Deux cents enfants meurentchaque jour en Irak
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Message : 10
Date : Mon, 13 Dec 2004 07:48:28 +0100
De : Danielle Bleitrach <bleit@up.univ-aix.fr>
Objet : Re: Arrêtez de sauver des vies !
Les soins de santé irakiens sous l'occupation : Deux cents enfants meurent chaque jour
A quand "la libération démocratique de Cuba par les mêmes"?
Pour le bonheur de Nicole Borvo ?
Ghali Hassan3-12-2004
BRussellsTribunalTraduction par J-M. Flémal pour Stop.USA
Depuis l'invasion militaire américaine et l'occupation de l'Irak, le système irakien des soins de santé s'est dégradé suite à sa destruction délibérée par l'administration américaine. Les victimes les plus vulnérables de cette destruction sont les enfants irakiens, et particulièrement les enfants de moins de cinq ans. Une nouvelle étude détaillée réalisée par une organisation caritative ayant son siège en Grande-Bretagne (Medact) et examinant l'impact de la guerre sur la santé, a révélé que des cas de maladies aisées à prévenir par vaccination avaient fait leur apparition et que les secours et les travaux de reconstruction avaient été mal gérés. Gill Reeve, directeur adjoint deMedact, auteur du rapport, a déclaré : " La santé du peuple irakien s'est détériorée depuis l'invasion de 2003. (.) La guerre de 2003 a non seulement créé les conditions de la poursuite du déclin de la santé, mais elle a également altéré la capacité du peuple irakien à inverser cette tendance. "Un second rapport, qui doit paraître d'ici peu, déclare que la malnutrition aiguë parmi les enfants irakiens de 6 mois à 5 ans a augmenté, passant de 4% avant l'invasion à 7,7% depuis cette même invasion de l'Irak. En d'autres termes, malgré 13 années de sanctions, les enfants irakiens vivaient beaucoup mieux (3,7%) sous le régime de Saddam Hussein que sous l'occupation.Le rapport, dirigé par l'Institut des Etudes nationales appliquées(Norvège), ou Fafo, en collaboration avec le Bureau central irakien des Statistiques et de la Technologie de l'Information, et avec le Programme de Développement des Nations unies (UNDP), révèle qu'environ 400.000enfants irakiens souffrent de " perte de poids " et de " maigreur extrême " - des conditions qui favorisent la diarrhée chronique et les déficiences en protéines.Un rapport récent de l'Unicef révèle à son tour que " avant 1990 et l'imposition des sanctions, l'Irak présentait l'un des niveaux de vie les plus élevés du Moyen-Orient " . Aujourd'hui, rapporte l'Unicef, " au moins 200 enfants meurent quotidiennement. Ils meurent de malnutrition,d'absence d'eau potable et d'équipements médicaux, ainsi que de la pénurie de médicaments censés soigner des maladies aisément guérissables " . Le rapport de l'Unicef montre que la mortalité infantile ne s'est pas améliorée depuis le début du conflit, en 2003, et que le taux de mortalité parmi les enfants s'est accru.L'Unicef estime qu'il y a environ 6.880 décès d'enfants de moins de cinqans chaque année en Irak, avec un taux de mortalité de moins de 5 ans de125 pour 1.000 naissances vivantes. En outre, le taux de mortalité desfemmes irakiennes durant la grossesse et au moment de l'accouchement aatteint trois fois ce qu'il était durant la période entre 1989 et 2002,rapporte une étude du Fonds de Population des Nations unies.Une délégation médicale de l'American Friends Service Committee a estiméque les années de sanctions " ont eu un impact particulièrement sévère surles familles et les enfants de ce pays, produisant de la sorte unegénération de jeunes gens affaiblis par la maladie, isolés du mondeextérieur et condamnés à nourrir des sentiments d'amertume etd'injustice ". Dans son rapport, la délégation faisait également remarquerque " les conséquences des sanctions touchent particulièrement lesenfants. Alors que les adultes peuvent endurer de longues périodes dedifficultés et de privations, l'immaturité physiologique et lavulnérabilité des enfants font qu'ils ont moins de résistance. Ilsconnaissent donc des risques plus élevés et sont moins susceptibles desurvivre à des pénuries persistantes " de nourriture et de soins de santé.Un rapport plus ancien de l'ONU déclarait qu'avant la première guerre duGolfe, " l'Irak avait un réseau très développé de soins de santé. Lesservices de soins de première ligne étaient disponibles pour 97% de lapopulation urbaine et 71% de