Irak agressé, occupé, envahi, pillé, détruit et colonisé, depuis 25 ans...

samedi 21 février 2009

n°242- Les Dossiers 'Géopolitique et stratégie' de l'Afghanistan - 19-02 -1 - : Le nouveau bourbier asiatique des Etats-Unis : Le cimetière des empires.

 
----- Original Message -----
Sent: Saturday, February 21, 2009 9:35 AM
Subject: n°242- Les Dossiers 'Géopolitique et stratégie' de l'Afghanistan - 19-02 -1 - : Le nouveau bourbier asiatique des Etats-Unis : Le cimetière des empires.


 Aujourd'hui, face aux ambitions hégémoniques de l'impérialisme, l'information est une arme au service de la paix
Dénoncer ne suffit plus, il faut expliquer, informer, transmettre



Les  dossiers   'Géopolitique et stratégie' de l'Afghanistan

                       n°418                                                                                                                             19/02/09 

                                                                    C.De Broeder    &   M.Lemaire                       



Les dossiers   'Géopolitique et stratégie' de l'Afghanistan est visible  sur ...
a) sur mes  blog :  http://www.dhblogs.be/categories/International.html
                           http://www.lalibreblogs.be/categories/International.html

 

b) ET Sur le site de Robert Bibeau :  : http://www.robertbibeau.ca/palestine.html

 

NB : Si vous voulez-me contacter ou obtenir le Journal par mail, une seule adresse : fa032881@skynet.be



Sommaire : :
Tiré a aprt

Afghanistan: 19 à 20 pays promettent d'accroître leur présence

 
Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion

1-1  Début 2006, l'Afghanistan était vantée comme le « succès » militaire.

1-2   Hans Christof von Sponeck : L'ONU et l'OTAN  : Quelle sécurité et pour qui ?

1-3    Tom Burghardt : Le nouveau bourbier asiatique des Etats-Unis : Le cimetière des empires.

2 Annexe

2-1 Antonio Artuso : Les faits rapportés par Jeff Halper sur le "système de pacification globale" sont terrifiants. 

2-2 Spécial Russie

1 La Russie et l'Iran forcent la main à Washington.

2 Le zwischenzug de la Russie.

3 Nyet à un engagement sélectif.

4 La "nouvelle OTAN" russe et l'Afghanistan.

5 La Russie étendra son aide à l'OTAN si les relations se normalisent.

6 Le renouveau de l'influence russe en Asie centrale contraste avec l'enlisement occidental. 

2-3 Le secret américain de Nicolas Sarkozy.

 
 
 
 


 
 
 
 
 
 
 
 



                                                                      Avant propos

Les médias occidentaux pro USA usent d'un terme générique- Al Qaida- Taliban - pour désigner tous les résistants ...



Tiré à part

Afghanistan: 19 à 20 pays promettent d'accroître leur présence

 
 
Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a affirmé vendredi qu'autour de 20 pays avaient annoncé une augmentation de leur contribution civile ou militaire en Afghanistan, parlant d'un" bon début" avant le sommet de l'Otan en avril.
"Ces deux derniers jours, 19 à 20 pays ont annoncé qu'ils augmenteraient leur présence, que ce soit dans les secteurs civil, militaire ou de la formation", a-t-il déclaré à l'issue de réunions à Cracovie (sud de la Pologne) avec ses 25 collègues de l'Otan et des représentants d'une quinzaine d'autres pays participant à l'effort international en Afghanistan.
"Je m'attends à des contributions signicatives", a-t-il insisté, et "j'estime donc que c'est un bon départ pour les préparatifs du sommet" prévu à Strasbourg (France) et Kehl (Allemagne) début avril.
M. Gates qui était venu demander à ses alliés occidentaux des "contreparties" à l'envoi annoncé mardi par les Etats-Unis de 17.000 soldats de plus en Afghanistan n'a pas précisé à quel niveau Washington plaçait la barre.
"Notre nouveau président (Barack Obama) n'a encore rien demandé de précis à personne", a-t-il signalé, observant que le moment venu, une fois terminé le réexamen en cours de la stratégie américaine en Afghanistan "nous ferons connaître nos demandes".
M. Gates est reparti de Cracovie "encouragé" par la possibilité d'une meilleure coordination entre les volets civils et militaire de l'action internationale au travers des contacts qu'ont eus, notamment à Cracovie, l'émissaire des Nations unies en Afghanistan, Kai Eide, et le commandant de l'Isaf, la force internationale sous commandement de l'Otan, le général américain David McKiernan.
"Le combat en Afghanistan ne sera ni facile ni bref", a reconnu une fois de plus M. Gates, se disant néanmoins convaincu que l'Otan saurait "relever le défi" et que le sommet tenu en avril pour le 60e anniversaire de sa création serait l'occasion de le démontrer.
(©AFP / 20 février 2009 15h28)


1
 Analyse -  Géopolitique et stratégie – Réflexion
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage toutes les analyses des auteurs mais doit être vu comme information

1-1 Début 2006, l'Afghanistan était vantée comme le « succès » militaire.

… par rapport à un Iraq en flammes.

Les rôles sont aujourd'hui inversés : 2008 a été l'année la plus sanglante pour les Américains en Afghanistan, depuis leur arrivée en 2001, et la moins meurtrière en Iraq depuis l'invasion de 2003. Washington ayant amélioré la situation en Iraq en envoyant des renforts, en intensifiant les combats et en ralliant des résistants, regroupés en milices.

L'Administration a semblé aller dans le même sens, en annonçant fin décembre l'envoi de 20 000 à 30 000 soldats supplémentaires en 2009, ce qui doublerait quasiment le nombre de GI's sur place.

Quel que soit le plan de Barack Obama, il devra prendre en compte les très compliquées réalités afghanes. « On ne peut pas juste prendre les tactiques (...) qui ont marché en Iraq et les employer comme telles en Afghanistan », a prévenu le général Petraeus.

Les différences sont notables, à commencer par des niveaux de culture et de développement afghan bien inférieurs à ceux de l'Iraq. Le manque de routes a ainsi contribué à faire de l'Afghanistan le « cimetière des empires », des Britanniques du XIXe siècle aux Soviétiques (plus de 100 000 soldats) des années 1980.

Au-delà des combats, le principal défi semble de tenir la situation assez longtemps pour que le pays puisse compter sur ses propres forces de sécurité.

En Iraq, l'armée américaine a déjà transféré le pouvoir aux autorités locales dans 13 des 18 provinces, avec 560 000 policiers et 260 000 soldats pour 437 000 km2, surtout de villes et désert, et 28 millions d'habitants. L'Afghanistan, avec ses 30 millions d'habitants pour 652 000 km2 largement montagneux, en est loin, ses 80 000 soldats et 70 000 policiers n'étant pas assez pour être à même de contrer l'avancée des Talibans dans les villages. Pour y remédier, les Américains évoquent la création de milices locales comme en Iraq. Mais « l'Afghanistan n'est pas l'Iraq. Ici, le peuple est bien plus divisé, et toutes ces milices vont finir par s'affronter », estime Hamidullah Tarzi, ancien ministre des années 1990. « Il vaut mieux renforcer la police et l'armée », estime Nader Nadery, de la commission afghane indépendante des droits de l'homme.

Jacques Follorou


1-2 Hans Christof von Sponeck : L'ONU et l'OTAN  : Quelle sécurité et pour qui ?

Dans les documents de l'ONU, le monde apparaît sous un jour plaisant. En juin 1945, 51 membres de l'ONU ont paraphé la Charte de celle-ci.

Peu d'années plus tard, les deux grands pactes internationaux relatifs l'un aux droits civils et politiques, l'autre aux droits économiques, sociaux et culturels ont été publiés. Immédiatement après, d'importantes conventions concernant la torture, le génocide ainsi que les droits de la femme et de l'enfant ont vu le jour. A la fin de 2008, des Etats membres de l'ONU ont conclu un premier accord sur les bombes à dispersion, garni malheureusement de limitations exigées par de rares Etats membres, dont l'Allemagne.

L'existence d'un droit international d'une ampleur considérable prouve que des gouvernements savent, dans le monde entier, ce qui est important pour la sécurité humaine et doit être protégé.

Depuis 1945, les violations du droit international se répètent à l'envi. Nombre de personnes ne peuvent pas exercer leurs ­droits à l'alimentation, à la santé, à l'habitat, à la culture, au travail et à la liberté d'opinion. Des guerres ont été menées – et continuent à l'être – sans respecter la Charte des Nations Unies, comme le démontrent les cas de la Yougoslavie, de l'Irak et de la Palestine. La torture se multiplie, le génocide a lieu et les traités relatifs à l'armement sont ignorés, l'environnement est privé d'une richesse irremplaçable. Des transactions financières et économiques, ainsi que l'avidité, ont pro­­voqué une crise mondiale sans précédent. Le pragmatisme est à la fête. Les principes sont écartés. L'éthique est devenue un mot ­­étranger. Le mensonge politique s'accroît. Les ciseaux entre riches et pauvres continuent à s'ouvrir. L'inégalité des chances de vivre et de survivre a encore augmenté. Cette évolution résulte dans une forte mesure du ­manque de volonté politique de se dévouer pour la communauté de la majorité et non pour la prospérité de quelques-uns, ainsi que de la distanciation qui en découle par rapport au droit et à la loi. L'ONU a de la peine à exécuter sa mission.

Le XXIe siècle sous le signe du rejet de la double morale

Il n'est donc pas surprenant que le XXIe ­siècle soit, dans le monde entier, sous le signe de la confrontation et du rejet de la double morale. Les alliances occidentales, telle l'OTAN, sont mises au défi par de nouvelles alliances1 aux membres importants, comme la Russie, la Chine et l'Inde. « Nouvelle répartition » est l'expression-clef. Peu avant sa mort en 1964, Dag Hammerskjoeld, le grand homme de l'ONU2, avait dit, soucieux, qu'il fallait trouver, « dans la lutte pour l'honneur, la puissance et les avantages, des chemins permettant de sortir de la jungle humide et broussailleuse. » Après coup, on peut constater, au début de 2009, que deux systèmes – celui du communisme et celui du capitalisme – ont échoué depuis la fondation de l'ONU en 1945. Maximisation du profit aux dépens des autres, malhonnêteté et ethnocentrisme en sont des causes.

