Irak agressé, occupé, envahi, pillé, détruit et colonisé, depuis 25 ans...

vendredi 13 février 2009

n° 239 - Les Dossiers 'Géopolitique et stratégie' l'Afghanistan - 12/02/09 - 1- : Obama et les projets de guerre néoconservateurs pour le Proche-Orient.

 

Sent: Friday, February 13, 2009 8:57 AM
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Subject: n° 239 - Les Dossiers 'Géopolitique et stratégie' l'Afghanistan - 12/02/09 - 1- : Obama et les projets de guerre néoconservateurs pour le Proche-Orient.


                                                          Aujourd'hui, face aux ambitions hégémonique de l'impérialisme, l'information est une arme au service de la paix
                              Dénoncer ne suffit plus, il faut expliquer, informer, transmettre



Les  Dossiers   'Géopolitique et stratégie' l'Afghanistan
                                                   n°239                                                                                             12/02/09 

                                                                     C.De Broeder    &   M.Lemaire                       



Le " Dossier d'Irak  " est visible  sur ...

 

NB : Si vous voulez-me contacter ou obtenir le Journal par mail, une seule adresse : fa032881@skynet.be



Sommaire : :

Tiré à part :

1 Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion

1-1       L'Otan veut éradiquer l'opium et le pavot en Afghanistan. Est-ce le rôle des pays de la coalition ?

1-2       Stephen Sniegoski : Obama et les projets de guerre néoconservateurs pour le Proche-Orient.

1-3       La Russie accule les Usa à la coopération en Asie centrale.

1-4       La Russie et l'Iran forcent la main des USA.

1-5       Akbar Borrissov : Le Kirghizstan claque la porte mais le Tadjikistan aide les USA en Afghanistan.

1-6       T. Hocine : La guerre en Afghanistan : L'armée US privée de la base de Manas.

1-7       Les Québécois en désaccord avec leur présence en Afghanistan.

2 Annexe

2-1 Edward S. Herman : OTAN: le Pitbull Impérial.

2-2 Palast Greg : Obama est un menteur hypocrite. C'est parfait !

2-3 La France et l'Otan.

1 Otan: Sarkozy brade-t-il le retour de la France?

2 La France négocie son retour dans l'Otan.

3 La France parachève son retour dans l'OTAN.

4 Comme prévu, la France est en passe de retrouver «toute sa place dans l'Otan».

3 Annexe

3-1 La Force collective de l'OTSC sera aussi efficace que les troupes de l'OTAN.

3 -2 Provinces Afghanes

 

 
 
 
 
 
 




 
 
 
 
 
 
 
 
 


Avant propos

Les militaires et médias usent d'un terme générique- 'Al Qaida & Taliban' - pour désigner l'ensemble des résistants Afghans ...



1  Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information

1-1 L'Otan veut éradiquer l'opium et le pavot en Afghanistan. Est-ce le rôle des pays de la coalition ?

Article revisité

D'un côté, il y a Richard Holbrooke, émissaire de Barack Obama en Afghanistan qui tient des propos très pessimistes sur la situation actuelle.

De l'autre, le Vice-président Joe Biden qui demande des renforts.

Richard Holbrooke ne se berce pas d'illusions.

Dans un commentaire lapidaire, il a constaté le désordre dont ont hérité les Américains en Afghanistan.

Le scénario est kafkaïen : d'un côté Harmid Karzaï tend la main aux taliban, de l'autre, Barack Obama entend les combattre sur leur terrain en autorisant un envoi, à court terme, de plus ou moins 17.000 hommes supplémentaires en Afghanistan.

« J'ai l'impression que cela va être bien plus pénible que l'Irak », ne pouvait que prédire l'émissaire américain.

Selon le prix Nobel de l'économie Joseph Stiglitz, le coût total de la guerre en Irak devrait s'élever à 3 000 milliards de dollars.

 

Aux USA le Sénat renâcle pour adopter le plan de relance de Barack Obama dont la facture serait ramenée de 937 milliards à 780 milliards de dollars.

Quel sera le prix à payer pour occuper totalementl 'Afghanistan ?

Et quel prix devront payer les alliés pour satisfaire les demandes américaines ?


Le Vice-président Joe Biden qui demande des renforts.

 - Les yeux étaient tournés samedi dernier vers Munich. Beaucoup de bonnes paroles ont été dites à la 45ième Conférence de Munich sur la sécurité. Le vice-président américain Joe Biden s'y est rendu.

Du miel. Que du miel, pour l'instant. « Je viens en Europe au nom d'une nouvelle administration déterminée à donner un nouveau ton à Washington et dans les relations de l'Amérique avec le monde », a déclaré Joe Biden. Il a poursuivi son discours en précisant : « Donc nous nous engagerons. Nous écouterons. Nous consulterons. L'Amérique a besoin du monde, tout comme, je crois, le monde a besoin de l'Amérique. Mais je dis à nos amis que les alliances, les traités et les organisations internationales que nous construisons doivent être crédibles et efficaces ».

Nicolas Sarkozy n'en demandait pas tant : « D'ici là, nous essaierons d'être au rendez-vous d'une grande ambition pour la famille qui est la nôtre ». Retour qui pourrait devenir effectif lors du 60ième anniversaire de l'Alliance atlantique, qui sera célébré, les 3 et 4 avril, à Strasbourg et Kehl. Entre temps, qu'en pense la population française ? Nicolas Sarkozy a une réponse bien ponctuée : « C'est un débat que je conduirai comme toujours avec l'esprit de franchise et de droiture vis-à-vis du peuple français ». Et pour ceux qui en doutent, Nicolas Sarkozy décuplera ses efforts pour faire en sorte de les ramener dans le giron : « L'alliance avec les États-Unis et l'alliance avec l'Europe ne mettent pas en cause l'indépendance de mon pays. Elles renforcent l'indépendance de mon pays. Voilà ce que j'expliquerai aux Français le moment venu ». La main sur le cœur, le président promet : « Moi, je ne ferai rien qui mette en cause l'indépendance de mon pays, jamais ». Sur le ton qu'on lui connaît, le président français a expliqué à Joe Biden qu'« une seule puissance ne peut pas régler les grands conflits du monde ».

Avec la France, plus rien ne sera pareil ? Et pour passer de la parole aux actes, un bataillon allemand de la brigade franco-allemande sera basé en France. C'est un « acte historique », a déclaré Nicolas Sarkozy.

Joe Biden a déclaré que Barack Obama soutient pleinement la France dans sa volonté d'adhérer à nouveau dans les structures intégrées de l'OTAN. « Une plus grande responsabilité de la France dans l'OTAN refléterait une importance accrue de la politique de sécurité et de défense européenne », a dit Joe Biden. Tout en soulignant que c'est pour cela que « nous souhaitons ce rôle accru de la France ». Le ministre Hervé Morin - pour apaiser la polémique au sein du parlement et de la population qui attendent toujours un débat sur la question - se pourfend d'une déclaration plutôt ambigüe : il a tenté de relativiser une décision « purement symbolique » et rappeler que la France ne renoncerait en rien à son indépendance puisque « les décisions au sein de l'Alliance atlantique se prennent à l'unanimité ».

Après toutes ces bonnes paroles, Joe Biden avait, à Munich, des demandes précises. « L'Amérique fera plus, mais l'Amérique demandera plus à ses partenaires ». Dans le cas de l'Afghanistan, Washington et ses alliés doivent prendre en charge une stratégie globale pour empêcher le pays de devenir un repaire du terrorisme islamiste. « L'Amérique va en faire plus ; ça, c'est la bonne nouvelle. La mauvaise nouvelle, c'est que nous allons demander à nos partenaires d'en faire plus aussi », a prévenu Joe Biden.

« Nous fermerons le camp de Guantanamo »,

a rappelé le Vice-président, mais en même temps, il demande l'aide de l'Europe pour accueillir d'anciens prisonniers du camp. Le message est on ne peut plus clair. Washington réclamera davantage de ses partenaires. Oui pour une réconciliation avec la Russie mais l'Amérique continuera de développer sa défense antimissile.

Derrière ce discours qui invite au dialogue et au partenariat, il y a les intérêts des États-Unis qui occupent une place importante : l'objectif est ni plus ni moins d'inviter les alliés à envoyer davantage de troupes en Afghanistan pour mieux lutter contre la violence croissante des insurgés et du reste des talibans. Si les Américains, selon Hervé Morin, « sont conscients de l'effort qu'a déjà fait la France » en Afghanistan, qu'en est-il des Français ? La France n'enverra pas, pour l'heure, des troupes supplémentaires en Afghanistan, a annoncé le ministre français.

Jaap de Hoop Scheffer, le secrétaire général de l'Otan, a dit tout haut ce qu'a soufflé discrètement, dialogue oblige, le Vice-président Joe Biden : « les Européens, France et Allemagne en tête, n'ont d'autre défi que de donner un contenu concret au rééquilibrage qu'ils prônent avec les États-Unis en envoyant des renforts en Afghanistan ».

 

Sur les relations actuelles entre l'Union européenne et l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer ne fait pas de quartier : « la situation à laquelle nous sommes confrontés est une source de frustration ». Et il ajoute, impitoyablement, qu'en Afghanistan, « les murs entre les deux organisations sont un réel handicap. [...] C'est du gâchis ».

À propos de gâchis, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont appelé à une « véritable coopération » entre l'UE et l'Otan, déplorant un « partenariat stratégique » insuffisant entre les deux institutions. Ce à quoi a répondu Jaap de Hoop Scheffer : « Je suis inquiet quand les États-Unis veulent augmenter leur contribution en Afghanistan et d'autres partenaires l'exclure (...) Ça n'est pas bon ».

La France est-elle prête à mettre ses troupes en Afghanistan au service de l'éradication de l'opium et du pavot ? Les militaires n'ont pas mission, en vertu des traités internationaux, de poursuivre des criminels de droit commun. À mi-mots, Jaap de Hoop Scheffer ne cache pas son intention d'orienter la coalition Operation Enduring Freedom (OEF) vers cet objectif : « La connexion entre l'insurrection et le commerce de la drogue mène à la mort de nos soldats en Afghanistan. C'est un prix trop élevé à payer pour nos soldats ».

Comme le rapporte Alec Castonguay, du quotidien Le Devoir : « Le ministre de la Défense, Peter MacKay, a confirmé que les soldats canadiens allaient participer à des opérations antidrogue, ce que le Canada avait toujours refusé de faire ». La raison en est simple. S'attaquer au pavot et à l'opium, c'est s'attaquer aux sources de revenus des populations qui tirent leurs seuls revenus de ce commerce. « Nous n'allons pas éradiquer spécifiquement les cultures de pavot, mais nous pourchasserons les trafiquants de drogue connus dont les opérations sont liées à celles des terroristes », a précisé le ministre Peter MacKay. Au Canada, tout est dans la nuance.

Anthony Salloum, de l'Institut Rideau, déclarait au quotidien Le Devoir : « La job des soldats canadiens en Afghanistan est de faire la guerre, pas de remplacer la police locale ». Anthony Salloum adressait cette mise en garde au ministre MacKay : « Comment savoir si un trafiquant de drogue est lié aux talibans ou si c'est un trafiquant local ? On s'en va sur une pente dangereuse ». Qu'en sera-t-il des troupes françaises ? Quelle décision prendra la France une fois consacré son retour au sein de l'Otan ?

