOMME POUR SAUVER LA FACEEn réponse aux questions des journalistes, ainsi qu'au cours d'enquêtesofficielles, Negroponte a toujours nié ou minimisé la portée de sesconnaissances sur l'implication des militaires Honduriens dans lesescadrons de la mort, allant jusqu'à nier l'existence même de la bataillon316. Les tentatives de Negroponte de minimiser le rôle des escadrons de lamort ont été contredites par d'autres déclarations où il se vantait d'êtreau contraire intervenu à plusieurs reprises pour faire libérer certainsdétenus dans des cas politiquement sensibles. Même s'il dit vrai, un telcomportement chez Negroponte représente l'exception plutôt que la règle, etindique comment il aurait pu sauver beaucoup plus de vies s'il avaitprofité de son pouvoir de pro-consul au Honduras pour réellement défendreles droits de l'homme et la dignité humaine.Une de ces rares occasions où il dit être intervenu concernait lejournaliste Oscar Reyes, qui fut enlevé après avoir écrit de nombreuxarticles critiquant l'armée Hondurienne. L'ancien porte-parole del'ambassade US, Cresencio Arcos, a confirmé qu'en Juillet 1983, Negropontefit part au Général Alvarez de sa préoccupation quant à la toute récente"disparition" de Reyes. Il faut rappeler qu'Arcos lui-même, en tantqu'attaché de presse de l'ambassade, a été régulièrement accusé par leschercheurs d'avoir sciemment fait distribuer de fausses informations auxjournalistes états-uniens basés au Honduras à l'époque, et qu'il s'étaitpersonnellement lié à une famille Hondurienne politiquement importante, encontradiction avec son devoir de réserve en tant que diplomate.Poussé par des manifestations d'étudiants et de nombreux articles de pressesur l'affaire Reyes, il est peu probable que l'intervention de Negroponteen faveur du journaliste ait été motivée par des considérationshumanitaires. Il est plus probable que Negroponte craignait que larépétition d'articles locaux sur l'enlèvement de Reyes ne provoque quelquestitres dans la presse US, attirant ainsi une publicité indésirable sur lesméthodes de l'ambassade.Des documents récemment déclassifiés qui avaient été demandés par le Sénatpour la nomination de Negroponte indique que celui-ci était constammentpréoccupé par toute mauvaise publicité qui aurait pu le toucher. Une tellechose aurait renforcé l'opposition à la politique très controversée duPrésident Reagan qui voulait entraîner le Honduras dans la guerre de laContra en échange de pots-de-vin distribués aux politiciens et militairesdu pays, en plus des centaines de millions de dollars affectés à une aideéconomique et militaire du régime Hondurien.Un autre cas où Negroponte se vante d'être intervenu est celui de ladisparition d'Inès Murillo. De nombreux rapports de l'époque indiquentqu'un officiel de l'ambassade US (ou peut-être de la CIA) avait visité lecentre de torture nommé INDUMIL, où Murillo était détenue et torturée.Fille d'un famille de notables locale, les parents de Murillo tentaientsans relâche de localiser leur fille, allant jusqu'à publier un plein pagede publicité dans un journal, El Tiempo. Negroponte prétend avoir exprimésa préoccupation sur le cas de Murillo, craignant une nouvelle fois unemauvaise presse, et souleva la question lors d'une réunion avec desofficiels Honduriens. Quatre jours plus tard, Murillo fût sauvée inextremis d'une mort certaine et condamnée à deux ans de prison.CONNEXIONS AVEC LA CONTRAAu début des années 80, le Honduras était devenu la principale based'opérations dans la guerre de la Contra. L'armée du Honduras fournissaitles sites et le soutien logistique dans une portion du territoire adjacenteau Nicaragua qui fut baptisée "Contraland". Les réseaux Honduriens furentemployés aussi pour transférer des fonds US aux Contras, sans dévoiler lessources, à une époque où un tel financement avait été interdit par leCongrès [des Etats-Unis] mais qui continuait malgré tout, à partir