L'ONU à la croisée des chemins

Le monde des 192 Etats membres de l'ONU est parvenu à un croisement. Une route conduit dans un monde axé sur le bien-être de la communauté, la réduction des conflits et la paix, c'est-à-dire sur une vie empreinte de dignité, de sécurité humaine et de progrès économique et social pour tous, où que se trouve leur domicile, comme le prévoit la Charte des Nations Unies. L'autre voie est celle du « grand jeu » de la puissance, très prisé au XIXe ­siècle et qui est en passe de devenir l'entreprise la plus complète et la plus périlleuse jamais connue. Sur cette voie, on s'occupe prétendument de démocratie ; en fait, de puissance, de contrôle et d'exploitation.

Le dividende de la paix : un mythe

Le dividende de la paix prévu à la fin de la guerre froide n'a jamais été versé. En 2007, les budgets militaires de tous les Etats membres de l'ONU ont atteint le montant record de 1,2 billion de dollars.

A lui seul, le budget militaire des Etats-Unis a couvert quelque 40% de cette somme, la part de tous les Etats de l'OTAN atteignant 70%.3

La même année, l'aide totale au développement s'est chiffrée à 103 milliards de dollars4, ou à 8,3% des dépenses militaires !

Depuis 1969, on attend des Nations Unies que les pays industrialisés fournissent une aide au développement au bas montant de 0,7% de leur produit intérieur brut. En fait, ce montant est de 0,3% pour 2008.5 Le déséquilibre extrême entre les dépenses militaires et l'aide au développement démontre que l'on ne met pas l'accent sur la sécurité humaine, au sens des objectifs6 de développement fixés lors de la fête du millénaire de l'ONU, mais sur la sécurité des Etats.

Ceux qui considèrent une telle comparaison comme hors de propos ne veulent pas comprendre que le renforcement de la sécurité personnelle contribue de manière décisive à l'élimination des causes de conflits dans le monde. Ils ne veulent pas admettre que la sécurité militaire accroît et approfondit les causes de conflits lorsqu'ils concluent des alliances et n'agissent que dans l'intérêt propre des Etats.

ONU et OTAN : bien commun ou intérêts de l'Occident

Une comparaison des mandats confiés par l'ONU et par l'OTAN montre clairement le contraste entre ces deux organisations. Durant les 63 années de l'existence des Nations Unies, la mission de l'ONU n'a pas varié.

L'ONU a été fondée pour maintenir et stimuler la paix dans le monde.

L'OTAN existe pour assurer les intérêts des 26 Etats ­membres. Sa mission, définie par le traité conclu à Washington en 1949, était initialement de défendre les Etats membres. A la fin de la guerre froide, en 1989, cette mission a semblé exécutée. Néanmoins, les membres de l'OTAN entendent maintenir cette alliance de l'Occident. Cela a justifié la recherche d'un nouveau rôle à lui attribuer.

L'OTAN du XXIe siècle est incompatible avec la Charte de l'ONU

En 1999, l'OTAN a confirmé qu'elle entendait se positionner tout différemment, au moyen d'une nouvelle conception stratégique. On voulait passer d'une alliance militaire strictement défensive à une large alliance destinée à protéger les ressources vitales des Etats membres. Outre la défense des frontières des Etats membres, de nouveaux objectifs ont été fixés, tels l'accès aux sources énergétiques, le droit d'intervenir lors de « mouvements d'un grand nombre d'hommes » et lors de conflits très éloignés des Etats membres. La disposition à accueillir d'autres Etats, notamment ceux qui avaient fait partie de l'URSS, traduit bien combien le caractère de cette alliance militaire s'est modifié.

Le traité de Washington de 1949 reconnaissait la Charte des Nations Unies comme cadre juridique impératif de l'OTAN. Or le monopole de l'ONU du recours à la force, tel qu'il figure à l'article 51 de la Charte, est rejeté par la doctrine de l'OTAN de 1999. Les Etats membres de l'OTAN ont étendu au monde entier le secteur d'intervention limité jusqu'alors à l'espace euro-atlantique et ont appliqué à ce secteur une stratégie mondiale d'intervention. A la conférence au sommet que l'OTAN a tenue le 3 avril 2008 à Budapest, elle a déclaré vouloir « relever les défis du XXIe siècle avec tous les moyens que requiert sa mission. » Relevons au passage que le traité de Washington de 1949 avait été adopté par les parlements des Etats participants et ratifié. Il s'agit donc de droit international, contrairement aux stratégies et doctrines formulées ultérieurement par l'OTAN.

Accord ONU-OTAN : de sérieux dangers pour la paix

Malgré ces décisions de l'OTAN qui, visiblement, ne doivent servir les intérêts que d'une petite minorité d'Etats membres de l'ONU, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et celui de l'OTAN, Jaap de Hoop-Scheffer, ont signé un accord le 23 septembre 2008. Aucun projet n'avait été déposé au Conseil de sécurité. L'accord, très général pour des raisons évidentes, traite de « consultations élargies » et de « coopération opérationnelle », ­­telles les opérations de « maintien de la paix » dans les Balkans et en Afghanistan. En cas de menace et de défi, les deux Secrétaires généraux s'engagent à agir de concert.

A une époque de confrontation, on attend du Secrétariat de l'ONU une neutralité politique étendue. L'accord ONU-OTAN est tout sauf neutre et ne restera donc pas sans conséquences pour le travail en faveur de la paix. L'ambassadeur de Russie auprès de l'OTAN, à Bruxelles, Dmitry Rogozin, considère l'accord de l'ONU avec l'OTAN, une structure militaro-politique, comme illégal ; Serge Lavrov, ancien ambassadeur de Russie à l'ONU, à New York, et actuel ministre des Affaires étrangères est « choqué » qu'un tel accord ait été signé en secret et sans consultations.

L'accord ONU-OTAN incompatible avec la Charte de l'ONU ?

Cela pose des questions importantes : L'accord entre l'OTAN, alliance militaire pourvue d'armes nucléaires, et l'ONU est-il compatible avec l'article 2 de la Charte de l'ONU, qui exige que les conflits ­soient résolus pacifiquement ? Peut-on distinguer les interventions de l'ONU et celles de l'OTAN, si trois des cinq membres permanents du Conseil de sécurité sont aussi membres de l'OTAN ? Comment les violations du droit commises par l'OTAN pourront-elles être poursuivies désormais par les tribunaux ? Une entité telle que l'OTAN, qui a bombardé la Serbie et le Kosovo, en 1999, sans mandat de l'ONU et en contrevenant au droit international public, est-elle un partenaire adéquat des Nations Unies ?

La mission de l'ONU rend l'OTAN superflue

Une appréciation de l'accord ONU/OTAN devrait aussi considérer que l'OTAN est une relique de la guerre froide, que l'OTAN, alliance de l'Occident, souffre d'un manque de confiance considérable parmi les 166 autres Etats membres, que c'est un objectif de l'OTAN d'imposer par la force armée ses intérêts énergétiques et de politique de puissance et que les Etats-Unis, membre dirigeant de la communauté de l'OTAN, ont négligé sans cesse l'ONU et ont contrevenu au droit international public de l'ONU de la manière la plus éhontée.7 Finalement, il faut rappeler que la Charte de l'ONU prévoit un « Comité d'état-major chargé de conseiller et d'assister le Conseil de sécurité pour tout ce qui concerne les moyens d'ordre militaire nécessaires au Conseil pour maintenir la paix et la sécurité internationales […]. »8 Si, par conséquent, les Etats de l'OTAN se préoccupaient du bien commun et non des intérêts d'un petit groupe d'Etats, un mandat de l'ONU rendrait l'OTAN superflue !

Il est urgent qu'un Etat membre ou plusieurs prient la Cour internationale de Justice d'interpréter l'accord ONU/OTAN du 23 septembre 2008 conformément à son statut.9

L'opinion publique mondiale a le droit de l'exiger et de recevoir une réponse. Rappelons qu'il est écrit dans le préambule de la Charte : « Nous, peuples des Nations Unies, résolus […] à créer les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées des traités […] » et non pas : « Nous, les gouvernements ! »10

Il est ainsi répondu à la question concernant la voie que la communaté internationale de­vrait suivre. Celui qui veut servir la paix et la réduction des conflits doit suivre le chemin multilatéral rocailleux de l'ONU et éviter le chemin aplani de l'OTAN. Comme le disait le ministre canadien des Affaires étrangères Lloyd Axworthy en 1998 au Conseil de sécurité : « Nous devons trouver le chemin du multilatéralisme "qui mène au bien de la communauté internationale et non à la satisfaction de quelques-uns". Cette voie sera longue, car il n'y a pas eu, jusqu'à maintenant, de multilatéralisme désintéressé. »

A partir de 1994, l'ONU a commencé à utiliser la notion de « sécurité humaine ». Elle voulait ainsi souligner combien la réalisation des droits de l'homme était importante dans la vie quotidienne des individus et combien elle libérait de la crainte et de la souffrance. Pour la première fois dans l'histoire de l'ONU, des objectifs de développement ont été quantifiés en 2000. Il s'agit là d'un véritable progrès dans le renforcement de la sécurité humaine. Huit objectifs du millénaire de développement dans la lutte contre la pauvreté, la mortalité des enfants et des mères, et pour l'accès à l'école primaire notamment doivent être atteints entre 2000 et 2015.

« Humanisme militaire » – conception masquant le propre intérêt de l'auteur de l'expression

Les Nations Unies veulent ainsi souligner qu'il y a, outre la sécurité axée sur l'Etat (militaire), une sécurité relative à l'homme. Les partisans de la sécurité axée sur l'Etat, tels les gouvernements dont l'objectif est la sécurité militaire, qu'ils veulent réaliser par des alliances du type de l'OTAN, le savent. Ils parlent souvent d'« humanisme militaire » pour légitimer leurs intérêts. Fait partie de cette tentative l'interprétation du nouveau concept de « responsabilité de protéger ».11 C'est une duperie : il s'agit de protéger ses propres intérêts et non des innocents de l'extérieur. Dans le cas contraire, la situation serait toute différente en Afghanistan, au Darfour, à Gaza, à Goma, en Somalie et au Zimbabwe. Il y a progrès dans tous les domaines de la sécurité humaine. Néanmoins, il est improbable que les objectifs fixés seront atteints d'ici 2015. Pour la période résiduelle, soit de 2009 à 2015, 135 milliards de dollars sont nécessaires pour atteindre les objectifs de développement, à savoir 22,5 milliards par année. Celui qui affirme que c'est beaucoup d'argent ignore probablement que les Etats-Unis dépensent chaque année 180 milliards de dollars pour leurs troupes en Irak et en Afghanistan ou que les pays frappés par la crise économique et financière ont mis à disposition en peu de semaines quelque 3 billions ( !) de dollars en faveur d'institutions abusées et à réformer dans leurs pays.