En terminant, le ministère de la Défense nationale avait commandé un grand sondage Au Québec à la veille du départ des premiers soldats de Valcartier. Comme le rapporte Violaine Ballivy, du quotidien La Presse, 3000 Québécois de 16 ans et plus ont été consultés en juin 2007, puis 1000 personnes en août 2007 (au moment du déploiement), 1000 personnes en février 2008 (au moment du retour) et 3000 en mai 2008. Le pourcentage de répondants opposés à la présence du Canada en Afghanistan est passé de 61% à 66% au fil des mois. En outre, l'appui aux troupes est resté inchangé entre le début et la fin de l'enquête : 78% des Québécois affirmaient en 2007 et en 2008 qu'ils appuyaient les troupes canadiennes, et 60% déclaraient avoir une opinion positive des Forces canadiennes en général. « Les gens marquent une différence très nette entre l'organisation militaire et les décisions politiques qui dictent ses actions  », notait l'analyste militaire et lieutenant-colonel à la retraite, Rémi Landry. Ce dernier constate que « les positions restent très polarisées, et il est maintenant trop tard pour le gouvernement réussisse à convaincre les Québécois qu'il était de l'intérêt du Canada d'intervenir en Afghanistan ».

Sources : AFP, Presse canadienne, Reuters, Le Devoir, Le Monde, Figaro, Nouvel Observateur, New-York Times)

http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=51414

 


1-2 Stephen Sniegoski : Obama et les projets de guerre néoconservateurs pour le Proche-Orient.

De nombreux Américains, de nombreuses personnes dans le monde croient que la politique d'Obama va être aux antipodes de celle du gouvernement Bush. Or à voir les per­sonnes qu'Obama a désignées récemment, on se demande dans quelle mesure le nouveau président est un néoconservateur.

 Certes, il ne ressemble pas à cent pour cent à McCain mais il appartient à cette tendance.

Alors qu'avant son élection, très peu de néoconservateurs, comme Ken Adelman, soutenaient Obama, ils sont maintenant nombreux à être enthousiasmés par ses choix. Comme l'écrit le néoconservateur Max Boot, «je dois reconnaître que je suis sidéré par ces nominations, dont la plupart auraient aussi bien pu venir de McCain». David Brooks est
presque aussi euphorique: «Croyez-moi, j'essaie de ne pas m'associer à la puissante obamania qui déferle sur la haute bourgeoisie côtière, mais les choix ont été exceptionnels. Les événements des deux dernières semaines devraient rassurer tous ceux qui craignaient qu'Obama virerait à gauche ou allait s'automutiler en raison de son inexpérience. Il se prépare à un départ qui justifie presque l'énorme battage médiatique.» Richard Perle se dit «soulagé»: «Contrairement à ce à quoi on pouvait s'attendre, je ne crois pas qu'il va y avoir beaucoup de changements». La néoconservatrice Mona Charen écrit: «La superstition m'interdit presque de commenter les nominations effectuées jusqu'ici par le président élu Obama. La nouvelle a été tellement bien accueillie que j'hésite à la commenter de peur de rompre le charme.»1
Le journaliste Robert Dreyfuss fait remarquer que le gouvernement Obama ne pratiquera probablement pas la même politique irakienne que les néoconservateurs, qu'il va retirer des troupes avec le temps (disons: peut-être), qu'il n'aura pas recours à la rhétorique belliqueuse de l'administration Bush et qu'il coopérera mieux avec la communauté internationale. Cependant, aujourd'hui, la question principale des néoconservateurs et d'Israël est l'Iran. Or le gouvernement d'Obama se montre très belliqueux à l'égard de l'Iran. Que l'on se souvienne qu'Hillary Clinton a déclaré qu'il faudrait le détruire s'il attaquait Israël. Dreyfuss écrit: «En ce qui concerne l'Iran, il est bien trop tôt pour renvoyer les faucons. Ils agissent à coup sûr à l'écart des allées du pouvoir mais ils ont plus d'amis dans le camp Obama que ne le croient la plupart des gens. Plusieurs conseillers importants d'Obama – notamment Tony Lake, Susan Rice, future ambassadrice à l'ONU, Tom Daschle, Dennis Ross, de même que des faucons démocrates influents comme Richard Holbrooke, proches du vice-président élu Joe Biden ou de la Secrétaire d'Etat désignée Hillary Clinton – ont fait cause commune avec les faucons va-t-en-guerre du Washington Institute for Near East Policy (WINEP), de l'American Enterprise Institute (AEI) et d'autres instituts partisans de la force.»2 Dreyfuss montre que ces individus continuent d'être proches des néoconservateurs: «Les organisations comme le WINEP, l'AIPAC (American Israel Public Affairs Committee), l'AEI, le BPC (Bipartisan Policy Center) et l'UANI (United Against Nuclear Iran) estiment avoir pour mission d'entraîner les Etats-Unis dans une épreuve de force avec l'Iran. Ne minimisez pas leur importance. Ceux qui croient qu'une telle confrontation serait inconcevable sous le président Obama devraient demander à Tony Lake, Susan Rice, Dennis Ross, Tom Daschle et Richard Holbrooke s'ils sont d'accord, et si c'est le cas, pourquoi ils continuent de copiner avec les faucons néo-conservateurs.»2
Je pense qu'en fait, les néoconservateurs ont réussi à convaincre de leurs idées le courant dominant malgré le fiasco irakien. Obama va-t-il choisir de faire la guerre à l'Iran? Bien que cela ne soit pas absolument certain, l'hypothèse n'est pas exclue.
Voici un scénario possible: Le gouvernement Obama va probablement se concentrer tout d'abord presque totalement sur l'économie et reléguer au second plan la politique étrangère. Quand tous les plans de sauvetage et les incitations commerciales et financières auront échoué à relancer l'économie, il sera alors temps de jouer la carte de la guerre.
La persistance de la mauvaise situation économique pourrait inciter à détourner l'attention des problèmes intérieurs pour la diriger vers les guerres à l'extérieur. Obama, qui a l'image d'un homme de paix, aura une plus grande crédibilité que Bush ou McCain auprès du peuple américain pour adopter une politique dure envers l'Iran, en particulier après avoir tenté des efforts diploma­tiques sans offrir de contrepartie substantielle à l'Iran.
Obama sera alors poussé dans cette direction par les néoconservateurs hors de son gouvernement et les faucons au sein de celui-ci.
Une fois que la diplomatie aura échoué, des mesures plus dures seront envisagées comme étant la seule alternative face à un ennemi prétendument intransigeant. Des mesures comme un blocus maritime provoqueront probablement un conflit militaire qui justifiera le bombardement de l'Iran. La réponse iranienne aux efforts faits pour empêcher la navigation dans le golfe Persique entraînera une escalade vers une guerre de plus grande ampleur.    •

1 http://townhall.com/columnists/MonaCharen/2008/12/02pinch_me_am_I_dreaming  
2 http://www.antiwar.com/engelhardt/?articleid=13847

http://www.horizons-et-debats.ch/index.php?id

Jeudi 01 Janvier 2009

http://www.alterinfo.net/Obama-et-les-projets-de-guerre-neoconservateurs-pour-le-Proche-Orient_a27842.html?PHPSESSID=a29264753af3baf9c40c28c4b4e21783


1-3 La Russie accule les Usa à la coopération en Asie centrale.
Les pays membres de l'OTSC se sont tombés d'accord sur la création d'une Force collective de réaction rapide, lit-on jeudi dans les quotidiens Gazeta.ru et Kommersant.
Les troupes devraient être cantonnées en Russie, mais on n'exclut également pas l'utilisation de la base militaire de Manas, que les Américains seront obligés de quitter conformément à la décision du Kirghizstan.

Les analystes politiques estiment que Moscou semble prêt à conclure de nouvelles ententes avec Washington en matière du transit du matériel de l'OTAN vers l'Afghanistan.

"Si l'accord [du Kirghizstan] avec les Américains est abrogé, nous n'excluons pas que cette base soit mise à la disposition de la FCRR", a déclaré Dmitri Rogozine, représentant permanent de la Russie auprès de l'OTAN. "Les experts s'accordent pour affirmer que cette base pourrait être à l'avenir un point de déploiement de la FCRR".

Chercheur du Centre de sécurité internationale, Vladimir Evseïev estime que le site de Manas ne constituera dans le meilleur des cas qu'une base arrière. "De plus, si les Américains emportent le matériel, il faudra la réaménager", ajoute-t-il.

Selon l'analyste politique Fedor Loukianov, l'évacuation de la base américaine en échange de l'octroi à Bichkek d'un important paquet d'aide russe représente un avertissement pour Washington: dans cette partie de l'Eurasie, rien n'est possible sans entente avec la Russie.

Moscou semble espérer que la perte de Manas force les Etats-Unis à chercher un nouvel accord avec la Russie en matière de transit vers l'Afghanistan. "La fermeture de la base est la décision de Bichkek", souligne toutefois une source au Kremlin. "Et elle n'entrave d'aucune sorte notre coopération avec les Etats-Unis sur l'Afghanistan".

"La Russie joue sur le fait que Washington ne possède pas d'alternative à une coopération sérieuse avec Moscou", explique M. Loukianov. "L'intensification des opérations en Afghanistan exige de renforcer les arrières et de garantir le transport. On ne peut d'aucune façon être sûr que le Pakistan respecte ses engagements de pays de transit du matériel, la situation des cet Etat ne cessant de s'aggraver. Le Kremlin montre actuellement que pour coopérer avec les pays d'Asie centrale, il faut d'abord se mettre d'accord avec la Russie. Qui plus est, cet accord doit évidemment embrasser non seulement des questions d'importance régionale, mais aussi un éventail plus large de problèmes".

 5 février –

RIA Novosti.


1-4 La Russie et l'Iran forcent la main des USA.
Pont dans le défilé de Khyber détruit par la Resistance Afghane

On peut penser qu'il n'y a rien de commun entre faire sauter un pont dans le Khyber, (Afghanistan ndlt) l'usage d'une base aérienne nichée au pied des collines du Pamirs (Kyrgyzstan ndlt) et le lancement d'un satellite de 37.2 kg en nocturne qui tournera autour de la terre 14 fois par jour.

Mais, assemblés, ces éléments déclenchent l'équivalent politique et diplomatique de ce qui est connu sous le nom de zwischenzug ce qui veut dire en terme de jeu d'échecs, un déplacement intermédiaire qui améliore la position du joueur.

Les Perses, qui ont inventé le jeu d'échecs dominent en ce qui concerne le zwischenzug.

Le porte parole du ministère des affaires étrangères, Hassan Qashqavi, a dit à Téhéran mercredi, " l'Iran n'a pas de plan pour arrêter son activité nucléaire. Lors de la rencontre à venir le comité des "Six sur l'Iran" devrait adopter une approche logique et accepter le fait que l'Iran est un état nucléaire".

Les Talibans ne jouent pas aux échecs

Il est peu probable que les Talibans aient envisagé le zwischenzug imminent de l'Iran quand ils ont fait sauter lundi le pont métallique de 30 m dans le défilé de Khyber à 24 km à l' Ouest de Peshawar dans le Nord Ouest du Pakistan, stoppant l'approvisionnement des troupes de l'OTAN en Afghanistan. Mais la perturbation du trafic montre une nouvelle fois la vulnérabilité de la principale route d'approvisionnement de l'OTAN et concentre l'attention sur l'Iran.