d'autressources US, comme la CIA. Pendant son séjour à Tegucigalpa, Negropontemultiplia le personnel de l'ambassade par 10 et elle devint le plus grossite de la CIA de toute l'Amérique latine. Inévitablement, le même scénariose reproduira à Bagdad une fois que Negroponte prendra ses fonctions etprésidera sur une des plus grosses missions diplomatiques US au monde, quiemploiera entre 1 et 3000 personnes. Les Honduriens qualifiaient souventNegroponte de "pro-consul" US, car son arrogance et son style relevaientplus d'un agent des services secrets que d'un diplomate traditionnel, uneréminiscence de l'époque où il était un jeune agent au Vietnam. C'est ainsiqu'il réussit à assurer la coopération du Honduras comme base arrière del'armée rebelle Contra par le contrôle et la corruption des officiels etinstitutions locaux.NEGROPONTE ET L'AMENDEMENT BOLANDNegroponte a joué un rôle de premier plans dans l'organisation de projetsde soutien aux Contras tels le centre de formation contre-insurectionnelleUS à Puerto Castilla et la construction de la route controversée de PuertoLempira, pour un montant de 7.5 millions de dollars, qui passait à traversune forêt vierge vers la côte est du Honduras. Cette route devait faciliterl'acheminement de matériel destiné aux contras nicaraguayens d'extrêmedroite. Malgré la réglementation à laquelle USAID est soumise et quiprécise qu'un tel projet financé par les Etats-Unis doit d'abord fairel'objet d'étude de l'impact sur l'environnement avant le début des travaux,Negroponte a tout simplement ignoré la loi et passé outre en ordonnant laconstruction malgré les protestations de l'officiel de USAID qui avait étéenvoyé par Washington. De plus, le soutien aux Contras violait uneinterdiction du Congrès, l'amendement Boland de 1982, qui interdisait lerecours aux fonds US pour tout "matériel militaire, conseil ou formationmilitaire, ou toute autre type d'activité militaire, en faveur d'un groupeou d'un individu qui ne faisait pas partie des forces armées d'un pays,dans le but de renverser le gouvernement du Nicaragua ou de provoquer uneconfrontation militaire entre le Nicaragua et le Honduras".En échange de la collusion totale du Général Alvarez avec les opérations desoutien aux Contras au Honduras, Washington offrit un total soutienpolitique et économique aux militaires corrompus du pays. L'aide militaireUS au Honduras passa de 3.9 millions de dollars en 1980 à 77.4 millions en1984. Entre 1981 et 1986, plus de 60.000 soldats US et membres de la GardeNationale traversèrent le Honduras au cours de plus de 50 exercicesmilitaires non pas pour intimider les Sandinistes mais pour couvrir untransfert d'armes aux Contras. D'une manière cynique, sur lesrecommandations de Negroponte et d'autres, l'administration Reagan eul'indécence de discerner à Alvarez la Légion du Mérite en 1983 pour avoir"encouragé la démocratie".PAR TOUS LES MOYENS NECESSAIRESJohn Negroponte fut envoyé à Tegucigalpa avec la mission de préserver leflot de l'aide US vers le Honduras pour les Contras et ce par tous lesmoyens nécessaires. Sous la direction directe de Negroponte, l'ambassade USà Tegucigalpa fit la sourde oreille aux violations ouvertes etsystématiques des droits de l'homme commises par les officiels Honduriens.Des documents récemment déclassifiés du Département d'Etat révèlent toutel'étendue des efforts déployés par Negroponte pour protéger les bourreauxau lieu des victimes. Pour la seule année 1982, il y eut plus de 300articles dans la presse Hondurienne sur les détentions arbitrairesd'étudiants et l'enlèvement de dirigeants syndicaux. Le Colonel LeonidasTorres Arias, ancien chef des services de renseignement de l'arméeHondurienne, déclara lors d'une conférence de presse en 1982 que leBataillon 316 était effectivement un escadron de la mort, en citantnommément trois de ses victimes. Efrain Diaz Arrivillaga, élu au Congrès duHonduras, a aussi déclaré