Les possibilités seraient là – seule la volonté politique fait défaut

Le succès du millénaire de l'ONU pour le développement n'est pas une question d'argent, même en cette période économiquement critique. Des progrès dans la sécurité humaine nécessitent une volonté politique dans la réalisation. Durant les dernières décennies de discussion sur le financemnt de la coopération internationale, il a toujours été souligné qu'il serait facilement possible d'introduire des innovations financières de substitution.12 Les propositions faites à ce sujet ont été ignorées ou repoussées. Maints gouvernements craignent que cela accroisse par trop l'indépendance des organisations internationales, telle l'ONU.

Qui veut vivre en paix au XXIe siècle n'aura aucune difficulté à choisir son chemin. L'accès à ce chemin est ouvert. Le principe de l'ONU selon lequel les épées doivent être fondues en socs de charrues, et non l'inverse, reste le fondement du progrès humain et de la sécurité. •

Cet article est basé sur une conférence tenue le 6 décembre 2008 à Kassel, lors d'un Congrès pour la paix [Kongress des Deutschen Friedensratschlags, Kassel].

(Traduction Horizons et débats)

1 Font notamment partie de ces nouvelles alliances :

a) la Shanghai Corporation Organisation (SCO), que la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizstan, la Russie, le Tajikistan et l'Ouzbekistan ont fondée en 2001. Son objectif principal est la sécurité de l'Asie centrale. L'Inde, le Pakistan, l'Iran et la Mongolie font partie de l'organisation à titre d'observateurs.

 b) Le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine (BRIC) forment une communauté d'intérêts politiques et économiques depuis 2001.

c) Le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud forment une association qui a fait échouer à maintes reprises, en raison de diver­gences sur les tarifs, les négociations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) dites du cycle de Doha.

2 Dag Hammerskjoeld, est né en 1905 aux environs de Lund (Suède). De 1953 à 1961, il a exercé les fonctions de deuxième Secrétaire général de l'ONU. Il a péri lors d'un mystérieux accident d'avion en Rhodésie, près de la frontière congolaise.

3 Cf. Swedish International Institute for Peace Research (SIPRI), annuaire de 2008, 9 juin 2008.

4 Cf. Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Aid Targets Slippage out of Reach ? DAC 1 Official and Private (Aid) Flows.

5 Conformément à une directive que l'ONU a édictée en 1969, les pays donateurs mettent chaque année 0,7% de leur PNB à la disposition de la coopération et du développement internationaux. Jusqu'à maintenant, seuls le Danemark, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède ont atteint cet objectif.

6 En 2000, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté huit objectifs de développement pour la période allant de 2000 à 2015. Parmi ceux-ci, mentionnons la réduction de 50% de la faim et de la pauvreté, l'école primaire pour tous les enfants, l'égalité de l'homme et de la femme, la diminution de 66% de la mortalité infantile et de 75% de la mortalité des femmes en couches.

7 L'invasion de l'Irak en 2003, Guantànamo, Abu Ghraib et les vols vers les lieux de torture sont quelques mots clés à ce sujet.

8 A son article 47, chapitre VII, la Charte institue un Comité d'état-major. Celui-ci, qui se compose des chefs d'état-major des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, n'a pas été convoqué depuis 1945. Toutefois, l'article 47 a subsisté.

9 A son chapitre II, article 36, le statut de la Cour internationale de Justice donne à celle-ci la compétence d'interpréter les traités.

10 Voir le préambule de la Charte des Nations Unies

11 Ce concept est mentionné dans le document de l'ONU « 2005 World Summit Outcome » (A/60/L.1 – 15 septembre 2005 ; § 138 et 139, ainsi que § 79). Dans ce document, l'Assemblée générale relève nettement que seul le Conseil de sécurité a le droit, en vertu du chapitre VII de la Charte, de protéger, même par la force, des populations contre le génocide, les crimes de guerre, les épurations ethniques et les crimes contre l'humanité.

12 Parmi les propositions novatrices de financement, mentionnons l'« impôt Tobin », du nom de l'économiste américain James Tobin. Celui-ci a proposé en 1972 de prélever un impôt (0,05–1,0%) sur les opérations de change internationales. Les fonds ainsi recueillis devraient servir particulièrement à financer l'aide au développement.

Sept défis actuels

En résumé, les défis actuels sont au nombre de sept :

1. Progrès réalisés dans une réforme fondamentale de l'ONU comme objectif mondial. Le multilatéralisme peut être réalisé dans l'intérêt de l'humanité.

2. Retour aux principes de la Charte des Nations Unies. L'ONU ne doit pas continuer à servir uniquement d'atelier de réparations politiques.

3. La reconnaissance et l'encouragement de la sécurité humaine, priorités d'une survie dans la dignité. La sécurité militaire ne peut pas remplacer la sécurité humaine.

4. Respect du droit international. Il ne saurait y avoir de responsabilité politique sans rendre compte des conséquences de son action.

5. Refus de l'économie libre (anarchique) de marché. L'ordre, la surveillance et le contrôle de l'économie sont une garantie et non un danger pour la démocratie.

6. Urgence d'une déclaration de l'ONU contre la double morale. La réduction des droits particuliers d'alliances est une condition à la solution des conflits et sert la paix.

7. Elaboration de principes d'une éthique de l'information des Etats et des gouvernements, ainsi que de normes relatives aux médias. Poursuites du mensonge organisé.

Finalement, il faut appeler l'opinion publique à continuellement interpeller la politique et à participer plus activement aux affaires de l'époque. Dag Hammerskjoeld parlait de « négociations avec soi-même ».

Hans Christof von Sponeck

Hans Christof von Sponeck, ancien suppléant du Secrétaire général de l'ONU

Horizons et Débats, 2 février 2009

10 février 2009, par Comité Valmy

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article173


1-3 Tom Burghardt : Le nouveau bourbier asiatique des Etats-Unis : Le cimetière des empires.
Ndlr : La publication des articles ou analyse ne signifie nullement que la rédaction partage tout l'analyse de l'auteur mais doit être vu comme information.
Alors que la situation se détériore rapidement sur le terrain, l'aventure sud-asiatique de l'impérialisme américain déraille.
Le New York Times révélait le 4 février que l'acheminement du ravitaillement « destiné aux forces de l'OTAN en Afghanistan a été suspendu mardi après que des résistants ont fait exploser un pont dans la passe de Khyber, une zone tribale anarchique du nord-ouest, à cheval sur la frontière pakistano-afghane. »

Le pont en fer d'une longueur de 30 verges est situé au Pakistan, à environ 24 kilomètres au nord-ouest de Peshawar, capitale de la Province frontière du Nord-Ouest (NWFP), une métropole florissante de plusieurs millions d'habitants. Environ 80 % du ravitaillement de l'OTAN en Afghanistan transitait par cette importante route.
Selon le Los Angeles Times, les attaques de mardi se sont poursuivies mercredi lorsque des résistants ont mis le feu à 10 camions d'approvisionnement revenant d'Afghanistan.

Les entrepreneurs locaux qui transportent par camion le ravitaillement destiné aux forces de l'OTAN – principalement de la nourriture et du pétrole – sont désormais nombreux à refuser de conduire sur la route difficile de la passe de Khyber en raison des conditions dangereuses.
Comme le rapportait le Asia Times le 29 janvier 2009, Peshawar est la capitale commerciale, économique, politique et culturelle des Pachtounes au Pakistan. Elle se métamorphose de plus en plus en un important centre de pouvoir pour les djihadistes, des deux côtés de la frontière.

À l'heure actuelle, pour les talibans et d'autres militants, Peshawar et ses environs ne sont pas seulement l'épicentre du combat qu'ils mènent en Afghanistan et au Pakistan. C'est aussi là qu'ils tentent d'établir la base à partir de laquelle ils feraient la « guerre de la fin des temps » qui s'étendrait jusqu'au cœur de Damas et de la Palestine. (Syed Saleem Shahzad, « On the Militant Trail, Part 1: A battle before a battle, » Asia Times Online, 29 janvier 2009)

Les enlèvements – perpétrés par des militants ou des gangs criminels – et les décapitations sont de plus en plus fréquents et la population de Peshawar vit dans la peur. Les résidents croient qu'une « confrontation majeure » entre l'État et les djihadistes « est imminente ».
On pouvait lire dans le Daily Times du 4 février que la « talibanisation » de la zone tribale d'Orakzai, près de Peshawar, s'est accélérée à un point tel que les locaux ont fuit la région afin d'« échapper à une gouvernance de style taliban ». Le quotidien révélait que 

Orakzai, qui a une frontière commune avec le district de Kurram à l'ouest et celui de Hangu à l'est, fournit un moyen au Tehreek-e-Taliban Pakistan (Mouvement des talibans du Pakistan), qui a été banni, d'étendre son influence à Peshawar par la zone tribale de Khyber. L'organisation a déjà fait savoir qu'elle était dans la région en attaquant un terminus de convois pour le ravitaillement des forces américaines et de l'OTAN en Afghanistan. En dépit des tentatives du gouvernement pour stopper leur infiltration, les talibans ont célébré récemment leur « contrôle total » de la région en y invitant un groupe de journalistes à une démonstration de pouvoir. (Abdul Saboor Kahn, « Orakzai becomes a new have for Taliban », Daily Times, 4 février 2009)

Des officiels pakistanais ont avoué au New York Times qu'« ils ne savaient pas pour l'instant quand les camions pourraient à nouveau emprunter la passe de Khyber pour acheminer de l'approvisionnement crucial aux forces de l'OTAN en Afghanistan ».

Entre-temps, les États-Unis ont subi un autre revers concernant leurs plans dans la région. Un article du Guardian révélait le 3 février que le Kirghizstan, ancienne république soviétique d'Asie centrale, menaçait de fermer sa base aérienne américaine de Mana, « un relais clé pour les forces de la coalition qui se battent près de là, en Afghanistan ».

Les commandants des États-Unis et de l'OTAN ont tous deux exprimé leur désarroi face à la fermeture potentielle de la base.