Cela oblige l'OTAN à un important changement de politique. Le commandant en chef des forces de l'OTAN en Afghanistan, le général John Craddock, a admis que l'Alliance ne s'opposerait pas à ce qu'individuellement des états membres s'arrangent avec l'Iran pour approvisionner leurs troupes en Afghanistan. Pour citer Craddock, un général américain 4 étoiles qui est aussi le commandant suprême des forces alliées de l'OTAN, "ce seront des décisions nationales Les nations doivent agir en tenant compte de leurs intérêts nationaux et leur capacité à réapprovisionner leurs troupes. Je pense que la décision est entièrement la leur."

Craddock s'est fait l'écho de ce que le secrétaire général de l'Alliance, Jaap de Hoop Scheffer, avait dit il y a seulement une semaine que les pays membres de l'OTAN, inclus les US, devraient engager la discussion avec l'Iran pour qu'ils combattent les Talibans en Afghanistan.

Scheffer n'aurait pas parlé sans l'aval de Washington. Craddock n'a fait que le confirmer. L'OTAN souhaite utiliser la nouvelle autoroute construite par le gouvernement indien qui relie le centre de l'Afghanistan à la frontière iranienne à Zaranj, ce qui permettrait d'avoir accès au port en eau profonde de Chabahar dans le Golfe Persique. L'autoroute est peu utilisée. Les Indiens ont achevé sa construction il y a à peine quinze jours.

L'OTAN est pressée. Elle doit réduire d'une certaine façon sa dépendance aux voies d'approvisionnement via le Pakistan, utilisées pour acheminer en gros 80% du ravitaillement. Les observateurs ne peuvent que constater l'ironie de la situation. L'OTAN cherche une voie via l'Iran alors que Téhéran demande un retrait des troupes US d'Afghanistan.

Jeudi dernier, le ministre des affaires étrangères iranien, Manouchehr Mottaks, a fait remarquer que l'Iran avait prêté attention aux plans de l'administration du Président Barak Obama de retirer des troupes US d'Irak et "nous pensons que cela devrait de même s'étendre à l'Afghanistan".

L'ironie s'est accentuée lorsqu'il il a une quinzaine de jours le secrétaire à la defense US, Robert Gate, lors de son premier témoignage devant le Congrès en tant que membre de la nouvelle Administration, a mentionné une augmentation de "l'interférence" de l'Iran en Afghanistan et un double langage, et sous entendu que l'Iran exacerbait l'insurrection.

Le zwischenzug de la Russie

Au coeur du problème c'est que dans leurs efforts pour ouvrir des voies d'approvisionnement au Nord à travers l'Amu Darya, les US se retrouvent mêlé au grand jeu en Asie Centrale. Les porte-paroles américains ont affirmé avec insouciance que la Russie et des états d'Asie Centrale mettaient à disposition des voies d'approvisionnement. Mais la géopolitique ne le confirme pas.

Le Président du Kyrgyzstan, Kurmanbek Bakiyev, a lancé une bombe mardi en demandant la fermeture de la base militaire US à Manas, utilisée pour convoyer du ravitaillement en Afghanistan. Il a dit cela après des discussions avec le Président russe, Dmitry Medvedev, au cours desquelles Moscou s'est engagé à annuler la dette de 180 millions de $ de Bishkek, et à prêter également 2 milliards de $, avançant dans l'immédiat 150 millions de $.

L'envoyé de l'OTAN en Asie Centrale, Robert Simmons, s'est précipité à Bishek dans un dernier effort pour essayer d'empêcher la décision Kyrgyz, mais en vain, et a admis que cela aurait un impact négatif sur les opérations de l'OTAN en Afghanistan. Washington espère encore sauver la situation, mais cela implique faire appel à l'aide de Moscou.

Moscou est partant comme toujours - à condition que les US ( et l'OTAN) soient prêts à ranger au placard leur agenda géopolitique mal venu d'étendre et d'approfondir leur présence stratégique en Asie Centrale sous prétexte de développer de nouvelles voies d'approvisionnement pour l'Afghanistan. Simplement dit, Moscou est irrité par la diplomatie abrasive de Washington ces dernières semaines en Asie Centrale.

Les US ont signé un accord avec le Kazakhstan, un allié clé de la Russie, offrant de fournir "une part significative " de leurs approvisionnements pour l'Afghanistan à ce pays qui en retour devrait fournir des troupes pour l'Afghanistan. C'est compréhensible que Moscou (et Beijing) voient avec inquiétude le rapprochement des US avec leur allié clé du SCO (Shangai Security Coopération Organisation) et du CSTO (Collective Security Traity Organisation) devenir un satellite stratégique de l'Occident. De même, le zwischenzug de Moscou pour évincer l'armée US du Kyrgyzstan bénéficierait, c'est sûr, de l'encouragement des Chinois.
Nyet à un engagment selectif

Washington préfère un "engagement sélectif" sans considérer les facteurs sousjascents qui ont causé un froid dans les relations. Le Kremlin reste prudemment optimiste quant à la possibilité qu' Obama aborde les relations US Russie dans une nouvelle perspective. Cela se reflète dans un commentaire piquant fait par Gorbatchev que "jusqu'à présent il y a des raisons d'être optimiste".

Mais un sentiment sousjascent d'exaspération est visible. Comme l'a dit un commentateur de Moscou, l'époque de G.W. Bush est peut être terminée, mais les "conséquences sont encore présentes". Obama a peut être de nouvelles idées, mais les "vieux qui tirent les ficelles" sont toujours là au sein de l'Administration dans des postes clés, et par conséquent, Obama aura peut être besoin d'années plutôt que de mois pour façonner une nouvelle politique étrangère.

Donc Moscou a eu recours au zwischenzug. Samedi dernier, le journal influent de Moscou, Nezavisimaya Gazeta, a rapporté que la Russie a proposé de réouvrir la base aérienne clé de l'aire soviétique à Bombora sur la côte d'Abkhasie dans la Mer Noire. Mardi, la Russie a signé un accord avec la Biélorussie pour la mise en place d'un système de defense aérien intégré. Mercredi, Medvedev a utilisé le forum de CSTO pour rappeler qu'il était ouvert à une coopération avec les US dans la lutte contre le terrorisme en Afghanistan.

De même, lors de commentaires en lien avec cela, faits mercredi par le vice ministre des affaires étrangères russes, Frigory Karasin, celui-ci a dit : "nous espérons que nous aurons avec les US des discussions spéciales et professionnelles sur ce sujet (des voies de transit pour l'Afghanistan) dans le futur proche. Nous verrons comment nous pouvons coopérer efficacement... Les US, l'Asie Centrale, La Chine - nous avons tous intérêt à ce que l'opération anti -terroriste en Afghanistan réussisse." Karasin a assuré que l'éviction de Manas des US ne "s'avérerait pas être une obstruction".

En somme, la balle est dans le camp d'Obama. La grande question c'est de savoir s'il peut écraser les partisans de la ligne dure et se défaire du lourd bagage géopolitique que sa guerre afghane en perte de vitesse porte inutilement.

Pendant ce temps, l'ombre des relations US-Russie tombe sur l'Hindou - Kush. Les médias russes ont rapporté qu'une délégation militaire de haut niveau est attendue à Moscou dans le "futur proche". Alors qu'il y a une forte possibilité qu'Obama retire son soutien au Président afghan, Hamid Karzai, Moscou va peser ses options.

Les US sont perchés au dessus d'une pente glissante en Afghanistan. La résurgence des Talibans continue et la situation sécuritaire se détériore, mais l'OTAN est incapable d'augmenter le niveau de ses troupes ou d'évoluer vers une stratégie efficace. Les voies d'approvisionnement de l'OTAN ont été menacées, mais des routes alternatives doivent encore être négociées. Le fossé entre les US et Karzai s'élargit, mais catapulter un remplaçant à Kaboul n'est jamais chose facile. De nouveau, Washington devrait faire pression sur Islamabad, mais la situation au Pakistan est bien trop fragile pour supporter plus de pression.

C'est avec cet arrière plan complexe que lundi le satellite de l'Iran a été lancé dans le ciel d'une nuit constellée d'étoiles. Appelé Espoir, son lancement a un effet démultiplicateur géopolitique. Des sonnettes d'alarme retentissent dans les capitales occidentales, compte tenu de la faible chance que l'Iran baisse la garde. Le lancement peut être vu comme une prouesse technologique, ce qu'il est effectivement. Mais l' Espoir a envoyé un signal sérieux sur les capacités militaires de l'Iran.

Les experts estiment que la fusée à deux étages utilisée pour le lancement pourrait facilement transporter une petite tête nucléaire jusqu'à une cible située à 2500 Km. Ce n'est peut être pas un missile balistique intercontinental, mais le Sud de l'Europe est à sa portée, de même que tout le territoire d'Israël. Simplement dit, l'Iran a en main une dissuasion crédible contre une attaque militaire US-Israël.

L'attaché de presse de la Maison Blanche, Robert Gibbs, a décrit le lancement comme une "sérieuse préoccupation pour cette Administration". Le ministre des affaires étrangères allemand, Frank-Walter Steinmeir, a dit après sa première rencontre avec la secrétaire d'état US, Hillary Clinton, "nous voulons aider en faisant en sorte que la main tendue par le Président Obama soit une main forte". Ce sont là des mots forts, pas de doute.

Mais un mot allemand est bien plus approprié - zugzwang. Littéralement, cela veut dire "obligé de bouger". C'est à dire quand une situation se développe sur l'échiquier, que le joueur n'a d'autre possibilité que de bouger bien que cela affaiblisse sa position, mais qu'il doit néanmoins le faire.

C'est peut être trop s'avancer que de dire que Moscou et Téhéran ont coordonné leur zwischenzug respectifs, mais c'est sûr que les deux attendent ardemment le zugzwang de Washington.

M.K. Bhadrakumar

L'ambassadeur M.K. Bhadrakumar a été diplomate de carrière au sein du ministère des affaires étrangères indien. Il a été en poste notamment en Union Soviétique, en Corée du sud, au Shri Lanka, en Allemagne, Afghanistan, Pakistan, Uzbekistan, Koweït et Turquie.

06/02/09-
Traduction Mireille Delamarre pour Planete Non-Violence
http://www.planetenonviolence.org/Afghanistan-Moscou-Et-Teheran-Forcent-La-Main-a-Washington_a1814.html

http://www.planetenonviolence.org/Afghanistan-Moscou-Et-Teheran-Forcent-La-Main-a-Washington_a1814.html?PHPSESSID=f6981d065907383197dd61c7c855c2b4


1-5 Akbar Borrissov : Le Kirghizstan claque la porte mais le Tadjikistan aide les USA en Afghanistan.
Le Tadjikistan est prêt à autoriser le transit de matériel vers la coalition internationale en Afghanistan après la décision du Kirghizstan voisin de fermer une base américaine, Moscou et Washington poursuivant leur lutte d'influence dans ces ex-républiques soviétiques.

Comme pour montrer qu'elle menait le jeu, la Russie, qui souhaitait ardemment la fermeture de cette base, a affirmé vendredi qu'elle permettrait le transit de matériel envoyé par les Etats-Unis en Afghanistan.

"Nous attendons que nos partenaires américains soient prêts à nous présenter concrètement une requête avec la quantité et le type des marchandises", qu'ils veulent livrer, a dit le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

"Sitôt que nous l'aurons reçue, nous donnerons l'autorisation correspondante", a ajouté M. Lavrov, laissant clairement entendre que ces "marchandises" ne devaient concerner ni des armes ni des munitions.