la population rurale " . Chaque citoyenirakien avait droit à la gratuité des soins de santé dispensés par legouvernement. En 1991, l'Irak disposait de 1.800 centres de soins depremière ligne, selon l'Unicef.Suite à la guerre des Etats-Unis et aux sanctions, ce nombre était retombéà 929 une décennie plus tard, et, parmi ceux qui restent, un tiers ontbesoin de réparations sérieuses, et il s'agit d'un des besoins les plusurgents aujourd'hui.Les sanctions et les guerres contre le peuple irakien, soutenues par lesEtats-Unis et la Grande-Bretagne, ont tué plus de 2 millions de civilsirakiens, dont un tiers sont des enfants de moins de cinq ans. Lessystèmes irakiens de soins de santé et d'enseignement ont été les ciblesdélibérées de ces destructions.Sous les sanctions imposées par les Etats-Unis et les Nations unies, lesystème irakien des soins de santé s'est érodé à tous les niveaux. Desfournitures médicales vitales, tels que les médicaments de chimiothérapie,les antibiotiques, les vaccins et bien d'autres sont soit bannis soitretardés en raison de la politique du double emploi. Les équipementsmédicaux que l'Irak avait l'autorisation d'importer ont été soit bloqués àla livraison par les Etats-Unis et l'Angleterre, soit que les livraisonsétaient presque chaque fois incomplètes et d'une qualité inutilisable.En utilisant le masque habituel des Nations unies, " les Etats-Unis ontempêche l'importation normale de pièces d'équipement indispensables durantplus d'une décennie " , écrivait Tom Nagy, de l'université GeorgeWashington. Dans ses enquêtes sur les effets des sanctions sur l'eau et lesystème des soins de santé en Irak, Nagy a découvert que les Etats-Unis" avaient détruit intentionnellement tous ce qui restait du système dedistribution d'eau irakien au cours des six derniers mois en utilisant lessanctions pour empêcher l'importation d'une simple poignée d'élémentsd'équipement et de substances chimiques " indispensables pour letraitement de l'eau.Pendant l'assaut contre Fallujah, les forces américaines ont coupé l'eau etl'électricité à une ville de 300.000 habitants. Les frappes aériennesaméricaines ont détruit des hôpitaux et des centres médicaux. LesEtats-Unis se sont emparés de l'Hôpital général de Fallujah et en ont faitun hôpital militaire, refusant de la sorte tout service de soins auxcitoyens de la ville. Le 9 novembre 2004, des avions de guerre américainsont attaqué l'Hôpital des Urgences Nazzal au centre de la ville et l'ontcomplètement détruit. Trente-cinq patients ont été tués, y compris cinqenfants de moins de dix ans. Selon Amnesty International, " 20 membresirakiens du personnel médical [médecins et infirmières] et des douzainesd'autres civils ont été tués lorsqu'un missile a frappé une clinique deFallujah le 9 novembre 2004 " . Ce sont également des frappes aériennesqui ont détruit le magasin de fournitures médicales de l'hôpital. Ladestruction de Fallujah est un crime contre l'humanité.Actuellement, le nombre exact des civils tués dans l'assaut américaincontre Fallujah n'est pas connu. Selon un fonctionnaire du" gouvernement " fantoche d'Allawi, " plus de 2085 " Irakiens ont ététués. Pour attaquer la ville, les forces américaines ont utilisé des armesinterdites sur le plan international, tels napalm, armes au phosphore etcarburant pour réacteur, qui fait fondre le corps humain. Medact aégalement invité les forces américaines à repenser l'usage de ces armesillégales dans des zones peuplées, en raison du taux important de victimesciviles.Les forces américaines ont empêché la société irakienne du Croissant-Rouged'entrer dans la ville afin de fournir des vivres et autres aux civilsblessés. Le Croissant-Rouge a qualifié de " catastrophiques " lesconditions de santé à Fallujah et dans ses environs. Des témoins oculairesdisent que la plupart des victimes sont des civils, y compris des femmes,des enfants et des hommes désarmés de 14 à 60 ans, qu'on avait empêchés dequitter la ville avant l'assaut américain. En outre, de nombreux gossessont morts de faim, de déshydratation et d'accès de diarrhée. Le directeurexécutif de l'Unicef, Carol Bellamy a déclaré que la mort de ces enfants" était un invraisemblable massacre d'innocents ". " Le massacre d'enfantsest un crime et un outrage moral ", a ajouté Bellamy.Medact déclare : " La guerre est un désastre public permanent pour lasanté et la chose