Elle survient au moment où l'OTAN tente désespérément de développer son réseau routier d'approvisionnement en passant par les pays du nord de l'Asie centrale à la suite d'une série d'attaques dévastatrices de convois de camions provenant du Pakistan. (Luke Harding, « Closure of US base in Kyrgyzstan could alter Afghanistan strategy », The Guardian, 3 février 2009)

Imitant le Grand Jeu du 19e siècle de la Russie tsariste et la Grande-Bretagne impérialiste pour le contrôle de l'Asie centrale, la Russie fait pression sur le régime autoritaire de Kurmanbek Bakiyev pour qu'il expulse les Américains, perçus comme un pouvoir déstabilisateur dans la région.
Pour les États-Unis, l'expulsion de leurs forces de la base aérienne de Mana porterait un coup à leur effort en vue de contrôler des routes essentielles pour leurs cargaisons licites et illicites – incluant le trafic prospère d'héroïne – et succéderait à leur éviction similaire de l'Ouzbékistan en 2006, à la suite d'un marché conclu entre Moscou et la cleptocratie ouzbèke dirigée par le président Islam Karimov.

Le Parlement kirghiz doit se prononcer la semaine prochaine sur une mesure d'expulsion des Étasuniens de Mana. La « perte de la base poserait un problème significatif au gouvernement Obama », signalait le New York Times le 5 février. Le quotidien rapportait que « près de 15 000 employés et 500 tonnes de cargaisons passent par Mana chaque mois. La base abrite également de gros avions-citernes utilisé pour le ravitaillement en vol des avions de combat en mission au dessus de l'Afghanistan ».
Mais outre le bluff d'argent et des prêts offerts à la nation centrasiatique appauvrie, le gouvernement russe s'attend à un quiproquo de la part du gouvernement Obama si les États-Unis sont autorisés à continuer à utiliser Mana comme aire de lancement vers l'Afghanistan. En tentant de mettre de la pression sur les États-Unis, les Russes jouent dur et cherchent à obtenir des concessions du gouvernement Obama afin qu'il renonce aux infrastructures de « defense antimissile » prévues en Pologne et en République Tchèque, et qu'ils considèrent comme une arme de première frappe.

 

Depuis la chute de l'Union Soviétique, les États-Unis impérialistes et leurs partenaires de l'OTAN ont encerclé la Russie grâce à une chaîne de bases militaires en Europe, en Asie centrale et dans le Caucase, parallèlement à l'expansion de l'OTAN à l'Est. De plus, la CIA, le MI6 britannique et l'ISI pakistanais ont alimenté l'insurrection « islamiste » intermittente en Tchétchénie, une manœuvre destinée à accélérer la désintégration de la Fédération de Russie en petits États dociles alignés sur les États-Unis -- un scénario familier ayant servi à démanteler l'ex-Yougoslavie.
Alors que le gouvernement Obama compte sur un dénouement favorable en Afghanistan et qu'il intensifie les opérations militaires, en doublant les troupes américaines à 60 000 dans les douze prochains mois, le réapprovisionnement de ces troupes s'annonce sinistre sans la coopération russe.
Le 4 février, le Washington Post révélait que « des officiels en poste depuis peu décrivent une situation sur le terrain bien plus précaire qu'ils ne l'avaient anticipée ». Lundi, le Independent déclarait que la situation dans la province de Helmand, au sud de l'Afghanistan, était particulièrement déroutante pour des opérations de l'OTAN.
Durant l'opération Kapcha Salaam ou « Salut du Cobra », une offensive armée britannique et afghane impliquant de l'artillerie lourde et des avions de guerre, les soldats étaient continuellement attaqués par les roquettes, les mortiers lourds et les bombes artisanales sophistiquées des insurgés. D'après le Independent, les rangs de ces derniers étaient remplis de militants pakistanais et tchétchènes. Aussi, la lutte fait payer un lourd tribut aux citoyens afghans.


Si les choses vont comme le désire le gouvernement américain, la paix n'est pas pour bientôt. Le secrétaire à la Defense, Robert Gates, un rescapé de M. Bush, disait au Congrès la semaine dernière que la guerre serait un « long travail » au dénouement incertain. Mais si l'histoire est gage d'avenir, la fin n'augure pas bien pour l'impérialisme – ou les populations d'Asie du Sud.
Alors que des officiels de haut rang du gouvernement Obama et des bureaucrates du Pentagone s'en remettent au gouvernement du président Asif Ali Zadari pour stabiliser la situation du côté de la frontière pakistanaise, les reportages indiquent que l'ISI continue de financer et de conseiller des armées par procuration.
Le Los Angeles Times révélait le 3 février que des officiels afghans de la sécurité avaient démantelé une cellule de kamikaze dans la capitale, Kaboul, et que les 17 hommes arrêtés étaient prétendument « affiliés à un groupe de militants situé au Pakistan connu sous le nom de réseau Haqqani et que le chef de cette cellule était de nationalité pakistanaise ».
Même si, selon le L.A. Times, les relations entre l'Afghanistan et le Pakistan se sont « considérablement améliorées » depuis que M. Zadari a pris les rênes du régime méprisé de M. Musharraf, la politique de l'ISI contre son rival géopolitique, l'Inde, n'a pas changé malgré les milliards de dollars d'assistance en « contre-terrorisme » et de soutien armé des Étatsuniens : l'ISI cherche une « profondeur stratégique » en contrôlant un État client afghan conciliant.

Les liens de longue date entre l'agence d'espionnage et le réseau Haqqani, mené par le commandant vétéran taliban Jalaluddin Haqqani et son fils Sirajuddin, ont fait la une l'an dernier lorsque le renseignement américain a confirmé l'affirmation des autorités afghanes voulant que l'ISI ait aidé le groupe à bombarder l'ambassade indienne à Kaboul en juillet. Cette attaque a tué près de 60 personnes. (M. Karim Faiez and Laura King, « Suicide Bombing Ring Is Brought Down in Afghanistan, Officials Say », Los Angeles Times, 3 février 2009)


En raison du délai de deux mois lié au sommet de l'OTAN le 3 avril, le Pentagone s'active pour trouver une stratégie approfondie. Les États-Unis auront de la difficulté à convaincre leurs partenaires de l'OTAN, outrés des ordres du commandant de l'OTAN, le général étatsunien John Craddock, de tuer les vendeurs d'opium.
La protection du trafic de drogue et l'hypocrisie étasunienne.
L'Associated Press rapportait que les États-Unis tentent d'importer la « stratégie d'invasion » irakienne en Afghanistan et arment une milice sur le terrain.
Le ministre afghan de l'intérieur a annoncé que le programme avait débuté et que les États-Unis « payaient pour tout », incluant « l'achat de kalachnikovs pour les membres de la Force de protection civile afghane », calquée sur les Conseils de l'éveil en Irak.

Un officiel afghan sceptique a confié à l'Associated Press que « seul des criminels s'engageraient dans cette force puisque la plupart des citoyens ne voudraient pas faire face aux talibans dans un combat ».
Mais c'est peut-être précisément le but du programme, d'arracher le contrôle du trafic lucratif d'héroïne des mains d'éléments peu fiables redevables aux talibans et à Al-Qaeda, qui détourneraient supposément 100 millions de dollars par année du trafic de drogue mondial. La meilleure façon de perturber l'insurrection « islamiste » est d'accorder aux criminels et aux seigneurs de guerre alliés aux Étasuniens une partie du combat.
Dans ce contexte, les ordres du général Craddock sont tout ce qu'il y a de plus ironique lorsque l'on considère que les forces qui se battent actuellement contre l'OTAN en Afghanistan se sont enrichies dans les années 1980 quand Washington a fermé les yeux sur les réseaux de trafiquants de drogue qu'ils avaient eux-mêmes encouragés dans le but de faire du tort à leur adversaire de la guerre froide, l'Union Soviétique.
Selon le spécialiste Alfred W. McCoy, « durant les années 1980, les opérations clandestines de la CIA en Afghanistan ont transformé l'Asie du Sud, une zone d'opium en vase clos, en un fournisseur important d'héroïne pour le marché mondial ». Comme moyen impérialiste, l'ISI a distribué des fonds, des armes et de l'expertise à des militants d'extrême droite, tel que Gulbuddin Hekmatyar. Voyou devenu dominant en attaquant des étudiants communistes et tristement célèbre pour avoir lancé de l'acide au visage de femmes non voilées à l'Université de Kaboul pendant les années 1970, Hekmatyar était un grand narcotrafiquant, favori de la CIA et de ses complices dans le crime de l'ISI. McCoy écrit ceci :


Au moment où les moudjahidin clients de l'ISI utilisaient leurs nouvelles munitions de la CIA afin de capturer des zones agricoles primordiales en Afghanistan pendant les années 1980, les guérilleros ont pressé leurs sympathisants chez les paysans de cultiver du pavot, doublant ainsi les récoltes d'opium du pays à 575 tonnes entre 1982 et 1983. Une fois que ces moudjahidin avaient amené l'opium de l'autre côté de la frontière, ils le vendaient à des raffineurs d'héroïne pakistanais qui opéraient sous la protection du général Fazle Huq, gouverneur de la NWFP. En 1988, on estimait de 100 à 200 le nombre de raffineries d'héroïne, uniquement dans le district de Khyber. Des camions de la National Logistics Cell de l'armée pakistanaise arrivant avec des armes de la CIA en provenance de Karachi retournaient souvent remplis d'héroïne et protégés contre les fouilles policières par des documents de l'ISI. (The Politics of Heroin, CIA Complicity in the Global Drug Trade, Chicago : Lawrence Hill Books, 1991, p. 453-454)


Le magazine d'actualités allemand Der Spiegel révélait le 28 janvier que « le commandant en chef de l'OTAN, John Craddock, souhaite que l'alliance tue les revendeurs d'opium, sans preuves de leur lien avec l'insurrection. Les commandants de l'OTAN refusent cependant de suivre les ordres ».