Le chef de l'Etat tadjik Emomali Rahkmon avait peu auparavant déclaré devant la presse qu'il était "prêt à offrir aux Etats-Unis et aux pays de l'Otan son aide pour les livraisons commerciales et humanitaires en Afghanistan".

S'exprimant à l'issue d'entretiens avec l'ambassadeur des Etats-Unis à Douchanbe, Mme Tracey Ann Jacobson, il a précisé qu'il s'agissait du transport par route de matériel de construction, de médicaments, de combustible et d'eau.

Ces produits "ne doivent pas seulement être destinés aux militaires, il est également important qu'ils soient utilisés pour la reconstruction de l'Afghanistan", a-t-il toutefois souligné.

M. Rakhmon a déclaré que son pays était "totalement prêt au transit de fournitures non-militaires vers l'Afghanistan", a renchéri Mme Tracey Ann Jacobson.

Autre pays pauvre d'Asie centrale, le Kirghizstan a, pour sa part, insisté sur le fait que sa décision de fermer une base aérienne installée par les Etats-Unis sur son territoire, vitale pour l'approvisionnement des forces américaines et de l'Otan en Afghanistan, était "définitive".

Dans le même temps, il a martelé qu'il ne négocierait pas avec les Etats-Unis sur l'avenir de ces installations militaires.

"Il n'y a pas de négociations" avec la partie américaine, a sèchement déclaré à la presse à Bichkek le ministre kirghize des Affaires étrangères Kadyrbek Sarbaïev.

"Aucune négociation" n'a lieu ou n'est prévue, a également dit le secrétaire du Conseil national de sécurité Adakhan Madoumarov, qui a souligné que la base de Manas, ouverte en 2001, serait quoiqu'il arrive fermée.

Les Etats-Unis avaient à cet égard assuré jeudi qu'ils travaillaient avec le Kirghizstan pour le convaincre de revenir sur sa décision.

Les députés kirghizes doivent examiner la semaine prochaine le projet du gouvernement de fermer la base de Manas, située près de Bichkek et à proximité d'infrastructures militaires russes.

Le Parlement étant contrôlé par les partisans du chef de l'Etat Kourmanbek Bakiev, l'approbation du projet de loi sur la fermeture de la base, rendu public mercredi, ne fait guère de doute.

Akbar BORISSOV

Afp

6 février

.http://archives.lorientlejour.com/article/218458/Le_Tadjikistan_aide_les_USA_en_Afghanistan%2C__le_Kirghizstan_claque_la_porte.html


1-6 T. Hocine : La guerre en Afghanistan : L'armée US privée de la base de Manas.
Nul doute que la situation, du point de vue géostratégique, va sensiblement changer en Asie centrale et plus précisément aux portes de l'Afghanistan où les Américains s'apprêtent à renforcer leur présence en vue de mettre fin à une guerre déclenchée en 2001 et dont personne n'en voit la fin, et encore moins un signe annonciateur de la victoire.

C'est cette guerre que le nouveau président, Barack Obama, entend achever et il a décidé d'y apporter tout l'effort de son pays. Cela semble difficile, au moins sur le plan de la logistique et des points d'appui, en d'autres termes, des bases dont pourrait disposer l'armée US. désormais, celle-ci devrait en compter une de moins, et pire que cela revoir son dispositif depuis hier, soit depuis que le gouvernement kirghiz a annoncé que sa décision de fermer une base aérienne américaine sur son territoire vitale pour l'approvisionnement des forces de la coalition internationale en Afghanistan, est « définitive ». Le porte-parole du gouvernement kirghiz a tout juste précisé que « le ministère kirghiz des Affaires étrangères et l'ambassade des Etats-Unis échangent leurs points de vue sur le calendrier de fermeture de la base ».

Le Parlement du Kirghizstan doit examiner, la semaine prochaine, le projet du gouvernement de fermer la base de Manas, située près de Bichkek et à proximité d'infrastructures militaires russes. Le Parlement étant contrôlé par les partisans du président kirghiz Kourmanbek Bakiev, l'approbation du projet de loi sur la fermeture de ces installations américaines — une décision souhaitée par Moscou rendu public, mercredi dernier, ne faisait pas de doute. Et bien que cela ne pourra en aucun cas remplacer ce qu'ils viennent de perdre, la Russie a fait savoir, hier, qu'elle « donnera son accord » au transit de matériel américain vers l'Afghanistan. Le Tadjikistan, lui aussi, se déclare prêt à autoriser le transit de marchandises destinées à la coalition internationale vers l'Afghanistan, à l'exception des fournitures militaires, a déclaré, hier, l'ambassadeur des Etats-Unis à Douchanbe, à l'issue d'une rencontre avec le président tadjik.

Le chef de l'Etat tadjik, Emomali Rahkmon, a souligné que son pays, une ancienne république soviétique, était « totalement prêt au transit de fournitures non militaires vers l'Afghanistan », a déclaré à la presse Mme Tracey Ann Jacobson, qui dirige la représentation diplomatique américaine. Le président Rakhmon a, de son côté, déclaré aux journalistes que le Tadjikistan était « prêt à offrir aux Etats-Unis et aux pays de l'Otan son aide pour les livraisons commerciales et humanitaires en Afghanistan ». Avant même que cette décision ne soit prise, les Etats-Unis, qui estimaient que la base en question a été d'une importance « capitale » pour les opérations en Afghanistan, travaillaient avec ce pays pour le convaincre de ne pas fermer ces installations, a déclaré la Maison-Blanche, jeudi. « Le Kirghizstan a mis à notre disposition une base aérienne à Manas, qui a été d'une importance capitale pour nos efforts et ceux de la coalition en Afghanistan, et nous nous attendons à travailler rapidement avec eux pour remédier à cette situation », a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs.

La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a estimé de son côté que le projet de fermer la base était « regrettable ». Mais « cela n'affectera pas les décisions que nous aurons à prendre, quelles qu'elles soient », a-t-elle ajouté, parlant apparemment de la politique en général des Etats-Unis dans la région. « Le département de la Defense est en train d'examiner comment procéder autrement », a dit Mme Clinton, laissant entendre que le Pentagone étudiait des plans de remplacement. « Nous allons procéder avec une grande efficacité, quel que soit le résultat des réflexions du gouvernement kirghiz », a-t-elle déclaré. Le président kirghiz, Kourmanbek Bakiev, a annoncé, mardi à Moscou, la décision de principe de fermer la base qui sert, depuis sa création fin 2001, de plate-forme de soutien logistique aux troupes de la coalition internationale engagée en Afghanistan qui compte 1200 militaires. L'annonce a été faite aux côtés du président russe, Dmitri Medvedev, quelques minutes après l'octroi au Kirghizstan d'un crédit russe de deux milliards de dollars, alors que les abords de la Russie sont le théâtre d'une lutte d'influence considérable.

La Russie, qui souhaitait depuis longtemps la fermeture de ces installations militaires, a nié avoir influencé le gouvernement kirghiz. Mais un responsable du département d'Etat a douté du sérieux de l'offre russe, s'interrogeant sur les véritables motivations de Moscou. « Les Russes ont présenté une sorte d'offre », a déclaré à la presse ce responsable ayant requis l'anonymat. « Je pense que vous avez entendu parler de cette offre, dont le plus gros, à notre avis, ne sera pas suivi d'effet », a-t-il ajouté. « De toutes les façons, ce n'est pas réaliste. Ils parlent de deux milliards de dollars. Le fait que M. Bakiev ait révélé cela à la télévision russe ne nous a pas échappé », a-t-il ajouté. « Je ne sais pas exactement où ils (les Russes) veulent en venir ». Bien entendu, il se gardera d'en dire plus. Mais nul doute qu'un nouveau chapitre dans les relations entre les deux pays vient d'être ouvert, et cela vaut aussi au plan des relations multilatérales avec cette décision de sept pays de l'ancienne URSS de constituer des unités militaires communes. Et là, il n'y a pas de place pour le hasard. Il y a une recomposition et un retour en force de la Russie.

T. Hocine

http://www.elwatan.com/La-guerre-en-Afghanistan-L-armee


1-7 Les Québécois en désaccord avec leur présence en Afghanistan.
Les Québécois sont ambivalents face à la mission canadienne en Afghanistan, selon un sondage mené pour le compte des Forces armées canadiennes, que La Presse a obtenu.
D'une part, ils ont une bonne opinion des soldats et, d'autre part, ils sont en désaccord avec leur présence dans ce pays.

Ce sondage Léger Marketing avait été commandé par la  nationale à la veille du départ des premiers soldats de Valcartier. Intitulé Attitudes et connaissances envers les Forces canadiennes au Québec, il a été réalisé en quatre vagues d'une ampleur considérable: 3000 Québécois de 16 ans et plus ont été consultés en juin 2007, puis 1000 personnes en août 2007 (au moment du déploiement), 1000 personnes en février 2008 (au moment du retour) et 3000 en mai 2008.

D'après ce rapport, le déploiement des Québécois n'a pas causé la catastrophe appréhendée dans l'opinion publique.

Les images des soldats blessés ou tués dans des attentats n'a que légèrement modifié leur perception de la mission en Afghanistan. Les Québécois y étaient à peine un peu plus réfractaires en mai 2008 qu'en juin 2007: le pourcentage de répondants opposés à la présence du Canada en Afghanistan est passé de 61% à 66% au fil des mois.

En outre, l'appui aux troupes est resté inchangé entre le début et la fin de l'enquête: 78% des Québécois affirmaient en 2007 et en 2008 qu'ils appuyaient les troupes canadiennes, et 60% déclaraient avoir une opinion positive des Forces canadiennes en général.

 «Les gens marquent une différence très nette entre l'organisation militaire et les décisions politiques qui dictent ses actions», observe l'analyste militaire et lieutenant-colonel à la retraite Rémi Landry. Ils ont une bonne opinion du travail et du professionnalisme des militaires, ce qui peut s'expliquer facilement par leurs interventions pendant la crise du verglas, notamment. Mais ils restent cohérents avec leurs positions historiques, plutôt en désaccord avec l'utilisation de la force militaire dans des conflits.»

Le fait que les perceptions aient peu varié s'expliquerait aussi par le fait que les Canadiens n'ont pas commis de bavure pendant cette période. «Les militaires ne se sont pas embourbés, comme en Somalie, et ils ont montré qu'ils sont capables de faire un travail onusien de maintien de la paix», souligne l'analyste. Il y a fort à parier que les images des soldats qui embrassent femme et enfants à leur retour de mission ont aussi eu un certain effet positif. Et Ottawa a évité le choc d'un attentat qui aurait emporté plusieurs soldats d'un coup, avec des conséquences potentiellement désastreuses dans l'opinion publique.

Communication réussie?

Même si les Québécois appuient les soldats de Valcartier sans égard à leur mission, Rémi Landry ne va pas jusqu'à conclure que les stratégies de communication des Forces armées ont atteint leurs cibles. «Les positions restent très polarisées, et il est maintenant trop tard pour le gouvernement réussisse à convaincre les Québécois qu'il était de l'intérêt du Canada d'intervenir en Afghanistan», dit-il. Le sondage indique d'ailleurs qu'à peine un Québécois sur six est intéressé à obtenir plus d'information sur le but précis de la mission.