que lorsqu'il parlait des abus des militaires àl'époque de Negroponte, il ne rencontrait qu'une "attitude de.... toléranceet le silence." De plus, des organisations telles que la Commission desFamilles des Disparus se sont rendues à l'ambassade US pour protestercontre les détentions arbitraires pratiquées par les militairesHonduriennes dans des prisons clandestines, comme l'INDUMIL, mais n'ontrencontré qu'un Negroponte totalement indifférent.Des rapports récents ont confirmé que Negroponte était parfaitement aucourant des violations des droits de l'homme au Honduras, et que les doutesqu'il pouvait exprimer sur tel ou tel cas n'était motivés que par desquestions purement politiques plutôt qu'étiques. Le livre "In Search ofHidden Truths" ("à la recherche de vérités cachées"), co-écrit par lecommissaire du Honduras aux Droits de l'Homme, fournit des documentsrécemment déclassifiés qui prouvent que les Etats-Unis étaient parfaitementau courant des violations des droits de l'homme commises par l'arméeHondurienne dans les années 80, malgré les affirmations persistantes deNegroponte du contraire. De plus, des documents déclassifiés du Départementd'Etat démontrent aussi qu'au mois d'octobre 1984, après que le GénéralAlvarez avait été démis de ses fonctions par les forces arméesHonduriennes, l'ambassade de Negroponte était finalement prête à lereconnaître, "Alvarez lui-même peut être tenu directement ou indirectementresponsable pour un certain nombre de disparitions en 1981 et mars 1984".Des échanges de télégrammes récemment déclassifiés démontrent la facilitéavec laquelle Negroponte croyaient aux excuses fournies par le GénéralAlvarez pour expliquer les violations des droits de l'homme. Par exemple,dans une lettre de 1983, le sous-secrétaire d'état adjoint aux affairesinter-américaines Craig Johnstone fit savoir à Negroponte qu'un certainnombre de guérilleros avaient été capturés et exécutés par les soldatsHonduriens. La réponse de Negroponte fut d'accepter les justificationsbancales d'Alvarez qui prétendait que les 6 détenus avaient été abattus ententant de s'enfuir. Cependant, lorsqu'il s'agissait de protestationsémises par les militants des droits de l'homme ou des opposants politiquesconcernant les violations des droits de l'homme commises par l'armée, c'esttout le contraire qui se passait. L'ambassade des Etats-Unis, lorsque cen'était pas Negroponte lui-même, exprimait systématiquement son scepticismeou même niait purement et simplement les faits.Les déclarations de Jack Binns, le prédécesseur de Negroponte au posted'ambassadeur US au Honduras, de 1980 à 1981, n'arrangent pas les choses. Al'époque, Binns avertit le Département d'Etat d'un "accroissement desassassinats contre des cibles politiques ou criminels sous couvert et/oueffectués par des officiels". Binns avait aussi déclaré qu'il étaitimpossible que Negroponte ignore les réalités du Honduras. Thomas Enders, àl'époque le chef direct de Binns au sein du Département d'Etat, a admisqu'il avait ordonné à Binns de ne pas divulguer les violations des droitsde l'homme par des voies officielles afin de maintenir l'aide US auHonduras à n'importe quel prix. Enders finit un jour par avouer. Quant àNegroponte, l'idée ne lui a pas encore effleuré l'esprit.CONTRADICTIONS FLAGRANTES DANS LES RAPPORTS SUR LES DROITS DE L'HOMMELes cas de disparitions, harcèlement et enlèvements d'opposants politiquesont tous augmenté sous Negroponte, et pourtant les rapports annuels sur lesDroits de l'Homme préparés par le personnel de l'ambassade à l'intention duBureau des Affaires Humanitaires du Département d'Etat étaient de purschefs d'oeuvre de manipulations et d'inventions, déformant et minimisantsystématiquement les données. Par exemple, un rapport de 1982 préparé pourle Département d'Etat par le personnel de Negroponte affirme, "que lesgaranties juridiques existent contre les arrestations ou