Dans un document dont Der Spiegel a obtenu copie, on mentionne que Craddock a donné des « directives » conférant aux troupes de l'OTAN l'autorité d'« attaquer directement les producteurs de drogue et leurs installations à travers l'Afghanistan ». En d'autres mots, les États-Unis veulent élargir la zone de tir libre existante, laquelle est directement responsable de milliers de victimes civiles. Der Spiegel rapporte que :

Selon le document, une force mortelle doit être utilisée même dans les cas où aucune preuve n'existe que les suspects sont engagés activement dans la résistance armée contre le gouvernement afghan ou les troupes occidentales. Il n'est « plus nécessaire de récolter des renseignements ou tout autre preuve que chaque trafiquant de drogue ou chaque unité de production de stupéfiants en Afghanistan remplit les critères qui en font une cible militaire », écrit le général Craddock. (Susanne Koelbl, « NATO High Commander Issues Illegitimate Order to Kill », Spiegel Online, 28 janvier 2009)


Un général allemand de l'OTAN, Egon Ramms, et d'autres commandants européens refusent de « déroger à leurs règles d'engagement actuelles en ce qui concerne les attaques », un geste qui a outré le général Craddock. Considéré comme un fidèle bushiste qui « craint que le nouveau président des États-Unis ne le remplace », Craddock menace de destituer tout commandant qui n'observe pas à la lettre la nouvelle ligne de parti et « ne suit pas ses instructions de pourchasser la mafia de la drogue ».
Mais ici comme ailleurs, les choses ne sont pas toujours comme elles semblent. Il serait peut-être plus juste de dire que le général Craddock, sous la pression de la nouvelle politique anti-Karzaï de l'administration Obama, ciblera quelques narcotrafiquants – ceux dans l'orbite de M. Karzaï – tout en refilant la concession lucrative d'opium à ses nouveaux « meilleurs amis à jamais », les seigneurs de guerre afghans et les « hommes d'affaires » pakistanais. Cela est particulièrement le cas depuis que Washington cherche de nouveaux « alliés provinciaux » davantage conciliants dans la Force de protection civile afghane.
Tel que l'a documenté Peter Dale Scott dans Drugs, Oil and War, « des décisions ont été prises consciemment, à plusieurs reprises, précisément pour allier les États-Unis aux trafiquants de drogue locaux ». En Asie centrale et du Sud, ces «  trafiquants de drogue » et les institutions financières au service de puissants intérêts politiques, militaires et de renseignements, comme la Bank of Credit, la Commerce International (BCCI) et son nébuleux « Réseau noir », ont aidé à transformer les moudjahidin afghans en Al-Qaeda.
Même s'ils tiennent un discours ouvertement islamiste, Al-Qaeda et ses membres affiliés ont continué à servir les agences de renseignement occidentales en tant qu'atouts jetables utilisés dans de diverses opérations de déstabilisation en Europe, au Moyen-Orient et en Asie dans les années 1990 et aujourd'hui. Tandis que « les voies ont changé selon la politique de l'époque, écrit M. Scott, le dénominateur de la CIA est demeuré constant ».
C'est absurde ?

 Considérez ce qui suit. Lorsque la Special Forces Operational Detachment-Delta de l'Armée américaine (Force opérationnelle spéciale de détachement Delta, connue sous le nom de Delta Force) a « brisé » le cartel Medellín de Pablo Escobar dans les années 1990, elle se fiait à d'autres cartels de narcotrafiquants pour effectuer le travail, notamment le cartel de Cali – dirigé par les frères Orejuela, Gilberto Rodríguez et Miguel Rodríguez – plus grand et plus profitable que celui de Medellín.
Grâce à la déclassification de documents de la CIA et de l'ambassade américaine par la National Security Archive, nous savons maintenant que c'était effectivement le cas. Plus important encore, les documents confirmaient que « les efforts anti-narcotiques » ne ciblaient pas le trafic de drogue en soi, mais uniquement les bandes criminelles qui se heurtaient aux intérêts géostratégiques étendus des États-Unis en Colombie, un pays riche en ressources.
En d'autres termes, la politique étasunienne dans la région revenait à protéger le trafic de drogue des alliés engagés dans des opérations de contre-insurrection anti-gauche. Tout en ciblant le cartel Medellín d'Escobar, le Special Operations Command (Commandement des opérations spéciales) des États-Unis et la CIA collaboraient directement avec un escadron de la mort qui s'est ensuite métamorphosé en groupe paramilitaire allié à l'Armée colombienne, le Autodefensas Unidas de Colombia (AUC). Fondé par un grand narcotrafiquant international, Carlos Castaño, le AUC était un allié politique des frères Orejuela et de l'homme qui deviendrait plus tard président de la Colombie, Alvaro Uribe.
Les parallèles entre les deux régions riches en ressources ne pourraient frapper davantage. Le journaliste d'enquête pakistanais Ahmed Rashid décrivait un mode d'opération similaire lorsque l'occupation américaine de l'Afghanistan a débuté en 2001.

Le Pentagone détenait une liste de 25 laboratoires et entrepôts de drogue ou plus en Afghanistan, mais refusait de les bombarder car certains d'entres eux appartenaient au nouvel allié de la CIA, l'Alliance du Nord (AN). Les États-Unis ont déclaré à leurs alliés britanniques que la guerre au terrorisme n'avait rien à voir avec la lutte antidrogue. Les seigneurs de guerre ont plutôt été fêtés par la CIA qui leur demandait s'ils n'avaient pas des renseignements sur Oussama ben Laden. Ainsi, les États-Unis leur envoyaient un premier message des plus clairs : ils ne constituaient pas des cibles. (Descent into Chaos: The United States and the Failure of Nation Building in Pakistan, Afghanistan, and Central Asia, New York : Viking, 2008, pp. 320-321)


Avec la stratégie américaine régionale de contre-terrorisme toujours si tolérante, l'Afghanistan a produit une étonnante quantité d'opium, 8 700 tonnes métriques, et représente maintenant 92 % de la production mondiale d'opium, selon le Rapport mondial sur les drogues 2008 de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Pendant ce temps, alors que l'administration Obama et le Pentagone préparent une escalade militaire d'envergure dans la région et que les talibans gagnent du terrain, « il y a peu de progrès perceptibles en ce qui concerne les efforts visant à enrayer la culture du pavot et le commerce de la drogue, qui remplissent les poches des talibans et du gouvernement », révèle le Washington Post.
Au contraire, autant chez les alliés de l'OTAN que chez leurs adversaires islamistes, de tels « efforts » sont le présage d'une bataille stratégique pour le contrôle du marché de l'héroïne valant plusieurs milliards de dollars. Peu importe qui sera « gagnant », les populations de l'Asie du Sud en subiront certainement les conséquences.

Tom Burghardt

Article original en anglais : America's New Asian Quagmire, Graveyard of Empires,

le 7 février 2009.
Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca.

Antifascist-Calling.blogspot, Le 17 fevrier 2009

www.mondialisation.ca/index.php?context=viewArticle&code=BUR20090217&articleId=12335 -   



2 Annexe
2-1 Antonio Artuso : Les faits rapportés par Jeff Halper sur le "système de pacification globale" sont terrifiants. 
Les méthodes israéliennes de "pacification" du peuple palestinien, seront bientôt utilisés contre d'autres peuples. 

Des milliards de dollars des États-Unis sont consacrés à la recherche de nouvelles méthodes et de nouvelles armes de contrôle des populations. 

Par Antonio Artuso 

Nous sommes dans un contexte de crise économique mondiale du capitalisme, la hausse des prix des aliments, de guerres d'invasion et d'occupation et de résistance de tous les peuples contre le capitalisme et contre l'État capitaliste (machine de répression - armées, polices, paramilitaires, système judiciaire, mensonges systématiques et mondiaux des médias, des politiciens, des chercheurs universitaires, des "think tanks" (centres de recherche, de stratégie et de diffusion politique des capitalistes), des ONG de déstabilisation de régimes. 

Jeff Halper a rencontré, quelques minutes avant sa conférence, les trois interprètes. 

Ces derniers lui ont demandé quelle terminologie il allait employer. 

Et Jeff Halper a rapidement sorti six concepts, l'un après l'autre, sans hésiter. 

Quelques concepts utilisés par Jeff Halper :

1 - le concept de « Global pacification system », système de pacification globale : 

Recherche sur les armes modernes ; 

Méthodes de contrôle des populations ; 

Méthodes de répression de toute opposition au système dominant 

Criminalisation de toute opposition 

Utilisation de méthodes anti-insurrectionnelles contre toute opposition dans le monde 

Criminalisation des mouvements de révendications, d'opposition à la guerre, de dénonciation des politiques anti-démocratiques, etc. ; 

2 - le concept de « surplus humanity », d'"humanité excédentaire" –

Israël considère le peuple palestinien comme un peuple excédentaire. Les États capitalistes du monde entier, et à leur tête les États-Unis, ont décidé que certaines populations comme devant être dispersées ou exterminées. Le peuple palestinien est un cobaye sur lequel Israël et les États-Unis essaient de nouvelles méthodes d'expulsion de population (Penser aux paramilitaires en Colombie qui ont expulsé par la terreur, avec l'appui de l'armée et le silence total de la justice, cinq millions de paysans pauvres et d'autochtones de leurs terres.) 

3 - le concept de « warehousing », c'est-à-dire le parquage - comment parquer les "humains excédentaires" dans des camps de réfugiés, dans des zones de déportation, dans des réserves amérindiennes, dans des bidonvilles, etc. ; 

4 - le concept de « counter-insurgency », contre-insurrection : 

Israël fait des tests sur le terrain d'armes et de méthodes. 

Le peuple palestinien sert de cobaye à ces tests. 

Ces méthodes seront utilisées au Canada et dans les autres pays : 

a - développement des méthodes, des armes et des technologies contre-insurrectionnelles. 

(seulement pour la recherche d'armes nouvelles les États-Unis ont dépensé 1,4 trillions de dollars) : 

Balles qui traversent le béton ; 

Appareil permettant de voir à travers les murs ; 

Chaque arbre, maison, immeuble, mur, est maintenant simulé sur des écrans d'ordinateurs, ce qui permet aux militaires de "voir" ou de diriger les soldats. 

Technologies de surveillance électronique, de détection et de destruction ; 

Drones (avions télécommandés, c'est-à-dire sans pilote, des robots de surveillance et de destruction) ; 

Techniques d'empoisonnement de militants, etc. 

Méthodes de l'armée israélienne pour attaquer les villes : les soldats ne circulent plus dans les rues, ils traversent les murs des maisons, d'une maison à l'autre. 

Aux coûts de la recherche s'ajoutent les sommes astronomiques

(1) de fabrication

(2) d'utilisation des armes

(3) en salaires des armées ; 

b - exportation de spécialistes israéliens en méthodes contre-insurrectionnelles, testées en Palestine. Ces spécialistes sont très demandés. 

techniques d'assassinats sélectifs de personnes et de massacres pour expulserr les populations ; 

techniques de contrôle des populations' 

Exemples 

contre les militants anti-Apartheid en Afrique du Sud ; 

Guatemala dans les années 80, massacres des Mayas sous le gouvernement Rios Montt, contre la résistance au vol des terres par les compagnies minières et contre la guérilla ; 

pour aider les groupes terroristes qui essaient de renverser les régimes progressistes latino-américains ; 

pour aider les mercenaires qui veulent créer des enclaves pour l'exploitations des fabuleuses richesses minières comme au Congo ; 

pour aider les mouvements séparatistes de zones riches et exclure les autochtones comme dans certains pays d'Amérique latine, etc. 