- Avec la collaboration de William Leclerc

http://www.cyberpresse.ca/dossiers/le-canada-en-afghanistan/200902/08/01-825382-les-quebecois-ambivalents-sur-la-presence-en-afghanistan.php

 



2 Annexe
2-1 Edward S. Herman : OTAN: le Pitbull Impérial.
L'un des clichés les plus fallacieux de l'histoire des pays occidentaux après la Seconde Guerre mondiale est que l'OTAN fut créée comme une organisation défensive pour contrer la menace d'une attaque soviétique contre l'Europe de l'Ouest. C'est parfaitement faux !  

Certes, la menace soviétique joua un rôle majeur dans la propagande occidentale, mais bon nombre des plus grands dirigeants U.S. ou d'Europe de l'Ouest reconnaissaient en coulisse que ladite invasion soviétique n'avait rien d'une menace réelle. L'Union Soviétique venait d'être dévastée et, bien que disposant d'une armée considérable, elle était exténuée et avait besoin de temps pour récupérer. Les USA pour leur part étaient en plein essor, la guerre avait revitalisé leur économie, ils n'avaient subi aucun dommage de guerre et disposaient dans leur arsenal d'une bombe atomique dont ils avaient démontré l'efficacité à l'Union Soviétique en tuant un quart de million de Japonais à Hiroshima et Nagasaki [ndt : soit quelque 250 000 personnes en moins de 4 jours, dont une majorité de civils]. A Washington, on envisagea sérieusement de frapper l'Union Soviétique avant qu'elle ne se remette ou ne se dote elle-même de l'arme atomique, mais cette option fut rejetée en faveur des politiques de « Containment », de guerre économique et d'autres formes de déstabilisation. En avril 1950, le rapport NSC 68 [National Security Council Report 68], tout en décriant la grande menace soviétique, appelait explicitement à un programme de déstabilisation visant un changement de régime dans ce pays, lequel se concrétisa finalement en 1991.

De fait, même un partisan de la ligne dure comme John Foster Dulles déclarait en 1949 : « Je ne connais aucun haut responsable militaire ou civil […] dans ce gouvernement ou dans aucun autre gouvernement, qui croie que les Soviétiques préparent actuellement une conquête sous la forme d'une agression militaire ouverte ». On peut souligner ici que Dulles parle seulement d'une « agression militaire ouverte ». Pour les Occidentaux, la « menace » consistait davantage en un éventuel soutien soviétique à des formations politiques de gauche en Europe de l'Ouest. Le Sénateur Arthur Vandenberg, l'un des pionniers de l'OTAN, déclarait ouvertement que le but d'un renforcement des dispositifs militaires de l'OTAN « devait être avant tout l'objectif pratique d'assurer une defense adéquate contre une subversion interne ». Bien évidemment, le soutien infiniment plus conséquent des USA aux formations de droite ne pouvait nullement sembler appuyer une subversion interne ou constituer une quelconque menace pour la démocratie. Seule une éventuelle aide soviétique à la gauche pouvait s'inscrire dans cette catégorie. (Adlai Stevenson, en 1960, n'appelait-il pas « agression intérieure » la résistance conduite au Sud Vietnam par des populations hostiles au régime minoritaire imposé par les Etats-Unis ?)

Les élites occidentales non-allemandes s'inquiétaient bien davantage d'un possible réveil de l'Allemagne et d'une « menace allemande », et étaient bien plus préoccupées à l'instar des responsables américains, par le moyen de juguler la montée en puissance des forces de gauche en Europe, que par une quelconque menace militaire soviétique. Les Américains n'en pressaient pas moins les Européens de développer leurs forces armées en achetant de l'armement aux industriels U.S. ! Bien que délibérément exagérée, voire fabriquée de toute pièce, la menace militaire soviétique était des plus utiles pour discréditer la gauche en l'associant d'office à Staline, au bolchevisme et à une prétendue invasion soviétique ou à un mythique projet de conquête mondiale.

En réalité, le Pacte de Varsovie était une organisation infiniment plus défensive que l'OTAN. Il fut mis en place après la création de l'OTAN et très clairement en réponse à celle-ci. C'était une union des plus faibles et dont les membres étaient moins fiables. C'est d'ailleurs elle qui finit par s'effondrer, tandis que l'OTAN gardait une place centrale dans le processus à long terme de déstabilisation et de démantèlement de l'Union Soviétique. Cela pour une bonne et simple raison : la puissance et l'armement de l'OTAN faisaient partie intégrante de la stratégie U.S. qui avait consisté à pousser les Soviétiques à des dépenses colossales en armement, au détriment de celles liées à l'amélioration des soins, de la qualité de vie et de tout ce qui leur assurait le soutien de leurs populations. Au contraire, parce qu'elle constituait une menace réelle pour la sécurité, l'OTAN encourageait un niveau de répression aussi néfaste à la loyauté envers l'Etat, qu'à la réputation de celui-ci sur le plan international. Pendant toute cette première période, les dirigeants soviétiques s'efforcèrent vainement de négocier des accords de paix avec l'Ouest, quitte à céder l'Allemagne de l'Est, mais les USA comme leurs alliés et clients dédaignèrent toute proposition de cet ordre.

Comme nous venons de le voir, le point de vue officiel aux Etats-Unis – et de fait celui des médias – est que seule une intervention soviétique en Europe de l'Ouest après la Seconde Guerre mondiale pouvait sembler choquante ou représenter un risque de « subversion interne ». Pour autant, dans un univers moins Orwellien que le nôtre, on conviendrait volontiers que les USA dépassaient largement l'URSS en matière de soutien, non seulement à une « subversion interne », mais au terrorisme pur et simple, dès après 1945. Pour avoir réellement combattu contre l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste, la gauche avait considérablement gagné en puissance au cours de la Seconde Guerre mondiale. Les USA s'opposèrent donc par tous les moyens possibles au pouvoir de la gauche et à sa participation politique, y compris par les armes comme en Grèce [ndt : première utilisation de bombes au napalm contre des civils], ainsi qu'en finançant massivement les partis et personnalités politiques anti-gauche à travers toute l'Europe. En Grèce, ils soutinrent l'extrême droite, et notamment bon nombre d'ex-collabos fascistes, et parvinrent à mettre en place [ndt : avec l'aide des Britanniques] un épouvantable régime autoritaire d'extrême droite. Ils continuèrent aussi à soutenir l'Espagne fasciste et acceptèrent le Portugal lui aussi fasciste comme membre fondateur de l'OTAN, l'armement de l'OTAN permettant notamment au Régime des Généraux portugais de poursuivre ses guerres coloniales [ndt : et à Franco de continuer ses purges]. Un peu partout dans le monde, les USA, puissance dominante de l'OTAN, soutinrent des hommes politiques de droite et d'anciens nazis, tout en se prévalant bien sûr d'être pro-démocratiques et de combattre les totalitarismes.

Le plus intéressant est sans doute le soutien des USA et de l'OTAN à des groupes paramilitaires et au terrorisme. En Italie, ils fonctionnaient main dans la main avec les factions politiques, des organisations secrètes (Propaganda Due : la fameuse loge maçonnique P-2), et des groupes paramilitaires d'extrême droite qui, forts du soutien des forces de l'ordre, mirent en place ce qu'on appela la « Stratégie de la Tension », dans le cadre de laquelle furent menées diverses actions terroristes imputées ensuite aux activistes de gauche. La plus célèbre fut l'attentat de la Gare de Bologne, en 1980, qui fit 86 morts. L'entraînement et l'intégration d'anciens fascistes et d'ex-collabos au sein d'opérations conjointes CIA-OTAN-police, atteignit des sommets en Italie mais n'en était pas moins courant dans le reste de l'Europe. (Pour ce qui concerne l'Italie, cf. Herman et Brodhead « The Italian Context : The Fascist Tradition and the Postwar Rehabilitation of the Right », dans l'ouvrage "Rise and Fall of the Bulgarian Connection", New York: Sheridan Square, 1986). Concernant l'Allemagne, cf. William Blum, "Germany 1950s," dans Killing Hope, Common Courage, 1995).

L'OTAN prit notamment part à la dite "Opération Gladio", un programme organisé par la CIA en collaboration avec les gouvernements des pays membres de l'OTAN et l'establishment de leurs forces de l'ordre, qui mit en place dans différents Etats européens des installations secrètes et des caches d'armes, prétendument pour parer la menace d'une invasion soviétique, mais en réalité destinées à une éventuelle « subversion interne » et à disposition pour soutenir d'éventuels coups d'Etat. Elles furent utilisées en diverses occasions pour mener des opérations terroristes (tels que l'attentat de la gare de Bologne [ndt : ou celui de la Piazza Fontana en 1969] et divers attentats terroristes notamment en Belgique et en Allemagne). [ndt : la mise en place des GAL en Pays Basque entre aussi dans ce cadre]. Les plans du Gladio et l'OTAN furent aussi utilisés pour combattre une « menace intérieure » en Grèce, en 1967 : à savoir, l'élection démocratique d'un gouvernement de gauche. Pour y faire face, les militaires grecs mirent en place un « Plan Prometheus », qui remplaça tout bonnement le mode démocratique par une dictature militaire tortionnaire. L'OTAN et l'administration Johnson n'y trouvèrent absolument rien à redire. D'Italie ou d'ailleurs, d'autres forces du Gladio purent ainsi venir s'entraîner en Grèce pendant cet interlude fasciste, afin d'y apprendre les moyens de gérer une « subversion interne ».

En définitive, dès sa création, l'OTAN s'avéra être une organisation offensive et non défensive, politiquement orientée, diamétralement opposée à toute idée de diplomatie ou de paix, et intrinsèquement liée à des opérations terroristes de très grande envergure ainsi qu'à d'autres formes d'interventionnisme politique anti-démocratiques et menaçant même directement la démocratie (et qu'on aurait évidemment dénoncées comme ouvertement subversives si elles avaient pu être imputées aux Soviétiques).
L'OTAN post-soviétique

Avec l'effondrement de l'Union Soviétique et du si menaçant Pacte de Varsovie, l'OTAN perdait théoriquement sa raison d'être. Or, bien que cette raison d'être n'ait jamais été qu'une supercherie pour que le public reste dupe, l'OTAN devait redéfinir sa raison d'être et se trouva aussitôt investie de prérogatives infiniment plus étendues et agressives. N'ayant plus aucun besoin de soutenir la Yougoslavie du fait de l'effondrement soviétique, l'OTAN collabora bientôt avec les USA et les services allemands pour affronter puis démanteler cet ancien allié de l'Ouest, violant au passage la Charte des Nations Unies qui interdit les conflits transfrontaliers (c'est-à-dire les guerres d'agression).

Curieusement, au beau milieu des bombardements de la Yougoslavie par l'OTAN, en avril 1999, l'Alliance fêta son cinquantenaire, à Washington, célébrant ses succès et rappelant, avec une rhétorique typiquement Orwellienne, qu'elle avait vocation à imposer le respect du droit international, alors qu'elle était en pleine violation patente de la Charte des Nations Unies. En réalité, le texte fondateur de l'ONU, de 1949, ouvrait précisément sur l'engagement solennel de ses membres à « rester fidèles à la Charte des Nations Unies ». Dès son article premier ils prêtaient serment « conformément aux règles de la Charte des Nations Unies, de régler tous les conflits internationaux par des moyens pacifiques ».