était prévisible - en outre, elle aurait dû êtreprévue. " Medact ajoutait que " l'excès de morts et de blessures et lestaux élevés de maladie sont les résultats directs et indirects du présentconflit " . Toujours selon Medact, l'Iraq également connu un retouralarmant de maladies contagieuses naguère bien contrôlées, y compris desinfections respiratoires aiguës, la diarrhée et la typhoïde,>particulièrement parmi les enfants.L'étude de Medact découvrait que " une personne sur quatre, en Irak, étaitdésormais dépendante de l'aide alimentaire, beaucoup plus d'enfantsétaient en dessous de leur poids normal ou étaient chroniquement plus malnourris qu'avant l'invasion américaine " . La quasi-disparition desprogrammes d'immunisation avait contribué à la réapparition de la mort etde la maladie dans des cas de maladies faciles à prévenir, et la mortalitéinfantile avait augmenté en raison d'un manque d'accès à une aidespécialisée lors de la naissance, ainsi qu'en raison de la violence,confirmait également le rapport du Fafo.Ce même rapport du Fafo donne une image catastrophique des soins de santéirakiens sous l'occupation américaine. " C'est retombé au niveau decertains pays africains ", a déclaré à l'Associated Press Jon Pedersen,directeur adjoint de l'Institut, dont le siège se trouve à Oslo. " Biensûr, aucun enfant ne devrait être sous-alimenté, mais quand nousatteignons des niveaux de 7 ou 8 pour-cent, c'est un signe clair qu'il y alieu de s'inquiéter ", a-t-il ajouté.A l'instar du rapport du Fafo, l'étude de Medact blâme toutparticulièrement l'occupation américaine des conditions de dégradationdans les soins de santé irakiens, de même qu'elle blâme la tactique desforces d'occupations dirigées par les Etats-Unis pour avoir exacerbé lesproblèmes de santé du pays, et tout particulièrement leur décisiond'évincer l'ONU. Les livraisons peu fiables d'électricité ont fait qu'ilest devenu difficile de faire bouillir de l'eau pour pouvoir la boire sansdanger. La destruction des infrastructures irakiennes, y compris leségouts et les installations d'eau, a aggravé le problème et s'est traduitepar une hausse des maladies violentes comme l'hépatite. Plus de 20% desrésidents urbains et 60% des habitants des campagnes n'ont plus l'accès àl'eau potable, suite à la destruction des infrastructures irakiennes.Selon le rapport de Medact, " douze pour-cent des hôpitaux irakiens ontété endommagés durant la guerre et les deux principaux laboratoires desanté du pays ont également été détruits ".Afin de favoriser la vente des biens et des ressources de l'Irak, les Etatsdoivent d'abord les rendre inutilisables. Le fait d'avoir visédélibérément, en vue de le détruire, le système irakien des soins de santéfait partie de la conquête illégale de l'Irak. L'objectif est on ne peutplus clair : la vente au rabais des biens et ressources de l'Irak à dessociétés américaines. Les Etats-Unis sont incapables de fournir à tous lesIrakiens des soins de santé acceptables et égaux. Les soins de santé auxEtats-Unis sont pires que dans n'importe quel pays industrialisé, et leursstatistiques sont effrayantes. Les Etats-Unis sont l'un des rares pays aumonde qui ne fournissent pas des soins de santé universels aux enfants etaux femmes enceintes. La mortalité infantile, le faible poids à lanaissance et la mortalité des enfants de moins de cinq ans sontparticulièrement élevés aux Etats-Unis si on les compare aux chiffres desnations industrielles occidentales et du Japon. Selon Gill Reeve, deMedact : " Il faut agir immédiatement pour mettre un terme à ce désastrede la santé. " La meilleure solution et la plus durable à la catastrophehumanitaire de l'Irak serait pour les Etats-Unis de mettre un terme à laviolence contre le peuple irakien, de retirer leurs forces de l'Irak et derestaurer la souveraineté du pays. L'actuel " gouvernement " intérimaire désigné par les Etats-Unis est un gouvernement dénué de la moindre légitimité. La souveraineté de l'Irak devrait être restaurée afin d'assurer la remise en état, pacifiquement, des infrastructures et du système dessoins de santé de l'Irak.
Ghali Hassan vit à Perth, dans l'Ouest de l'Australia: on peut lecontacter par e-mail:G.Hassan@exchange.curtin.edu.au
Notes:(1) Où trouver l'étude de Medact :http://www.medact.org/
http://www.medact.org/
http://www.medact.org/content/wmd_and_conflict/Medact
Iraq 2004.pdf