5 - le terme « nanotechnology », nanotechnologie, appliquée à la lutte contre-insurrectionnelles : les États-Unis sont en train d'installer une barrière de dispositifs électroniques à leur frontière avec le Mexique (caméras, appareils de vision la nuit, etc.), "bourdons bioniques" (bionic hornets) qui surveillent et peuvent tuer, etc. ; 

6 - le concept de « Global Palestine », extension aux populations mondiales des méthodes et des armes utilisées par Israël contre le peuple palestinien. 

Les États du monde veulent transformer la guerre d'Israël contre les Palestinien en un système mondial de soumission des peuples. 

Israël n'est pas seulement une puissance régionale, c'est aussi une puissance mondiale. 

La guerre et le génocide des Palestiniens par Israël est un laboratoire qui touche DIRECTEMENT le Québec, le Canada et tous les pays et nations du monde. 

°°°°°°°°° 

Jeff Halper a parlé du triangle de légitimité

(1) du contrôle par État ;

(2) du contrôle de l'économie ;

et

(3) du contrôle des mouvements de populations : 

1 - le contrôle par État et légitimisation de tout ce que l'État fait : Un État peut bombarder, torturer, assassiner, il est légitimisé par les médias, par l'idéologie, mais un mouvement insurrectionnel qui défend les droits d'un peuple est considéré comme terroriste ; L'ONU légitimise l'usage de la force par les États ; l'usage de la force par les mouvements de Résistance des peuples (peuple palestinien) est considérée comme étant du terrorisme, parce que ce n'est pas un État qui emploie la force ; 

2 - le contrôle de l'économie : l'État a le droit de fixer les mesures de crise économique, etc. 

3 - le contrôle des mouvements de population : L'État a le droit de déporter, de bombarder, de terroriser, de parquer des populations. 

°°°°°°°°° 

Les « Georgia Rules », c'est-à-dire les principes utilisés dans le conflit en Georgie (ex-république socialiste soviétique) : 

L'État c'est les "bons", les peuples qui se battent ce sont les "méchants". 

Les médias cachent le nombre effarant d'enfants massacrés par les forces israéliennes. 

°°°°°°°°° 

On utilise 

1 - on ne peut plus distinguer les civils des combattants ; 

2 - il faut que nos soldats réussissent leur mission ; 

3 - il faut protéger nos soldats. 

4 - l'utilisation de tanks contre des civil est légitime ; 

5 - les tanks peuvent tirer contre des camps de réfugiés. 

°°°°°°°°° 

Quelques points discutés pendant la période de questions 

Sur l'utilisation de la non-violence et de la violence 

Les méthodes non-violentes ont toutes été déjouées par Israël. 

Les méthodes non-violentes sont insuffisantes pour mettre fin à ce système de pacification globale. 

Développer la société civile internationale : syndicats, partis politiques, organisations démocratiques, sociales, politiques, de droits de la personne. _ Utilisation de théories philosophiques pour développer l'idéologie de domination - les philosophes « déconstructionnistes » comme Foucault et Dérida. 

Complicité des médias de masse ; 

Complicité des universités : John Hopkins est financé par le Pentagone 

Complicité des gouvernements ; 

Au Canada, Stockwell Day, ministre du gouvernement conservateur Harper, a signé un Accord de sécurité publique entre le Canada et Israël à l'insu du Parlement canadien. 

Israël a importé 30 milliards d'armements des USA. 

Jeff Halper est un anthropologue engagé, auteur et militant. 

Il est coordonnateur du Comité israélien contre les démolitions de maisons (CICDM) 

Postulant au Prix Nobel de la Paix en 2006 avec Ghassan Andouni, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur le conflit israélo-palestinien et intervient fréquemment sur ce sujet. 

Antonio Artuso 

22 janvier 2009 

www.altermonde-sans-frontiere.com  


2-2 Spécial Russie

1 La Russie et l'Iran forcent la main à Washington.

On peut penser qu'il n'y a rien de commun entre faire sauter un pont dans le Khyber, (Afghanistan ndlt) l'usage d'une base aérienne nichée au pied des collines du Pamirs (Kyrgyzstan ndlt) et le lancement d'un satellite de 37.2 kg en nocturne qui tournera autour de la terre 14 fois par jour.

Mais, assemblés, ces éléments déclenchent l'équivalent politique et diplomatique de ce qui est connu sous le nom de zwischenzug ce qui veut dire en terme de jeu d'échecs, un déplacement intermédiaire qui améliore la position du joueur.

Les Perses, qui ont inventé le jeu d'échecs dominent en ce qui concerne le zwischenzug.

Le porte parole du ministère des affaires étrangères, Hassan Qashqavi, a dit à Téhéran mercredi, " l'Iran n'a pas de plan pour arrêter son activité nucléaire. Lors de la rencontre à venir le comité des "Six sur l'Iran" devrait adopter une approche logique et accepter le fait que l'Iran est un état nucléaire".

Les résistants ne jouent pas aux échecs

Il est peu probable que les Talibans aient envisagé le zwischenzug imminent de l'Iran quand ils ont fait sauter lundi le pont métallique de 30 m dans le défilé de Khyber à 24 km à l' Ouest de Peshawar dans le Nord Ouest du Pakistan, stoppant l'approvisionnement des troupes de l'OTAN en Afghanistan. Mais la perturbation du trafic montre une nouvelle fois la vulnérabilité de la principale route d'approvisionnement de l'OTAN et concentre l'attention sur l'Iran.

Cela oblige l'OTAN à un important changement de politique. Le commandant en chef des forces de l'OTAN en Afghanistan, le général John Craddock, a admis que l'Alliance ne s'opposerait pas à ce qu'individuellement des états membres s'arrangent avec l'Iran pour approvisionner leurs troupes en Afghanistan. Pour citer Craddock, un général américain 4 étoiles qui est aussi le commandant suprême des forces alliées de l'OTAN, "ce seront des décisions nationales Les nations doivent agir en tenant compte de leurs intérêts nationaux et leur capacité à réapprovisionner leurs troupes. Je pense que la décision est entièrement la leur."

Craddock s'est fait l'écho de ce que le secrétaire général de l'Alliance, Jaap de Hoop Scheffer, avait dit il y a seulement une semaine que les pays membres de l'OTAN, inclus les US, devraient engager la discussion avec l'Iran pour qu'ils combattent les Talibans en Afghanistan.

Scheffer n'aurait pas parlé sans l'aval de Washington. Craddock n'a fait que le confirmer. L'OTAN souhaite utiliser la nouvelle autoroute construite par le gouvernement indien qui relie le centre de l'Afghanistan à la frontière iranienne à Zaranj, ce qui permettrait d'avoir accès au port en eau profonde de Chabahar dans le Golfe Persique. L'autoroute est peu utilisée. Les Indiens ont achevé sa construction il y a à peine quinze jours.

L'OTAN est pressée. Elle doit réduire d'une certaine façon sa dépendance aux voies d'approvisionnement via le Pakistan, utilisées pour acheminer en gros 80% du ravitaillement. Les observateurs ne peuvent que constater l'ironie de la situation. L'OTAN cherche une voie via l'Iran alors que Téhéran demande un retrait des troupes US d'Afghanistan.

Jeudi dernier, le ministre des affaires étrangères iranien, Manouchehr Mottaks, a fait remarquer que l'Iran avait prêté attention aux plans de l'administration du Président Barak Obama de retirer des troupes US d'Irak et "nous pensons que cela devrait de même s'étendre à l'Afghanistan".

L'ironie s'est accentuée lorsqu'il il a une quinzaine de jours le secrétaire à la défense US, Robert Gate, lors de son premier témoignage devant le Congrès en tant que membre de la nouvelle Administration, a mentionné une augmentation de "l'interférence" de l'Iran en Afghanistan et un double langage, et sous entendu que l'Iran exacerbait l'insurrection….

M.K. Bhadrakumar 06/02/09- www.atimes.com
Traduction Mireille Delamarre pour Planete Non-Violence
http://www.planetenonviolence.org/Afghanistan-Moscou-Et-Teheran-Forcent-La-Main-a-Washington_a1814.html


2 Le zwischenzug de la Russie.
Au coeur du problème c'est que dans leurs efforts pour ouvrir des voies d'approvisionnement au Nord à travers l'Amu Darya, les US se retrouvent mêlé au grand jeu en Asie Centrale. Les porte-paroles américains ont affirmé avec insouciance que la Russie et des états d'Asie Centrale mettaient à disposition des voies d'approvisionnement. Mais la géopolitique ne le confirme pas.

Le Président du Kyrgyzstan, Kurmanbek Bakiyev, a lancé une bombe mardi en demandant la fermeture de la base militaire US à Manas, utilisée pour convoyer du ravitaillement en Afghanistan. Il a dit cela après des discussions avec le Président russe, Dmitry Medvedev, au cours desquelles Moscou s'est engagé à annuler la dette de 180 millions de $ de Bishkek, et à prêter également 2 milliards de $, avançant dans l'immédiat 150 millions de $.

L'envoyé de l'OTAN en Asie Centrale, Robert Simmons, s'est précipité à Bishek dans un dernier effort pour essayer d'empêcher la décision Kyrgyz, mais en vain, et a admis que cela aurait un impact négatif sur les opérations de l'OTAN en Afghanistan. Washington espère encore sauver la situation, mais cela implique faire appel à l'aide de Moscou.

Moscou est partant comme toujours - à condition que les US ( et l'OTAN) soient prêts à ranger au placard leur agenda géopolitique mal venu d'étendre et d'approfondir leur présence stratégique en Asie Centrale sous prétexte de développer de nouvelles voies d'approvisionnement pour l'Afghanistan. Simplement dit, Moscou est irrité par la diplomatie abrasive de Washington ces dernières semaines en Asie Centrale.

Les US ont signé un accord avec le Kazakhstan, un allié clé de la Russie, offrant de fournir "une part significative " de leurs approvisionnements pour l'Afghanistan à ce pays qui en retour devrait fournir des troupes pour l'Afghanistan. C'est compréhensible que Moscou (et Beijing) voient avec inquiétude le rapprochement des US avec leur allié clé du SCO (Shangai Security Coopération Organisation) et du CSTO (Collective Security Traity Organisation) devenir un satellite stratégique de l'Occident. De même, le zwischenzug de Moscou pour évincer l'armée US du Kyrgyzstan bénéficierait, c'est sûr, de l'encouragement des Chinois.