La session d'avril 1999 de l'OTAN rendit publique la nomenclature d'un « Concept Stratégique » établissant le prétendu nouveau programme de l'Alliance Atlantique, à présent que son rôle préventif de « defense mutuelle » contre une invasion soviétique avait cessé d'être plausible (à savoir : "The Alliance's Strategic Concept," Washington, D.C., April 23, 1999 (http://www.nato.int/docu/pr/1999/p99-065e.htm ). L'Alliance y insiste toujours sur la « sécurité », mais elle s'y déclare « dédiée à de nouvelles activités essentielles, dans l'intérêt d'une stabilité élargie ». Elle y accueille ses nouveaux membres et de nouveaux accords de « partenariat », bien qu'à aucun moment la nécessité de cet élargissement ou de ces accords – et d'une telle position de force des USA et de leurs plus proches alliés – n'y soit clairement définie. Le document reconnaît qu'une « agression conventionnelle de grande envergure contre l'Alliance demeure extrêmement improbable », mais bien évidemment il élude totalement l'éventualité d'une « agression conventionnelle de grande envergure » PAR des membres de l'Alliance, et de célébrer le rôle de l'OTAN dans les Balkans comme la plus parfaite illustration de son « dévouement à une stabilité élargie ». Non seulement ce document officiel visait seulement à légaliser une agression caractérisée – « illégale mais légitime » selon l'euphémisme Orwellien de ses principaux apologistes – mais contrairement à ses revendications, l'OTAN jouait un rôle central de déstabilisation dans les Balkans, en stimulant la dimension ethnique du conflit et en faisant obstacle à toute possibilité de règlement diplomatique du conflit du Kosovo. Il justifiait de facto l'attaque de la Yougoslavie et une campagne de bombardements d'ores et déjà en cours au moment même où ce document était rendu public. (Pour une analyse plus détaillée du rôle de l'OTAN, cf. Herman and Peterson, "The Dismantling of Yugoslavia," Monthly Review, Oct. 2007: http://monthlyreview.org/1007herman-peterson1.php )

Ce « Concept Stratégique » se prétend en outre favorable à une limitation de l'armement. En réalité, depuis sa création l'OTAN a toujours promu une politique inverse et tous les nouveaux membres, à l'instar de la Pologne et de la Bulgarie, ont été contraints à développer substantiellement leur armement « inter-opérable », c'est-à-dire à acheter plus d'armes et à les acheter aux Etats-Unis et aux autres fournisseurs occidentaux. Depuis la publication de ce document en 1999, l'élément leader de l'OTAN (les Etats-Unis) a plus que doublé ses budgets militaires, et ses ventes d'armement à l'étranger ont très fortement augmenté. Son programme militaire spatial a considérablement avancé, il s'est retiré du traité ABM de 1972 [ndt : traité de limitation des missiles balistiques dont il était signataire], refusé de ratifier le « Comprehensive (nuclear) Test Ban » [ndt : nouveau moratoire international sur les essais nucléaires (le précédent ayant été rompu par la France en 1995)], et rejeté à la fois le traité concernant la production et l'utilisation des mines antipersonnel et armes à sous-munitions et un Accord International de l'ONU visant à réduire les ventes illicites d'armes légères [ndt : celles qui font le plus de victimes dans les conflits dits « de basse intensité » (Rwanda, Congo, Colombie, etc.)]. Forts de l'appui de l'OTAN, les Etats-Unis ont lancé une nouvelle course aux armements à laquelle nombre de leurs alliés et clients (et de leurs adversaires ou cibles potentielles) n'ont pas manqué de se joindre.

Le document de 1999 rappelle aussi le prétendu soutien de l'OTAN au Traité de Non-Prolifération Nucléaire, mais non sans insister au passage sur l'importance de l'armement nucléaire dans ce qui fait la puissance de l'OTAN. Il rejette donc de facto l'un des points fondamentaux de ce traité, à savoir l'engagement des puissances nucléaires d'œuvrer activement à l'élimination de ce type d'armement. En clair, cela signifie que la non-prolifération à laquelle l'OTAN demeure si attachée concerne exclusivement ses cibles et adversaires potentiels (l'Iran par exemple). Les armes nucléaires « offrent une contribution cruciale en rendant les risques d'agression contre l'Alliance incalculables et inacceptables ». Mais si l'Iran possédait de telles armes, « les risques d'agression » nucléaires par « l'Alliance » – ce que les USA, membre de l'OTAN et Israël menacent de faire – seraient-ils jugés inacceptables ? Bien sûr que non ! (1)

Au chapitre Sécurité, le « Concept Stratégique » déclare lutter pour un environnement sécuritaire « reposant sur le développement d'institutions démocratiques et sur un engagement à résoudre les conflits pacifiquement, de sorte qu'aucun pays ne soit en mesure d'en intimider ou contraindre un autre par la menace ou le recours à la force ». Un tel degré d'hypocrisie laisse pantois. L'essence même des politiques et des pratiques de l'OTAN est de menacer constamment de recourir à la force, et la politique de Sécurité Nationale U.S. est aujourd'hui parfaitement explicite sur l'intention des Etats-Unis de maintenir leur supériorité militaire et de veiller à ce qu'aucune puissance rivale ne puisse remettre en cause leur hégémonie, de façon à pouvoir conserver leur emprise globale [ou mondiale]. En d'autres termes, ils tiennent à gouverner par intimidation.

L'OTAN prétend aujourd'hui n'être plus une menace pour personne et évoque même dans ce Concept Stratégique l'éventualité « d'opérations » conjointes avec la Russie. Ici encore, le niveau d'hypocrisie est ahurissant. Comme nous avons pu le voir dans de précédents articles, en acceptant le principe de réunification de l'Allemagne, Gorbatchev avait fait promettre aux Américains qu'en échange l'OTAN s'engageait à ne pas avancer d'un centimètre plus à l'Est. Clinton et l'Alliance Atlantique s'empressèrent de rompre cet engagement, en incorporant dans l'OTAN toutes les ex-satellites soviétiques d'Europe de l'Est ainsi que les Pays Baltes. Seuls ceux qui sont assez sots pour se persuader du contraire et les propagandistes pourraient ne pas y voir une menace directe pour la Russie, l'unique puissance de la région à pouvoir, ne fût-ce que théoriquement, constituer une menace pour les pays membres de l'OTAN. Mais le document de l'Alliance joue les idiots et seules les menaces contre ses membres y sont prises en compte.

De même, bien que la nouvelle Alliance Atlantique se prétende très préoccupée par « l'oppression, les conflits ethniques [et la] prolifération des armes de destruction massive », ses relations avec Israël restent des plus étroites. Aucune disposition, de quelque nature que ce soit, n'est venue (ni ne saurait venir) faire obstacle à l'oppression exercée par Israël, à son nettoyage ethnique, à son arsenal nucléaire considérable (dont on reconnaît à peine l'existence), ni bien sûr à sa nouvelle agression du Liban, en 2006 ou à ses dernières attaques meurtrières contre Gaza. Il n'est pas plus question de laisser ternir d'aussi bonnes relations que de voir l'agression/occupation anglo-américaine illégale de l'Irak entamer le moins du monde l'inaltérable solidarité des Etats membres de l'Alliance. Israël étant de très loin le client privilégié des Etats-Unis, il va sans dire que ce pays est parfaitement libre de violer les nobles idéaux dont se prévaut le Concept Stratégique. En 2008, l'OTAN et Israël ont signé un pacte militaire. On verra donc peut être bientôt l'OTAN collaborer aux opérations de sécurité d'Israël à Gaza. Voilà plus d'un an que l'actuel Conseiller à la Sécurité Nationale d'Obama, James Jones, réclame à cor et à cris l'envoi de troupes de l'OTAN pour occuper la bande de Gaza et la Cisjordanie. Et dans l'administration américaine, il est loin d'être le seul…

Ce nouvel OTAN est littéralement le pitbull des USA et de l'OTAN. Il contribue activement au réarmement mondial, encourage la militarisation des Pays Baltes et des anciens satellites de l'URSS en Europe de l'Est – qui soutiennent activement Israël, en tant que partenaire de l'OTAN, dans son travail de nettoyage ethnique et de spoliation de ses « untermenschen » – il aide son maître à établir aux portes de la Russie, des Etats clients – endossant très officiellement l'installation par les USA de missiles anti-balistiques en Pologne, en République Tchèque, en Israël, et menaçant d'en installer davantage ailleurs, très loin des Etats-Unis – et il fait son possible pour arracher l'aval des pays membres sur les projets américains de « bouclier » élargi de l'OTAN. Cette attitude accule littéralement la Russie à des positions plus agressives et à un réarmement accéléré (à l'instar de ce qu'a fait l'OTAN il y a quelques années).

Bien évidemment, l'OTAN soutient l'occupation américaine de l'Irak. Le Secrétaire Général de l'Alliance, M. Scheffer, se flatte régulièrement que tous les Etats membres sont engagés dans l'Opération Liberté Irakienne, soit en Irak, soit au Kuwait. Tous les pays des Balkans, à la seule exception de la Serbie, ont envoyé des troupes en Irak et en envoient aujourd'hui en Afghanistan. Ces deux pays sont devenus des terrains d'entraînement pour apprendre aux nouveaux « partenaires » à être « inter-opérationnels », et permettent le développement d'une nouvelle assise mercenaire pour les opérations « hors périmètre » de l'OTAN, de plus en plus fréquentes depuis que l'OTAN s'investit plus activement que jamais dans les campagnes américaines d'Afghanistan et du Pakistan.

Comme on l'a vu plus haut, l'OTAN se targue du rôle qu'elle a joué dans les guerres des Balkans, alors que celles-ci violaient la Charte des Nations Unies au même titre que celles d'Afghanistan et du Pakistan. L'illégalité fait manifestement partie intégrante du nouveau « Concept Stratégique ». Succédant au concept frauduleux « d'autodefense collective », les pouvoirs sans cesse élargis de l'OTAN l'autoproclament légitimement habilité à conduire des campagnes militaires « hors périmètre » ou de prétendues missions « non-article V », hors du territoire initial de l'OTAN. Comme l'observait en 1999 l'universitaire spécialiste du droit Bruno Simma, « le message dont ces voix sont porteuses dans notre contexte est très clair : s'il s'avère que le mandat ou l'aval du Conseil de Sécurité [de l'ONU] pour de futures missions de l'OTAN 'non-article V' engageant des forces armées ne peut être obtenu, l'OTAN doit rester en mesure de poursuivre ce type d'opérations. Sa capacité à agir de la sorte, l'Alliance en a déjà fait la démonstration dans la crise du Kosovo ». ("NATO, the UN and the Use of Force: Legal Aspects," European Journal of International Law, Vol. 10, No. 1, 1999, accessible sur : http://www.ejil.org/journal/Vol10/No1/ab1.html).

Le pitbull OTAN sert bien sûr avec joie les ambitions hégémoniques planétaires de son maître. Outre qu'elle contribue à encercler et menacer la Russie, l'Alliance accumule les « accords de partenariat » et mène des manœuvres militaires conjointes avec les pays du prétendu « Dialogue Méditerranéen » (Israël, Egypte, Jordanie, Maroc, Tunisie, Mauritanie et Algérie). L'OTAN a aussi signé de nouveaux partenariats avec le Conseil de Coopération des Etats du Golfe (Bahrayn, Kuwait, Arabie Saoudite, Oman, Qatar et Emirats Arabes Unis) élargissant d'autant ses ambitions militaires de la rive atlantique de l'Afrique jusqu'aux confins du Golfe Persique. Dans le même temps, on a assisté à un continuum de visites et de manœuvres militaires maritimes avec la plupart de ces nouveaux partenaires, et à la signature l'année dernière du premier traité militaire bilatéral officiel entre l'OTAN et Israël.