détentionsarbitraires, contre la torture et le traitement inhumain. Le Habeas Corpusest garanti par la Constitution, la loi du Honduras prévoit la présentationdevant un juge 24 heures après l'arrestation. Il apparaît que la règles'applique." Même pour aujourd'hui, tout ceci n'est que foutaises, sansparler des années 80. En fait, le système judiciaire du Honduras se voitrégulièrement attribuer les plus mauvaises notes par TransparencyInternational. En réalité, les enlèvements extra-judiciaires par lesmilitaires étaient courantes à l'époque et largement connus de tous. Deplus, il a été reconnu dans des documents déclassifiés du Départementd'Etat de l'époque, que le système judiciaire était, et est encore,pratiquement totalement corrompu.Les demandes d'informations ou de visites effectuées par les membres de lafamille des prisonniers se heurtaient à un mur, puisque ni les tribunaux niles militaires ne reconnaissaient leur détention et qu'on ne pouvait doncpas les localiser. L'ambassade US était souvent sollicité pour retrouver unproche ou obtenir sa libération. Il ne fait aucun doute que Negroponteétait au courant de bon nombre de ces disparitions.LE HONDURAS OU LA NORVEGE ?Etrangement, le cas de Reyes mentionné ci-dessus n'a pas eu l'honneurd'être mentionné dans le rapport de Negroponte en 1982, malgré unecouverture médiatique et son propre engagement. Cependant, dans son rapporton trouve "Aucune ingérence du pouvoir dans les médias n'a pu êtreconstatée ces dernières années." Ces rapports étaient tellement encontradiction flagrante avec tout ce qui pouvait se constater chaque jourau Honduras que même le personnel de l'ambassade US avait du mal à lesprendre au sérieux. Rick Chidester, à l'époque assistant à l'ambassade USau Honduras, a été cité comme ayant demandé un jour sur un ton blagueurs'ils n'avaient pas rédigé en réalité le rapport sur la Norvège.NE PROMOUVOIR LA DEMOCRATIE QUE LORSQUE C'EST NECESSAIREAvant d'être expédiés à Washington, les rapports de l'ambassade sur lesdroits de l'homme étaient soigneusement révisés pour coller aux idées et àla mission de Negroponte, plutôt qu'aux faits objectifs. Il faut comprendreque Negroponte ne considérait pas le rapport comme une simple formalitémais plutôt comme un document explosif qu'il convenait de limiter. Ce quiest certain c'est que Negroponte a placé d'une manière hypocrite la barretrès haute en ce qui concerne les preuves d'une violation de droitseffectuée par les autorités du Honduras, mais remettait systématiquement encause les cas soulevés par les dirigeants des organisations de défense desdroits de l'homme à travers le monde, ce qui n'est très certainement pas lapolitique officielle du Département d'Etat.Avec de tels états de service, on comprend difficilement l'adulation pourNegroponte exprimée par certains qui pratiquaient l'indignation sélective -tels l'ancien secrétaire d'Etat adjoint Bernard Aronson et l'(ancienne)ambassadrice à l'ONU Jeanne Kirkpatrick. Ils auraient du savoir malgré leuradmiration aveugle pour Negroponte que de tels rapports ne sont pas censéscontenir uniquement des faits et être présentables devant un tribunal, maisqu'ils sont destinés aussi à contenir des informations moins importantesprovenant de citoyens ordinaires et des médias et qui concernent lesviolations des droits de l'homme, qui étaient nombreuses à l'époque auHonduras, et qu'Aronson et Kirkpatrick connaissaient. Negroponte réinventales règles en exigeant que tous les témoignages soient établis sous formede déclarations écrites publiques. Ce qui représentait de gros risques pourceux qui auraient voulu faire des révélations.La comparaison des rapports sur les Droits de l'Homme du Honduras et duNicaragua montrent clairement les objectifs réels de ces documents. Tandisque les rapports rédigés par l'ambassade US au Honduras mettaient en douteles accusations de violations des droits de l'homme par les militaires, auNicaragua