M.K. Bhadrakumar 06/02/09- www.atimes.com
Traduction Mireille Delamarre pour Planete Non-Violence
http://www.planetenonviolence.org/Afghanistan-Moscou-Et-Teheran-Forcent-La-Main-a-Washington_a1814.html



3 Nyet à un engagement sélectif.
Washington préfère un "engagement sélectif" sans considérer les facteurs sousjascents qui ont causé un froid dans les relations.
Le Kremlin reste prudemment optimiste quant à la possibilité qu' Obama aborde les relations US Russie dans une nouvelle perspective. Cela se reflète dans un commentaire piquant fait par Gorbatchev que "jusqu'à présent il y a des raisons d'être optimiste"

Mais un sentiment sousjascent d'exaspération est visible. Comme l'a dit un commentateur de Moscou, l'époque de G.W. Bush est peut être terminée, mais les "conséquences sont encore présentes". Obama a peut être de nouvelles idées, mais les "vieux qui tirent les ficelles" sont toujours là au sein de l'Administration dans des postes clés, et par conséquent, Obama aura peut être besoin d'années plutôt que de mois pour façonner une nouvelle politique étrangère.

Donc Moscou a eu recours au zwischenzug. Samedi dernier, le journal influent de Moscou, Nezavisimaya Gazeta, a rapporté que la Russie a proposé de réouvrir la base aérienne clé de l'aire soviétique à Bombora sur la côte d'Abkhasie dans la Mer Noire. Mardi, la Russie a signé un accord avec la Biélorussie pour la mise en place d'un système de défense aérien intégré. Mercredi, Medvedev a utilisé le forum de CSTO pour rappeler qu'il était ouvert à une coopération avec les US dans la lutte contre le terrorisme en Afghanistan.

De même, lors de commentaires en lien avec cela, faits mercredi par le vice ministre des affaires étrangères russes, Frigory Karasin, celui-ci a dit : "nous espérons que nous aurons avec les US des discussions spéciales et professionnelles sur ce sujet (des voies de transit pour l'Afghanistan) dans le futur proche. Nous verrons comment nous pouvons coopérer efficacement... Les US, l'Asie Centrale, La Chine - nous avons tous intérêt à ce que l'opération anti -terroriste en Afghanistan réussisse." Karasin a assuré que l'éviction de Manas des US ne "s'avérerait pas être une obstruction".

En somme, la balle est dans le camp d'Obama. La grande question c'est de savoir s'il peut écraser les partisans de la ligne dure et se défaire du lourd bagage géopolitique que sa guerre afghane en perte de vitesse porte inutilement.

Pendant ce temps, l'ombre des relations US-Russie tombe sur l'Hindou - Kush. Les médias russes ont rapporté qu'une délégation militaire de haut niveau est attendue à Moscou dans le "futur proche". Alors qu'il y a une forte possibilité qu'Obama retire son soutien au Président afghan, Hamid Karzai, Moscou va peser ses options.

Les US sont perchés au dessus d'une pente glissante en Afghanistan. La résurgence des Talibans continue et la situation sécuritaire se détériore, mais l'OTAN est incapable d'augmenter le niveau de ses troupes ou d'évoluer vers une stratégie efficace. Les voies d'approvisionnement de l'OTAN ont été menacées, mais des routes alternatives doivent encore être négociées. Le fossé entre les US et Karzai s'élargit, mais catapulter un remplaçant à Kaboul n'est jamais chose facile. De nouveau, Washington devrait faire pression sur Islamabad, mais la situation au Pakistan est bien trop fragile pour supporter plus de pression.

M.K. Bhadrakumar 06/02/09- www.atimes.com
Traduction Mireille Delamarre pour Planete Non-Violence
http://www.planetenonviolence.org/Afghanistan-Moscou-Et-Teheran-Forcent-La-Main-a-Washington_a1814.html

 Mais un mot allemand est bien plus approprié - zugzwang. Littéralement, cela veut dire "obligé de bouger". C'est à dire quand une situation se développe sur l'échiquier, que le joueur n'a d'autre possibilité que de bouger bien que cela affaiblisse sa position, mais qu'il doit néanmoins le faire.

C'est peut être trop s'avancer que de dire que Moscou et Téhéran ont coordonné leur zwischenzug respectifs, mais c'est sûr que les deux attendent ardemment le zugzwang de Washington.


Moscou vient de réactiver l'Organisation du traité de sécurité collective qui regroupe la Russie, la Biélorussie, et les ex-Républiques soviétiques d'Asie centrale.

Les pays membres de cette organisation sont tombés d'accord sur la création d'une Force collective de réaction rapide,

Les troupes devraient être cantonnées en Russie, mais on n'exclut également pas l'utilisation de la base militaire de Manas, que les Américains seront obligés de quitter conformément à la décision du Kirghizstan.

Les analystes politiques estiment que Moscou semble prêt à conclure de nouvelles ententes avec Washington en matière du transit du matériel de l'OTAN vers l'Afghanistan. Moscou espèrerait que la perte de Manas force les Etats-Unis à chercher un nouvel accord avec la Russie en matière de transit vers l'Afghanistan. (RIA Novosti 5 février)

La Force collective de déploiement rapide de l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) sera aussi efficace que les troupes de l'OTAN, a déclaré à Moscou le président russe Dmitri Medvedev à l'issue du sommet de l'organisation.

11 février

http://atlasalternatif.over-blog.com:80/article-27817963.html

 


5 La Russie étendra son aide à l'OTAN si les relations se normalisent.
La Russie est prête à étendre l'aide à l'OTAN et à livrer un cargo non militaire aux troupes de l'alliance en Afghanistan si les relations bilatérales reviennent à la normale, a déclaré mercredi à Moscou le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

"Nos accords avec l'OTAN permettent des transits non militaires, et les Etats-Unis ont reçu notre consentement il y a quelques jours pour invoquer cet accord afin de livrer leur cargo aux forces de sécurité internationales...et d'autres mesures sont également possibles", a expliqué M. Lavrov après une réunion avec une délégation de l'UE.

"Le fond du problème c'est que les relations entre la Russie et l'OTAN reviennent à la normale", a-t-il précisé.

Le président kirghiz, Kourmanbek Bakiev, a déclaré la semaine dernière que son pays fermera la base militaire américaine située dans la capitale Bichkek, qui sert de transit principal pour les livraisons destinées aux troupes de l'OTAN dirigées par les Etats-Unis en Afghanistan.

11 février

(Xinhua) 


Dans son discours prononcé devant la première promotion de l'Académie militaire de Kaboul, le très pro-américain président afghan Hamid Karzaï a déclaré que, si les pays occidentaux n'accéléraient pas la mise en oeuvre du programme d'équipement des forces armées, "cela serait fait par d'autres pays". Tout le monde en a conclu qu'il pourrait s'agir de la Russie. Une délégation de hauts fonctionnaires civils et militaires d'Afghanistan se rendra prochainement dans la capitale russe. L'extension de la coopération entre l'Afghanistan et la Russie dans le domaine de la défense sera le principal sujet des négociations de Moscou. De 2002 à 2005, la Russie a fourni à l'armée afghane une assistance technico-militaire pour 200 millions de dollars. Ensuite, cette coopération s'est arrêtée. Selon RIA Novosti, « les Etats-Unis et l'OTAN n'ont pas beaucoup progressé non plus en sept ans d'"édification" de l'armée afghane. L'aviation et le matériel lourd y font défaut et, d'ailleurs, l'armée est loin d'atteindre le niveau requis pour devenir un garant de la stabilité à l'intérieur du pays ». Les choix pro-russes mais aussi pro-indiens de Karzaï déplaisent à Washington, mais ils sont peut-être aussi sa chance de survivre politiquement.
Le nouveau président des Etats-Unis Obama a désigné l'Afghanistan comme sa nouvelle priorité. Mais il ne cesse d'y enregistrer des revers. Alors que les USA bombardent les bases arrières au Pakistan sans l'autorisation de ce pays, les talibans ont fait sauter un pont métallique à l'Est de Peshawar de sorte que le commandant en chef des forces de l'OTAN en Afghanistan, le général John Craddock, a dû se résigner à ce que l'Alliance ne s'oppose pas à ce qu'individuellement des états membres s'arrangent avec l'Iran pour approvisionner leurs troupes en Afghanistan. Washington est objectivement de plus en plus dépendant aussi bien de la Russie que de l'Iran qui vient de lancer un satellite dans l'espace par ses propres moyens ce qui explique en partie une certaine décrispation du discours d'Obama en direction de ces deux pays.
http://atlasalternatif.over-blog.com:80/article-27817963.html


2-3 Le secret américain de Nicolas Sarkozy.

Dans les coulisses du pouvoir, il y a ceux mis au devant de la scène, ceux qui restent dans l'ombre et, surtout, ceux des tréfonds que nul n'entrevoit jamais. Qui connaît Frank George Wisner ? Ce senior américain, diplomate et homme de réseaux, pourrait bien être la clé pour expliquer l'ascension fulgurante de Nicolas Sarkozy. Le chef de l'Etat français bénéficie là du meilleur conseiller occulte pour jouer un rôle dans la marche du monde. A condition que le Président continue de servir avant tout les intérêts de l'Empire américain, que celui-ci soit dirigé par Bush ou Obama.

« Un néo conservateur américain à passeport français » : la formule cinglante d'Eric Besson au sujet de Nicolas Sarkozy, formulée en vue de la campagne électorale de 2007, demeure d'une lucidité implacable. Le nouveau ministre chargé de l'immigration n'ira sans doute plus remettre en question le patriotisme de son mentor. Il n'en demeure pas moins que le mystère du succès rapide dans la conquête du pouvoir suprême par Nicolas Sarkozy passe par l'analyse de son rapport personnel aux Etats-Unis.

A cet égard, le destin peut s'avérer facétieux lorsqu'il veut avantager un jeune ambitieux désireux d'atteindre les sommets. C'est vers la fin des années 70 que le jeune loup du RPR saura tirer profit d'une fortune incomparable : le remariage de sa belle-mère, Christine de Ganay, avec un personnage prometteur de la vie politique américaine, Frank George Wisner.

Celui-ci avait déjà hérité d'une charge lourde : le patronyme et la carrière sulfureuse d'un homme exceptionnel, dans ses coups d'éclat comme dans sa folie, Frank Gardiner Wisner (1909-1965), cofondateur de la CIA. Le père Wisner, impliqué dans les renversements du pouvoir au Guatamala et en Iran, restera célèbre pour l'opération Mockingbird (un noyautage réussi des médias américains par des agents de la CIA), avant de se suicider en 1965, victime de démence. Né en 1938 à New York, diplômé de Princeton, le jeune Frank George ne marchera pas exactement dans les pas de son père mais suivra plus habilement un tracé parallèle : la diplomatie, dont on connaît les passerelles avec le monde de l'espionnage. Il apprendra ainsi l'arabe au Maroc dans son détachement effectué pour le compte du Département d'Etat avant un bref passage par Alger après l'indépendance et un long séjour au Vietnam. De retour à Washington en 1968, il sera chargé des affaires tunisiennes. Plus tard, après la spécialisation dans les questions asiatiques et arabes, Frank George Wisner exerça le poste d'ambassadeur en Zambie, en Egypte, aux Philippines et en Inde.