Le pitbull a désormais toute latitude pour aider Israël à poursuivre ses violations massives du droit et des conventions internationales, pour aider les Etats-Unis et Israël à menacer voire attaquer l'Iran, pour élargir son propre programme de coopération et de pacification des lointaines populations d'Afghanistan, du Pakistan (et certainement d'ailleurs), et tout cela dans le prétendu intérêt de la paix et de la fameuse « stabilité élargie » évoquée dans le Concept Stratégique. L'OTAN, à l'instar de l'ONU elle-même, offre en définitive une confortable image de multilatéralisme à ce qui n'est en réalité qu'un expansionnisme impérial totalement hors la loi et littéralement hors de contrôle. Dans les faits, l'OTAN, comme bras armé mondial et agressif des Etats-Unis et d'autres impérialismes affiliés, constitue une très sérieuse menace contre la paix et la sécurité internationales. A la veille de la célébration de son soixantième anniversaire et alors qu'elle aurait dû être liquidée dès 1991, l'Alliance Atlantique ne cesse de s'étendre et de s'affirmer dans le rôle de menace permanente où la consacrait dès 1999 le texte du Concept Stratégique, avec une satisfaction malveillante qui donne vraiment froid dans le dos.
1.
[ndt : En fait la phrase du document de l'OTAN est à double sens : « … en rendant les risques d'agression contre l'Alliance incalculables et inacceptables » signifie en principe que la prise de risque (pour l'agresseur) est trop grande pour être seulement envisageable. C'est le « principe de dissuasion ». Mais si l'Iran venait à se doter de telles armes, « les risques d'agression contre l'Alliance » seraient alors jugés « inacceptables », d'où le projet très officiel d'attaque nucléaire préventive contre l'Iran s'il poursuit son programme nucléaire. La Turquie étant membre de l'OTAN et frontalière de l'Iran, elle serait considérée comme directement menacée et les autres pays membres tenus de réagir de par leurs engagements]
Traduit de l'anglais par Dominique Arias

(Les notes entre [ndt : …] sont du traducteur et n'engagent que lui) 
 
Edward S. Herman

Février 2009

Source: Z Magazine
http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2009-02-03%2015:27:34&log=invites


2-2 Palast Greg : Obama est un menteur hypocrite. C'est parfait !
[ note du Grand Soir : après avoir bien chargé la barque Obama, nous publions ici un texte de Greg Palast qui nous prend de court en ... encensant Obama. ]

Les Républicains ont raison.

Ils ont été traités par le Président Barack Obama comme des moins que rien, il n'en a rien à faire de leur opinion sur son plan de relance, il a fait adopter des mesures qui vont durer des années et ne sortiront jamais du budget, il distribue de l'argent déguisé en « avoirs fiscaux » et introduit en douce d'énormes changements dans la politique, de l'éducation jusqu'à la santé, sous couvert d'une situation économique préoccupante.

Vas-y Obama ! Comme un véritable voyou des rues de Chicago (ville d'origine d'Obama - NDT), il cache bien son jeu : par devant ce sont des discours sur « la réconciliation au-delà des clivages partisans » et bla-bla-bla et par derrière c'est « tiens, prends ça dans ta gueule ! » Ce n'est pas trop tôt.

Franchement, je me faisais du souci à son sujet. Le fait qu'il nomme des droides tout droit sortis de l'époque Clinton, le fait qu'il nomme des incompétents comme Larry Summers au poste de « Tsar de l'Economie », me faisait craindre le pire pour mon pays et penser que nous avions encore une fois élu un Démocrate qui aurait bien voulu être Républicain.

Puis la bombe monétaire d'Obama es tombée. Le texte adopté comprenait 125 milliards de dollars pour les écoles (un triplement du budget fédéral de l'éducation), une assurance médicale étendue pour les sans emploi, et la création d'un crédit de 500 dollars sur les cotisations santé ce qui constitue la mesure la plus progressiste dans le domaine des impôts et taxes de ces 40 dernières années, et ainsi de suite. C'est comme si Obama avait déterré la carcasse antiétatique de Ronald Reagan et lui avait planté un pieu dans le cœur. Gé-nial !

La seule concession d'Obama à la droite a été de supprimer les subventions pour les préservatifs, ce qui fait que des Sénateurs Républicains friands de galipettes, tels David Vitter, devront les payer de leur poche. Ca me va.

Et voici la preuve qu'Obama ne fait pas semblant : pas un seul Républicain du Congrès n'a voté pour son texte. Ce qui signifie qu'Obama n'a pas fait de concessions, comme Clinton ou Carter auraient fait, pour gagner les faveurs de ces couillons qui s'opposent au préservatif. Et la meilleure partie de l'histoire, c'est qu'on n'a pas eu besoin d'eux. Ha, ha, ha.

A présent je comprends les étranges initiatives d'Obama : ces diners avec ces journalistes conservateurs qui me donnent la chair de poule, ces réunions à la Maison Blanche avec des dirigeants Républicains, cette dramatique virée dans les bureaux du Sénat pour quémander. Comme le disent si bien les Républicains, c'était un écran de fumée. Obama s'est comporté en parfait boss de Chicago, donnant l'accolade à ses ennemis, faisant semblant de les écouter et de négocier, puis lentement, doucement, sortant son couteau. Et pendant ce temps, les médias chantaient ses louanges pour son esprit « de rassemblement ». Tu parles...

J'adore ça. Maintenant nous savons pourquoi Obama a choisi la petite vipère vindicative de Rahm Emanuel comme secrétaire général : tous ceux qui se rendront au Bureau Oval seront accueillis par un homme de main qui serait capable de découper votre grand-mère en morceaux si vous déconnez avec le Parrain.

Je ne sais pas pour vous, mais moi c'est le changement que j'attendais. Est-ce que ça va durer ? Nous verrons bien si Obama continue de faire des cadeaux fiscaux aux banquiers d'affaires. Nous verrons bien s'il arrête les salauds des sub-primes qui ont dépossédé des familles désespérées. Nous verrons bien s'il fait face à ces minables généraux qui ne savent plus comment sortir nos soldats d'Irak. (dans des bateaux ! bande de crétins !)

Bon, ne nous emballons pas. Mais il se pourrait bien que le nouveau président soit un… Démocrate !

GREG PALAST

 8 février 2009

Traduction VD pour le Grand Soir http://www.legrandsoir.info

http://www.legrandsoir.info/spip.php?article7967


2-3 La France et l'Otan.
1 Otan: Sarkozy brade-t-il le retour de la France?
Dans quelques semaines, lors du sommet de l'Otan, qui doit se tenir à Strasbourg et à Kehl début avril, Sarkozy annoncera -très probablement- la réintégration de la France dans le commandement intégré de l'Otan, que Paris a quitté en 1966

Qu'a-t-il obtenu de la part des Américains -et des Européens- en échange de ce retour?

D'après plusieurs sources (qui confirment les informations révélées dans l'excellent blog du journaliste Jean-Dominique Merchet), la France se verrait gratifiée de deux commandements: celui de Norfolk (là où se concocte la doctrine de l'Otan) et celui de Lisbonne, le QG de la Force de réaction rapide.

Est-ce suffisant?

Lors de la première tentative de réintégration en 1996, Jacques Chirac exigeait qu'un officier français occupe un poste beaucoup plus stratégique que ces deux là: celui d'adjoint au "Saceur" ("Supreme Allied Commander Europe"),le chef, toujours américain, des forces de l'Otan.

C'est la raison pour laquelle ce poste de "deputy Saceur" a été créé puis confié à un... Britannique quand la tentative française de retour a échoué.

Autrement dit, Nicolas Sarkozy a abaissé les exigences de la France.

Une partie de sa majorité (les gaullistes pur sucre notamment) risque de grincer des dents.

D'autant plus qu'au printemps François Fillon avait promis, à l'Assemblée nationale, que la réintégration ne se ferait que "si et seulement si" la defense européenne progressait nettement durant la présidence française de l'UE.

Or, sur ce front, les choses sont allées très lentement.

En particulier, la France n'a pu, malgré les assurances de Sarkozy, obtenir la création d'un QG autonome de la Defense européenne. 

Les Britanniques s'y sont opposés.

Bref, le compte n'y est pas.

D'autant moins que la lancinante question du rôle de l'Otan dans l'après-guerre froide n'est toujours pas réglée.

A quoi sert l'Alliance Atlantique?

Seulement à défendre l'Europe?

Ou va-t-elle devenir un instrument des démocraties occidentales pour exporter leurs modes de vie et leurs valeurs? [oops, il oublie 'la sécurité énergétique"! Un détail? - RM]

Dans les différentes capitales, les vues divergent.

Autrement dit, la France s'apprête à réintégrer le commandement d'une organisation militaire dont les objectifs ne sont pas encore clairement définis

Blog Nouvel Observateur
 http://globe.blogs.nouvelobs.com/archive/2009/02/05/otan-sarkozy-brade-t-il-le-retour-de-la-france.html
 


2 La France négocie son retour dans l'Otan.
Paris devrait obtenir deux commandements et des responsabilités élargies à l'état-major.

Promise par Nicolas Sarkozy en août 2007, ardemment négociée par l'Élysée depuis, la réintégration de la France dans les structures militaires de l'Otan est entrée dans sa dernière phase. Selon une information publiée dans le blog Secret Defense de Jean-Dominique Merchet, relayée par Le Monde mercredi et complétée par Le Figaro auprès de sources diplomatiques et militaires, les États-Unis auraient accepté de donner à la France le commandement stratégique ACT, à Norfolk, en Virginie, chargé de la transformation des forces de l'Otan, ainsi que le commandement régional de Lisbonne, qui abrite le quartier général de la Force de réaction rapide. Au-delà de ces deux postes, la France aura également des responsabilités opérationnelles dans la structure de commandement, précisent nos sources. Cette dernière attribution fait l'objet de discussions, en ce moment, entre tous les alliés. Selon une source militaire à l'Otan, il pourrait s'agir de responsabilités opérationnelles élargies au Shape (l'état-major stratégique).

«Européaniser l'Alliance»

Le programme, qui a été avalisé par les États-Unis et plusieurs alliés de la France, doit encore être présenté aux autres membres de l'Otan. Le rapprochement de Paris doit en outre être confirmé en France par le Parlement. L'officialisation de ces trois postes à haute responsabilité devrait donc intervenir d'ici au 4 avril prochain, date du sommet de l'Otan de Strasbourg-Kehl au cours duquel Nicolas Sarkozy doit annoncer la réintégration de la France.

Selon l'Élysée, le retour de Paris dans l'Otan doit aller de pair avec une avancée de l'Europe de la defense. Les blocages britanniques, concernant notamment la création d'un quartier général européen à Bruxelles, ont forcé la présidence française de l'UE à revoir ses ambitions à la baisse l'an dernier. Mais la defense européenne a néanmoins réussi à concrétiser plusieurs projets, notamment l'opération de lutte contre la piraterie. Et si ces progrès ont pu être réalisés, estime-t-on dans les milieux diplomatiques, c'est en grande partie parce que la promesse française de réintégrer l'Otan a permis de lever les inquiétudes et les réticences des anciens pays de l'Est. Très attachés à l'Alliance, ils ont longtemps soupçonné la France de vouloir la détruire en utilisant l'Europe de la defense.