les rapports étaient manipulés afin de faire croie à l'opinionpublique US que des atrocités étaient commises grossièrement etquotidiennement par le gouvernement Sandiniste, ce qui était loin d'être lecas.Les rapports de l'ambassade fournis pas les services de Negropontementionnaient tout ce qui était utile pour rassurer la majorité Démocrateau Congrès sur ce qui ce passait dans la zone, tout en ignorant lesréalités meurtrières auxquelles la population du Honduras était confrontéeau quotidien. L'allégement des rapports de l'ambassade semble avoir été unoutil extrêmement utile pour Negroponte pour la promotion de ses effortsdestinés à renverser les Sandinistes au Nicaragua, et n'avaient aucunrapport avec le renforcement de la démocratie ou des droits de l'homme auHonduras. Il y a de bonnes raisons de penser que l'accusation de complicitéde meurtre qui a été formulée contre Henry Kissinger dans l'affaire dumeurtre d'un général chilien pourrait être reprise contre Negroponte pourses propres actions.LE PLUS MAUVAIS CHOIXLes failles morales et intellectuelles de Negroponte en ce qui concerne lesdroits de l'homme devrait nous préoccuper quant aux dégâts que sanomination va provoquer sur notre réputation, déjà bien entamée par rapportà l'Irak. Envoyer un tel homme pour instaurer la démocratie en Irak ne peutêtre considéré que comme une blague de mauvais goût.Considérant son passé au Honduras, certains observateurs affirment que lanomination de Negroponte à l'ONU révélait un peu plus l'absence de critèreschez le secrétaire d'Etat Powell, et ses témoignages en faveur de tellesnominations, comme celles d'Otto Reich, John Bolton et Roger Noriega, oùPowell les qualifiait "d'hommes honorables", sont en totale contradictionavec la réalité.La nomination d'un personnage comme celui de Negroponte à un des postesdiplomatiques les plus importants du moment représente une insulte à lacommunauté internationale, ainsi qu'un affront aux victimes des guerres enAmérique centrale des années 80, et n'aura comme résultat que atteindreencore un peu plus la réputation de ce pays dans un moment difficile de sonhistoire.This analysis was prepared by Larry Birns and Jenna Wright, with archivalcontributions by Jeremy Gans and Matthew TschetterMr. Birns is the director of the Washington based Council on HemisphericAffairs, where the other authors are research fellows.Issued 27 April, 2004The Council on Hemispheric Affairs, founded in 1975, is an independent,non-profit, non-partisan, tax-exempt research and information organization.It has been described on the Senate floor as being "one of the nation'smost respected bodies of scholars and policy makers." For more information,please see our web page at www.coha.org; or contact our Washington officesby phone (202) 216-9261, fax (202) 223-6035, or email coha@coha.org.------------------------------------------------------------------------A cela, il faut ajouter que, de 1997 à 2001, John Negroponte a simultanément présidé la Fondation franco-américaine qui était l'émanation des USA pour contrôler l'EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales) à Paris, créée à l'initiative de la CIA contre le CNRS "communiste". L'EHESS a été créée comme pépinière d'intellectuels français de droite et "de gauche" chargés, à quelques exceptions près tolérées, de répandre les campagnes américanisatrices dans les milieux des décideurs, des médias et de la recherche. A ce titre, John Negroponte avait un bureau à Paris dans les locaux de l'EHESS, avant son "avancement" comme pro-consul d'Irak, et ce qui, vu les performances de l'homme dans la "promotion" de droits de l'homme très particuliers, en dit long sur l'état de soumission de la France qui s'est due d'accueillir dans un silence complice un baroudeur sanguinaire qui ailleurs mériterait pour le moins l'expulsion, et même les tribunaux. Voir "Voltaire", 8 juillet 2004.BD