Derrière ces honorables activités, qui ont culminé par un poste de sous-secrétaire d'Etat sous Clinton et , plus récemment, dans sa médiation pour la Troika dans le règlement de la crise au Kosovo, Frank G. Wisner demeure, selon ses détracteurs, la clé de voûte dans l'exécution de l'espionnage économique pour le compte de la CIA. Mieux encore, l'homme est la caricature du personnage multicartes et influent, présent dans tous les centres réels ou fantasmés du pouvoir parmi lesquels les fameux Council on Foreign Relations ou le groupe Bilderberg. Mais c'est en 1997 qu'un tournant s'opère : après avoir longtemps manœuvré dans le monde feutré de la diplomatie et des renseignements, Wisner se risque à mélanger encore plus à mélanger les genres en rejoignant, au sein de son conseil d'administration, l'entreprise Enron ,la célèbre compagnie énergétique qui fera scandale quatre ans plus tard et dont la gigantesque fraude en Californie, portant sur des milliards de dollars, ne sera jamais exactement détaillée, « grâce » à la disparition des milliers de pages caractérisant la fraude fiscale dans la destruction des bureaux de la SEC, gendarme américain des opérations boursières , lors de la chute de la Tour 7 du World Trade Center.

Ironie du sort, ou étrange coïncidence, la sécurité de ce gratte-ciel (effondré alors qu'il ne fut pas percuté par un avion en ce jour du 11 Septembre 2001) relevait de la compagnie Kroll Associates, qui appartenait alors à l'AIG, assureur dont Wisner est le vice-président . S'il est vrai que les entreprises prestigieuses sont souvent interconnectées de par leurs administrateurs, il est notable de constater la récurrence curieuse de Wisner dans les anomalies du 11 Septembre. Ainsi, pour résumer, l'homme, spécialiste du monde musulman et de l'espionnage économique, responsable haut placé de Enron et de l'AIG, échappe à toute poursuite judiciaire lors du scandale Enron, jamais complètement décrypté de par la destruction des détails compromettants lors de la chute controversée d'un immeuble du World Trade Center qui abritait également, autre heureuse coïncidence, les bureaux de la CIA dédiés précisément à l'espionnage économique…

Quel rapport dès lors entre ce personnage sulfureux et Nicolas Sarkozy, mis à part le lien familial d'antan ?

A priori, il serait logique de présumer que le temps et la distance géographique auront naturellement creusé le fossé entre le chef de l'Etat et la famille de l'ancienne belle-mère. Il n'en est rien. Pour preuve, la campagne électorale de l'UMP qui a porté triomphalement au pouvoir, et dès la première tentative, Nicolas Sarkozy, disposait dans ses rangs d'un acteur discret, responsable de la section anglophone, mais dont le nom est suffisamment éloquent : David Wisner. Celui-ci semble également reprendre le flambeau de la lignée Wisner puisqu'il a intégré le Département d'Etat en septembre dernier, après des études d'arabe.

Et au-delà du légitime renvoi d'ascenseur du chef de l'Etat envers le fils de son parrain d'outre-atlantique, une autre fait passé inaperçu mérite d'être évoqué, non comme la preuve mais plutôt comme l'indice de la volonté présidentielle d'occulter l'existence et les agissements troubles de Wisner. S'il s'avère à l'avenir que les fameux délits d'initiés opérés à la veille du 11-Septembre ont été le fait de citoyens américains avertis, dont le point commun serait d'être à la jonction du renseignement et de la finance, alors il ne serait guère étonnant de voir figurer sur la liste de ces personnes au vent d'un « attentat terroriste imminent » un certain Frank George Wisner. Outre qu'il ait bénéficié de la destruction du dossier fiscal Enron tout en étant dans le même temps responsable de la sécurité du World Trade Center via Kroll Associates ( détenue par AIG), une réçente réaction de Nicolas Sarkozy pourrait laisser penser que le silence en la matière doit s'imposer.

En effet, selon le Canard Enchaîné du 24 septembre 2008, le Président avait vivement critiqué le Pdg de la chaîne info internationale, France 24, pour avoir organisé un débat sur la « théorie du complot » autour du 11-Septembre. Cette réaction de Nicolas Sarkozy pourrait prêter à sourire si elle venait simplement confirmer sa propension légendaire à tout régenter, y compris la programmation audiovisuelle. Mais compte tenu de l'implication éventuelle d'un de ses proches dans les coulisses logistiques et financières de l'attentat du World Trade Center, la colère présidentielle prend une toute autre tournure. De par le signal qu'il envoie ainsi aux journalistes mainstream tentés d'évoquer à l'antenne la question des zones d'ombre du 11-Septembre, le message relève plus de la censure tacite d'un sujet grave que de l'irritation d'un téléspectateur capricieux. Sans aller jusqu'à faire de Wisner un des instigateurs du 11-Septembre, il est plus vraisemblable de supposer que sa position et ses relations l'ont idéalement avantagé pour faire partie de ceux à avoir, « au mieux » anticipé l'événement, au pire participé par une quelconque assistance matérielle, en l'occurrence la mise à disposition de la gestion de la sécurité électronique des 3 tours effondrées, de par l'implosion de bombes pré-installées selon certains scientifiques spécialistes de la démolition contrôlée.

Au-delà des inévitables spéculations sur le rôle exact de Wisner dans l'opération à multiples facettes du 11-Septembre, force est de constater que l'homme dispose des diverses relations accumulées depuis près de 50 ans dans les élites dirigeantes des Etats-Unis et les cercles internationaux pour pouvoir, si besoin est, favoriser le jeune politicien impétueux que son épouse française affectionne. Nicolas Sarkozy doit beaucoup à Jacques Chirac pour son maillage lent et progressif du corps électoral français. Il doit sans doute davantage encore à Frank George Wisner pour avoir obtenu l'assentiment et la faveur de l'hyper-puissance occidentale.

Les parrains occultes du Président et méconnus du citoyen sont souvent les plus redoutables.

Source : Agoravox

vendredi 13 février

Comité Valmy


2-3 Concession des Usa sur le bouclier antimissile
Les Etats-Unis sont prêts à étudier un réaménagement de leur projet de défense antimissile afin d'y associer Moscou, a indiqué vendredi le sous-secrétaire d'Etat américain William Burns, accordant ainsi une concession à la Russie qui s'oppose au projet de bouclier américain.

Le Kremlin incite Washington à céder du terrain sur le projet de bouclier antimissile en échange d'une assistance russe aux opérations militaires sous commandement américain en Afghanistan - l'une des priorités d'Obama.

Moscou et Washington ont déjà envisagé précédemment un compromis qui permettrait aux Russes de jouer un rôle dans le cadre du bouclier américain, mais ces pourparlers sont tombés à l'eau dans les derniers jours de l'administration Bush.

"(Washington est) ouvert aux possibilités de coopération, avec la Russie comme avec les partenaires de l'Otan, en relation avec une nouvelle configuration de la défense antimissile qui ferait appel aux moyens que possède chacun d'entre nous", a déclaré William Burns à l'agence russe Interfax.

L'ambassade des Etats-Unis à Moscou a confirmé le texte de l'interview. William Burns, ancien ambassadeur en Russie, se trouve cette semaine à Moscou pour des consultations.

Le diplomate n'a pas dit la forme que prendrait cette reconfiguration de la défense antimissile, mais les termes qu'il a employés semblent aller au-delà des précédentes offres américaines visant à dissiper les objections russes.

L'ambassadeur de Russie auprès de l'Otan, Dmitri Rogozine, a déclaré à Reuters que Moscou attendrait de voir la suite que donnerait Washington aux propos de William Burns.

Il a cependant reconnu que si les Etats-Unis révisent leur politique de défense antimissile, "ce sera un gros cadeau non seulement pour la Russie, mais aussi pour l'Europe et le peuple américain, car nous serons en mesure de trouver une solution de rechange pour la défense de nos peuples face aux Etats voyous".

VERS UN COMPROMIS ?

La semaine dernière, le vice-président Joe Biden avait exprimé la volonté de "reprogrammer" les relations diplomatiques russo-américaines, tombées depuis quelques années à leur plus bas niveau depuis la Guerre froide.

L'administration Bush avait décidé de déployer des missiles intercepteurs en Pologne et un radar en République tchèque pour faire échec à d'éventuels tirs de missiles par des "Etats voyous" - l'Iran au premier chef.

Moscou fait valoir que Téhéran n'a pas les moyens de frapper l'Europe et considère le projet de bouclier comme un instrument de neutralisation de l'arsenal nucléaire russe. La Russie a menacé de déployer des missiles à la frontière polonaise si le projet américain se concrétise.

L'administration Obama a exprimé l'intention de mettre en oeuvre le projet de bouclier, mais seulement si l'on en démontre l'efficacité et sa rentabilité - phraséologie dans laquelle Moscou voit le signe que Washington est prêt à un compromis.

Les négociations menées par le gouvernement américain précédent portaient sur l'octroi aux autorités russes d'un accès aux installations de défense antimissile prévues en Pologne et en République tchèque, le but étant de leur permettre de vérifier qu'elles n'étaient pas dirigées contre Moscou.

L'ex-président russe et actuel Premier ministre Vladimir Poutine avait proposé un système de défense antimissile conjoint, dans le cadre duquel le Pentagone devait avoir accès aux données d'une station radar russe dans l'ex-république soviétique d'Azerbaïdjan, limitrophe de l'Iran.

Aucune de ces voies de négociation n'a permis de surmonter les divergences de vue des deux parties sur la question.

Dans ce domaine, l'Afghanistan est un enjeu de première importance pour la Russie dans ses négociations avec Washington.

Le Pentagone veut obtenir la coopération de Moscou au ravitaillement des troupes américaines en Afghanistan, en particulier depuis que des convois de camions acheminant du matériel via le Pakistan sont attaqués par des activistes.

Mercredi, des responsables russes se sont dits prêts à mobiliser des avions militaires pour participer au transport de ravitaillement en Afghanistan.

Ils ont toutefois laissé entendre qu'ils attendaient une concession de Washington en retour

 Reuters, 13/02/  



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