À Paris, on souligne que l'attribution de plusieurs postes de commandement à la France permet d'«européaniser» l'Alliance atlantique. Considérée comme un allié essentiel par les États-Unis, la France, qui devrait être désormais placée au même niveau que les Britanniques, gagnera en influence au sein de l'Otan.

Pour l'Élysée, le retour de la France dans le commandement de l'Otan vise à mettre fin à une hypocrisie. La France s'est de facto rapprochée de l'Alliance atlantique au cours des dernières années. Elle participe à toutes les opérations de l'Otan. Mettre son deuxième soulier dans l'Otan ne lui apportera, estime-t-on à Paris, que des avantages.

Isabelle Lasserre
Le Figaro

05/02/2009


3 La France parachève son retour dans l'OTAN.
Nicolas Sarkozy et ses conseillers sont dans la phase finale d'un processus qui mettra fin à plus de quatre décennies d'une "exception" française au sein de l'Alliance atlantique.
L'Elysée prépare, ainsi que le chef de l'Etat l'avait annoncé à l'été 2007, le retour de la France dans les structures militaires intégrées de l'OTAN.

En 1966, c'est par une lettre adressée au président américain Lyndon Johnson que le général de Gaulle avait signifié le retrait de la France de ces structures, afin d'affirmer l'autonomie nationale en pleine guerre froide, et en s'appuyant sur l'acquisition de l'arme nucléaire.

Le virage voulu par M. Sarkozy doit être scellé début avril à Strasbourg et Kehl, lors du sommet marquant les 60 ans de l'OTAN, auquel participera Barack Obama. L'Elysée a voulu accompagner l'événement d'un 0Afort affichage franco-allemand. En témoigne la tribune que le président Sarkozy et la chancelière Angela Merkel publient dans "Le Monde" et la Süddeutsche Zeitung : "Pour répondre aux crises et aux conflits, affirme ce texte, les alliances fondées sur des valeurs communes, comme l'Union européenne et l'OTAN, prennent une importance accrue."

"Il est dans notre intérêt de faire de la construction européenne et du partenariat atlantique les deux faces d'une même politique de sécurité", ajoute cette déclaration commune, faite à la veille de la conférence annuelle de Munich sur les questions de sécurité en Europe, à laquelle doit se rendre, samedi 7 février, M. Sarkozy.

Selon nos informations, l'Elysée a obtenu l'accord des Etats-Unis pour que deux commandements soient attribués à des généraux français au sein de l'OTAN. D'une part, le commandement basé à Norfolk en Virginie (Etats-Unis), appelé Allied Command Transformation (ACT), en charge de piloter les transformations de l'Alliance (doctrine, organisation et emploi des forces). D'autre part, un des commandements régionaux de OTAN, basé à Lisbonne, où se trouve le quartier général de la Force de réaction rapide de l'OTAN ainsi qu'un centre d'analyses de photos satellites.

Ces deux attributions ont été négociées notamment entre le conseiller diplomatique de M. Sarkozy, Jean-David Lévitte, et le conseiller de M. Obama pour la sécurité nationale, le général James Jones. Révélées en janvier par un blog Internet français (celui du journaliste Jean-Dominique Merchet) et confirmées par nos sources, elles traduisent une volonté de l'Elysée de présenter la "rénovation de la relation" entre la France et l'OTAN non pas comme une fin en soi mais comme faisant partie d'une stratégie plus large, en plusieurs volets, impliquant des contreparties.

"La France ne peut reprendre sa place" dans l'OTAN "que si une place lui est faite" avait déclaré M. Sarkozy au New York Times en septembre 2007. Mais les avis divergent, chez les experts et certains officiels français, sur le poids réel qui serait dévolu à la France à travers ses deux commandements. L'ACT, à Norfolk, mettrait la France aux premières loges de la réflexion sur la transformation de l'Alliance, mais ce commandement n'a aucun rôle quant aux opérations en cours.

La plus importante est celle menée en Afghanistan, pour laquelle M. Obama pourrait demander officiellement, d'ici le sommet de Stras bourg-Kehl, de nouvelles contributions de troupes européennes. M. Sarkozy, qui a décidé, en 2008, d'augmenter le contingent en Afghanistan en lui conférant aussi un rôle de combat au sol, devra se prononcer sur la question.

Le poste de Lisbonne apparaît quant à lui d'importance moindre, étant l'un des multiples commandements régionaux de l'OTAN. Certains critiques, à Paris, considèrent qu'il aurait mieux valu briguer des postes dans des structures plus décisionnelles, quitte à se contenter d'une position de "numéro deux". En 1995-1997, la tentative de "retour" menée par l'équipe de Jacques Chirac avait buté sur le refus américain de céder le commandement Sud de l'OTAN, à Naples, très stratégique.

Concrètement, la réintégration pleine de la France devrait se traduire par l'envoi de quelque 900 militaires français dans l'appareil militaire intégré de l'OTAN. Ce qui entraînera un coût financier élevé. Un paradoxe, évoqué par des connaisseurs du dossier, est que l'injection de personnel militaire français intervient au moment où Paris appuie, comme le fait le Royaume-Uni, l'idée d'un amaigrissement des structures de l'OTAN, dont le caractère pléthorique hérité de la guerre froide ne se justifie plus au regard des nouvelles mission s de l'Alliance. Celles-ci sont centrées, depuis une quinzaine d'années, sur des opérations de forces expéditionnaires, avec des coalitions ad hoc de pays contributeurs, parmi lesquels la France tient un rôle de premier plan.

Le "retour" complet de la France dans l'OTAN est conçu à l'Elysée comme une "normalisation", la levée à la fois d'une hypocrisie et d'un "tabou", car en réalité Paris avait déjà commencé, à partir de 2004 - et sans le clamer - à réinsérer des militaires dans les commandements intégrés, à Mons et à Norfolk (ils sont une centaine). Paris ne renonce, par ailleurs, en rien à sa dissuasion nucléaire, dogme sacro-saint hérité du gaullisme.

La perspective du "retour" a renforcé la capacité d'entraînement des Français sur le dossier de l'Europe de la defense, même si, en raison de blocages britanniques, les avancées ont été modestes en 2008. L'Elysée espère aussi pouvoir mieux peser sur la formulation du nouveau Concept stratégique de l'Alliance, qui, avec la guerre en Afghanistan, sera au coeur du sommet de Strasbourg-Kehl.

Dans les préparatifs du "retour", un accroc a cependant surgi. La Turquie a fait passer le message que la réintégration de la France devrait s'accompagner d'une plus grande souplesse de Paris sur la question de l'adhésion turque à l'UE, à laquelle M. Sarkozy est opposé. Au plan juridique, Ankara n'a pas de droit de veto sur le "retour" français. Mais pour régler ce problème politique gênant, l'Elysée a discrètement demandé à l'administration Obama d'intercéder.

LE MONDE |

04.02.09


4 Comme prévu, la France est en passe de retrouver «toute sa place dans l'Otan».

L'éditorial de Pierre Rousselin du 5 février.
Comme prévu, la France est en passe de retrouver «toute sa place dans l'Otan». Le président Nicolas Sarkozy en avait formulé la promesse dès son premier discours de politique étrangère. La nouvelle donne à Washington, avec l'arrivée à la Maison-Blanche de Barack Obama, ne fait que justifier davantage une décision dont l'objet est bien d'accroître le rôle de notre pays dans la conduite des affaires du monde.

Car, si le général de Gaulle avait choisi, en 1966 et en pleine guerre froide, de privilégier l'autonomie de notre force de frappe et l'indépendance nationale, celle-ci ne justifie plus une «exception française» qui a fini par nous apporter plus d'inconvénients que d'avantages.

En quarante-trois ans, le monde a changé et la relation transatlantique avec lui. La France participe aujourd'hui à toutes les opérations de l'Otan. Son implication est toujours plus étroite dans une organisation où elle est absente du commandement intégré. Cette singularité-là a un parfum d'anachronisme. À moins que l'on ne cherche à préserver un mythe très largement vidé de sa substance.

Même si la France n'abandonne en rien son identité et sa capacité à faire entendre sa différence, c'est, tout de même, un symbole qui disparaît, et il ne faudrait pas que cela soit en vain.

Les commandements que les États-Unis sont prêts à attribuer à des généraux français seront une compensation bienvenue, même si cela risque de susciter les réticences de nos amis européens, allemands et britanniques surtout, peu pressés de nous céder leurs postes.

Mais le véritable enjeu est ailleurs. Nicolas Sarkozy a établi un lien entre le retour français dans la structure intégrée de l'Otan et le renforcement de la defense européenne. Du côté du Royaume-Uni, il n'a pas été beaucoup aidé par l'immobilisme de Gordon Brown. En Allemagne, il a trouvé en Angela Merkel une partenaire plus engagée.

L'appel des deux dirigeants, français et allemand, à «unevéritable coopération , fondée sur une nécessaire complémentarité» entre l'Union européenne et l'Otan s'adresse ouvertement à la nouvelle Administration américaine. La communauté de vues entre Paris et Berlin sur les conditions de l'élargissement, sur le déploiement d'un bouclier antimissile, sur les relations avec la Russie et l'impulsion que les deux capitales souhaitent donner à l'UE prouve combien le «pilier européen» de l'Alliance atlantique est en train de se renforcer, sans que cela suscite l'opposition de Washington. «L'Europe a besoin des États-Unis comme les États-Unis ont besoin d'un partenaire européen fort», soulignent Nicolas Sarkozy et Angela Merkel.

À l'heure où la nouvelle Administration américaine s'apprête à formuler ses premières initiatives diplomatiques, il n'est pas inutile que les Européens fassent preuve d'unité et que la France renouvelle sa disposition à jouer tout son rôle au sein d'une Alliance atlantique appelée à se rénover.

 Le Figaro



3 Annexe

3-1 La Force collective de l'OTSC sera aussi efficace que les troupes de l'OTAN.

La Force collective de déploiement rapide de l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) sera aussi efficace que les troupes de l'OTAN, a déclaré mercredi à Moscou le président russe Dmitri Medvedev à l'issue des sommets de l'OTSC et de la CEEA.

"Ce seront des unités efficaces dotées de matériels de guerre modernes. Leur potentiel de combat sera au moins égal à celui des forces de l'Alliance de l'Atlantique Nord", a indiqué le président Medvedev après la signature d'un accord portant sur la création de la Force collective de déploiement rapide par les leaders des pays de l'OTSC.

"La Russie est prête à déléguer une division et une brigade (au sein de la Force collective de déploiement rapide). Vous voyez son ampleur", a-t-il ajouté.

La Force de déploiement rapide de l'OTSC (Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Russie et Tadjikistan) sera formée pour faire face à une agression armée, lutter contre le crime organisé et le trafic de drogue, ainsi que pour gérer les conséquences des situations d'urgence.

A l'heure actuelle, le système de sécurité de l'OTSC comprend trois groupes militaires régionaux - russo-biélorusse (Europe de l'Est), russo-arménien (Caucase) et centrasiatique.

La nouvelle Force collective de déploiement rapide sera cantonnée en Russie et aura un commandement unique.

Elle sera complétée par des unités militaires des pays membres de l'OTSC.

La Russie entend y déléguer la 98e division aéroportée de la garde et la 31e brigade d'assaut aéroportée.

 4 février

RIA Novosti.


3 -2
Provinces Afghanes

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